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Le drame des réfugiés Syrien: Bébé Aylan, 1000 jours en enfer
Par Chems Eddine Chitour
Mondialisation.ca, 10 septembre 2015

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«Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange; Il vivait. Il mourut quand il n’eut plus son ange; La chose simplement d’elle-même arriva, Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va.»

Victor Hugo  (Extrait des Misérables)

«Il dort. Nature, berce-le chaudement: il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille (…)».

Arthur Rimbaud ( Le dormeur du Val)

 

De par le monde, chaque pays, notamment européen, est en train de prendre en charge dans des conditions, certaines fois inhumaines; les migrants qui ont fui le chaos en cours dans le pays. Dans ce cadre mis à part trois pays musulmans (Le Liban, la Jordanie et la Turquie) qui ont pris dans des conditions difficiles plus de deux millions de réfugiés syriens, l’image de Aylan l’enfant de trois ans noyé, a été un véritable électrochoc mondial. Ce bébé n’a connu que la guerre, les bombardements, la fuite, les explosions, la misère la peur et enfin la noyade. 1000 jours d’enfer en espérant qu’il y ait une place au paradis pour les bébés noyés.

« Le petit Aylan Kurdi, écrit, en substance, Anne Caroline Desplanques, n’aura jamais connu autre chose que la route de l’exil. Depuis sa naissance, ses parents fuyaient la guerre en Syrie. Son petit corps immobile enveloppé dans un t-shirt rouge trempé, ses petites chaussures enfoncées dans le sable, son visage joufflu caressé par les vagues ont ému toute la planète. La mer Égée a déposé l’enfant inanimé sur une plage de la péninsule de Bodrum. (…) Aylan a passé sa courte vie le baluchon à l’épaule. C’est en effet l’année de sa naissance, en 2012, que ses parents ont fui leur ville d’origine, Damas, d’après le récit d’un ami de la famille à l’AFP.

Avec d’autres réfugiés, ils décident finalement de s’organiser seuls pour atteindre à la rame l’île grecque de Kos, située à moins de 5 km (…) Les réfugiés récupèrent donc deux bateaux pneumatiques capables de transporter chacun 10 personnes et prennent la mer ».(1)

« Les petits Kurdi sont excités. «Il y a beaucoup de jouets en Europe, non?» a demandé l’aîné, Galib, a relaté sa tante, rapportant une conversation téléphonique avec son frère. Mais à 500 m de la plage, les bateaux surchargés commencent à prendre l’eau. Paniqués, les passagers se lèvent. Les embarcations chavirent et se dégonflent. «Les enfants ont crié: «Papa s’il te plaît ne meure pas»», a rapporté leur tante. Le père de famille aura finalement été le seul des quatre à s’en sortir.» (1)

Pourquoi le chaos en Syrie, en Irak, en Afghanistan?

La cause est avant tout à chercher dans les dirigeants mal élus qui ont d’une façon ou d’une autre permis aux puissances occidentales (mues elles-mêmes par le grand capital de s’ingérer en trouvant une oreille attentive auprès d’une population harassée par l’injustice, le passe-droit, le népotisme et la corruption. L’Occident a beau jeu de mettre en avant les droits de l’homme, la liberté pour semer le chaos dans ces pays et refaire un nouveau Sykes-Picot avec de nouvelles cartes de pays tracés en fonction des intérêts des puissants.

Que deviennent les peuples dans ces situations qui les dépassent? Ce sont, justement, eux qui servent de variable d’ajustement, ce sont eux qui meurent, ce sont eux qui envoient à la mort des milliers des leurs dans des coquilles de noix pour atteindre un lointain nirvana l’Europe qui verrouille ses portes. Il a fallu la noyade atroce du petit Aylan pour qu’hypocritement les pays occidentaux se découvrent une dimension humaine et tout le monde s’ajoute allant même jusqu’à exploiter d’une façon scandaleuse l’image.

Pire il n’y a pas eu de journaux français – à part un ou deux trop occupés à couvrir la marche des tracteurs sur la capitale- pour montrer l’image atroce de Aylan face contre terre qui dort d’un sommeil dont il ne se réveillera pas Si les responsables sont connus et ne rendent pas compte car il n’y a pas de tribunal Nuremberg des peuples pour juger ceux qui ont amené le chaos, on ne peut que s’en remettre au bon vouloir des puissants Il ne faut jamais oublier que dans cette histoire de migrants, le chaos des réfugiés de toutes nationalités des pays du Sud est dû aussi et plus que jamais aux guerres fomentées par les pays occidentaux qui s’en lavent les mains.

