Le Congo à nouveau le théâtre d’une intervention militaire de l’Union européenne

Il n’y a pourtant guère lieu de se réjouir trop vite d’une intervention européenne au Congo. Avant toute chose, ce genre d’intervention vise à garantir les intérêts occidentaux. Elle ne changera strictement rien à l’insécurité structurelle du Congo, laquelle a été imposée à ce pays par l’Occident lui-même, via plusieurs accords de paix successifs.

Cette année, l’Union européenne lance sa seconde opération militaire en dehors de son territoire. Au Congo, une fois encore, à l’instar de la première, l’Opération Artémis, qui avait eu lieu en 2003. Les modalités n’en ont pas encore été réglées par le menu. L’intervention militaire durerait quatre mois et entre 800 et 3.000 hommes y participeraient. L’endroit où ils seraient stationnés reste encore à discuter. « En Europe », a déclaré le ministre De Gucht, le 5 février à Kinshasa. Mais d’autres pays d’Europe concernés aimeraient les transférer au Congo.

Le but officiel de l’opération a été désigné : assurer la sécurité des élections. Celles-ci, conformément à l’Accord de paix de Pretoria (décembre 2002) doivent avoir lieu fin juin 2006. Mais, à Pretoria, le Congo s’est vu imposer un partage du pouvoir tel qu’aujourd’hui, les prétendus anciens rebelles du MLC et du RCD peuvent occuper eux aussi le pouvoir politique. Alors que les forces « rebelles » continuent à menacer la stabilité du Congo. On a encore pu le voir en janvier, dans l’Est du pays. Nous y reviendrons à la fin du présent article.

Au Congo, on tient sérieusement compte du fait que les éventuels perdants des élections pourraient déclencher une nouvelle rébellion. Une information circule même sur place, disant que c’est pour cette raison que les troupes européennes seraient maintenues en état d’alerte dans la capitale Kinshasa (ou, éventuellement, sur l’autre rive du fleuve Congo, à Brazzaville).

Que le but officiel – la sécurité lors des élections – coïncide avec le but réel, il est permis d’en douter. Selon le secrétaire d’État belge aux Affaires européennes, Didier Donfut, lui-même en visite au Congo début février, la force d’intervention européenne ne se mettra pas en route avant le 30 juin, « car les moulins européens moulent lentement ». La Belgique a donc prôné la présence d’effectifs permanents, d’abord par la voix de son secrétaire d’État à l’Europe Didier Monfut, ensuite, par celle du ministre des Affaires étrangères Karel De Gucht : « Une force européenne d’intervention rapide qui se tiendra également prête après le 30 juin. » (Belga, 5 février 2005).

La voix du Congo – qui, sur papier, est toujours un Etat souverain – ne se fait entendre que très faiblement, dans ce dossier. Pour commencer, le pays a dû apprendre incidemment que l’Occident mijotait une intervention militaire. Ce n’est pas une très bonne entrée en matière. La première réplique exprimée est venue début février du général Kisempia Sungilanga, le chef d’état-major de la FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo). Celui-ci a expliqué que l’armée congolaise, la police et les Casques bleus de la MONUC (la force de paix des Nations unies) étaient assez forts pour assurer la sécurité des élections. Mais ses propos n’ont rien de convaincant. La MONUC ne peut être partout en même temps et, par ailleurs, dans l’Est du Congo, elle ne veut ni n’ose opérer très loin en dehors des centres urbains. L’armée congolaise, de son côté, est encore loin de constituer un ensemble solide et homogène et il semble que les partisans de l’intervention entendent bien tirer parti de la moindre faiblesse de sa part.

Qui est à l’origine de cette initiative ?

Le contingent européen ne se rend pas au Congo de sa propre initiative. Officiellement, c’est la mission de l’ONU à Kinshasa qui a demandé à l’Union européenne si celle-ci ne pouvait envoyer des renforts à sa mission de paix au Congo, la MONUC.

Mais il serait intéressant de connaître la chronologie complète de cette requête, afin de déduire qui, en fait, a réellement pris cette initiative. Pour les grandes puissances, en effet, le maintien de la paix est l’un des leviers leur permettant d’exercer ou d’étendre leur influence. Il semblerait bien ici que l’ONU ait l’intention de tirer toutes les couvertures de son côté.

