Le NPA (France) soutient des guérillas pro-impérialistes meurtrières en Syrie

Le conflit en Syrie qui dure depuis 15 mois entre l’armée syrienne et les forces « rebelles » pro-impérialistes s’est intensifié ces dernières semaines, avec des pertes importantes du côté de l’armée du Président Bachar al Assad ainsi que de la population syrienne.

Parmi les atrocités les plus importantes on compte le massacre de Houla, près de Homs. Commis par les « rebelles », ce massacre a servi de prétexte à une campagne politique des puissances impérialistes pour dénoncer le régime d’Assad et développer leur propagande en faveur d’une intervention en Syrie. (Lire aussi : Le massacre de Houla a été perpétré par l’Armée syrienne libre, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Depuis le début du conflit syrien, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France soutient l’Armée syrienne libre (ASL), qu’il présente cyniquement comme fer de lance d’une révolution syrienne. Sa réaction au massacre de Houla donne un exemple flagrant du soutien de la pseudo-gauche petite-bourgeoise pour les crimes les plus sanglants des soutiens de l’impérialisme au Moyen-Orient.

Dans l’article intitulé « Syrie, les signes du déclin » du 8 juin, écrit par Ghayath Naïssé, le NPA évoque le massacre de Houla, cachant la responsabilité des « rebelles ». Il écrit : « Les réactions au massacre de Houla près de Homs, perpétré par les forces du régime et ses milices, et qui a fait une centaine de victimes dont des dizaines d’enfants, se sont révélées intransigeantes, condamnant le régime en place. Plusieurs pays ont expulsé les ambassadeurs syriens pour renforcer l’isolement du régime ».

La réaction du NPA à cet évènement est caractéristique au plus haut point. Avant même que les faits soient avérés, il déclarait noir sur blanc que le massacre était « perpétré par les forces du régime ». En fait, le massacre commis par des sunnites « rebelles » touchait la minorité chiite de Houla et quelques familles sunnites hostiles à l’opposition. Cependant, le NPA a immédiatement adopté la présentation de la plupart de la presse bourgeoise, se conformant ainsi aux besoins politiques de l’impérialisme français.

Le NPA agit de la sorte malgré le fait qu’une trop grande précipitation à s’aligner sur la presse bourgeoise lui a déjà fait commettre des erreurs de fait, notamment dans ses analyses du meurtre du journaliste français Gilles Jacquier par « l’opposition » syrienne. Le NPA, comme la plupart des médias et des autres partis de la « gauche » bourgeoise, avait attribué à Assad la responsabilité de la mort de Jacquier. (Lire aussi : La classe politique française et la mort de Gilles Jacquier en Syrie)

Depuis la révélation que les « rebelles » étaient responsables du massacre de Houla, le NPA n’a rien publié sur son site pour corriger son erreur.

Le NPA agit de mauvaise foi, sachant bien que cette campagne de presse, à laquelle il participe, fait partie d’une campagne politique de « plusieurs pays » pour favoriser leur intervention en Syrie. L’ASL est financée par les régimes monarchiques réactionnaires du Golfe, armée lourdement par la France et les Etats-Unis sous commandement de ces puissances, et basée en Turquie. Les pays impérialistes interviennent militairement en Syrie par l’intermédiaire de cette armée.

Naïssé lui-même remarque que les réactions des grandes puissances s’inscrivent « dans le cadre d’une politique de pression sur le régime d’Al Assad ». Citant des grèves de commerçants à Damas et à Alep, Naïssé caresse l’espoir que l’opposition pro-impérialiste pourrait faire chuter le régime : « L’abandon du régime d’Al Assad par la bourgeoisie commerçante serait un indice majeur de la décomposition importante de la base sociale du régime syrien ».

Ceci témoigne de l’optique de classe du NPA, qui imbibe les attitudes des états-majors impérialistes et qui n’a rien d’un point de vue prolétarien. Se désintéressant totalement de l’impact de la guerre sur le prolétariat syrien, Naïssé pose plutôt la question suivante : Est-ce que Paris et Washington peuvent faire chuter Assad en suscitant un mouvement de l’opinion de la classe dirigeante syrienne ?

Son optique est violemment hostile à la conception marxiste, selon laquelle le renversement d’Assad ne peut être progressiste que s’il se fait par une révolution menée par le prolétariat. Une lutte prolétarienne en Syrie ne pourrait se développer que dans un combat acharné contre les intégristes sunnites meurtriers de « l’opposition » armée jusqu’aux dents par l’impérialisme et soutenue par le NPA.

Pour se donner une fausse couverture de « gauche », Naïssé termine son article en critiquant les tentatives de négociation qui se déroulent entre Washington et Moscou sur la Syrie. La Russie, qui a pour seul allié la Syrie au Moyen Orient, souhaite défendre ses intérêts, notamment sa base navale dans la ville syrienne de Tartus. Elle est hostile à une invasion de la Syrie par des puissances occidentales, comme ce fut le cas l’année dernière en Lybie avec l’instauration d’un régime fantoche pro-américain après une guerre dévastatrice.

Il écrit : « Avec la poursuite du soutien des gouvernements russe, chinois et iranien, les alliés du régime [Assad] assassin, les positions américaine et européenne affichées jusqu’à présent déboucheraient, elles, sur une ‘transition organisée’. … La position de la gauche révolutionnaire syrienne repose sur le refus de cette solution d’en haut, tout comme de l’intervention militaire étrangère qui signifieraient toutes deux l’écrasement et la défaite de la révolution populaire ».

En fait, la critique par Naïssé d’une « solution d’en haut » envisagée par les puissances impérialistes est réactionnaire et incohérente. Elle cache le fait que ce que Naïssé appelle la « révolution populaire » est déjà une « intervention militaire étrangère » qui a fait des milliers de morts dans une guerre civile pilotée par les impérialistes. Le NPA n’intervient dans le dialogue russo-américain que pour encourager Washington et ses alliés à poursuivre leur opération de manière plus féroce, sans négociations.

Naïssé termine ainsi son article : « Révolution permanente jusqu’à la chute de l’oppression et de l’exploitation! ». Il essaie ainsi de faire passer l’activité des escadrons de la mort pro-impérialistes, responsables du massacre de Houla, pour une activité fondée sur les théories révolutionnaires de Léon Trotsky, ce qui est un faux grossier et répugnant.

En Syrie, il n’existe actuellement aucun mouvement indépendant de la classe ouvrière pour renverser le régime d’Assad. Il y a plutôt des violences commises par des bandes armées, contrôlées par les puissances impérialistes qui visent à changer l’orientation de la bourgeoisie syrienne en faveur des Etats-Unis pour la mise en place d’un régime droitier. Cela s’appelle une contre-révolution, dont le NPA est le plus fervent défenseur.



Articles Par : Anthony Torres

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