Le Brésil ne peut pas être un cheval de Troie au sein des BRICS. Les États-Unis exercent une pression énorme et de plus en plus forte sur le gouvernement brésilien.

Les États-Unis exercent une pression énorme et de plus en plus forte sur le gouvernement brésilien. Elle est principalement exercée par les agents de l’impérialisme américain au Brésil, en particulier les politiciens de droite, les bureaucrates de l’Itamaraty et les grands médias.

Le Partido da Imprensa Golpista (PIG), comme l’appelait le feu Paulo Henrique Amorim, est déjà passé de l’ignorance des BRICS (bien qu’il insiste toujours pour diminuer leur importance) à la lutte directe contre le bloc. Pour ce faire, il présente la Russie et la Chine comme des pays qui tentent d’imposer leurs « agendas », qui seraient contraires à ceux du Brésil, tout en manipulant les intérêts du gouvernement brésilien à leur guise.

Folha, Estadão, Rede Globo, CNN Brasil et Jovem Pan [médias brésiliens]- ainsi que l’ensemble du cartel médiatique de notre pays – font pression sur Lula pour qu’il adopte des positions favorables aux intérêts américains. Lorsqu’ils obtiennent de bons résultats, ils vantent les « victoires » de la diplomatie brésilienne, qui sont en réalité des défaites pour le Brésil. Ces victoires appartiennent en réalité aux États-Unis.

La vaste campagne de désinformation et de propagande menée depuis longtemps par le PIG contre le Venezuela et le Nicaragua, ainsi que contre la Russie, s’avère donc d’une importance fondamentale pour permettre aux États-Unis de gagner du terrain au sein du gouvernement. Elle renforce la cinquième colonne qui opère subrepticement (parfois plus ouvertement) au sein de l’appareil d’Itamaraty, des ministères de la défense et des finances et d’autres organismes clés. Les responsables de ces trois ministères ont déjà montré qu’ils n’étaient pas dignes de confiance.

Il a même été dit que l’expansion des BRICS était un plan de la Russie et de la Chine contre l’Occident et visait exclusivement à satisfaire les prétentions expansionnistes de ces deux pays. Bien entendu, Washington est absolument opposé à l’expansion des BRICS, car cela signifie un renforcement du bloc. Mais les États-Unis doivent présenter cet intérêt à saboter le bloc comme n’étant pas le leur, ou pas seulement le leur, mais celui des pays libres et démocratiques. Et même des membres des BRICS eux-mêmes. Ainsi, les agents américains au Brésil disent qu’il n’est pas dans l’intérêt du Brésil d’élargir le bloc.

Le président Lula, quant à lui, s’est efforcé d’appliquer une politique souveraine extrêmement modérée. Il est bien conscient de ces pressions. C’est pourquoi il a été très prudent quand il fallait s’y opposer. Il pense qu’il peut réussir s’il fait des concessions. Il pense que les Etats-Unis et leurs agents se contenteront de quelques concessions. Mais ils ne veulent pas seulement une alliance, ils veulent des doigts, puis des mains et des bras.

Lula essaie de se maintenir en équilibre sur une corde raide. C’est un conciliateur expérimenté. Cependant, sa marge de manœuvre se rétrécit au fur et à mesure que la polarisation « Nord-Sud » s’intensifie. En d’autres termes, les contradictions s’accroissent entre les puissances impérialistes, qui cherchent à maintenir et à approfondir leur exploitation du reste du monde, et les nations qui tentent de lutter contre cette exploitation et d’y mettre fin. Ces dernières tentent de s’allier pour résister de manière unie à cette oppression. Les BRICS deviennent la matérialisation de cette alliance, c’est pourquoi il est essentiel pour les puissances impérialistes de la contenir et de l’affaiblir.

Le président a déjà fait des déclarations très positives et fortes contre les pressions impérialistes. Le problème est que ses actions n’ont pas suivi le rythme de son discours. Il ne prend pas de mesures efficaces contre ces pressions. Il doit commencer par combattre les agents des États-Unis au Brésil, en particulier le PIG et la cinquième colonne au sein des principaux ministères.

Ce démocratisme exprimé dans l’approche des relations internationales réitère le républicanisme infâme du PT lors de l’offensive putschiste de la dernière décennie. Comme à cette occasion, le laxisme est une invitation pour l’ennemi à accentuer la pression, au point qu’elle s’est accrue au cours de l’année écoulée. Si Lula a eu plus de liberté en politique étrangère qu’en politique intérieure, libéré des contraintes du Congrès, l’impérialisme américain a intensifié sa campagne à travers la presse et sa cinquième colonne au ministère des affaires étrangères, infesté de néolibéraux et de partisans de l’ex-président brésilien, Bolsonaro.

Sans rompre avec les croyances naïves et illusoires dans les accords (désormais fallacieux) avec ces secteurs antinationaux, il sera difficile d’adopter des mesures pratiques pour faire avancer le discours. Ce discours ne sera que démagogie et déclaration de bonnes intentions, alors qu’en pratique il resserrera les chaînes dans lesquelles le Brésil est piégé.

La présidence brésilienne des BRICS en 2025 sera fortement sabotée par les agents américains au Brésil. Le PIG et la cinquième colonne ont déjà commencé leur travail. Washington investira beaucoup d’argent dans ses agents et redoublera de pression sur le Brésil, car il voit dans les hésitations de Lula et du gouvernement une faiblesse à exploiter pour affaiblir les BRICS.

Lula doit cesser de marcher sur les œufs et commencer à les écraser durement, car à l’intérieur il y a des poussins-serpents qui attendent le bon moment pour sortir et l’avaler.

Eduardo Vasco

 

Article original en portugais :

Brasil não pode ser um Cavalo de Tróia nos BRICS

Traduction : Mondialisation.ca



Articles Par : Eduardo Vasco

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