INITIATIVE POPULAIRE – Pour les pacifistes, le contexte de guerre généralisée contre le terrorisme justifie d’autant plus une interdiction totale.
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA) s’apprête à faire son retour sur la scène politique nationale. Objectif: le lancement d’une initiative populaire contre les exportations d’armes. La décision sera formellement entérinée le 30 avril prochain à Berne, lors de l’assemblée générale annuelle du mouvement abolitionniste, mais le texte a déjà été transmis à la Chancellerie fédérale pour consultation. Et les premiers soutiens se sont déjà fait connaître, selon le secrétariat national du GSSA. La récolte des 100000 signatures pourrait donc démarrer le 1er juillet. Les milieux pacifistes n’en sont pas à leur coup d’essai dans ce domaine: en 1997, une initiative semblable lancée par le Parti socialiste était balayée par 77,5% des votants. Mais depuis les événements du 11 septembre 2001, le climat international a bien changé. «Notre démarche s’inscrit clairement dans le contexte d’opposition à la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis et leurs alliés», indique Andrea Cassee, secrétaire national du GSSA. «Certes, la Suisse n’y prend officiellement pas part. Mais des armes suisses sont utilisées tant en Afghanistan qu’en Irak, à l’image des grenades à main dont disposent les troupes britanniques ou de certains équipements sur des avions étasuniens», poursuit M.Cassee.
Modification tactique
Concrètement, la nouvelle initiative du GSSA vise le matériel de guerre proprement dit, les «biens militaires spéciaux» (les avions d’entraînement du type Pilatus entreraient dans cette catégorie, selon le mouvement), ainsi que les «biens immatériels pour la production de matériel de guerre» (plans de construction, par exemple). Par rapport au texte refusé par le peuple en 1997, une modification importante a été apportée pour des raisons tactiques: les biens à double usage civil et militaire (certains systèmes de communication, entre autres) ne seraient pas frappés d’une interdiction de vente à l’étranger. «Nos adversaires ont beaucoup insisté sur ce point durant la campagne», rappelle Andreas Cassee. En revanche, le matériel de guerre obsolète est concerné –à l’instar des fameux chars qui devaient, par un tour de passe-passe, être livrés à l’armée irakienne. Selon le secrétaire national du GSSA, l’initiative aurait déjà emporté l’adhésion de la coalition «A gauche toute!»[1]. La Jeunesse socialiste se déterminera demain et les Verts dans les prochaines semaines. Le Parti socialiste devrait le faire un peu plus tard. Les milieux pacifistes chrétiens apporteraient également leur soutien. I
Note : [1]Projet de fédération nationale de plusieurs mouvements et partis d’extrême gauche (POP-PST, Solidarités, etc.)
259 millions d’exportations
Parmi les dix plus gros importateurs de matériel de guerre helvétique, la plupart sont engagés, à un titre ou à un autre, dans les opérations irakienne ou afghane: Allemagne, Danemark, Etats-Unis, Espagne, France, Grande-Bretagne Pays-Bas, Italie… Selon les chiffres du Secrétariat d’Etat à l’économie, le montant total des ventes d’armes suisses a atteint près de 259 millions de francs l’an dernier (moins de 0,3% de l’ensemble des exportations). L’industrie militaire occupe environ un millier de travailleurs. OCZ
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