Le problème des réfugiés est un problème planétaire et la solution devrait être planétaire. Chaque pays du G20   devrait prendre sa part de  la détresse de ces migrants marqués comme des bêtes,  véritables épaves Un exode pire que celui de la Bible car nous sommes au XXIe siècle et on laisse périr des personnes « humaines » coupables d’être misérables. Compatir soulager la douleur au-delà de toute calcul politicien , c’est cela la solidarité. On en est loin, il a fallu que l’on apprenne que le Canada aurait refusé un visa à la famille de Aylan malgré l’intervention de sa tante de Vancouver, pour que les «officiels» en pleine campagne fassent aussi preuve d’humanité en déclarant qu’ils sont prêts à faire un geste. Les migrants n’ont pas besoin de geste, ils ont besoin qu’on leur trace une solution.

La honte des pays arabes

Dans cette tragique situation des migrants les potentats arabes musulmans sont au-dessous de tout! Ce sont quand même des Arabes, des musulmans, des chrétiens qui souffrent, des êtres humains. Il y a eu un silence assourdissant des potentats mal élus qui font le malheur de leurs peuples respectifs. Au contraire, pendant qu’Aylan luttait pour survivre, le potentat d’Arabie saoudite discutait avec Obama comment réduire l’influence de l’Iran qui au passage aussi a fait preuve d’un silence assourdissant.

Dans ce cadre, s’agissant de l’Algérie, nous n’avons pas de leçons à donner aux autres. Nous ne faisons pas ce que nous devrait notre conscience. Par vocation humaniste dont on dit que l’hospitalité algérienne est proverbiale , mais aussi se souvenant que la Syrie (Bilad Echam) a été le pays qui a accueilli l’Emir Abdelkader et ses proches et bien plus tard, les exilés de 1871 (Révolte de Mokrani) et bien plus tard, encore, plus de 500 familles algériennes qui n’ ont pas voulu accepter la conscription des Algériens dans l’armée française.

Pour toutes ces raisons, l’Algérie s’honorerait en annonçant qu’elle régularise dignement la situation des quelques milliers de réfugiés dans des conditions définies et surtout du fait de la rentrée scolaire, voire de la formation professionnelle mettre en place rapidement les modalités d’intégration des élèves en leur permettant de suivre leur scolarité dans des conditions normales.

Les inégalités porteuses de misère qui font le lit des transhumances

Au-delà de la responsabilité des pays occidentaux dans les malheurs des pays arabes et musulmans, il est important de savoir quels sont les causes profondes de ces migrations, leur importance et les conséquences des invasions des migrants et leur apport à l’économie du pays d’accueil Une contribution sans concession présentée par Marwan Muhammad rappelle la réalité crue des inégalités porteuse de toutes les détresses et explique en quoi justement,  les données sont faussées concernant le réel apport des migrants contre l’adage qui veut que «les émigrés mangent le pain des Français» comme l’avait si bien tourné en dérision Fernand Reynaud. Il donne les arguments suivants:

1) Les 100 personnes les plus riches possèdent plus que les 3.5 milliards de personnes les plus pauvres. Donc quand on explique qu’ «on ne peut pas accueillir toute la misère du monde», c’est tout sauf une question de moyens».(2)

2) Les immigrés rapportent plus à l’Europe qu’ils ne «coûtent». Donc leur criminalisation et leur diabolisation est un choix politique et NON une question de «rationalité économique».(2)

3) «On ne peut pas accueillir toute la misère du monde», mais on oublie de dire que dans une partie des situations politiques et économiques qui poussent des êtres humains à quitter leur terre et leur famille, nous avons souvent une part lourde de responsabilité. Les migrants ne se sont pas réveillés un matin, de manière spontanée en se disant: «Tiens, si on allait en Europe, histoire d’être traités comme si notre vie ne valait rien?» On a souvent provoqué les conditions de leur départ et de leur détresse.» (2)

4) On veut la libre circulation des marchandises, la libre circulation des capitaux, mais pas celle des êtres humains. On veut pouvoir concurrencer les Africains chez eux en leur vendant nos produits et nos légumes sous pesticides, dopés par nos subventions, tout en leur interdisant de nous concurrencer ICI par leur travail. En fait, ce qu’on leur propose, c’est une prison à ciel ouvert dont nous sommes les gardiens.» (2)

5) Pour une année donnée (disons 2013), la somme des aides alimentaires aux pays du Sud est de 50 milliards. Pour la même année, les intérêts de la dette payée aux pays du Nord est de 500 Milliards. Donc en gros, je te donne 1 en «charité» et je te prends 10 en intérêts. En fait, si nous finançons la «misère de leur monde», c’est qu’ils financent la richesse du nôtre.»(2).

