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Le grand jeu va mal terminer…
Par Danielle Bleitrach
Mondialisation.ca, 24 juillet 2008
24 juillet 2008
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https://www.mondialisation.ca/le-grand-jeu-va-mal-terminer/9664

Dans le genre : “Et si on remettait ça ?”, le quotidien moscovite Izvestia a fait savoir ce lundi 21 juillet que si l’OTAN continuait à menacer la Russie en tentant d’intégrer l’Ukraine et la Géorgie ou si encore les États-Unis continuaient à vouloir implanter leur bouclier censément dirigé contre l’Iran, l’aviation militaire  russe pourrait bien retourner à Cuba. On espère que Cuba est au courant de cette intéressante proposition? 

 1- Le contexte: la pression des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie:

Les États-Unis envisagent d’implanter dix missiles intercepteurs en Pologne et un radar en République tchèque sous prétexte de contrer la menace balistique émanant d’Iran. Moscou craint que le déploiement de ces systèmes près des frontières russes ne constitue une menace à sa sécurité nationale. En acceptant d’accueillir des missiles intercepteurs américains, Varsovie espère que les États-Unis l’aideront à moderniser ses forces armées. La Pologne souhaite acquérir des missiles à courte et à moyenne portée Patriot PAC-3, THAAD ou AMRAAM. Même enthousiasme des dirigeants en Tchéquie et des Lituaniens ((Mac Cain le candidat républicain, qui lui non plus ne voit pas le temps passer, a parlé de “la Tchécoslovaquie”) . Par ailleurs actuellement   ont lieu les  manoeuvres internationales de l’OTAN Sea Breeze 2008  en Crimée. Ces manoeuvres sont mal vécues par les Russes mais aussi par une partie importante de la population ukrainienne, qui y voit l’entrée dans l’OTAN, le desserrement des liens économiques russo-ukrainiens et estime que cela  provoquerait, entre Moscou et Kiev, un conflit dirigé depuis Washington. Non sans raison.

2-Les aviations militaires russes pourraient retourner à Cuba

« MOSCOU, 21 juillet – RIA Novosti. Le déploiement de bombardiers stratégiques russes à Cuba constituerait une réponse adéquate à la possible implantation de bases militaires de l’OTAN le long des frontières russes, estime l’ancien commandant en chef des Forces aériennes russes, le général Piotr Deinekine.

Lundi, le quotidien moscovite Izvestia a fait savoir, citant une source haut placée, que les avions militaires russes pourraient revenir à Cuba et que les bombardiers de “l’aviation stratégique russe utilisaient déjà les aérodromes cubains”.

La source a cependant tenu à souligner que Moscou n’avait pas sérieusement envisagé jusqu’à présent l’idée de déployer ses formations aériennes dans l’île.

“Si ce projet est soumis à l’étude, ce serait une excellente réponse à l’intention d’implanter des bases de l’OTAN à proximité des frontières russes. Que les bombardiers stratégiques russes soient en mesure de se poser à Cuba, cela ne fait aucun doute”, a confié lundi M. Deinekine dans une interview à RIA Novosti. “D’ailleurs, je n’y vois rien de blâmable, car l’Alliance atlantique ne tient aucun compte de nos intérêts en déployant des bases aériennes et des stations radars dans des régions limitrophes de la Russie”, a-t-il ajouté.

Le général a néanmoins précisé que “le stationnement permanent de bombardiers stratégiques russes à Cuba était inutile, car le ravitaillement aérien leur permettait de patrouiller pendant près d’une heure et demi près des côtes des États-Unis et de regagner leurs bases sans le moindre problème”.

M. Deinekine a rappelé que l’aviation stratégique russe avait déjà rempli des missions de ce genre dans les années 1980, en réponse au déploiement de missiles de croisière américains dans le sud du Royaume-Uni, en Italie du Nord et en Allemagne de l’Ouest. Les vols étaient alors effectués par des Tu-95MS ravitaillés en l’air par des Iliouchine-78. »

La vraie question est donc de savoir si les Cubains sont prévenus de ces projets ou si les Russes agissent comme jadis Khrouchtechev, qui avait négocié derrière leur dos le retrait des fusées de Cuba, à la grande colère de Fidel et du peuple cubain. Une négociation qui était somme toute assez bien menée puisque John Kennedy avait accepté d’enlever les missiles de Turquie et s’était engagé à ne pas envahir Cuba. Il est vrai que la déculottée prise à la baie des cochons l’avait calmé pour quelques temps.

Mais là encore il faut bien voir le contexte, les États-Unis et l’Otan tentent d’encercler les Russes, mais ils activent également la IV e flotte autour du Venezuela et des Caraïbes. Comme par hasard d’ailleurs le président Hugo Chavez est attendu à Moscou le 22 juillet, il a déclaré que c’était une rencontre « stratégique » avec des dimensions politiques, économiques et militaires.

