Le journaliste d’investigation & documentariste John Pilger est mort : il avait 84 ans

“John Pilger occupe une place à part dans une société mondiale ancienne et éternelle, celle des hommes et des femmes de conscience. Ils sont la preuve bénie de la dignité de l'homme”.

John Pilger, auteur et réalisateur australien réputé pour son journalisme d’investigation et ses documentaires, est décédé à l’âge de 84 ans.

La famille de John Pilger a publié ce matin un message sur ses comptes de réseaux sociaux :

“C’est avec une grande tristesse que la famille de John Pilger annonce qu’il est décédé hier, le 30 décembre 2023, à Londres, à l’âge de 84 ans. Son journalisme et ses documentaires ont été salués dans le monde entier, mais pour sa famille, il était tout simplement le père, le grand-père et le partenaire le plus incroyable et le plus aimé. Repose en paix”.

Son fils, le journaliste Sam Pilger, a ajouté sur X :

“Mon père est mort hier. J’ai le cœur brisé, mais je suis aussi très fier et reconnaissant d’avoir eu un père aussi extraordinaire. Il était mon héros”.

Pilger, lauréat des BAFTA [British Academy Film Awards], était réputé pour ses innombrables enquêtes, notamment sur le sort des Aborigènes australiens, la politique étrangère américaine et britannique et les arrière-pensées des grandes entreprises. Figure de proue dans son domaine, n’ayant jamais eu peur d’exprimer des points de vue controversés, Pilger lutterait contre la maladie depuis le début de l’année 2023.

Sur Twitter, on peut lire dans sa biographie :

“Les journalistes ne doivent pas se considérer comme de simples messagers sans chercher à comprendre les intentions cachées du message et les mythes qui l’entourent”.

Pilger est né et a grandi à Bondi, à Sydney, en Australie.

Au cours de ses premières années au Royaume-Uni, dans les années 1960, il a travaillé pour Reuters et le Daily Mirror, où il est devenu correspondant en chef pour les affaires étrangères et a réalisé des reportages dans le monde entier, couvrant de nombreuses guerres, notamment au Viêt Nam. Dans ses vingt ans, il est devenu le plus jeune journaliste à recevoir la plus haute distinction britannique en matière de journalisme, le titre de “Journaliste de l’année”, et il a été le premier à le remporter deux fois.

Aux États-Unis, il a rendu compte des bouleversements survenus à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Il a couvert les marches consécutives à l’assassinat de Martin Luther King et était présent au moment de l’assassinat de Robert Kennedy en 1968.

Son travail en Asie du Sud-Est a donné lieu à un numéro emblématique du London Mirror, consacré presque entièrement à ses dépêches exclusives du Cambodge au lendemain du règne de Pol Pot.

Sa carrière à la télévision débute en 1969 sur Granada’s World In Action, où il réalise le film subversif The Quiet Mutiny (1970), qui révèle l’évolution du moral des troupes américaines pendant la guerre du Viêt Nam. Il a ensuite réalisé de nombreux reportages et documentaires pour la BBC, ATV et ITV, entre autres. Il a reçu, entre autres, le prix Richard Dimbleby BAFTA en 1991 et le prix de la paix de Sydney.

Parmi les dizaines de documentaires primés qu’il a réalisés, citons Year Zero : The Silent Death Of Cambodia, The Secret Country, The Last Dream, Welcome To Australia, Utopia, Vietnam : Still America’s War, Do You Remember Vietnam, Vietnam : The Last Battle, Death of a Nation : The Timor Conspiracy, The War On Democracy et Palestine Is Still The Issue.

Parmi ses célèbres ouvrages de non-fiction figurent Heroes, Distant Voices, A Secret Country, Hidden Agendas, The New Rulers of the World et Freedom Next Time.

Martha Gellhorn, romancière, journaliste et correspondante de guerre américaine, a déclaré à propos de Pilger :

“[Il] s’est attaqué au vaste thème de la justice et de l’injustice… Il documente et dénonce les mensonges officiels qu’on nous raconte et que la plupart des gens acceptent, sans même prendre la peine d’y réfléchir. [Il occupe une place à part dans une société mondiale ancienne et éternelle, celle des hommes et des femmes de conscience. Certains sont aussi célèbres que Tom Paine et William Willberforce, d’autres sont aussi inconnus qu’un minuscule groupe appelé “Grandmothers Against The Bomb….”. Lorsqu’ils sont victorieux, c’est petit à petit, mais ils ne sont jamais totalement perdants. Pour moi, ils sont la preuve bénie de la dignité de l’homme. John a sa place assurée parmi elles. Je dirais même qu’il est un membre fondateur de sa génération”.

L’écrivain Noam Chomsky a décrit son travail comme « un phare lumineux en des temps souvent obscurs ». Les réalités qu’il a mises en lumière ont été des révélations, encore et toujours, et son courage et sa perspicacité une source d’inspiration inépuisable ».

M. Pilger laisse derrière lui son fils Sam et sa fille Zoe, tous deux écrivains.

Andreas Wiseman, rédacteur international, le 31 décembre 2023

 

Article en anglais : John Pilger Dies: Investigative Journalist & Documentarian Was 84

Traduction : Spirit of Free Speech

 

 



Articles Par : Andreas Wiseman

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