L’affaire du Soudan – petite digression en passant – est particulièrement révélatrice, à ce propos. Au mois de février, ce sont les États-Unis qui assurent la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies et l’un des points que Washington veut absolument faire accepter n’est autre que le passage à l’échelle supérieure de l’intervention militaire au Soudan. Pour l’instant, les troupes de maintien de la paix de l’Union africaine sont actives au Darfour (les États-Unis ont acheminé les troupes de leurs alliés rwandais et nigérian au Soudan) et des troupes de l’ONU sont également présentes au Sud-Soudan. Les États-Unis veulent les rassembler « sous commandement des Nations unies ») dans une opération impliquant davantage d’effectifs (que les 14.000 hommes actuels). Cela suppose entraînement et équipements mais, à ce propos, des arrangements ont déjà été pris au sein de l’alliance de l’Otan. De la sorte, Washington espère avoir un pied dans tout le Soudan – où des pays du tiers monde, comme la Chine et la Malaisie, entre autres, extraient du pétrole.

Avec le Congo, la même chose peut se produire, à savoir que l’Union européenne développe elle-même un projet d’intervention qui, de nom, se fera sous le drapeau de l’ONU. Encore une fois, ici, la chronologie peut fournir une réponse exacte.

L’information concernant la requête des Nations unies à Bruxelles a été connue aux alentours du 10 janvier. Mais, fin décembre déjà, Jean-Marie Guéhenno – secrétaire général adjoint de l’ONU, qui a le maintien de la paix dans ses compétences, mais également diplomate pour le compte de la France – adressait sa requête à la présidence britannique de l’Union européenne. À ce moment-là, Guéhenno n’aurait pas reçu le feu vert du Conseil de sécurité pour renforcer la MONUC de 3.000 Casques bleus supplémentaires. Pour l’instant, cette force de l’ONU compte environ 16.000 hommes, au Congo.

Une force d’intervention permanente

Dans les milieux diplomatiques, on a beaucoup parlé du Congo, vers la Noël. Le 21 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU sortait sa Résolution 1649, laquelle requiert, entre autres, une approche résolue – un « mandat robuste », pour reprendre le terme en vogue pour l’instant – du problème des milices récalcitrantes dans l’Est du Congo, mais également un engagement urgent de la « communauté des donateurs » en vue de contribuer à l’intégration, à l’entraînement et à l’équipement de l’armée et de la police du Congo.

Le surlendemain, à Kinshasa, un accord particulièrement remarquable est conclu : à partir de janvier, l’Union européenne va se muer en caissière de l’armée congolaise. Le gouvernement congolais convient de la chose avec le CIAT (le Comité international d’accompagnement de la transition congolaise, noyauté par les ambassades occidentales). Selon Andy Sparkes, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne à Kinshasa, le système doit veiller à ce que, dorénavant, les soldats de l’armée congolaise, la FARDC, perçoivent leurs soldes et leurs rations. Un mois plus tôt déjà, le CIAT avait dénoncé en des termes très peu diplomatiques le fait que la solde de milliers de soldats était détournée par leurs supérieurs, ce qui est susceptible de déboucher sur des mutineries.

Il se pourrait qu’aux alentours de cette date même, l’Union européenne ait abordé aux Nations unies la question de l’envoi de ses propres troupes au Congo. En effet, en 2005, l’Union a laissé entendre qu’elle aussi voulait renforcer et rendre permanente sa présence militaire en Afrique ainsi que sous d’autres latitudes.

En avril 2005, l’Union européenne a créé une cellule stratégique « devant identifier de futurs projets militaires ». En mai, sept pays (France, Allemagne, Espagne, Suède, Finlande, Estonie et l’État non-membre de l’Union, la Norvège) promettent solennellement plus d’effectifs pour les « EU-Battle Groups ». Ces Groupes de Combat doivent compter chacun 1.500 hommes et pouvoir être opérationnels dans les 5 jours sur les lieux de crise. Fin novembre 2005, le Conseil des ministres de l’Union discute une proposition avec Armand De Decker, ministre belge la Coopération au Développement, afin de « fonder, en partenariat entre l’Union africaine et l’Union européenne, des centres militaires communs d’instruction pour le maintien et le rétablissement de la paix en Afrique ». Tout comme les États-Unis, l’Union européenne a donc l’intention de faire des affaires militaires avec l’Union africaine.

