Le choix de Jérusalem de Donald Trump: la fin de l’hégémonie?
Introduction
Le régime Trump a proclamé que le vote de l’Assemblée Générale des Nations Unies concernant la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël était une décision de portée stratégique pour les USA.
Le Président Trump et son exubérant Ambassadeur à l’ONU Nikki Haley ont tous deux brandi la menace que toutes les décisions et les accords concernant des alliances, des prêts, des aides et les relations diplomatiques étaient dans la balance.
En outre, le régime Trump a clairement défini le style et la substance des diktats impériaux des USA: toutes les nations membres de l’ONU (grandes et petites) doivent ramper de la façon la plus abjecte à l’écoute de ses ordres. L’Ambassadeur Nikki Haley a exigé que chaque nation sur Terre accepte la déclaration de Trump et du raciste Sioniste Netanyahou selon laquelle l’ancienne cité de Jérusalem est la capitale éternelle, indivise et ethniquement gérée des Juifs. Le message de Trump était fort et clair – c’est lui le grand « décideur » et les votes de l’ONU allaient identifier les réels amis et ennemis de l’Amérique. « Nous allons faire une liste… et il y aura des conséquences… »
De toute évidence, la vantardise de Trump vis-à-vis de la puissance des USA et la présomption de Haley quand à ses terrifiantes menaces devaient assurer que Washington aurait la majorité des votes dans le « don » de Jérusalem au fascisme sioniste. Ils croyaient que la domination US et leur hégémonie mondiale étaient absolues et inattaquables. Le vote a prouvé autre chose, quelque chose de très nouveau se produisait.
Les USA ont subi une défaite écrasante et humiliante, qui a occupé les doigts dextres de Nikki Haley pour « prendre des notes »: 128 nations ont réclamé du régime Trump qu’il retire sa déclaration de qualité de capitale éternelle d’Israël à Jérusalem pour les Juifs. Seulement 9 micro-nations (certaines de simples timbres-poste et une poignée d’états-bananiers dotés d’escadrons de la mort) ont voté en faveur de la décision Trump-Haley, 35 états-mendiants ont baissé la tête pour s’abstenir pendant que 21 ambassadeurs timorés ont choisi d’aller cacher leur honte dans les toilettes plutôt que d’être présents pour ce vote important.
Contexte politique
En tout premier lieu il convient de discuter des étapes qui ont mené à l’expérience vécue par les USA d’une telle débâcle écrasante. En d’autres termes, qui a été responsable d’avoir mené l’administration Trump par le bout du nez dans ce cul-de-sac de soumission aveugle aux exigences du fascisme sioniste?
Le directeur et la force motrice derrière ce désastre à l’ONU était le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou, pour qui la quête visant à saisir Jérusalem pour la convertir en « éternelle » capitale des Juifs est la plus haute priorité. Pendant des décennies le monde entier a rejeté l’annexion israélienne de Jérusalem et sa conversion en capitale ethniquement nettoyée pour l’état « juif ». L’ONU et les juristes internationaux ont dénoncé la conquête coloniale et le nettoyage ethnique de la Palestine par Israël.
Netanyahou a pris les affaires en main avec l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Opération Jérusalem a été son premier ordre adressé au Pantin Donald. Certains milliardaires du courant Israel-First, qui ont financé la campagne électorale de Trump, ont exigé un rendement immédiat de la part de leur marionnette: la soutien inconditionnel de l’Administration en faveur de l’agenda de Netanyahou. En dépit de protestations venant du monde entier, en particulier des plus proches alliées européens des USA, Trump a plongé la nation en plein dans la soupe sioniste: une Jérusalem juive; l’expulsion systématique de tous les Arabes, Chrétiens, Musulmans et laïcs, et l’éventuelle annexion de toute la Palestine; ainsi qu’une confrontation militaire croissante avec l’Iran.
Spéculateur dans l’immobilier, Jared Kushner, le gendre chouchou de Trump, et un adepte abouti de Netanyahou, est devenu conseiller principal pour le Moyen-Orient. Kushner a fait pression sur le Conseiller à la Sécurité Nationale de Trump, le Général Michael Flynn, pour intervenir auprès de la Russie en défense de la mainmise totale d’Israël sur Jérusalem. Flynn fut ultérieurement poursuivi en justice pour avoir discuté des relations globales entre la Russie et les USA, et le « bon soldat » est en train de se jeter sur sa propre épée pour le compte des Sionistes. Sans surprise, les Démocrates du Congrès, le FBI et le Procureur Spécial ont trouvé plus facile de s’en prendre judiciairement à Flynn pour sa conversation centrée autour de la désescalade des relations tendues entre la Russie et les USA provoquées par l’Administration Obama, plutôt que pour ses conversations avec le Kremlin concernant la saisie par Israël de Jérusalem!
Les armes opérationnelles de Netanyahou pour manipuler la politique US comprenaient Jared Kushner, les donateurs milliardaires d’Israel-First, l’AIPAC et l’Ambassadeur à l’ONU Nikki Haley. Tel-Aviv est parvenu à obtenir l’engagement de Trump dans l’agenda israélien, en dépit de l’opposition du Conseil de Sécurité de l’ONU tout entier et de l’écrasante majorité de l’Assemblée Générale. Dans le style autoritaire typique, le Président US Trump rampe aux pieds de son « supérieur » le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou, tout en se jetant à la gorge de ses « inférieurs », les 193 nations membres de l’Assemblée Générale de l’ONU.
Les violentes menaces au vitriol de Netanyahou dirigées contre l’ensemble des membres de l’ONU précédant le vote ont assuré la répudiation de tous les représentants du Conseil de Sécurité, à l’exception de sa marionnette de Caroline du Sud, l’Ambassadeur Nikki Haley. Trump et Haley ont soutenu l’éructant Netanyahou en proférant des menaces de gangsters en direction de tous les représentants à l’ONU qui oseraient s’opposer aux diktats de Washington.