6) Qu’ils soient migrants, réfugiés, illégaux ou autorisés, les hommes et les femmes qui sont parqués comme des animaux dans des camps ou refoulés aux frontières sont des êtres humains (c’est dramatique de devoir le rappeler) et, à ce titre, ont des Droits. Il s’agirait de commencer à en prendre conscience plutôt que de les traiter comme des criminels».(2)

7) Certains ont fui la guerre, l’extrême pauvreté, traversé la mer dans des barques de fortune, résisté aux pires injustices, porté leurs enfants sur le dos sur des distances qui défient l’entendement, subi des épreuves qu’aucun (e) d’entre nous ne pourrait endurer. Ils ne sont pas «la misère du monde», ils sont l’honneur de l’humanité.» (2)

Le cri du cœur du journaliste Olivier Ravanello

Je ne peux résister à vous faire partager ce cri du coeur – une fois n’est pas coutume- du journaliste Olivier Ravanello qui décrit avec des mots simples la tragédie des migrants et l’épopée douloureuse et tragique de Aylan le bébé que la mer nous a rendu sans vie: «Ils étaient 11, et lui avait 2 ans. Il leur restait 7 kilomètres à faire. Quelques heures à pied en prenant le temps de s’arrêter à cause des enfants. Mais il y avait la mer. Oh rien, un bras de mer.

«Regardez, on voit la côte là-bas». Devant eux la Grèce, l’Europe. Derrière eux la Turquie. Ils étaient 11 et lui avait un tee-shirt rouge. Etaient-ils de la même famille?(…) »(3)

«Voilà deux bateaux. Vous n’avez qu’à aller tout droit, c’est simple». (…) «Que faire?» se disent nos élus en prenant une mine de circonstance, tétanisés que leur humanité ne leur coûte leur siège. Autour de nous, les pays frontaliers accueillent tant bien que mal des flots de réfugiés. Ils ne croulent pas sous l’or mais ils le font. 630.000 Syriens sont en Jordanie, 300.000 au Liban, le petit Liban; 2 millions en Turquie qu’on critique tant. En France?  «3 450 visas», dixit le ministère de l’Intérieur. Et on parle de pression insupportable.» (3)

Olivier Ravanello  met les points sur les i quant à l’incurir des ONG :

«Pour le tsunami écrit-il, les ONG croulaient sous les dons et là rien? On débat sur le mot «migrant». Je vous entends hurler «ils viennent pour les alloc». Vous est-il venu en tête que l’on puisse préférer son quartier, son village, son pays et rêver d’une Syrie en paix pour y revenir au plus vite?

« Non! Ils viennent parce que chez eux on tue. Tout et tout le monde. Ils étaient 11 et lui du haut de ses 2 ans n’avait jamais connu autre chose que la guerre. Avait-il peur en montant sur la petite embarcation? Prenait-il cela pour un jeu? Riait-il ou était-il endormi dans les bras de sa mère? Ils se sont répartis les coquilles de noix laissées par ce passeur de la mort. Cinq sur l’une. Six sur l’autre. Lui et ses chaussures bleues étaient parmi les six quand le bateau a commencé à couler. Il était seul quand il s’est noyé. Seul quand il est mort. Sur la plage il semblait endormi. Comme nous. Mais lui ne se réveillera pas.» (3)

D’une façon prémonitoire, il répond à la logorrhée haineuse et malsaine de Marine Le Pen qui déclare que  si c’était elle, elle n’accueillerait personne et les personnes qui y sont , seront charterisées. Le corps social est tellement travaillé par la Droite quand on est en droit de se demander si la pitié existe puisque à 61% , ils sont contre l’accueil de migrants.  Contrairement à la Suède petit pays, et à l’Allemagne qui a décidé d’accueillir plusieurs centaines de milliers

Les larmes de crocodile des donneurs de leçons

Parlant de toutes les âmes charitables qui s’émeuvent de l’assassinat -indirect- du petit Alyan-, et quand des personnes qui ont été responsables de la débâcle de la situation actuelle continuent à donner des leçons, il y a quelque chose de pourri. Le philosophe Michel Onfray avec son langage décapant écrit: « BHL et les politiques sont responsables de la mort du petit, il faut arrêter cette politique, BHL a invité à bombarder la Libye il est complice comme les présidents d’hier et d’aujourd’hui.»

