Le nouveau alibi imputé aux terroristes :  Reconquête d’Al Andalous ou marginalisation ?

« Il faut relever ce peuple , il faut cesser de le parquer dans son Coran, comme on l’a fait  trop longtemps par tous les moyens  possibles, il faut lui inspirer , dans ses enfants  du moins , d’autres sentiments , d’autres principes , il faut que la France  lui donne , je me trompe , lui laisse donner l’Evangile, ou qu’elle le chasse dans les déserts , loin du monde civilisé….Hors de là, tout sera un palliatif insuffisant et impuissant ».

Cardinal  Lavigerie : Lettre pastorale du 6 avril 1868

 

Voilà ce que proclamait haut et fort le cardinal Lavigerie accompagnateur d’une armée venue civiliser les Algériens  en les enfumant , les brûlant les tuant et pour les rescapés  en tentant de les convertir pour enlever la gangue de l’Islam et faire retrouver le substrat chrétien à l’indigène superficiellement islamisé. Cette citation est là pour montrer que plus d’un siècle plus tard l’antagonisme religieux est toujours d’actualité. C’est dire si la confrontation est ancienne et pourtant dans ce XXIe siècle nous avons besoin de sérénité.

J’écris ce billet pour protester contre les boutefeux de tout poil notamment les hommes politiques français qui se font les dents sur des êtres sans défense qui naturellement n’ont pas accès aux médias pour porter la contradiction à ces pyromanes qui font leur fond de commerce de tout ce qui peut démonétiser une espérance de 1,5 milliard d’individus, religion ni meilleure ni pire que les autres mais qui est présenté sous un  jour couleur de soufre. Je présente deux versions des motifs ayant conduit  à la tragédie  – une parmi des centaines-  subies par le peuple espagnol  l’une par les médias main stream qui attisent le fen de la discorde entre les hommes et l’autre plus pondérée qui explique les vrais fondements de cette anomie qui fait qu’un bon jour des jeunes -terroristes en herbe- l’un deux avait dix sept ans décide brusquement d’en finir avec leur vie et fauchant au  passage d’autres vies.

Ainsi suite à la mort de 14 personnes dans un attentat en Espagne que les médias main stream ont rapporté jusqu’à la nausée alors que dans le même temps des centaines de Yémenites meurent notamment du choléra qui fait des ravages, plus de 300 morts en Sierra Leone n’ont pas eu droit à un minimum d’informations. Mon propos vise à m’élever contre les propos nauséabonds d’islamologues auto-proclamés   Il est à se demander quel est le moteur de leur haine , outre le fait de présenter un Islam saignant qui fait vendre ? Car  ce n’est pas innocent de prendre prétexte des attentats commis par des personnes marginales sans cap pour déclencher un tsunami  du choc de civilisation Par contre quand il s’agit de personnes à protéger, tout est fait pour minimiser leur acte comme c’est le cas de  David qui a foncé lui aussi à Paris ( les sept sorts)  sur des clients tuant une jeune femme et blessant plusieurs personnes. Pas de motifs clairs , sa responsabilité est « altérée » dit on, et ce n’est pas du terrorisme , c’est quoi alors ? Aux Etats Unis, le même type d’attentat est qualifié de terrorisme intérieur imputé aux suprémacistes  Et à Paris ? Nous ne  le saurons jamais !

Nous le voyons avec toutes les analyses des réactionnaires qui passent en boucle sur les chaines  pour la plupart je veux citer l’un d’eux qui m’a particulièrement choqué , la certitude d’un « spécialiste »  qui tourne en boucle sur les plateaux pour faire du de l’islamobashing en expliquant toute honte bue l’idéologie des terroristes par un crédo :  « Al Andalous »  que les islamistes veulent reconquérir  en l’occurrence il s’agit de Georges Fenech  émigré de la première génération né en Tunisie d’origine maltaise et qui à ce titre d’étranger en rajoute  pour paraître plus royaliste que le roi…Il n’a même pas la reconnaissance du pays musulman qui l’a vu naître.

