Le moment d’une coalescence politique est venu pour les Gilets-Jaunes

L’expérience qui a été faite jusqu’à présent, par les Gilets-jaunes, est une expérience extraordinaire, parce qu’elle est, par dessus-tout, une expérience de la conscience. Des citoyens se sont réveillés. Les Gilets-jaunes se sont mobilisés au commencement, à partir d’une motivation prioritairement éthique : la révolte face à l’incompréhension, face à l’abus, face au mépris et à l’arrogance d’une classe politique se montrant odieuse et franchement insupportable.

Des Français sont venus crier leur colère et faire entendre qu’ils réclamaient une justice élémentaire et une visibilité. C’était le symbole involontaire, disons instinctif, des gilets-jaunes fluo qui disaient en soi la volonté humaine d’être vu. Il était question d’une vision des choses. Les Gilets-jaunes se mobilisaient en fait pour faire connaître leur regard sur cette situation insupportable dans laquelle ils étaient enfermés depuis de nombreuses années. Ils voulaient que les politiques regardent à leur tour là où il fallait regarder et qu’ils cessent de les mener en bateau comme ils l’avaient fait depuis 40 ans, tantôt à droite, tantôt à gauche et toujours en leur faisant porter le poids du désastre que cette trahison des « élites » au pouvoir provoquait sur la vie réelle des gens les plus modestes…

Voilà aussi pourquoi les yeux des meneurs ou des représentants des Gilets-jaunes étaient visés réellement mais aussi symboliquement par les LBD. Le Pouvoir comprenait qu’il s’agissait d’un regard qu’il fallait porter sur une injustice devenue insupportable. Il voulait donc symboliquement empêcher ce regard en crevant réellement les yeux!

En obligeant les « élites » à regarder là où elles ne voulaient surtout pas regarder, les Gilets-jaunes sont devenus sans le savoir vraiment, une force politique et ils se sont donc mis à faire de la politique sans même y penser. Il se trouve que cette politique est une authentique politique de « gauche », même si dans la réalité les Gilets-jaunes viennent de toutes les sensibilités du pays et qu’ils se positionnent donc comme apolitiques. Nous dirons donc qu’ils sont « transpolitiques ».

Aujourd’hui, le Pouvoir croit et tente de faire croire, via les médias collabos, qu’il a enfin trouvé la recette pour garroter ce mouvement de révolte. Les commentaires entendus et venant des journalistes, pratiquant le psittacisme du « politiquement correct », comme des Pontes de Partis, désormais devenus inaudibles dans le paysage politique français, sont déconcertants de naïveté et de simplisme! Ne parlons pas des menaces de mort adressées aux journalistes de RT France, ni des attaques débiles de la macronie contre ce média accusé d’être au service de la propagande du Kremlin, parce qu’il est l’un des rares en France à répercuter de manière conséquente les informations du terrain qualifiées de « fake news »! Remarquons au passage que Le Média fait entendre le même son et TV Liberté également, mais ceux-là, curieusement, ne sont pas accusés de propagande et leurs journalistes ne sont pas menacés de mort. Pourquoi donc RT France a ce privilège d’être interdit d’accès à la salle de presse de l’Élysée et pourquoi ses journalistes sont-ils les seuls à être menacés de mort? Pourquoi le Pouvoir psychotique actuel veut-il crever les yeux de ce regard émancipé sur le réel de la société française? Qui sont les ordures qui se cachent derrière ce comportement de salauds? Les médias collabos avec France Télévision ne sont pas, bien entendu, des instruments de la propagande des imposteurs actuellement au pouvoir, alors que la Télévision publique est, elle aussi, financée par l’argent des contribuables et donc contrôlée par le « Ministère de la Vérité » qui est en place, comme chacun peut le constater par lui-même s’il est honnête…

Nous avions tous remarqué que, dans un deuxième temps, celui de la maturation du mouvement, les premières revendications éthiques s’étaient transformées peu à peu en un ciblage beaucoup plus politique, notamment lorsque l’idée du « RIC en toutes matières », à introduire dans une nouvelle Constitution, s’était faite entendre en priorité dans toutes les mobilisations dès la fin du mois de décembre 2018.

