Le nom de Dick Cheney apparaît dans l’affaire des fuites à la Maison Blanche

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Quel a été le rôle du vice-président Dick Cheney dans l’affaire des fuites qui secoue la Maison Blanche depuis plusieurs semaines ? Mercredi 26 ou vendredi 28 octobre, le procureur spécial Patrick Fitzgerald devrait rendre les conclusions de son enquête sur les fuites qui ont abouti à révéler l’identité d’un agent secret, Valerie Plame, femme de l’ambassadeur Joseph Wilson, l’un des premiers à avoir mis en doute l’existence d’armes de destruction massive en Irak.

 

Le principal conseiller de George W. Bush, Karl Rove, et le bras droit du vice-président, Lewis Libby, sont sur la sellette. Le New York Times du 25 octobre révèle que c’est Dick Cheney lui-même qui a appris à son chef de cabinet que la femme de M. Wilson travaillait à la CIA. M. Libby avait affirmé devant un grand jury ­ chambre d’accusation populaire ­ qu’il avait connu son identité par des journalistes.

Le quotidien cite des avocats proches du dossier et fait référence à des notes prises par M. Libby ­ et saisies par le procureur ­ au cours d’une conversation, le 12 juin 2003, avec le vice-président. Elles montrent que Dick Cheney savait que Mme Wilson travaillait à la CIA, un mois avant que son identité ne soit révélée par l’éditorialiste Robert Novak, le 14 juillet 2003. Selon le New York Times, les notes ne permettent pas de déterminer si le vice-président savait que Valerie Plame bénéficiait d’une couverture. Les notes semblent laisser penser que M. Cheney tenait son information du directeur de la CIA, George Tenet, ce qui est mis en doute par un officiel de la compagnie, cité par le quotidien.

S’il ne s’est exprimé publiquement que le 6 juillet 2003 dans le New York Times, Joseph Wilson avait parlé, de façon anonyme, à plusieurs journalistes à propos de la mission qu’il a effectué pour la CIA au Niger, en février 2002, afin de déterminer si l’Irak avait essayé d’acheter de l’uranium enrichi. Il n’en a pas trouvé trace et a commencé à le faire savoir après avoir entendu M. Bush faire référence à cette menace dans son discours sur l’Etat de l’union, début 2003, peu avant le début de la guerre.

Ces allusions distillées dans la presse irritaient au plus haut point la Maison Blanche et particulièrement le vice-président. Des enquêtes ont été faites sur cet ancien ambassadeur trop remuant. Selon le New York Times , M. Cheney aurait directement posé des questions sur M. Wilson à George Tenet. Un rapport a été également réalisé au sein du département d’Etat, indiquant que M. Wilson avait été envoyé au Niger par sa femme, ce qui est démenti par M. Wilson comme par la CIA.

Ce passage du rapport était classé secret. L’enquête a établi que le rapport a été transmis à Colin Powell, le lendemain de la parution de l’opinion de Joseph Wilson, au moment où le secrétaire d’Etat partait avec George Bush pour l’Afrique. Les principaux « faucons » du gouvernement ­ dont M. Cheney ­ étaient très critiques à l’égard de la CIA, qu’ils jugeaient trop hésitante sur l’Irak.

La journaliste du New York Times, Judith Miller, qui a fait près de trois mois de prison pour avoir refusé de révéler ses sources dans cette affaire, avait déjà indiqué que le procureur lui avait posé des questions sur le rôle de M. Cheney. Cela ne veut pas dire forcément que le vice-président est dans le collimateur de M. Fitzgerald. Mais la révélation que la Maison Blanche était au courant de l’identité de Mme Wilson ajoute à la tension. La position de Karl Rove, considéré comme le « cerveau » du président, est des plus fragiles. Il a annulé plusieurs déplacements et son remplacement est officieusement évoqué à la Maison Blanche. Lewis Libby est dans la même situation.

A Washington, même les commentateurs les plus à droite s’attendent à des inculpations, basées sur des accusations qui peuvent aller de faux témoignages à révélation de l’identité d’un agent secret. Le « bruit de fond  » qu’évoquait récemment à ce propos le président risque d’augmenter nettement de volume.



Articles Par : Alain Salles

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