La même analyse est faite par d’autres spécialistes, dont l’objectif est de minimiser l’apport de l’Islam  en n’expliquant ce que représente en fait Al Andalous comme symbiose de  tolérance et de coexistence pacifique du judaîsme et du christianisme à l’ombre de l’Islam des lumières que fut l’Islam de Cordoue. Naturellement Les affirmations  non dénuées d’arrière pensée des islamologues, nous rappelle le médieviste auto-proclamé  Sylvain Guggenheim  avec son ouvrage –Aristote au Mont Saint Michel-,  qui a tenté en vain de montrer que la civilisation islamique n’a rien transmis à l’Occident que la Renaissance  a puisé dans l’héritage grecque en  court-circuitant le vecteur d’épanouissement et d’approfondissement de la civilisation islamique. Cela ne plait pas non plus à  un spécialiste auto-proclamé en tout qui fait de la lutte contre l’Islam sa croisade.

L’essor de la civilisation musulmane  en Andalousie

Pourtant la présence arabo-musulmane en Espagne, entre 711 et 1492, a donné naissance à une brillante civilisation Pourtant, on sait que les juifs ont toujours trouvé en terre musulmane la sécurité et la paix, notamment dans les périodes récurrentes des pogroms ; ils n’eurent jamais la paix qu’ils trouvèrent en terre musulmane, notamment dans l’Espagne des Ommeyades. Une langue ne s’impose pas quand elle n’est pas adossée à une production intellectuelle. C’est tout naturellement que les savants de l’époque, juifs, chrétiens assyriens , perses, se sont mis à l’arabe langue plus fluide . Quand Maimonide écrivit  « Dalil el Haïrine » «  le Livre des égarés », son ouvrage majeur qui est encore une référence dans le monde juif, il le fit en arabe, il aurait pu le faire en syriaque, en hébreu. L’Arabe du moyen âge était la vulgate planétaire, c’était l’anglais du XXe siècle. On le voit l’esprit d’El Andalous caractérisée par « l’harmonie entre les trois religions » est une réussite humaine la seule d’ailleurs où les trois religions apportaient chacune leur part au patrimoine culturel de l’humanité à l’ombre d’une religion œcuménique

Mais Il ne faut pas croire ou laisser croire que la vie  dans l’Espagne musulmane fut un long fleuve tranquille. Les rois musulmans furent de tout temps confrontés aux velléités de reconquête des rois d’Espagne  En 1063, le Pape Aléxandre II décidait de l’octroi  d’une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les Musulmans d’Espagne. Les chevaliers de France vinrent en nombre  se joindre aux Espagnols. Bien avant  donc le début de la  Reconquista ; vers 1086 de J.C. le déclin des dynasties musulmanes d’Espagne  était patent .  Les Almoravides ( Al Mourabiton) avec Youssef Ibn Tachfin traverseront au total quatre fois le détroit de Gilbraltar pour écarter le péril chrétien.  Le Roi chrétien  continue sur sa lance et envahit les regions de Valence et de la Murcie et pour la première fois atteint la mer au sud de Grenade  à Solobreina. Il installe ensuite 14.000 Chrétiens Andalous de langue arabe , (les Morisques ou Mozarabes), dans les provinces arrachées aux Musulmans.  En 1150 l’offensive d’Alphonse VIII de Castille   contre Cordoue amène les Almohades   à intervenir et à défendre la ville Alphonse  prépara la revanche d’Alarcos en appelant au secours  tous les souverains d’Espagne, le Roi du Portugal  et aussi le pape qui fit prêcher la croisade contre les Almohades, une forte armée chrétienne franchit la Sierra Morena et inflige une sévère défaite à En Nacir  le 16 juillet 1212 à El ‘Ugab (Las Navas de Tolosa) . Cette date marque un tournant de la présence musulmane en Espagne  .Elle  donne en fait , le signal de la dislocation des Etats musulmans d’Espagne  et qui devra tout de même n’intervenir que  prés de trois siècles plus tard avec la chute de Grenade  en 1492.(1)