La question est de savoir quels intérêts, éventuellement, l’Union européenne veut défendre ou garantir en Afrique (centrale). La rivalité croissante avec la Chine joue certainement un rôle, ici. Depuis 2 ou 3 ans, il est surprenant de voir à quel point la Chine est active sur le plan économique, en Afrique, et cette donnée attise la nervosité des dirigeants politiques européens. La chose a également surpris les observateurs de Karel De Gucht lors de la dernière visite de celui-ci au Congo, voici quelques jours. Avec Washington, il semble plutôt qu’il soit question d’une répartition des tâches davantage que d’une véritable concurrence entre grandes puissances. Le chef de la force des Nations unies, la MONUC, n’est autre que l’ancien ambassadeur des États-Unis au Congo, William Swing. N’empêche qu’il y aura sans doute collaboration étroite entre la MONUC et la force de l’Union européenne.

Cette dernière s’engage en Afrique avec un programme libéral-globaliste manifeste. Dans un « Country Strategy Paper » de septembre 2003, il est écrit – en dehors de l’actuel serment obligatoire de lutte contre la pauvreté – que les pays en voie de développement (et, partant, le Congo aussi) « doivent être intégrés de façon harmonieuse et progressive à l’économie mondiale ». Un plan pour l’Afrique de l’Union européenne, datant d’octobre 2005, déclare que seul « un développement économique soutenu » peut rapporter et que « la stabilité macroéconomique, la création de marchés régionaux et un climat favorable aux investissements privés » sont les conditions nécessaires à ce développement économique.

Au Congo, l’Union européenne a investi gros dans le processus de la transition politique (qui, en principe, se termine le 30 juin 2006). Elle espère qu’il en sortira une classe politique attachée à l’Occident et, aujourd’hui déjà, elle positionne son « dispositif » afin de consolider ce nouveau régime.

La France dans un rôle de pivot ?

Les premières informations concernant une nouvelle opération de l’Union européenne pour le Congo admettent que l’Union pourrait envoyer un ou deux Groupes de Combat au Congo. Cela a soulevé des protestations de la part de l’Allemagne, qui fournit à peu près les effectifs à elle seule d’un seul de ces Groupes de Combat. Au Parlement allemand, on a fait remarquer que l’Allemagne était déjà impliquée dans les interventions militaires en Afghanistan et dans les Balkans et qu’elle ne pouvait prendre encore le Congo en charge. Mais, chemin faisant, le concept d’une force militaire européenne a évolué, passant des Groupes de Combat – qui, par ailleurs, ne seront pas opérationnels avant 2007 – vers un effort multilatéral qui impliquera des pays de toute l’Europe. Et, ainsi, a-t-on annoncé le 26 janvier, tant la chancelière allemande Angela Merkel que le président français Jacques Chirac pourront donner leur accord.

La proposition belge de tenir en stand-by permanent la force d’intervention européenne pour l’Afrique date du 5 février. Elle a été formulée à la fin d’un voyage de six jours au Congo par, comme on l’a dit plus haut, les membres du gouvernement Donfut et De Gucht. Ce laps de temps et la date n’ont rien d’un hasard. En même temps que la délégation belge, se trouvait également au Congo une mission de l’Union européenne chargée d’examiner la création d’une force européenne d’intervention, et les deux délégations se sont donc rencontrées.

La France, qui a déjà dirigé l’Opération Artémis, pourrait constituer le pivot de la nouvelle force militaire. La Grande-Bretagne est citée comme un pilier important. La Belgique – et ce sera déjà clair – apportera volontiers sa participation mais, dans ce cas, avec un soutien logistique ou autre. En fonction des conclusions de la commission sénatoriale belge sur le Rwanda, elle ne peut plus engager activement ses militaires dans d’anciennes colonies.

Face à ce handicap, le très souvent vilipendé ministre de la Défense Flahaut avait déjà imaginé une solution ingénieuse, voici quelques années. En octobre 1999, Flahaut scellait un accord de coopération avec le Bénin, pays de l’Afrique occidentale malheureusement pris en étau entre le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui font partie des zones d’influence américano-britannique et française.

