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Le Groupe de Lima ne se limite pas au Venezuela
Par Pierre LeBlanc
Mondialisation.ca, 22 février 2020

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Sur la commande de Donald Trump et de Chrystia Freeland, le Groupe de Lima s’est réunit à Ottawa le 20 février 2020. Le Premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne ont prononcé sous l’enseigne de la servilité leurs boniments et leurs positionnements politiques, et ce, sur le dos de la démocratie, de l’humanitarisme et de l’État de droit. De toute apparence, le but de cette rencontre fut de concevoir et d’orchestrer des moyens d’évincer ce polisson, ce vulgaire dictateur meurtrier, tel qu’on a caractérisé le président dûment élu Nicolás Maduro.

Les chroniqueurs et les militants progressistes se sont concentrés sur la notion que le démembrement du Venezuela est le principal, voire le seul, champ d’ingérence de cette infâme petite bande de fondamentalistes économiques/régimes membres du Groupe de Lima, à la fois funestes et en sérieux déficit démocratique. Je crains que nous ne saisissions pas entièrement la portée de ce que trame ce cartel.

Regardons les choses en face. En tant qu’objectif illusoire, le renversement du gouvernement Maduro, et plus précisément la pulvérisation de la révolution bolivarienne et la féodalisation des masses de Vénézuéliens qui la portent s’est avéré un échec dérisoire. L’objectif des États-Unis et des grandes entreprises n’est pas qu’un simple changement de régime ; c’est l’anéantissement de l’État, de ses structures, processus et programmes, de ses valeurs sociales les plus enracinées et de son tissu culturel et racial. C’est un fantasme dans lequel Trump trouve de moins en moins de réconfort ; il advient que ce mirage politique ne répond plus à son besoin puéril de gratification instantanée. Malgré l’immensité et la criminalité de la douleur, de la souffrance et de la mort que Trump, Trudeau et ces autres troubadours corrompus du Groupe de Lima ont infligées aux Vénézuéliens, le peuple se tient debout et résiste ; son système social, politique et économique, bien que fragilisé et constamment sous attaque, perdure.

Les discussions du Groupe de Lima du 20 février ont porté sur plus que le Venezuela, car il existe de nombreuses autres questions urgentes et menaces imaginaires à l’encontre des fantasmes des oligarques d’Amérique latine et des impulsions hégémoniques et méprisantes du complexe nord-américain d’entreprises et de milliardaires blanc suprémacistes, acharnés sur l’extraction de la dernière goutte de sang disponible ($$$). Nous pouvons parier que ce bavardage ait compris la planification d’une action concertée en appui au coup d’État toujours en cours, y compris les élections truquées de la Bolivie imposées par les États-Unis. Et le partage de façons de traiter plus efficacement, de leur point de vue, des satanés mouvements de résistance dans chacun de leur pays. N’oublions pas que tous les membres sud-américains de ce cartel (et le Canada) sont intervenus et ont coparrainé le coup d’État en Bolivie. De plus, lorsque le président mexicain Manuel Obrador a expédié un avion de secours pour extirper le président Evo Morales d’une violence certaine, voire pire, comme par magie, tous les régimes du Groupe de Lima ont interdit à l’avion d’emprunter leur espace aérien. Il faut un véhicule bien huilé pour réussir une telle action instantanée en pleine nuit. Les États-Unis ont leurs vassaux partout et leurs fidèles trouble-fêtes (le Groupe de Lima en cas de figure) dédiés l’exécution de leurs volontés destructives.

Les machinations du Groupe de Lima incluent la mise en œuvre de stratégies des États-Unis et des magnats financiers visant à casser la volonté du peuple pour faciliter le renversement des gouvernements dûment élus qui peuvent avoir de réelles aspirations à servir leurs citoyens. Le Groupe de Lima agit comme l’agriculteur qui sème les graines de la destruction, créées dans les laboratoires idéologiques de Washington, des gouvernements responsables et dévoués aux citoyens. Les dépêches de Wikileaks et les révélations de Snowden, entre autres expertises, démontrent que dès la première année de son élection, Lula a été miné et que les graines de sa chute politique et de celle de Dilma ont été semées. On peut en dire autant de nombreux autres États jadis progressistes, dont l’Haïti de Jean-Bertrand Aristide. L’Oronico Tribune rapporte que des plans sont déjà en cours pour opérer un éventuel coup d’état contre Obrador (AMLO) du Mexique. Il est donc impératif que la communauté des activistes progressistes et de la justice humaine comprenne que le Groupe de Lima est plus qu’un vulgaire bélier contre le seul Venezuela.

L’ancien ambassadeur du Canada au Venezuela et actuel président du Conseil international du Canada, Ben Roswell, fut sans doute très impliqué dans l’encadrement de ce conciliabule du Groupe de Lima de février 2020. Rappelons qu’il a animé une partie de la réunion du 4 février 2019 à Ottawa. Il est fort à parier que Roswell se pavanera ensuite sur les plateaux idéologiques des médias pour propager son programme colonialiste, en occurence celui de Trudeau/Freeland/Trump. Notre communauté doit trouver un moyen de le contrecarrer puisque qu’il s’avère un boulet de démolition de la justice et un propagandiste hautement efficace. Pour sa part, le ministre Champagne ne fait que figure de proue.

Pierre LeBlanc

Le 19 février 2020

Le Canada accueillait le jeudi 20 février le groupe de Lima à Gatineau.

Photos de la manifestation à Gatineau contre le groupe de Lima par Pierre Leblanc :

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