Le pape François et le Venezuela: Que fait-il du droit internacional en tant que chef d’état du vatican?

La responsabilité du pape François n’est de nature purement spirituelle comme nous serions enclins à le penser. À sa fonction de Pasteur suprême de l’Église catholique s’ajoute celle de Chef d’État du Vatican, membre de plein droit de l’Assemblée générale des Nations Unies. En tant que chef d’État, il se doit de répondre des divers engagements  que prend le Vatican dans la géopolitique mondiale. À première vue, nous pourrions penser qu’il s’en tient prioritairement au respect de la Charte des Nations Unies qui reconnait les droits fondamentaux des personnes et des peuples et états  à leur indépendance et souveraineté. Une reconnaissance qui interdit le non-respect des personnes et toute forme d’interventionnisme non justifiés, par les Nations Unies,  à l’encontre des peuples.

On voit mal l’État du Vatican, en tant que membre de l’Assemblée générale des Nations Unies,  ne pas intervenir pour défendre ces droits fondamentaux lorsque d’autres États agissent à l’encontre de ces derniers. C’est pourtant ce qui se passe, présentement, dans le cas  des interventions des États-Unis  contre l’État du Venezuela. Non seulement le chef du Vatican ne dit rien au sujet de cet interventionnisme, mais il s’y implique de diverses manières pour que l’actuel gouvernement, élu démocratiquement par le peuple, soit renversé et remplacé par les élus de Washington.  L’exemple de cette coopération étroite qui saute aux yeux est cette reconnaissance immédiate, par le Vatican et son épiscopat vénézuélien, du président autoproclamé de Donald Trump, Juan Guaido, comme président intérimaire du Venezuela.

Personnellement, j’ai beaucoup de respect pour le pape François et ses efforts pour ramener les hiérarchies ecclésiales à un mode de vie qui colle à celui de leur peuple. Cela ne justifie toutefois pas que l’État du Vatican soit complice de Washington dont les objectifs sont loin de ceux que nous enseignent les Évangiles. et la Doctrine sociale de l’Église.  Ce qu’il veut n’est rien de moins que la prise de contrôle de l’État et de ses richesses pétrolières et minières.  La démocratie et les souffrances du peuple ne sont là que pour couvrir ses véritables intentions. Il peut compter sur un épiscopat vénézuélien militant et qui tient lieu d’une véritable opposition à la Révolution bolivarienne. Cet épiscopat dit à tous ceux qui veulent l’entendre que le pape est avec eux de tout cœur et qu’en cela il a tout son appui. À ce jour, le pape François n’a pas démenti ces dires.

Le plus tragique c’est que le peuple est la première victime de la guerre économique et des sanctions que Washington impose. Sa stratégie est la même qu’il utilise contre ceux et celles qui protègent, en ce moment,  l’Ambassade du Venezuela à Washington. Il leur a coupé l’électricité, l’eau, la nourriture. C’est exactement ce qu’il fait avec le peuple vénézuélien qui lutte pour défendre son indépendance et sa souveraineté.  Par les sanctions, il le prive d’aliments, de  médicaments et de bien d’autres choses essentielles au bon fonctionnement des industries. Son objectif est d’affamer le peuple pour qu’il se mette à genoux et qu’il se rende par lui-même. Pour cela, il peut compter sur l’épiscopat vénézuélien qui ne se gêne pas, par ses déclarations, à imputer. de façon mensongère, la responsabilité de tous ces maux au gouvernement et à la révolution bolivarienne. Le Vatican, pour sa part, se fait silencieux  sur ces questions. Il laisse les évêques faire leur travail de désinformation  et de dénigrement du gouvernement.  C’est ainsi, depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez, en 1998.

Conclusion

On peut reconnaître au pape François de grandes qualités humaines et un profond désir de ramener l’Église à un mode de vie de proximité avec les  humbles et les plus démunis. On peut également reconnaître son courage pour avoir dénoncé ce capitalisme sauvage qui fait que 10%  de la population mondiale possède 90% des richesses de la terre et que 90 % de la population doivent se débrouiller avec ce 10% restant. Il faut dire que cette Exhortation apostolique Evangelii Gaudium s’est vite retrouvée dans l’oubli.

Malheureusement, s’ajoute cette contradiction du pape François qui se fait complice, en ce moment même, des États-Unis, source de ce capitalisme sauvage, qui lutte contre la Révolution bolivarienne dont l’objectif est justement d’en finir avec ce capitalisme sauvage. Une contradiction qu’on ne peut passer sous silence.

De toute manière, en tant que Chef d’État, il ne peut se soustraire à sa responsabilité de défendre la Charte des droits des Nations Unies et de hausser la voix pour dénoncer ceux et celles qui s’aventurent dans les affaires internes d’autres pays sans leur consentement ou celui du Conseil de sécurité des N.U…c’est pourtant ce qu’il s’abstient de faire contre l’interventionnisme des É.U. au Venezuela,

Faut-il croire que l’État du Vatican soit devenu un allié incontournable de Washington et que ce dernier ait son mot à dire dans l’élaboration de ses politiques et du choix de ses dirigeants?

Le point d’interrogation est là.

Oscar Fortin

 



Articles Par : Oscar Fortin

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