Au départ, Flahaut confère à l’accord une teneur humanitaire : ses militaires vont bâtir des écoles. Mais s’y ajoute l’organisation d’entraînements par des instructeurs belges en vue de préparer les troupes béninoises à des missions militaires à l’étranger. Ce faisant, Flahaut fait identiquement la même chose, mais à plus petite échelle, que la France et les États-Unis. Vers 1998, les deux pays ont lancé chacun un programme (« Recamp » pour les Français et « ACRI » – depuis 2002, « ACOTA » – pour les Américains) d’entraînement et d’équipement d’unités africaines pour en faire des forces de réaction rapide et les rattacher mentalement, en outre, aux appareils militaires respectivement de Paris et Washington.

Le camp d’entraînement belge du Bénin fournit pour l’instant des troupes à l’UNOCI (United Nations Operation in Côte d’Ivoire), mais également à la MONUC au Congo. Les médias en parlaient encore en janvier. À l’époque, un navire de transport affrété par l’ONU, avec du matériel militaire belge destiné aux 750 casques bleus béninois au Congo, avait été mis à la chaîne en Guinée équatoriale. Les militaires béninois au Congo doivent aller en opération à Kalemie où, en ce moment, quelques dizaines de militaires belges préparent le terrain. Si une nouvelle crise éclate au Congo, cela reviendra à ce que les militaires du Bénin aillent eux-mêmes au charbon pendant que l’encadrement belge, se conformant au code de bonne conduite émis par la commission sur le Rwanda, ne s’occupera de rien d’autre que de soutien logistique.

La Belgique elle-même a fourni un important effort au Congo. Au printemps 2004, elle a formé à Kisangani une nouvelle brigade de l’armée congolaise, composée de soldats de l’ancienne armée gouvernementale et des milices rebelles (d’où le nom de brigade « intégrée »). Au printemps 2005, la même chose s’est produite avec une nouvelle brigade à Kamina, où la Belgique collaborait avec l’Afrique du Sud, qui, en Afrique noire, se projette en outre comme un véritable tremplin pour les intérêts d’affaires, surtout anglo-saxons. La Belgique remplit également des tâches d’encadrement au sein de l’EUSEC, le Bureau européen de la sécurité, à Kinshasa.

L’insécurité reste

Quelles que soient les intentions réelles sous-tendant une intervention militaire européenne au Congo, ces dernières semaines, au Congo même, suffisamment d’arguments ont fait surface pour faire accepter la présence d’une force d’intervention à l’opinion publique locale.

Depuis décembre, la situation est à nouveau très agitée dans l’Est du Congo, à la frontière rwandaise et, plus spécifiquement, dans la province du Nord-Kivu. Juste avant la nouvelle année, des rebelles ougandais y ont attaqué des positions de l’armée congolaise et de la MONUC. Mais la FARDC et la MONUC ont riposté conjointement et, en une semaine, ont tué quelque 80 rebelles.

Toutefois, les événements qui se déroulent dans les localités de Kikuku, Birundele et Mirangi sont d’une bien plus grande signification pour la situation politique au Congo. Des soldats non intégrés de la 83e Brigade y sèment la confusion dans les activités électorales concernant le référendum sur la nouvelle constitution congolaise. Ils arrachent les cartes d’électeurs des mains des gens et les réduisent en morceaux ; ils tabassent les gens qui se présentent aux urnes et leur enjoignent, menaces à la clé, de ne pas émettre de vote à propos de la constitution.

Cette 83e Brigade est tristement célèbre. Elle est constituée d’anciens rebelles du mouvement RCD fondé par le Rwanda. À Kinshasa, le RCD siège au sein du gouvernement et son chef (et ancien collaborateur de guerre) Azarias Ruberwa est vice-président du Congo, ce qui n’empêche nullement le RCD de continuer à entretenir des liens étroits avec le régime rwandais.

