Le ministre des transports de Malaisie : la responsabilité de la Russie dans le crash du vol MH17 n’est pas fondée

Région :

Alors que l’OTAN, l’UE, les Pays-Bas et l’Australie font tout leur possible pour rendre la Russie responsable du crash tragique de l’avion malaisien au-dessus de la zone de conflit dans le Donbass, l’Ukraine n’ayant pas alors fermé l’espace aérien, la Russie rejette toute implication et la Malaisie elle-même ne trouve pas que le nouveau rapport intermédiaire de la commission d’enquête internationale, à laquelle la Russie ne participe pas, ait fourni des preuves convaincantes. Mais de cela, la presse française ne parle pas … Donc voici.Снимок экрана (698)

Le crash du MH17 au-dessus du Donbass est intervenu à l’époque alors où l’armée ukrainienne reculait sans cesse et perdait les batailles les unes derrière les autres. Ce crash, si l’on peut dire, est tombé à pic, puisqu’il a permis de mettre en place les négociations pour les accords de Minsk, ce qui a permis à l’Ukraine de geler le conflit et de ne pas perdre le combat.

Nous avons publié différents textes sur ce crash, voici notamment une première analyse ici, sur la tentative d’ouverture d’un tribunal international ici (idée qui revient à la mode) ou encore la présentation d’un rapport qui déjà  ne résolvait rien ici.

Bref, le premier rapport n’ayant pas réussi, malgré tous leurs efforts pour incriminer la Russie, à clairement démontrer qui est responsable, le combat continue. Et un nouveau rapport, à l’élaboration duquel la Russie ne participe toujours pas alors que l’Ukraine si, tente encore une fois de mettre en cause la Russie, reprenant les mêmes accusations sans plus de preuves qu’un document du SBU (l’ex-KGB ukrainien, celui qui a fait ressusciter le journaliste).

Un peu léger, mais suffisant, en tout cas pour ceux qui le veulent. L’OTAN et l’UE le veulent à tout prix, c’est pour eux vital. Mais comme ils sont très pauvres en matière de preuve, la Russie doit elle-même reconnaître les faits (comme avec le rapport McLaren en matière de dopage …):

Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, a demandé à la Fédération russe de « reconnaître sa responsabilité et à coopérer pleinement avec tous les efforts visant à établir l’imputabilité » de la destruction de l’avion de la compagnie Malaysia Airlines.

De son côté, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a demandé à ce que la Russe « accepte la responsabilité » de la catastrophe et « coopère pleinement à l’enquête internationale ».

De leur côté, les Pays-Bas et l’Australie ont, eux, décidé que la Russie était coupable et qu’elle devait répondre de sa responsabilité et donc négocier le montant des dédommagements à payer. Question réglée, sinon elle passera en justice. Pourtant, comme le reconnaît la presse elle-même qui n’y voit rien à redire, le rapport est incapable de dire qui a tiré, toutefois :

Les enquêteurs « ont conclu que le Bouk-Telar (système de missiles anti-aérien de conception russe et soviétique) qui a abattu le MH17 provenait de la 53e brigade anti-aérienne basée à Koursk, en Russie »

Et pourquoi justement Koursk? A part l’affirmation que cette brigade possédait ce type d’armes, rien de spécial. Combien d’autres les possèdent aussi en Russie et ailleurs? Donc, des armes ayant été produites en Union soviétique, qui sont présentes dans l’espace post-soviétique dont l’Ukraine fait partie, auraient servi à descendre un avion. Soit … Mais l’on ne sait pas qui les a utilisées … Soit. C’est un peu comme dire qu’à chaque fois qu’une arme française ou américaine sera utilisée, la France ou les Etats-Unis seront responsables …

Dans ce vide de preuves, en effet, ils ont grandement besoin que la Russie reconnaisse d’elle-même les faits. L’ONU s’y met, et là aussi la Russie résiste. Voici ce que l’on peut lire sur leur site officiel, si ce n’est pas une atteinte à la présomption d’innocence – puisque l’enquête n’a encore rien prouvé – je n’y comprends plus rien:

Selon les informations rapportées par la presse, l’équipe d’enquête internationale dirigée par les Pays-Bas a annoncé que du personnel militaire russe avait déployé le missile sol-air Buk, qui a abattu l’avion de la Malaysia Airlines. La Russie a nié toute implication dans la destruction de l’avion.

Et dans ce concert bien rodé, une voix détonne, dérange, rompt l’harmonie. C’est celle du ministre malaisien des Transports qui déclare très officiellement que, pour sa part, il ne voit strictement aucun élément convaincant dans ce nouveau rapport intermédiaire prouvant la responsabilité de la Russie et qu’il est un peu léger de pointer du doigt ce pays en affirmant qu’elle est responsable:

Mr Loke said: « There is no conclusive evidence to point at Russia under the JIT (Joint Investigative Team) evidence. (…) But who’s responsible – you can’t just pinpoint at Russia, » « If there’s any credible lead or evidence, of course I’ll bring it back to the Cabinet to reopen the search but as of now, the team has briefed me that they’ve done everything possible, »

Etrangement, la presse française ne mentionne à aucun moment cette déclaration très importante, la Malaisie est quand même le pays victime du crash de son avion. Et elle ne voit aucun élément permettant de mettre en cause la responsabilité de la Russie.

L’on peut s’interroger du silence médiatique concernant un élément aussi important … 

Karine Bechet-Golovko



Articles Par : Karine Bechet-Golovko

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]