Le cinéma d’Olmert
La semaine dernière, le premier ministre israélien Ehud Olmert a expliqué bien clairement plusieurs propositions de paix avec les Palestiniens, disant que l’État sioniste tendait une main pacifique aux palestiniens.
« Je tends une main pacifique à nos voisins palestiniens dans l’espoir qu’elle ne reviendra pas vide, » a dit Olmert, qui parlait la semaine dernière sur la tombe de David Ben Gurion, premier ministre d’Israël, à Sde Boker dans le sud d’Israël.
Olmert, qui est plus connu pour ses contorsions théâtrales et ses manœuvres politique vaines que pour sa qualité de chef et son sens politique, a ajouté qu’Israël serait disposé à se retirer d’un « grand nombre de territoires, » à libérer des prisonniers palestiniens et à réduire le nombre de stations d’humiliation en Cisjordanie, autrement connues sous le nom de points de contrôles et barrages routiers.
Et en échange de cette « généreuse aumône sioniste, » Olmert a dit qu’il s’attendait à ce que les Palestiniens abandonnent le droit suprême des millions de réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et villages d’où ils furent expulsés sous la menace des armes par les troupes juives quand Israël a été créé il y a presque soixante ans.
Et qui plus est, Olmert a invité les Palestiniens à abandonner la résistance armée contre l’armée d’occupation israélienne et à rejeter « l’extrémisme intransigeant de vos organisations terroristes. »
À vrai dire, alors que le discours d’Olmert peut être vu comme constituant un certain changement dans son ton particulièrement belliqueux, il est largement évident qu’il ne contenait absolument rien de neuf en substance. En fait, le discours semble n’être rien de plus qu’une reproduction et une réaffirmation du rejet intransigeant d’Israël pour une paix véritable et juste avec les Palestiniens, et de son insistance chronique à maintenir l’emprise juive sur la terre palestinienne occupée.
Même pour les observateurs ayant une connaissance rudimentaire de la phraséologie israélienne, le discours devrait être vu seulement comme un autre acte de relations publiques théâtral, visant à tromper l’opinion publique internationale tout en réhabilitant l’image ternie d’Israël, surtout après les récentes atrocités au Liban et à Gaza.
En réalité, Olmert ne met même pas le vieux vin dans de nouvelles bouteilles, car ses « offres » sont bien plus parcimonieuses et bien plus limitées que les promesses des Accords d’Oslo.
Plus précisément, il est bien connu que tous les gouvernements israéliens ont exprimé une certaine volonté de se retirer de « certains » (pas de tous) des territoires occupés, à condition que les palestiniens abandonnent de grandes parties de leur patrie, y compris Al-Quds Al Sharif (Jérusalem Est).
Même des premiers ministres israéliens manifestement racistes comme Golda Meir, Menachem Begin, Yitzhak Shamir et Ariel Sharon ont exprimé une telle bonne volonté.
Ainsi, Olmert réitère simplement de la même façon un vieil « empressement » connu de chacun comme bien arrêté et motivé, non par un véritable désir de paix avec les Palestiniens, mais plutôt par le désir glouton et avide d’Israël à s’arroger autant de terre Arabe que possible.
Certes, un pays qui établit des centaines de colonies racistes sur le territoire occupé et transfère des centaines de milliers de ses citoyens pour vivre sur la terre qui appartient à un autre peuple n’entretient pas un véritable désir de paix avec ses voisins.
En vérité, Olmert, comme tous les politiciens hypocrites et malhonnêtes, ne dit pas ce qu’il compte véritablement faire. C’est pourquoi, une version plus authentique de son discours ressemblerait probablement à qui suit…
« Chers voisins palestiniens : L’État d’Israël ne se retirera jamais des grandes régions de Cisjordanie. Et nous, en toutes circonstances, conserverons le contrôle des grandes colonies uniquement juives et, naturellement, de Jérusalem, la capitale éternelle d’Israël.
« Et nous ne vous permettrons pas, nos chers voisins palestiniens, d’avoir un État vraiment viable en Cisjordanie, ce qui signifie que vous devrez vous contenter d’un certain nombre d’enclaves quasiment autonomes, dispersées et isolées géographiquement, des Bantoustans ou des banlieues noires [référence à l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid, NDT]. C’est ma compréhension de la vision du président Bush de deux États vivant côte à côte en paix, Israël et la Palestine.
« Et n’oubliez pas, nous devrons garder le contrôle des frontières et de tous les passages frontaliers reliant n’importe quelle entité palestinienne au monde extérieur, parce que l’accès sans entrave et la libre circulation entre vos régions soulèvent un grand danger pour la sécurité d’Israël. ! !
« En outre, nous n’accepterons aucun règlement de paix basé sur les anachroniques résolutions 242 et 338 de l’ONU, qui ne sont plus appropriées. Oui, nos chers voisins, laissons reposer en paix le passé, tournons ainsi une nouvelle page de notre histoire commune de sorte que vos enfants et les nôtres vivent dans la paix et la prospérité. ! ! !
« Et quant au droit au retour, simplement l’oublier, ne plus l’évoquer, parce que jamais nous ne permettrons à ces infortunés réfugiés de retourner chez eux, en aucune circonstance, parce que le maintien d’Israël comme État purement juif est plus important qu’adhérer à l’autorité du droit international et qu’accorder les droits de l’homme aux goyim !
« Nos chers voisins, vous devrez accepter les conditions de la demande de paix d’Israël, et si vous ne le faites pas, vous n’aurez ni la paix ni la liberté, et nous continuerons à voler votre terre jour et nuit devant vos yeux et nous continuerons à vous tourmenter et à vous attaquer sauvagement et à faire de votre vie un cauchemar sans fin comme nous l’avons déjà fait. Et je devine que vous comprenez très bien ceci. Se souvenir juste de Beit Hanun !
« En bref, nous en Israël sommes vraiment sincères au sujet de la paix avec vous, nos chers cousins. Nous désirons ardemment la paix avec vous exactement autant que nous désirons un autre morceau de votre/notre terre antique. Par conséquent je vous invite à changer votre mentalité et à transformer vos épées en socs de charrues et en lames d’émondoirs. Shalom, Salam, Paix. Merci, merci. »
Bon, comme Palestinien, tout que je peux dire c’est que j’espère et que je prie pour que les chefs politiques palestiniens, en particulier le président Mahmoud Abbas ne seront ni dupés ni embobinés par ce cinéma. Nous avons été beaucoup trop trompés par Israël, et assez c’est assez.
D’ailleurs, nous devrions toujours prêter plus d’attention à ce qu’Israël fait plutôt qu’à ce qu’il dit. Après tout, les chefs israéliens mentent autant qu’ils respirent et il ne devrait jamais leur être fait confiance.
Original : http://www.palestine-info.co.uk/am/publish/article_20722.shtml
Traduction de Pétrus Lombard