Le glissement de la motivation éthique vers la motivation politique était un processus logique et nécessaire pour donner du sens à cette mobilisation, dans la durée. Il fallait que se produise cette coalescence des revendications vers leur aboutissement politique, pour que cette révolte puisse trouver son sens, sa finalité, un objectif qui se traduise par une incarnation ayant un sens concret dans la réalité des gens et dans la durée.

Du coup, comprendre que la souveraineté politique était essentielle, allait donner le ton à toute la suite du mouvement. Et c’est là que l’évolution des Gilets-jaune va être déterminante. S’ils comprenaient la réelle importance qu’il y avait dans le fait de retrouver une légitimité citoyenne par l’exercice redevenu possible d’une souveraineté, d’une capacité de participation et de décision, d’une reprise en mains de leur vie politique, prise en otage depuis trop longtemps par les partis de tout bord, alors le moment était venu de mettre en application pour eux-mêmes, cette nouvelle conscience citoyenne. Il fallait dès maintenant qu’ils s’y mettent sérieusement. Ce n’est pas Macron qui, même en dégageant, pourrait faire quelque chose dans le sens de cette conscience, car il serait tout simplement remplacé par un autre individu qui mènerait le peuple Français dans la même direction d’impasse, étant donné le discours borné des « élites » politiques en Occident et le système pervers mis en place pour les promotionner. 

Il est clair que l’expérience d’une coalescence de cette nouvelle conscience transpolitique, doit se faire sans l’avis des partis, sans l’avis des « élites » au pouvoir, sans l’avis des Traités, sans l’avis des règles établies en faveur des prédateurs de la société ultra libérale, sans l’avis des personnalités politiques, sans l’avis des élus actuels, sans l’avis des Institutions de l’État, sans l’avis des syndicats… Bref, sans l’avis de personne!

Cette nouvelle expérience doit se faire dans le cadre plus large du mouvement citoyen qui est né à partir et à travers la mobilisation des Gilets-jaunes, mais qui transcende les Gilets-jaunes. 

Les Gilets-jaunes et tous ceux qui partagent leur revendication politique essentielle, doivent maintenant se retrouver entre eux sur le terrain de l’échange, de la parole, du verbe qui va mettre des mots sur les choses vécues en commun. Ils doivent tous ensemble trouver le moyen de faire naître une Charte commune, devenant la base de la libération des schémas précédents, ou une « Déclaration de la nouvelle citoyenneté », en accouchant  d’une sorte de préambule à toute la vie politique imaginée par l’élan nouveau d’un peuple qui a pris conscience de sa volonté démocratique devenue réelle. Il est nécessaire qu’ils se retrouvent dans les Communes, dans les Départements ou dans les Régions ou même au-delà de tous ces niveaux, dans une plate-forme commune sur le Net.

En quelque sorte, il leur revient le droit de redevenir des « Citoyens Constituants » et de se mettre à écrire d’eux-mêmes, une nouvelle Constitution, sans attendre l’autorisation ou le bon vouloir des maîtres desquels ils n’ont plus rien à attendre. C’est à eux d’organiser cette nouvelle mobilisation de masse pour se mettre à ce travail. Cette organisation des ateliers constituants pourrait être faite à grande échelle, comme cela s’était réalisé il n’y a pas longtemps, au Venezuela, inspiré par l’exemple français d’août 1789. 

Le Roi avait demandé au Tiers-État de bien vouloir se disperser et de cesser les manifestations. C’était par la volonté du peuple qu’il s’était joint aux Etats Généraux convoqués à Versailles à cause d’une situation désastreuse des finances de la France, et donc, s’il devait être dispersé, ce serait par « la force des baïonnettes », disait Mirabeau. C’est à la suite de cette interdiction que le Tiers-État prenait l’initiative de se réunir, sans l’avis de la Noblesse, sans l’avis de l’Église, sans l’avis du Roi, et ses membres, représentant le peuple des « sujets » subissant le Pouvoir, juraient de ne plus se séparer tant qu’ils n’auraient pas donné une Constitution à la France.

