Le désespoir total à Gaza
L’analyse de notre ami Ziad est claire.Les affrontements inter-palestiniens n’auraient pas lieu d’être si la bande de Gaza n’était pas réduite au désespoir absolu à cause de l’embargo économique prononcé par la communauté internationale et, singulièrement, la France. Nous savions que le retrait de Gaza des Israéliens était un leurre, et le constatons chaque jour depuis : l’armée d’occupation ne s’était retirée, géographiquement, que de quelques centaines de mètres, ce qui lui permet de réinvestir le terrain et d’organiser des assassinats ciblés chaque fois qu’elle le peut. Il n’est pas impossible que des « agents provocateurs » entretiennent le conflit inter-palestinien dans l’intérêt bien compris de la puissance occupante. (Annie Coussemant)
Écolières passant devant les tentes de famille sans abri, Rafah, copyright Khalil Hamra (UNRWA)
C’est très grave ce qui est en train de se passer dans la Bande de Gaza : des affrontements entre factions palestiniennes; des morts dans les rues de Gaza; des centaines de blessés dans des hôpitaux débordés et qui souffrent de manque de moyens médicaux. Et il y a des maisons détruites et touchées, non pas à cause des raids ou des bombardements israéliens, mais malheureusement par des missiles et des roquets lancés par des militaires palestiniens qui tiennent les armes au nom de la résistance contre les forces de l’occupation israélienne
Trente sept Palestiniens ont été tués en deux jours de combat entre les forces de sécurité du Fatah et les forces exécutives de soutien qui appartiennent au Hamas : les deux grands partis palestiniens ayant chacun une force militaire créée lors de la deuxième Intifada en 2000 pour affronter les soldats et les colons israéliens qui se trouvaient dans la Bande de Gaza avant de se retirer en octobre 2000. Mais le retrait israélien a été un piège pour enfermer les Palestiniens dans une prison; les armes se sont transformées vers les frères
Tout le monde est sous le choc. Ici on n’arrive pas à comprendre pourquoi il y a ces affrontements. Ces événements nous choquent avant de choquer tous les amis appuyant notre cause; une cause noble et juste, la cause de tous les opprimés et la cause de tous les résistants. Nous sommes en train de vivre un drame contre une population en pleine crise.
Depuis deux jours tout le monde reste chez soi dans la Bande de Gaza. Malgré toutes les initiatives pour arrêter ce drame entre les frères, on retrouve seulement les militaires de deux camps et les hommes armés masqués dans les rues de Gaza. Les magasins ont fermé leur porte. Les universités fonctionnent encore, mais seuls les étudiants devant passer le baccalauréat continuent d’aller à leur lycée pour passer les examens de bac, ce malgré les risques, les check point des deux camps ainsi que l’instabilité. Cela montre l’attachement de notre peuple à l’éducation comme élément d’espoir pour nos jeunes
Les événements de Gaza montrent une fois de plus la situation très difficile à laquelle se trouve plus d’un million et demi de Palestiniens enfermés, encerclés et vivant une pauvreté remarquable; sans oublier la tension; les pressions extérieures, la souffrance et les provocations israéliennes par la poursuite des attaques, raids et bombardements israéliens contre les villes, les villages et le camps de Gaza.
A mon avis, les événements de Gaza sont les résultats avant tout des mesures de l’occupation israéliennes qui enferment plus d’un million et demi de Palestiniens dans une grande prison à ciel ouvert. Et ce sont les résultats d’un blocus international qui est en train de tuer des enfants privés du lait et de médicaments. Tout cela est en train d’obliger les Palestiniens désespérés à se tuer entre eux
Il ne faut pas oublier que nous sommes toujours occupés dans la Bande de Gaza malgré le retrait israélien. Nous sommes encerclés, enfermés. Nous vivons la misère et la pauvreté devant l’indifférence totale de beaucoup de pays.
Gaza, 13 juin 2007.
Carte des chek- points à Gaza
Professeur Ziad Medoukh, coordinateur du Centre pour la paix à l’université Al Aqsa de Gaza .