 En 1492 achèvement de la « Reconquista » Espagnole. Prétextant une révolte des Maures des montagnes de Grenade ,contre les exactions qu’ils subissent , Le Cardinal Ximénes de Cisneros arrive à convaincre le roi d’Espagne de porter la guerre  contre la base arrière des Musulmans: l’Afrique.   Suite de la Reconquista ; les Maures et les Juifs d’Espagne sont obligés de se convertir au Christianisme ou de s’exiler. L’histoire de la Régence a été dans sa grande majorité rapportée par des historiens occidentaux , qui très souvent n’ont pas fait preuve d’une objectivité à toute épreuve . D’après Sir Godfrey Fisher,   « Un esprit de franchise et d’équité suggérerait qu’il est moralement impossible d’utiliser deux normes de jugements distincts , qu’on ne doit pas particulièrement traiter de barbares et d’inhumaines , les actions et coutumes des barbaresques et naturelles ou de salutaires celles de nos propres compatriotes , et que nous n’avons pas le droit de passer allègrement sous silence ou de blanchir de manière délibérée , ou de couvrir d’une aura de romantisme les actions menées par nos compatriotes ou nos coreligionnaires à une époque révolue , tout en condamnant souvent celle de l’Infidèle sans vérification  et selon des critères qu’aujourd’hui on serait loin de considérer comme réaliste »  (2).

L’âge d’or d’Al-Andalous : fondement mythique du projet irrédentiste islamiste

Les boute feux  expliquent les attentats de Barcelone  par ‘Al Andalous :

« Si l’on compare les mobiles des attentats de 2004 à Madrid et celui d’hier, il est intéressant d’observer que les motivations réelles des attentats terroristes commis dans les deux villes espagnoles ont été « expliquées » et légitimées de façon limpide dans une vidéo très significative diffusée par l’Etat islamique en 2014, depuis la Syrie (« Cham ») : « au nom d’Allah le Miséricordieux,   nous allons mourir pour elle jusqu’à ce que nous ayons récupéré toutes les terres musulmanes perdues, De Jakarta à l’Andalousie et je vous le dis, l’Espagne est la terre de nos ancêtres et nous la récupérerons avec l’aide de Dieu ».(3)

Alexandre del Valle  spécialiste du dénigrement de l’Islam  nous explique que les terroristes veulent mettre en œuvre une Reconquista à l’envers. Il explique leurs motivations par l’obsession de récupérer Al Andalous :

« Le territoire comme enjeu de rivalités géopolitiques peut donc être irréel, mythifié, voire rêvé ou pleuré, comme cela est le cas d’Al-Andalous (l’Espagne ou de la Sicile islamique du passé, territoires clés du supposé Age d’or islamique de jadis, puis, bien sûr, de la Palestine occupée, pleurée du Maroc au Pakistan par la supposée Oumma. Dans ce cas, la perte du territoire associé à un Age d’or, tel qu’Al-Andalous ou la Palestine constitue une représentation géopolitique suffisamment puissante pour mobiliser, nombre de militants de l’islamisme radical et pour justifier une forme d’irrédentisme politico-religieux » (4)

Allant plus loin dans sa logorrhée Alexandre del Valle met la Palestine dans le même sac de territoires irrécupérables.  Cinq siècles après l’expulsion des Maures d’Espagne, les islamistes radicaux et nombre d’idéologues musulmans nostalgiques de cet âge d’or, prétendent ouvertement reconquérir à rebours l’Andalousie et l’Espagne islamiques (et même la Sicile et les Balkans ou la Grèce).  Il cite aussi un auteur qui va dans le même sens :

« Du point de vue tant idéologique que géostratégique, la dangerosité – selon l’auteur – de l’irrédentisme islamique à propos d’Al-Andalous, a été également mise en lumière par l’islamologue espagnol Gustave de Aristegui, qui rappelle que  le mythe andalou est une vraie obsession pour nombre d’intégristes islamiques du monde depuis la chute de Grenade » (4)

« Pour ces néo-convertis radicaux de gauche ou d’extrême-gauche, sur lesquels nous avons enquêté, l’âge d’or islamique d’Al-Andalous fonctionne comme le mythe justificateur de l’islamisation-expiation de l’Europe ex-coloniale, « inféodée à l’impérialisme américano-sioniste », et susceptible de retrouver une légitimité révolutionnaire en embrassant la religion par excellence des opprimés et de l’égalité que serait l’islam.