Les Gilets-jaunes en sont à cette nouvelle étape: on les a empêchés de manifester par la force coercitive conjuguée du pouvoir judiciaire, de l’armée et de la police. Le moment est donc venu pour tous les Gilets-jaunes dans leur large signification, plus de 70% des Français, de travailler à une nouvelle Constitution pour la France et de ne plus relâcher le travail tant que cette nouvelle Constitution ne sera pas née de ce travail constituant!

Citoyens Français, aspirant à la liberté politique et à l’autonomie d’une vie réellement démocratique et décente, respectueuse de l’humain, réunissez-vous, organisez-vous localement et nationalement, pour mettre en commun vos idées, vos aspirations légitimes et vos exigences à la fois éthiques et politiques. Travaillez déjà dès maintenant à l’élaboration d’une nouvelle Constitution sans rien attendre des « élites ». 

Nous avons fait ensemble ce constat: la liberté d’expression est devenue rigoureusement interdite en France et cette équipe de dictateurs au pouvoir est un ramassis de délinquants qui ne détiennent aucune légitimité. 

Citoyens, libres et responsables, transformez vos mobilisations musclées des samedis, sur les Avenues du luxe et de l’arrogance des puissants, en mobilisations pour le travail constituant. Désormais, il est temps de mettre à profit ce qui est prêt pour la coalescence politique du mouvement et de ses revendications. 

Une charte pouvant servir de base à ce travail constituant est entrain d’être écrite en ce moment, selon une déclaration récente du porte-parole des Gilets-jaunes de Rouen, l’avocat devenu célèbre: François BOULO. Chacun sera invité à donner son avis sur les principes d’un travail constituant défini par la charte. Il y a un certain nombre de personnes qui ont accompagné les Gilets-jaunes depuis ces 4 mois passés et qui ont déjà une bonne expérience des ateliers constituants. Nous renvoyons nos lecteurs aux articles précédents, publiés dès 2018, dans lesquels des indications pratiques étaient données pour faciliter cette initiative. D’autres éléments concrets sont également diffusés sur les réseaux sociaux pour l’information de tout un chacun, concernant les lieux de la parole citoyenne en marche. Ces volontaires « accompagnants » et compagnons de la libération, pourront aider les citoyens dans ce travail et réunir les participations.

Certes, le « grand débat » national véritable, celui de la majorité des citoyens représentée par les Gilets-jaunes, est déjà en marche depuis un certain temps. Il est encore au travail, en dehors du « show présidentiel » qui a soi-disant été le « grand débat » national désormais clos, ce débat qui avait été organisé à partir d’un acte autoritariste de la macronie, alors qu’il faisait taire l’institution normalement habilitée à diriger ce genre de consultation nationale, comme on l’avait dit en son temps…

Les Français doivent continuer ce débat, en dehors de ce que le Pouvoir décrète et sans son avis. Les citoyens de ce pays sont libres de se réunir dans des lieux de leur choix ou sur Internet et de mettre en commun leur travail constituant. Certes, Macron sera à nouveau furieux et pourra écumer de rage dans une surenchère d’arrogance et de mépris contre ceux « qui ne sont rien », mais d’office, il n’aura plus la parole et il devra se plier à la volonté démocratique de la majorité des Français qui ne veulent plus entendre parler ni de son faux mandat, ni de politique politicienne.

Lorsque les Français auront achevé leur travail constituant, ils organiseront eux-mêmes un Referendum d’Initiative Citoyenne sans l’avis de personne et ils mettront en place une nouvelle forme de « gouvernance commune ». 

