Le mouvement syndical en Irak est attaqué
Le gouvernement irakien a pris le contrôle de la plus importante organisation syndicale de l’Irak, l’un des quelques groupes qui transcende les divisions religieuses, ethniques et entre les sexes.
Montréal, le 12 mai 2011 — Le gouvernement irakien prend actuellement des mesures concrètes pour abolir le principal organisme syndical du pays. Le cabinet irakien a émis deux décrets le 17 avril dernier, l’un d’eux annonçant qu’il ne reconnaissait plus la Fédération générale des travailleurs irakiens (FGTI) ainsi que ses organismes syndicaux membres. Il a également mandaté un « Comité ministériel préparatoire » (CMP) pour prendre les commandes de toutes les structures et actifs syndicaux, et chapeauter les élections syndicales à venir. Ce geste survient après qu’un morcellement récent des portefeuilles gouvernementaux a laissé les partisans du leader chiite Moqtada al-Sadr — une minorité qui pèse toutefois lourd dans la balance du gouvernement de coalition irakien — en charge du ministère du Travail.
Le CMP, non élu, est essentiellement formé de membres du mouvement al-Sadr. Des individus prétendant représenter le gouvernement ont depuis tenté, flanqués de la police et de l’armée, de reprendre les bureaux syndicaux. Fait encore plus alarmant, des membres du mouvement al-Sadr distribuent aussi leurs propres cartes d’adhésion syndicale en vue des élections à venir, sélectionnant du même coup les membres qui pourront voter à ces élections et favorisant potentiellement leurs membres.
Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) déplore que le gouvernement d’Irak s’immisce dans les affaires internes du mouvement syndical irakien. Selon Thomas Woodley, président de CJPMO, « c’est une tragédie que le gouvernement irakien soit déterminés à démanteler ou à dépouiller de ses pouvoirs la FGTI, qui est l’un des rares organismes qui unit les Irakiens au-delà des divisions religieuses, ethniques, politiques ou des sexes. » CJMPO souligne que les évènements qui ont récemment eu lieu en Égypte, à Bahreïn, en Tunisie et dans d’autres pays du Moyen-Orient ont démontré l’importance des organismes syndicaux dans la construction de sociétés démocratiques.
Depuis plusieurs décennies, les travailleurs irakiens ont, souvent à leurs risques et périls, formé leurs propres syndicats sous différents gouvernements. Malgré les dangers et les obstacles rencontrés, ils sont parvenus à améliorer leurs conditions de travail du point de vue de la santé et de la sécurité, des salaires et de la productivité, et ont créé un système de sécurité sociale pour venir en aide aux travailleurs vulnérables. Le bruit court qu’on voudrait exclure tout délégué irakien envoyé à la 100e session annuelle de l’Organisation internationale du travail, qui aura lieu du 1er au 17 juin prochains, résultat des élections syndicales antidémocratiques et non représentatives qui ont eu lieu en Irak. « CJPMO appelle les organisations syndicales canadiennes à soutenir le droit des travailleurs irakiens de choisir leurs dirigeants, à l’abri de toute ingérence », ajoute Woodley.
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Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) est une organisation séculière, sans but lucratif, regroupant des hommes et des femmes d’horizons divers qui œuvrent pour que la paix et la justice renaissent au Moyen-Orient. Elle a pour vocation de responsabiliser les personnes d’influence à traiter les protagonistes avec équité et à favoriser l’essor durable et équilibré de la région.