Alexandre del Valle  nous apprend enfin qu’il existe un mouvement  qui prône le retour : « Al Mourabitoun » par analogie aux Almoravides qui ont battu les rois espagnols . Il écrit : « Parmi les mouvements islamistes composés de convertis basés en Andalousie qui invoquent de façon systématique le mythe de l’âge d’or d’Al-Andalous pour justifier une réislamisation de l’Espagne contemporaine, nous avons voulu notamment signaler le cas particulier et emblématique du mouvement islamiste européen Al-Mourabitoun, créé par l’Ecossais Peter Van Leyck  Officiellement appelée Communauté islamique en Espagne, Al-Mourabitoun est implantée dans toute l’Espagne, principalement à Séville et à Grenade, siège de l’association. A la recherche de l’Age d’Or islamique d’Al-Andalous, le noyau dur, établi depuis deux générations en Andalousie, a essaimé dans toute l’Europe, de Londres à Barcelone, en passant par Stockholm, Milan et Gènes, où des conférences sont données au profit de jeunes Européens invités à venir faire des « pélerinages de conversion en Andalousie », afin de retrouver « l’âge d’Or de la civilisation islamique européenne ». Pour les membres d’Al-Mourabitoun, l’Islam serait la seule voie permettant de se « désaliéner » et de poursuivre la révolution. Un rapport des services de renseignements espagnols définit Al-Mourabitoun comme « courant islamique de caractère islamo-occidental, préconisant une ‘troisième voie islamique’, antisioniste teintée d’une vague inspiration néo-nazie ou ‘national-révolutionnaire’ (…) les liens entretenus avec des mouvements de type sunnite radical, d’une part, et des organisations d’extrême-droite, d’autre part ». (4)

Une autre explication plus rationnelle de la délinquance

Pour Olivier Roy, spécialiste de l’islam  interviewé  par Martin Lavielle, il y a une vraie déculturation du religieux. Commentant les attentats de Barcelone, il avance que les jeunes n’ont apparemment par le profil atypique de terroristes  aguerris . Nous lisons :

« Dans leur ville de Ripoll, on tombe des nues : jamais les frères n’avaient apparemment manifesté la moindre velléité de faire le djihad.Bas du formulaire Les profils sont parfaitement typiques. C’est-à-dire que ce sont des jeunes de seconde génération (même ceux qui sont nés au Maroc sont arrivés très jeunes en Espagne) parfaitement intégrés qui parlent catalan et espagnol… Certains ont apparemment eu des affaires de petite délinquance.   Moussa Oukabir, du haut de ses 17 ans, n’avait pas vraiment eu le temps de se former religieusement. Ils ne présentent aucun signe de radicalisation, ni de pratique religieuse intense, ont une vie de jeunes tout à fait normale » (5).

Olivier Roy se déclare contre le profil classique collé au terroriste formaté par un projet civilisationnel comme celui énoncé plus haut de reprise de l’Andalousie :

« C’est typiquement  écrit –il, ce que j’appelle l’islamisation de la radicalité : des jeunes qui passent à l’islam en même temps qu’ils passent à la violence, sans passer par la phase salafiste. Il y a une vraie « déculturation du religieux », ils ne sont pas intégrés dans une communauté religieuse musulmane. La radicalisation a lieu dans le cadre de la bande de copains, d’un petit groupe qui échappe aux radars. Si les deux frères sont bien complices, la dimension de fraternité est également présente. Elle est extrêmement importante, comme on a pu le voir dans les événements qui ont eu lieu en France ».(5)

Il avance que ces jeunes  ont une pulsion de mort qui leur fait mépriser leur vie :

