Le cas étrange de la flottille de la liberté

Lors de la flottille de la liberté de 2010, le navire Mavi Marmara a été arraisonné par les troupes israéliennes et dix travailleurs humanitaires ont été exécutés de sang-froid.

Le départ de la spectaculaire flottille de la liberté pour Gaza, transportant 5 500 tonnes d’aide, a été reporté (une fois de plus), car la Guinée-Bissau, l’État dont les navires principaux arborent le pavillon, a retiré son immatriculation.

La question qui se pose est de savoir pourquoi les organisateurs ont choisi un État du pavillon aussi peu fiable.

Lors de la flottille de la liberté de 2010, le navire Mavi Marmara a été arraisonné par les troupes israéliennes et dix travailleurs humanitaires ont été exécutés de sang-froid. Quelques jours avant de prendre la mer, le Mavi Marmara avait changé de pavillon, passant ainsi du pavillon turc à celui des Comores.

Lorsqu’un navire se trouve en mer au-delà des eaux territoriales d’un État (comme c’était le cas du Mavi Marmara au moment de l’arraisonnement), la loi applicable est celle de l’État dont il bat pavillon. Si le navire avait encore battu pavillon turc, les meurtriers auraient été sous la juridiction turque et auraient pu faire l’objet d’une enquête par la Turquie et de poursuites devant les tribunaux turcs.

Je me suis rendu à Izmir pour enquêter sur l’affaire, et j’ai conclu que ce sont les services de sécurité turcs qui ont imposé le changement de pavillon en faveur des Comores, facilitant ainsi l’attaque meurtrière israélienne.

De toute évidence, l’incident du Mavi Marmara devrait faire comprendre aux organisateurs de l’aide à Gaza la nécessité vitale de disposer d’un navire immatriculé auprès d’un État qui sera en mesure de réagir fermement à une attaque d’Israël contre son navire, et dont le pavillon pourrait même dissuader Israël de procéder à une telle attaque.

Je ne comprends donc pas que les organisateurs aient eu l’intention de naviguer sous pavillon bissau-guinéen.

Le 8 avril, j’ai reçu un message Whatsapp des organisateurs me demandant de faire de la publicité pour la flottille. Voici ma réponse.

— Bonjour Irfan et merci. Puis-je vous demander quel est le pavillon des quatre navires ? C’est extrêmement important. Les organisateurs du Mavi Marmara ont commis l’erreur fatale de permettre au navire de changer de pavillon pour les Comores avant de prendre la mer. En dehors des eaux territoriales, c’est-à-dire1au-delà de 12 milles nautiques [22 km], les navires sont soumis à la loi de l’État de leur pavillon et ont droit à sa protection.

J’ai reçu, après une réponse d’attente, la réponse suivante

— Désolé pour la réponse tardive. L’information doit encore être confirmée, monsieur.

J’ai répété :

— D’accord, je tiens à ce que les gens comprennent que c’est d’une importance cruciale. J’ai toujours pensé que les services de sécurité pro-israéliens avaient influencé le changement de pavillon du Mavi Marmara. Les forces israéliennes qui montent à bord des navires au-delà des 12 milles territoriaux sont soumises à la loi de l’État du pavillon du navire. Je vous serai reconnaissant de me confirmer que les organisateurs ont bien saisi ce point.

La réponse a été simple

— Merci, Monsieur

Je suis donc tout à fait perplexe quant au fait que les organisateurs aient choisi la Guinée Bissau pour pavillon plutôt qu’un État susceptible de tenir tête à Israël et aux États-Unis. Bien sûr, ce choix a été un échec.

Le problème est-il l’incompétence ou l’influence des services de sécurité ?

Je tiens à préciser que je soutiens totalement les objectifs et la stratégie de la flottille de la liberté pour Gaza. J’ai plusieurs amis à bord, et je crois que ma collègue Ann Wright fait partie des organisateurs. Je suis néanmoins extrêmement frustré.

Craig Murray

Article original en anglais : The Curious Case of the Freedom Flotilla, le 28 avril 2024.

Traduction : Spirit of Free Speech



Articles Par : Craig Murray

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