Le Conseil des droits de l’homme condamne les graves violations des droits de l’homme par Israël au Liban
Réuni en session extraordinaire à la demande de 22 Etats, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté le 11 août une Résolution sur les violations des droits de l’homme par Israël au Liban. Après de nombreuses déclarations très engagées des représentants du Conseil, des autres pays membres de l’ONU et de quelques ONG, le vote est intervenu à la fin de l’après-midi. La résolution a été largement approuvée par 27 voix contre 11 et 8 abstentions.
Dans son communiqué de presse du 11 août, le Conseil «condamne énergiquement les violations des droits de l‘homme et les infractions au droit international humanitaire commises par Israël au Liban». Ce qui est frappant, c’est qu’aucun des pays européens, à l’exception de la Russie, n’a approuvé la Résolution. L’Allemagne et les autres Etats se sont prononcés contre et la Suisse s’est abstenue.
Dans une brève interview accordée à Zeit-Fragen après le vote, le célèbre spécialiste américain du droit international Alfred de Zayas qui, en tant que haut fonctionnaire des Nations Unies pendant 22 ans et ancien secrétaire du Comité des droits de l’homme connaît très bien le sujet a déploré l’«attitude peu courageuse» des Etats de l’Union européenne et «la poursuite de leur politique hypocrite de l’époque de la Commission des droits de l’homme, lorsqu’ils votèrent également contre d’autres résolutions légitimes, comme celle sur Guantánamo. Comme lors de la première session du nouveau Conseil, ces Etats se sont à nouveau alignés sur la position des Etats-Unis. Ce faisant, ils ont manqué une occasion de jouer, dans la communauté internationale, un rôle positif tant du point de vue humain que politique et de créer un juste équilibre dans le conflit du Proche-Orient. Beaucoup de membres du Secrétariat et de militants d’ONG avaient espéré que les Etats de l’UE se libéreraient peu à peu de leur dépendance par rapport au gouvernement de George W. Bush. Celui-ci n’a jamais été neutre en ce qui concerne le Proche-Orient. Au contraire. Ce n’est que grâce au soutien américain qu’Israël peut commettre ses crimes effroyables à l’encontre de la population civile du Liban. Si les Etats-Unis téléphonaient à Tel-Aviv pour dire «Ça suffit!», les Israéliens auraient quelque peine à poursuivre leur agression. Ce n’est pas le Hezbollah qui a fait naître le conflit du Proche-Orient. Il faut toujours considérer les effets et les causes. La position européenne me paraît extrêmement arbitraire et peu conforme à la réalité.»
«La résolution du Conseil n’était-elle pas trop unilatérale?»
«Je ne crois pas car c’est avant tout à cause des victimes libanaises que le Conseil s’est réuni. Peut-être qu’il aurait fallu adopter une autre résolution concernant le Hezbollah, mais la non condamnation de celui-ci n’est pas une raison pour accepter implicitement les crimes d’Israël. Un criminel n’est pas excusé par le fait qu’un autre criminel demeure impuni. Le Tribunal de Nuremberg aurait-il dû abandonner ses poursuites contre Göring parce qu’il ne pouvait pas condamner également Staline? Je ne comprends pas pourquoi les Etats européens n’ont pas présenté une autre résolution contre le Hezbollah.»
«La condamnation d’Israël n’a-t-elle qu’une valeur symbolique?»
«Elle était plus que symbolique, mais certainement insuffisante. Les Etats européens devraient exiger qu’Israël se plie enfin à la Résolution 242 de 1967 et aux demandes de l’avis rendu par la Cour internationale de justice en 2004. En outre, il faut songer à des sanctions, par exemple un embargo économique, jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international. Par leur attitude intransigeante, les Etats européens se rendent complices des crimes contre l’humanité perpétrés au Liban. Je doute fort que les peuples allemand, français et britannique soient d’accord avec la position prise par leurs représentants au Conseil.»
Nous reproduisons le texte de la Résolution ainsi que des extraits du débat.