« Ces jeunes y vont pour mourir. Sur les vidéos de la fusillade de Cambrils, l’assaillant se moque de la police alors qu’elle lui tire dessus. Il ne cherche ni à fuir ni à riposter, alors qu’il était probablement armé. Il portait une ceinture d’explosifs vide.  ils savaient très bien qu’ils ne rentreraient pas de cette mission-là.  (…) Il y a une surreprésentation des Marocains et des Tunisiens dans le terrorisme islamique européen.  On a en fait une radicalisation de l’immigration marocaine, alors qu’il y a très peu de radicalisation au Maroc même Je relie ce phénomène à ma thèse, qui est que la radicalisation religieuse est une conséquence de la déculturation du religieux ». (5)

D’une façon lucide et objective qui n’a rien à voir avec les comportements boutefeux cités plus haut, Olivier Roy nous apprend que chaque religion  a sa façon d’appréhender la modernité : « Une communauté de foi n’est insérée socialement que si elle partage une culture commune avec les non-croyants (par exemple sur les valeurs). Or, on constate que depuis les années 1960, les différentes religions se sentent de plus en plus coupées de la société, ignorées, attaquées par le sécularisme dominant. C’est très clair avec l’Eglise catholique. Le divorce a été clairement énoncé par l’Eglise depuis l’encyclique Humanae vitae de Paul VI condamnant la contraception et conceptualisé par Benoît XVI. Selon cette pensée, la culture européenne dominante serait désormais une culture de mort. La réponse de l’Eglise catholique est d’essayer de rechristianiser la culture européenne. La Manif pour tous est bien l’expression de ce décalage maintenant complet entre culture dominante et communauté de foi. Je ne dis évidemment pas qu’il s’agit de terroristes, mais il y a une tension dans la relation religion/laïcité, indépendamment de l’islam. C’est moins violent avec l’Eglise catholique, parce que les chrétiens essaient de défendre une culture européenne traditionnelle. Mais dans les autres religions, cela marche moins bien, parce qu’il y a une tension encore plus grande entre la religion et la culture : le salafisme, loin d’être l’expression de l’islam traditionnel, est en guerre contre les cultures musulmanes ». (5)

« La montée de ce « pur religieux » provoque une tension. On le voit également aux Etats-Unis. Cette tension entre communautés de foi et culture dominante et séculière est tout aussi forte dans le monde musulman, contrairement à ce qu’on peut penser. Il suffit d’écouter un salafiste égyptien, tunisien ou marocain : ils expliquent que la culture dominante dans leur pays est devenue soit occidentalisée, soit sécularisée, ce qui est la même chose selon eux. Cela ouvre la porte à des revendications religieuses exacerbées, qui s’expriment sur trois registres. Le premier, c’est la reconquête. C’est la stratégie de l’Eglise catholique : tenter de faire voter des lois ou s’y opposer, comme pour l’avortement, le mariage gay ou sur la question de l’enseignement scolaire. C’est aussi la position des Frères musulmans, des salafistes modérés, des chrétiens évangéliques : il faut reprendre la main sur le culturel. Une autre formule est le retrait, le ghetto. C’est ce que font les nouvelles vocations monastiques ou les Loubavitches : on vit sa foi à côté de la société ». (5)

« Et puis il y a le radicalisme, le djihadisme : il faut tuer les infidèles. C’est propre à l’islam, non pas parce que le djihad est dans le Coran, mais parce qu’il y a une radicalisation politique dans le monde musulman qui offre un horizon nouveau à cette radicalisation religieuse. Dans ce contexte-là, tous ceux qui ne sont pas membres de la secte sont des ennemis.   Personne ne se doutait de quelque chose, les terroristes vivaient comme tous les jeunes de leur âge. En fait, les radicaux ne sont presque jamais des activistes religieux, sociaux ou politiques. Aucun d’entre eux ne milite dans une association caritative, dans une ONG, dans une mosquée, n’a manifesté pour la Palestine… On a vraiment affaire à des marginaux ». (5)