Sur le plan économique et pour tous les secteurs de l’économie, ils inventeront avec les acteurs concernés, les « communaux collaboratifs » qui sont déjà annoncés par la nouvelle forme de l’économie transformée par la révolution industrielle de l’Internet des objets dépassant les frontières de la France. La dimension nouvelle de cette révolution incarnée par l’avènement des « communaux collaboratifs » contribuera à la réalisation de facto d’une Europe des Nations.

Le sujet central de la nouvelle ou troisième révolution, (1 : révolution agraire, 2 : révolution industrielle, 3 : révolution de l’information) est celui de la communication, celui de « l’Internet des objets » et des « Communaux Collaboratifs ». Voilà comment la métamorphose de la société est entrain de se faire sous nos yeux avec les quelques contractions naturelles de l’accouchement. 

« La subversion du capitalisme », appartient à la logique intrinsèque de cette nouvelle révolution des infrastructures et elle est inévitable. Il est important de comprendre que la mutation se réalise à grande vitesse en laissant le monde politique ancien, désuet, dépassé, macronien et autres, « sur le bord de la route », à cause du fait que ces personnes agissent toutes sous l’emprise des lobbies de la haute finance internationale et qu’elles sont prisonnières des anciens schémas de société en prétendant incarner la nouveauté. C’est cela qui explique l’incompréhension de certaines structures concernant le sens de ce qui est entrain de se passer sous nos yeux et à cause des résistances du Capitalisme sauvage qui veut ménager son pouvoir en profitant de l’aubaine… Mais nous savons déjà que cette guerre est perdue pour lui et pour ses représentants en retard d’une bataille qui était essentielle: il faudra bien qu’il se soumette et se dilue  dans un processus d’hybridation où il perdra complétement le contrôle en laissant désormais la place au principe collaboratif. Au-delà des Gilets-jaunes, c’est cela qui est fondamentalement en cause dans ce qui se passe en ce moment en France et que les inconscients auraient grand tort de sous-estimer!

Il est déterminant que chacun comprenne, dans ce nouveau paradigme, la nécessité de bouleverser ses conceptions liées à l’argent, à la marchandise, à la richesse, à la propriété et adopter la nouvelle dynamique des « Communaux Collaboratifs ». Chacun doit opérer en soi un changement dans sa mentalité, dans ses choix, dans ses comportements…

Le développement accéléré des « communaux collaboratifs, associé à la construction d’une infrastructure intelligente, sera susceptible de conduire à l’éclipse du capitalisme, plus précisément à un type de société hybride où le nouveau paradigme deviendra dominant », écrit un économiste, Bertrand Chédotal. C’est là l’avenir de ce qui se met en place grâce à tous ceux qui vivent dans le réel et non pas dans l’isolement béatifique des profiteurs d’en haut qui ne se posent aucune autre question que celle de savoir comment ils pourront continuer à profiter grâce à l’exploitation et au pillage de ceux qui travaillent…

Si la mise en place d’une nouvelle forme de gouvernance rencontre le déchaînement de la dictature et ses menaces de mort, alors les Français créeront un « Gouvernement provisoire de transition », un nouveau « Gouvernement de la France Libre », dont le siège sera en un lieu protégé, à l’abri des dictateurs…

Puis, le temps viendra où il faudra régler les comptes. Les médias collabos seront bien entendu en première ligne et un Nouveau Conseil National de la Résistance, redonnera les indications nécessaires pour le retour des médias entre les mains du peuple ayant donné aux « communaux collaboratifs » toute leur ampleur afin qu’ils se remettent à leur seule place légitime: au service des humains réunis dans une véritable volonté démocratique…

Jean-Yves Jézéquel



Articles Par : Jean-Yves Jézéquel

A propos :

Jean-Yves Jézéquel, philosophe et psychanalyste, diplômé du troisième cycle en sciences humaines, est l’auteur d’une trentaine d’essais en philosophie, spiritualité, religion, psychologie. Il publie également depuis 2014, une série d’analyses sur les grandes questions actuelles de société.

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