Ainsi, Le Premier Ministre Netanyahou s’est assuré le plus grand succès diplomatique et politique de sa carrière – la soumission totale des USA à son agenda, au risque d’une humiliation majeure à l’ONU. Ceci a, dans les faits, formalisé l’hégémonie israélienne sur Washington aux yeux du monde entier.
Contrastant avec la réussite éclatante de Netanyahou, les USA ont souffert une défaite diplomatique historique: le ratio de nations ayant voté contre les demandes du Président US sur l’accaparement de Jérusalem par Israël était de quatorze pour une.
Facteur rendant cette défaite encore plus marquante est le fait que tous les alliés principaux, et la plupart des plus grands bénéficiaires de l’aide US ont ouvertement défié leurs menaces. Huit sur dix des plus grands bénéficiaires d’aide US ont voté contre Trump-Netanyahou-Haley. Cette étrange troïka se retrouve désormais avec une liste d’ennemis faisant le tour du monde, et de quelques alliés timorés du Pacifique-Sud et parmi les escadrons de la mort du Guatemala.
La soumission totale et puérile de Trump face à Netanyahou a exposé et élargi des fissures dans l’hégémonie mondiale des USA.
En plus d’avoir « capturé » le vote de Netanyahou, les autres nations pro-Trump ont inclus une poignée de nations insulaires insignifiantes du Pacifique (les Îles Marshall, Palau, la Micronésie), le Togo, un mini-état africain corrompu et deux « démocraties aux escadrons de la mort » bananières d’Amérique centrale, le Honduras et le Guatemala. Ces deux derniers régimes détiennent le pouvoir par le truchement d’élections volées, et sont soutenus par de brutaux narco-trafiquants à la solde (intitulée « aide à l’étranger ») des USA.
Toutes les nations les plus éminentes d’Asie et d’Europe de l’Ouest ont voté contre Trump. Elles ont ouvertement rejeté le chantage vulgaire du tandem US-israélien. Des régimes soumis d’Europe de l’Est, des régimes corrompus d’Amérique Latine et quelques nations horriblement appauvries d’Afrique et d’Asie ont préféré s’abstenir ou s’excuser vers les toilettes de Times Square. Les régimes narco-néo-libéraux du Mexique, de Colombie, du Paraguay, du Panama et de la République Dominicaine se sont abstenus. Même des régimes de droite nationaliste d’Europe de l’Est qui suivent d’habitude sans rechigner les volontés US comme la Roumanie, la Bosnie, la Pologne et la Lettonie ont défié la « prise de noms » de Nikki Haley en s’abstenant. Les « absents » (qui se cachaient dans les toilettes) comprenaient des marionnettes US telles que la Géorgie, les Îles Samoa, St. Kitts et Tonga.
Un Ambassadeur à l’ONU ouvertement humiliée, Nikki Haley, a dû se résoudre à la tâche de remercier les abstentionnistes et les « absents » pour leur courage tout en préparant quelques sacs de bonbons (des matzas, du vin Mogan David et des coupons de réduction pour les bordels de Tel-Aviv) pour les tortionnaires du Honduras et les « dirigeants » à moitié noyés de Palau, en reconnaissance pour leur loyauté.
Conclusion
De toute évidence, le soutien de Trump en faveur d’un état raciste, colonialiste et génocidaire comme Israël est à voir comme un désastre diplomatique stratégique. Le mégalomane de Manhattan a lié le destin des USA à la fantaisie d’un état-paria dirigé par un fou bon à lier.
La décision de Trump de témoigner d’une loyauté totale envers ses « donateurs-propriétaires » milliardaires sionistes et son gendre à la sauce « Israel-First » pour sa première grande décision de politique étrangère n’a impressionné aucune des nations influentes du monde – d’Est en Ouest. En fait, elle a démontré combien l’Administration US est devenue fracturée et dangereusement dysfonctionnelle.
Le plus important, c’est que la proclamation par Trump d’un monde unipolaire reposant sur sa notion de la puissance économique US s’est effondrée. Israël, en dépit des éructations et des dressages de listes de Nikki Haley, ne possède aucune légitimité. Ses assassinats toujours en cours par le Mossad de Palestiniens éminents et d’autres, ainsi que le massacre croissant par l’armée israélienne de la résistance palestinienne spontanée ont échoué à améliorer sa stature internationale – hormis au sein des tortionnaires guatémaltèques.
En d’autres termes, les limitations à la puissance US dépendent toujours des sujets abordés, des alliés, des appels diplomatiques, des adversaires et de la répartition des coûts et des bénéfices.
Dans le cas de Jérusalem, l’étrange décision de Trump le magnat de l’immobilier de livrer une cité entière aux Sionistes lui a aliéné tous les Musulmans et les Chrétiens de par le monde, ainsi que les nations laïques et libérales d’Occident et les puissances émergentes, telles que la Russie et la Chine. Les USA ont lié leur prestige aux fantasmes d’une nation paranoïaque faisant l’étalage de son complexe de supériorité raciste, soutenue par des groupes de citoyens immensément riches qui possèdent la double nationalité et qui vivent à l’étranger.
Diplomatiquement parlant, les réactions injurieuses d’Israël face à toute critique provenant d’institutions mondiales sapent ses chances de former une coalition.
Enfin, le soutien de Washington à la violation perpétuelle et flagrante par Israël du droit international et ses bombardements de missions humanitaires font d’Israël un allié très coûteux.
James Petras
Article original en anglais :
President Trump’s Jerusalem Decision: The End of Hegemony?
Traduit par Lawrence Desforges, Global Presse