Enfin pour l’auteur, la radicalisation peut vêtir différentes formes qui ne sont pas forçément classiques :

« C’est un trait général de la radicalisation, qui est également visible dans l’extrême droite américaine. Après Charlottesville, on a vu la pratique de « l’outing » – que je n’approuve pas – se développer : publier sur les réseaux sociaux des photos des néonazis,  Ce qui veut dire que localement, les gens ne savaient pas qu’ils étaient des militants nazis.  . La forme la plus contemporaine de la radicalisation, c’est la bande de copains qui s’autoradicalise, avec un très grand rôle d’internet et un passage à l’acte rapide. Ceux qui ont agi en Espagne ne sont pas des loups solitaires. Manifestement, il y a une connexion avec Daech.   Il y a des agents de liaison, un donneur d’ordre, qui sera retrouvé tôt ou tard. A côté de ça, il y a les loosers, les isolés, ceux qui passent à l’acte soudainement, sans que leur degré de connexion avec Daech soit très clair. On a donc ces deux phénomènes d’autoradicalisation et de connexion avec Daech, qui a revendiqué ces attentats selon sa stratégie habituelle ».(5)

Comme lu sur les nombreux commentaires suivant l’interview.  La plupart s’accorde avec la tonalité de l’interview à savoir  qu’il ne faille pas crier au loup et imputer d’emblée comme le font ceux qui font du choc des civilisations, leur fond de commerce, ces attentats à l’Islam mais à des délinquants  qui ont mal tournés :

« Les islamistes (fondamentalistes, extrémistes, djihadistes, salafistes, …) différent selon qu’ils vivent en terre d’islam ou non.  Ceux qui y vivent connaissent, en général, la religion de leurs parents (sinon les fondements) et c’est en connaissance de cause (idéologique, recherche du pouvoir, …) qu’ils passent à l’action violente (justifiée par le djihad) et au terrorisme le plus souvent contre leurs propres concitoyens (et représentants du pouvoir). Ce type de terrorisme est superbement ignoré par les pays occidentaux car cela « ne nous concerne pas » !!! L’autre islamisme (….), celui « exprimé » en territoires non musulmans est le plus souvent le fait de jeunes (délinquants, …), ne connaissant que très peu (sinon rien) de l’islam ».

« Majoritairement ayant la nationalité des pays où ils vivent, il me semble difficilement qualifiables de « musulmans » (ou de terroristes musulmans) mais beaucoup plus de délinquants qui ont « mal tournés » : ils devraient rester « délinquants » point final.  Ceux qui vivent en terre d’islam sont pour moi plus dangereux pour leurs pays (et leurs concitoyens), ils entretiennent la fracture. En occident, minoritaires, et habitués à baisser la tête, ils finiront par être mis au pas. Des tas de populations l’ont été en Europe, même sans avoir commis de crimes, mais seulement par leurs différences » (5).

Il semble  en définitive que tout soit lié à l’éducation  :

« Dès la maternelle, en France comme ailleurs, de nombreuses familles musulmanes préfèrent les centres islamiques ou madrasa à l’éducation républicaine et laique qu’ils contestent, ils baignent dans cette culture depuis le biberon. Beaucoup, beaucoup de problèmes et de souffrances n’existeraient pas si l’éducation des enfants, et surtout des très jeunes enfants, cessait d’être violente,  Balayons devant notre porte : les engueulades des parents pendant la grossesse, la crèche à trois mois, l’école à deux ans, la chambre séparée, la « vie sociale ! » des parents, l’orphelinat pour la moitié des enfants et le déficit de présence et d’attention pour tous ou presque etc. Mauvais départ, mauvais parcours… » (5)

Ces commentaires s’appliquent sans problème à ce qui se passe chez nous du fait de la démission de l’Ecole et de la confusion entre la raison et la foi.

