Le cygne noir de Wall Street

La surchauffe de l’économie américaine pourrait accélérer la remontée des taux du dollar et le retrait de l’aide de la Fed ce qui pourrait finir par peser sur la reprise économique mondiale naissante et fragile puisque le phénomène de mondialisation économique a rendu tous les éléments rationnels de l’économie interconnectés les uns avec les autres en raison de la consolidation des oligopoles, de la convergence technologique et des accords d’entreprise tacites.

La possibilité réelle d’un nouveau krach boursier passerait inaperçue pour la plupart des agences de notation en raison de la déconnexion avec la réalité qui les conduirait à justifier l’exubérance irrationnelle des marchés, réalisant ainsi la célèbre phrase de l’iconoclaste John Kenneth Galbraiht: «Il y a deux sortes d’économistes : ceux qui n’ont aucune idée et ceux qui ne le savent même pas».

En effet, notre esprit n’est capable de séquencer que des fragments de la séquence totale de l’immense génome du chaos avec lequel on recourt inévitablement au terme «effet papillon» pour tenter d’expliquer la conjonction vertigineuse des forces centripètes et centrifuges qui finiront par configurer l’énigme décousue du chaos ordonné qui se prépare. L’«effet papillon» transféré à des systèmes complexes comme la Bourse aurait pour effet collatéral l’impossibilité de détecter à l’avance un futur médian puisque les modèles quantiques qu’ils utilisent ne seraient que des simulations basées sur des modèles antérieurs ((Minsky’s Theory of Financial Instability), où l’inclusion d’une seule variable incorrecte ou l’apparition soudaine d’une variable imprévue provoque l’amplification de la marge d’erreur desdits modèles dans chaque unité de temps simulée jusqu’à dépasser même la limite stratosphérique de cent pour cent, donnant lieu à un nouveau cygne noir (krach boursier).

La théorie du cygne noir a été développée par Nassim Nicholas Taleb dans son livre «The Black Swan (2010)» dans lequel il tente d’expliquer «les biais psychologiques qui rendent les gens individuellement et collectivement aveugles à l’incertitude et inconscients du rôle massif de l’événement étrange dans l’histoire». Ainsi, en raison des stimuli économiques pour atténuer l’impact de la pandémie (estimé à plus de 3 milliards de dollars), les investisseurs américains se sont installés dans l’euphorie, rappelant le boom boursier des années 1920 qui était un prélude au crash de la Bourse de 1929. Ils n’ont, donc, pas pu percevoir le vertige de l’altitude mais le risque évident du retrait de l’aide de la Fed fera ressentir pour la première fois aux grands investisseurs le mal de l’altitude qui les conduira à réduire leur exposition au risque avec l’effet à la baisse conséquent sur les cours des actions.

De plus, l’emballement de l’inflation aux Etats-Unis (5% en glissement annuel en mai), va accélérer la remontée des taux d’intérêt sur le dollar amenant les investisseurs à se distancer des actifs boursiers et du marché boursier mondial en entraînant une psychose de vente qui pourrait déclencher l’éclatement de la bulle boursière actuelle. Cette épidémie aura comme effets collatéraux la famine financière qui en résulte pour les entreprises, la dévaluation subséquente des monnaies d’innombrables pays pour augmenter leurs exportations et comme effets bénéfiques le fait de forcer les entreprises à redéfinir leurs stratégies, à ajuster leurs structures, restaurer leurs finances et rétablir leur crédit comme cela s’est produit lors de la crise boursière de 2000-2002. Comme dommage collatéral, on aura la la ruine de millions de petits investisseurs encore éblouis par les lumières de la stratosphère. Avec la famine financière des entreprises; on aura l’effet domino qui en résulte dans la déclaration de faillites, la contraction subséquente du commerce mondial, le règlement subséquent de la mondialisation économique et le retour subséquent à des compartiments étanches dans l’économie mondiale.

Germán Gorraiz López, analyste politique



Articles Par : Germán Gorraiz López

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