 «Quel que soit l’évènement lit-on sur Avic le Réseau international, si BHL s’en mêle, c’est que ça sent le soufre. Si, en plus, il y a une volonté acharnée du monde des médias de nous tirer des larmes, ce n’est même plus suspect, c’est la certitude qu’il y a une stratégie derrière. Quand BHL et les médias se mobilisent avec tant de coeur et une synchronisation aussi parfaite, c’est qu’ils sont en mission. Rappelons-nous les enfants squelettiques du Biafra dans les années 60-70, quand la France voulait mobiliser l’opinion pour s’accaparer une partie du pétrole nigérian. Rappelons-nous encore les nourrissons koweïtiens massacrés dans leurs couveuses par les soldats irakiens, ou encore ces corps alignés d’enfants syriens gazés pour faire porter le chapeau à Bachar Al Assad et son gouvernement.» (4)

«Les exemples ne manquent pas et c’est systématiquement le même processus de manipulation des émotions qui est utilisé. Qu’est-ce qui fait que ça marche à tous les coups? La peur de paraître inhumain, ou d’être en «dysharmonie» avec les autres? Dans l’affaire des migrants, nous venons de passer une phase stratégique cruciale, celle de l’utilisation du pauvre petit enfant innocent. L’avantage de cette stratégie, c’est que tout résistant peut être lynché, car l’enfant devient «L’Enfant» qui doit faire tout oublier, y compris les autres enfants écrabouillés par les bombes de l’Otan en Libye, ou froidement massacrés par les terroristes en Syrie. Même les deux enfants morts le même jour à Paris dans un incendie criminel ne comptent pas. Cet Enfant comble de cynisme, porte un nom qui n’en est pas un, ou plutôt qui est tout un symbole: Aylan Kurdi, c’est-à-dire Aylan le Kurde. C’est facile à retenir et les Européens ont une certaine sympathie pour les Kurdes.»(4)

A croire que les centaines de milliers de plages (…) lit on en conclusion, ,ne sont plus sillonnées que par des sauveteurs turcs et grecs qui ne se baladent jamais sans être accompagnés de leur photographe attitré. Ainsi, quand ils trouvent le corps d’un petit enfant, leur premier geste le plus urgent n’est pas de vérifier que l’enfant est encore en vie pour, éventuellement lui porter secours, mais de dire au photographe de prendre des clichés qui pourront réveiller la conscience des plus récalcitrants des Européens face à la tragédie des migrants. C’est bien connu, une bonne image arrache plus de larmes que les faits. Ensuite, et ensuite seulement, le sauveteur fera son boulot de sauveteur qui, dans le cas de l’enfant trouvé sur la plage de Bodrum en Turquie, consistait essentiellement à prendre dans ses bras un cadavre encore tout frais, ni rigide, ni cyanosé. Encore un ou deux clichés avec l’enfant dans les bras, histoire d’insister un peu plus sur la nécessaire prise de conscience des Européens. Ce genre de photos a déjà fait ses preuves, Bernard Kouchner avec son sac de riz pourri. . Que sont devenus les Erythréens. Peut-être était-ce une stratégie entrant dans le plan global? Peut-être voulait-on faire peur aux Européens avec une supposée invasion d’Africains, pour mieux faire accepter des migrants Moyen-Orientaux? Qui sait? (…)» (4)

Dans cette tragique affaire, l’humanité dans son ensemble a failli. L’égoïsme et le chauvinisme ont guidé les comportements. Nous ne pouvons pas, cependant, en dehors des rodomontades auxquelles nous ont habitué certains leaders européens, ne pas citer la position remarquable de l’Allemagne qui accueillera 800.000 migrants- naturellement elle est accusée par ceux qui ne font rien de vouloir régler le problème de sa démographie-. Il n’est que de voir le bonheur dans les yeux des enfants quand ils sont arrivés à Munich hier. Ils rayonnaient d’être enfin sortis du cauchemar qu’ils ont vécu en Hongrie. Une belle scène que celle de ces fleurs, boissons et sourires pour accueillir ces épaves humaines et surtout le rire d’un petit enfant tout juste vieux comme Aylan à qui le policier allemand a mis sa propre casquette pour le porter ensuite au grand bonheur de l’enfant. Non il ne faut pas désespérer de la nature humaine.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

Article de référence :

http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/224681-une-eternite-au-paradis-des-anges.html

 
1.Anne Caroline Desplanques http://www.journaldemontreal.com/2015/09/04/de-ville-en-ville-le-petit-aylan-na-connu-que-la-fuite

2.Marwan Muhammad http://reseauinternational.net/la-misere-du-monde-en-7-points/

3.Olivier Ravanello https://fr.news.yahoo.com/blogs/ravanello/a-ceux-qui-croient-ne-rien-pouvoir-faire-075717700.html

4.Réseau International http://reseauinternational.net/le-bebe-providentiel/

 

 

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