La perception de l’immigré et de l’Islam en France

Travaillés d’une façon insidieuse servi par l’atmosphère de guerre du fait des attentats  qui donnent une image désastreuse  de l’islam, les occidentaux s’en remettent aussi aux sirènes et votent comme un seul homme contre l’étranger, et l’islam C’est le cas en France ou une enquête bien « dirigée »  nous apprend :

« Les fractures de la société française continuent de se creuser. D’après l’enquête annuelle d’Ipsos en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès et Le Monde publiée lundi 3 juillet 2017, l’immigration et l’islam sont toujours des sujets de crispations pour les Français. Ainsi, ils sont 65% a juger ainsi qu’il « y a trop d’étrangers en France« , alors que 35% ne le pensent pas.  60 % des Français déclarent que, « aujourd’hui, on ne se sent plus chez soi comme avant ». Enfin, 61 % des personnes interrogées estiment que, « d’une manière générale, les immigrés ne font pas d’efforts pour s’intégrer en France », même si une majorité (54 %) admet que cette intégration est difficile pour un immigré. L’évolution du regard porté sur l’islam est tout aussi négative. Seulement 40 % des Français considèrent que la manière dont la religion musulmane est pratiquée en France est compatible avec les valeurs de la société française.Ils sont 60% à penser le contraire. De même, 74% des Français jugent en revanche que l’islam « cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres« . Concernant l’islam radical, 46% des Français interrogés estiment que « même s’il ne s’agit pas de son message principal, l’islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d’intolérance« .  Un chiffre en augmentation depuis l’an dernier » (6)

Ce qui arrive est du pain béni pour les extrémistes des deux bords et plus particulièrement ceux qui veulent à tout prix le clash en essayant de soulever l’Europe contre les musulmans   européens qui sont les premiers à souffrir de ces dérives islamistes car le terrorisme est aveugle. 30 morts de l’attentat de Nice étaient musulmans  La civilisation islamique notamment celle d’Andalous  a sa place parmi les grandes civilisations. Ceux qui l’ont portée aux nues étaient musulmans,  mais aussi juifs, zoroastriens, chrétiens.  Bref des  arabes,  des égyptiens des assyriens, des perses, des phéniciens des berbères et palestiniens qui se sont épanouis à l’ombre de l’islam et d’une langue qui a connu ses heures  de gloire. Les Arabes n’étaient qu’une composante  mais le miracle de la langue arabe est qu’elle a été la langua franca pendant des siècles. Un seul  bémol le sort actuel des peuples musulmans  arabes n’est pas du ni à la langue encore moins à l’islam mais à leurs dirigeants notamment ceux du Golfe  qui se sont installés dans les temps  morts,  pour l’éternité  avec la complicité active de l’Occident qui pratiquent le double standard alors que c’est d’eux que provient la mauvaise image qu’ils donnent de l’Islam en encourageant et en finançant une idéologie mortifère au lieu d’aller vers la science comme le recommande le Coran. Le mot  « Iqra » (lit) n’est il pas le premier message reçu par le prophète de la part de l’ange Gabriel ?

Chems Eddine Chitour

 

Notes

1.Ch. A. Julien Histoire de l’Afrique du Nord. T. 2. Edts Payot Paris. Edts Sned Alger.1978

2.A.Fisher .The barbary légend ,p. 44,London (1957) ;Trad.de F.Hellal .Editions O.P.U. 1991.

3.http://www.atlantico.fr/decryptage/conquete-pourquoi-attentats-barcelone-ont-haute-valeur-symbolique-pour-nebuleuse-islamiste-mondiale-alexandre-del-valle-3140044.html

4.http://www.atlantico.fr/rdv/geopolitico-scanner/mythe-al-andalous-et-superiorite-science-arabo-musulmane-carburants-totalitarisme-islamiste-2980370.html/  

5.http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/terrorisme/20170820.OBS3570/barcelone-ils-sont-passes-a-l-islam-en-meme-temps-qu-ils-sont-passes-a-la-violence.html 20170821

6.http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/03/l-immigration-et-l-islam-demeurent-des-sujets-clivants-en-france_5154770_823448.html

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/273915-la-reconquete-d-al-andalous.html

 



Articles Par : Chems Eddine Chitour

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