Le début de la guerre contre la Syrie

Brève histoire de l’Otan de 1991 à nos jours. Neuvième partie.

En octobre 2012 le conseil atlantique dénonce « les actes agressifs du régime syrien à la frontière sud-orientale de l’Otan », prêt à déclencher l’article 5 qui engage à assister par la voce armée le pays membre « attaqué », la Turquie. Mais on a déjà mis en acte le « non-article 5 » -introduit pendant la guerre contre la Yougoslavie et appliqué contre l’Afghanistan et la Libye- qui autorise des opérations non prévues par l’article 5, en dehors du territoire de l’Alliance.

La guerre en Syrie commence en 2011. Eloquentes images des édifices de Damas et Alep dévastés par de très puissants explosifs : oeuvre qui n’est pas de simples rebelles, mais de professionnels de la guerre infiltrés. Environ 200 spécialistes des forces d’élite britanniques Sas et Sbs -rapporte le Daily Star– opèrent en Syrie, avec des unités britanniques et françaises.

La force de choc est constituée par un ramassis de groupes islamistes (jusque peu de temps auparavant définis par Washington comme terroristes) provenant d’Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie, Libye et quelques autres pays. Dans le groupe d’Abu Omar al-Chechen -réfère l’envoyé du Guardian à Alep- les ordres sont donnés en arabe, mais doivent être traduits en tchétchène, tadjik, turc, dialecte saoudien, urdu, français et quelques autres langues. Pourvus de faux passeports (spécialité Cia), les combattants affluent dans les provinces turques de Adana et Hatay, frontalières avec la Syrie, où la Cia a ouvert des centres de formation militaire. Les armes arrivent surtout via l’Arabie Saoudite et le Qatar qui, comme en Libye, fournissent aussi des forces spéciales.

Le commandement des opérations est à bord des navires Otan dans le port d’Alexandrite (Iskenderun). A Istanbul st ouvert un centre de propagande où des dissidents syriens, formés par le Département d’état USA, confectionnent les informations et les vidéos qui sont diffusés par réseaux satellitaires. La guerre Otan contre la Syrie est donc déjà en acte, avec la motivation officielle d’aider le pays à se libérer du régime d’Assad. Comme en Libye, on a planté un coin dans les fractures internes pour faire crouler l’Etat, en instrumentalisant la tragédie des populations accablées.

Une des raisons pour lesquelles on veut frapper et occuper la Syrie est le fait que Syrie, Iran et Irak ont signé en 2011 un accord pour un gazoduc qui devrait relier le gisement iranien de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie puis à la Méditerranée. La Syrie, où a été découvert un autre gros gisement près de Homs, pourrait devenir ainsi un hub de corridors énergétiques alternatifs à ceux traversant la Turquie et d’autres parcours, contrôlées par les compagnies étasuniennes et européennes.

Manlio Dinucci

À suivre

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Première partie :

La « Grande Otan ».

 

Deuxième partie :

L’intervention Otan dans la crise des Balkans

 

Troisième partie :

Otan – Le contournement de l’article 5 et la confirmation du leadership USA

 

Quatrième partie :

L’expansion de l’Otan vers la Russie

 

Cinquième partie :

Afghanistan : la première guerre de l’Otan en-dehors de l’aire euro-atlantique

 

Sixième partie :

La guerre US/Otan en Irak

 

Septième partie :

L’Otan « à la chasse aux pirates » dans l’océan indienà

 

Huitième partie :

La démolition de l’État libyen

 

 



Articles Par : Manlio Dinucci

A propos :

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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