Le chef libéral Ignatieff revient sur sa position sur l’Apartheid israélien
Le chef libéral Michael Ignatieff a écrit en 2002 que la Cisjordanie ressemblait à « […] un bantoustan, un de ces pseudo-États créés dans les dernières années de l’apartheid afin de garder la population africaine sous contrôle ».
Dans un communiqué publié lundi, le chef libéral Michael Ignatieff est revenu sur sa position antérieure quant à la nature de l’apartheid en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Dans sa déclaration de six paragraphes condamnant la Semaine contre l’apartheid israélien, M. Ignatieff a déclaré: « L’apartheid est défini, au niveau du droit international, comme un crime contre l’humanité. La Semaine contre l’Apartheid israélien est une tentative délibérée de présenter l’État juif comme criminel ». Pourtant, cette position contredit les observations faites par M. Ignatieff dans un article qu’il a rédigé en 2002 pour The Guardian alors qu’il était directeur du Carr Centre for Human Rights Policy. Décrivant un vol en hélicoptère au-dessus de la Cisjordanie occupée par Israël, il a écrit: « Lorsque j’ai vu la Cisjordanie de là-haut, les colonies qui s’érigent comme les forts des Croisés occupant les hauteurs, le cordon de sécurité israélien le long du Jourdain empêchant l’accès des terres palestiniennes au Jourdain, je savais que je n’étais pas entrain d’observer un État ou l’émergence d’un État, mais plutôt un bantoustan, un de ces pseudo-États créés dans les dernières années de l’apartheid afin de garder la population africaine sous contrôle».
L’article de M. Ignatieff dans The Guardian (Why Bush must send in his troops: Imposing a two-state solution is the last chance for Middle East peace, 19 avril 2002, http://www.guardian.co.uk/world/2002/apr/19/israel3 consulté le 3 mars 2010) a été écrit en 2002, peu de temps après qu’Israël ait saccagé l’Autorité palestinienne et ses institutions, changeant radicalement le paysage post-Oslo. Dans son article, il a également admis que « d’absorber toute la population palestinienne au sein d’Israël en tant que citoyens égaux serait une excellente idée, mais ce n’est pas ce que veulent les Palestiniens et ce n’est pas compatible avec l’existence continue d’une majorité juive au sein de l’État juif ». En réalité, le maintien d’un environnement au sein duquel le groupe dominant conserve la majorité des votes est également l’une des caractéristiques d’un régime d’apartheid à l’intérieur d’une démocratie.
« Il est déplorable de voir qu’un homme aussi cultivé que M. Ignatieff soit revenu sur une position et des conclusions hautement rationnelles sous l’effet de la pression politique, sans doute pour s’attirer les faveurs politiques des éléments pro-Israël au Canada », a observé Thomas Woodley, le président de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO). « Il est également décevant de le voir tenter d’entacher les activités de la Semaine contre l’apartheid israélien en les taxant d’antisémites, alors que le mouvement principal se concentre exclusivement sur les actions et les politiques du gouvernement israélien ». La Semaine contre l’Apartheid israélien est un mouvement visant à attirer l’attention sur des éléments d’apartheid à l’intérieur du régime israélien. Elle a été initiée en 2005 et s’étend maintenant à des dizaines de villes à travers le monde, dont 11 au Canada cette année.
Les exemples d’apartheid sont assez manifestes dans les territoires palestiniens occupés militairement par Israël depuis 1967. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, l’apartheid se manifeste par: des routes exclusivement réservées aux juifs; des logements exclusivement réservés aux juifs (les colonies); par l’application de deux systèmes de droit différents: militaire pour les Palestiniens et civil israélien pour les colonies juives dans les territoires; la construction du Mur sur un parcours défini par des critères raciaux; des mesures policières et des pratiques d’enquête sélectives. L’apartheid existe aussi en Israël même, bien que son établissement soit plus subtil: une loi discriminatoire sur la réunification des familles, la confiscation des terres palestiniennes pour l’usage exclusif des juifs, des pratiques de développement municipal à caractère racial, l’approbations de permis de construction selon des critères raciaux, des inégalités systématiques à l’encontre des citoyens arabes palestiniens d’Israël et des contrôles policiers discriminatoires vis-à-vis des citoyens palestiniens d’Israël.
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