Il est clair que les États-Unis sont en train d’essayer de rompre le front progressiste en Amérique latine et centrale. Les ambassades étasuniennes y sont devenues le siège de la concertation avec les oligarchies locales et des mouvements financés par les mêmes. Il s’agit partout de créer des lieux d’explosion potentielle comme en Colombie.

A cela, les dirigeants latino-américains ont répondu par une grande manifestation d’unité à l’occasion de la célébration du 29 e anniversaire de la  révolution sandiniste à Managua. Le vice-président cubain Esteban Lazo a estimé que l’unité, la paix et l’intégration sont nécessaires en Amérique latine « Seules l’unité, la paix et l’intégration entre nos peuples nous mèneront à la victoire face à la situation complexe et difficile qui affecte le monde entier », a déclaré Esteban Lazo, vice-président du Conseil d’État de Cuba, à Managua, la capitale du Nicaragua. Il est évident que les Cubains tablent sur l’unité du sous continent et sur la paix plus que sur l’aviation russe, ils n’ont jamais tablé sur les Soviétiques pour les défendre, il est peu probable qu’ils tablent sur les Russes. Cette opinion est partagée par les autres dirigeants y compris Chavez qui  lui aussi  a abondé dans le même sens et déclaré qu’unis les peuples ne craignaient pas la IV e flotte.  Et il a appuyé la candidature du Brésil comme grande puissance, après s’être réunis avec Lula et Evo Morales pour créer une grande route intercontinentale amazonienne.

3 -Chine, priorité de la politique étrangère russe (Lavrov)

PEKIN, 21 juillet – RIA Novosti. La Chine constitue une priorité de la politique étrangère russe, a déclaré lundi à Pékin le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une rencontre avec le président chinois Hu Jintao.

« Le président Medvedev estime que le développement et l’approfondissement du partenariat stratégique avec la Chine reste notre priorité en matière de politique extérieure. Ceci est souligné dans la conception de la politique étrangère récemment approuvée par le président Medvedev », a fait savoir M.Lavrov, actuellement en visite officielle en Chine.

Le chef de la diplomatie a par la suite transmis les meilleurs voeux de succès du président russe et du premier ministre Vladimir Poutine en vue de la tenue des Jeux olympiques de Pékin.

La visite du chef de la diplomatie russe a été marquée par la signature d’un protocole déterminant la partie est de la frontière russo-chinoise sur le fleuve Amour, mettant fin au problème frontalier entre les deux pays.

Au même moment les liens se resserrent avec la Chine, l’union entre les deux pays est une priorité et on mesure bien de qui il s’agit de se protéger. On ne peut s’empêcher de penser que ça aurait été tout de même mieux de s’entendre dans les années 1980, ça aurait évité bien des déboires. Il n’y a en tout cas plus de problèmes frontaliers et jamais le fleuve Amour n’a aussi bien porté son nom…

Mais il faut aussi apprécier le contexte, non seulement la Chine doit faire face à des tentatives de déstabilisation qui sont allées jusqu’à l’attentat terroriste dans le Yunan, mais la crise, l’inflation, développent partout les tensions sur lesquelles les États-Unis jouent l’aiguisement.  :Les communistes indiens viennent de retirer leur soutien au gouvernement indien, parce que celui-ci a négocié avec les États-Unis à propos du nucléaire. Les accords proposés par les États-Unis étaient certes très avantageux mais ils étaient visiblement dirigés contre la Chine.  Là encore les États-Unis ont choisi d’entretenir une déstabilisation permanente dans la zone himalayenne, au Tibet mais pas seulement.

Mais ils risquent fort de jouer les apprentis sorciers :  cette zone est secouée par la contagion népalaise avec l’extension possible y compris en Inde des révoltes paysannes dites « maoïstes ».L’Inde est elle-même en train de devenir un foyer de tensions sociales de plus en plus fortes.

Les États-Unis ont 7 armées bientôt elles vont être toutes en état d’alerte rouge… Parce que tout cela a lieu dans le contexte d’une crise économique gravissime où l’on a récemment vu un G8 incapable de prendre la moindre initiative face à tous les problèmes de faim, d’environnement, d’énergie. Nous sommes donc face à un péril grandissant.

Le tout sur fond des grandes multinationales qui ont décidé de piller le monde et de s’en réserver le pétrole… Et je ne vous parle pas du Darfour, ni du chaudron des sorcières que les États-Unis ont réussi à créer au Moyen-Orient. Pourtant pour être complets, l’évolution de la situation à Téhéran, l’installation d’une section des intérêts étasuniens, dirigé par un très haut fonctionnaire, l’ouverture de négociations, le rôle assumé par la Syrie, tout cela n’est-il que théâtre d’ombre avant la frappe israélienne. Que cette question paraisse logique prouve sur quelle poudrière on nous condamne à vivre pour les plus grands profits des pétrolières…

A propos si nous réintégrons le commandement de l’OTAN, la France ne pourra pas refuser de participer aux expéditions derrière les États-Unis, d’ailleurs je vois mal notre atlantiste président refuser de les suivre.

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