Le New York Times reconnait que la CIA et l’Arabie saoudite ont armé les djihadistes en Syrie

Les rebelles syriens ont été financés par les États-Unis et l’Arabie saoudite. Cela n’est pas bien nouveau. Ce qui est vraiment nouveau s’appelle « Bois de Sycomore » (Timber Sycamore). C’est le nom de code utilisé par la CIA pour couvrir les opérations d’entrainement des rebelles syriens en collaboration avec l’Arabie saoudite à partir de 2013.

Dès le mois d’octobre 2013, le Washington Post, citant des sources militaires, écrivait que « la CIA est en train d’augmenter ses efforts pour entrainer les combattants appartenant à l’opposition en Syrie. » Les miliciens sont formés sur une base en Jordanie avant d’être envoyés sur le front syrien. L’entrainement fourni aux éléments syriens par les Américains est très limité : techniques militaires de base ainsi que de faibles quantités d’armes.

À l’époque on ne sait rien de Bois de Sycomore. C’était une action de déstabilisation… parmi tant d’autres. Du reste, comme nous l’avions signalé dans un précédent article, le Département d’État américain consacre de très nombreuses ressources chaque année au financement de mouvements ou d’associations qui s’opposent à des dictateurs ou des dirigeants peu appréciés à Washington. Il suffit de prendre l’exemple de l’Angola des années 1980, ou de l’Afghanistan, où le gouvernement américain – comme l’écrit Bruno Ballardini dans « ISIS, il marketing de l’apocalypse : « …a non seulement formé militairement les talibans (…), mais a aussi monté un plan pour insuffler durablement au sein de la population la haine envers les « athées communistes », grâce à son programme d’éducation destiné aux écoles. »

Mais en quoi consiste exactement Bois de Sycomore ? C’est le New York Times du 23 janvier 2016 qui nous l’explique en détail. En deux mots, à partir de 2013 les USA auraient entrainé les rebelles syriens, et leur auraient en particulier enseigné comment utiliser avec précision les AK47 et à manipuler les missiles antichars, tandis que les Saoudiens les auraient financés et leur auraient fourni des armes. Du reste, Bashar el-Assad est pour eux un ennemi commun, et la maison Saoud cherche avant tout à éradiquer l’axe chiite (Iran, Irak, Liban). Comme l’a expliqué Mike Rogers, ancien député républicain du Michigan : « Ils ont compris qu’ils avaient besoin de nous et vice-versa. »

Il est impossible de dire avec précision combien les Saoudiens ont dépensé pour armer les rebelles et [tenter de] renverser Assad. Le New York Times lance simplement le chiffre de « plusieurs milliards de dollars à partir de 2013″.

Quels sont les principaux protagonistes de ce projet ? L’un d’eux n’est autre que Bandar ben Sultan, qui s’est vanté d’avoir fourni des milliers d’AK47 et des millions de munitions aux rebelles. Il est fort probable que ces armes ont été expédiées depuis les pays d’Europe de l’Est, avec la complicité des USA, explique le New York Times. Du côté américain, il s’agit de John O. Brennan, qui dirige la CIA depuis 2013. Les deux sont amis depuis la fin des années 1990. A l’époque, Brennan était l’homme de l’Agence à Riad, et ils ne se sont jamais perdus de vue depuis. D’après la reconstruction fournie par le New York Times, ce sont eux qui ont organisé Bois de Sycomore.

Les raisons de cette alliance sont au nombre de deux et sont faciles à deviner : d’une part, abattre Bashar el-Assad, et d’autre part isoler l’Iran. Mais États-Unis et Arabie saoudite n’ont pas tenu compte du fait qu’aujourd’hui, le principal protagoniste sur l’échiquier moyen-oriental est l’État islamique, qui règne désormais sur des territoires totalement détruits également par les USA et l’Arabie saoudite.

Patteo Carnieletto

Source OcchiDellaGuerra.it, le mardi 26 janvier 2016

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr



Articles Par : Patteo Carnieletto

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