La situation est tout aussi mouvementée dans le nord de la province du Katanga où, entre autres, un groupe de guerriers maï-maï terrorise manifestement la population. Le 8 janvier 2006, l’International Crisis Group (ICG), un groupe d’experts d’outre-Atlantique, sort toute une argumentation en faveur d’une intervention militaire dans la région, à l’aide d’une brigade complète de la MONUC. L’ICG aussi est partisan d’un « maintien de la paix robuste », autrement dit, d’une intervention musclée. Le terme apparaît d’ailleurs dans une colonne digne d’être lue, de la plume même du président de l’ICG, colonne publiée dans le Financial Times du 29 janvier, et qui traite toutefois de l’Afghanistan. Evans y explique « ce que l’Afghanistan peut faire pour se débarrasser d’un gouvernement de crapules et de seigneurs de guerre (…) et de gouverneurs qui ont alimenté la guerre civile »..

Ce que l’ICG réclame avec insistance pour l’Afghanistan, à savoir que les gros criminels (de guerre) soient exclus des gouvernements national et provinciaux n’est pas possible au Congo : ces criminels y occupent le centre du pouvoir et y ont été installés suite à l’insistance de la communauté internationale.

Vers le 20 janvier, on a pu à nouveau se rendre compte du degré de loyauté dont ils font preuve vis-à-vis de la paix. Dans la région de Rutshuru, une nouvelle mutinerie a éclaté. Les mutins agissent pour le compte de Laurent Nkunda, un ancien officier pro-rwandais de l’armée congolaise contre qui un mandat d’arrêt international a d’ailleurs été lancé. Les 17 et 18 janvier, les insurgés attaquent la 5e Brigade intégrée, dirigée par le colonel Kasikila qui, lui, est absolument fidèle au gouvernement de Kinshasa et, qui plus est, est bien vu de la population puisqu’il a ramené l’ordre et la tranquillité dans la région.

Le colonel doit se replier. Durant deux ou trois jours, les mutins contrôlent quelques localités du territoire. Une partie de ces « mutins » appartient à la 83e Brigade, la même unité donc qui, à la mi-décembre, a semé la pagaille dans les activités électorales autour du référendum.

Ils ne tiennent pas longtemps et sont chassés sans coup férir par les troupes gouvernementales envoyées sur place par le gouverneur du Nord-Kivu, Eugène Serufuli. Mais le coup est facilement éventé : en fait, Serufuli – du RCD – est de mèche avec Laurent Nkunda et, ensemble, ils chassent le fidèle colonel Kasikila et assurent à Serufuli même le contrôle de la zone de Rutshuru. Le 21 janvier, Serufuli remplace officiellement le colonel Kasikila à la tête de la 5e Brigade. Quand la population locale proteste, Serufuli se lance dans une répression sévère.

Le ministre belge De Gucht profite des incidents dans l’Est du Congo pour mettre dans le vent l’armée congolaise tout entière. « Au lieu de contribuer à la paix et à la sécurité », déclare le ministre, « l’armée abuse de sa force et elle est devenue une menace sérieuse pour les citoyens qu’elle est censée protéger. » (Reuters, 2 février)

Les incidents ont suscité chez certains acteurs, en Belgique aussi, la volonté d’une intervention militaire. Le Groupe Sud de 11.11.11, la coordination des ONG du développement, prend les devants le 24 janvier par un appel public en vue de renforcer la MONUC depuis l’Europe, et ceci, bien avant que la moindre modalité de la force européenne d’intervention n’ait été révélée. « L’armée congolaise », peut-on lire, « ne fera pas la différence entre la période précédant les élections et la période d’après. C’est pourquoi il convient d’abonder dans le sens de la demande des Nations unies, qui réclament des renforts européens pour la MONUC. » Le réseau européen pour l’Afrique centrale (l’EURAC), dont 11.11.11 fait également partie, reprend l’appel. (Echos Grands Lacs, 8 février 2006)

Cet appel sonne toutefois très différemment et il est en tout cas beaucoup moins critique que les premières notes émanant du même coin. Fin novembre 2005 encore, 11.11.11 s’était opposé au ministre De Decker au sujet de sa proposition de créer une base militaire en Afrique. Aussi la coordination fait-elle savoir que le ministre avait déjà émis la même proposition en septembre 2005. « Le ministre n’est pas exempt d’une petite dose de néo-colonialisme », déclare 11.11.11.  Mais cette perspective, aujourd’hui, s’avère abandonnée.



Articles Par : Raf Custers

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