Le Premier ministre polonais ne croit pas à un super-Etat
Coup de semonce en provenance de la Pologne. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, déclare que la Pologne va changer l’UE. Pour cela, il fait appel à la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Une alliance polono-italienne est en train de prendre forme comme base d’une nouvelle politique pour l’Europe.
L’Union des patries contre l’UE. Le quotidien italien, La Stampa, cite dans un entretien le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. Celui-ci a lancé: «Nous ne croyons pas à un super-Etat à 27, mais au retour de l’Union des patries». Parlant de l’Italie, Mateusz Morawiecki explique qu’elle «s’en sort bien avec les migrants», car «ceux qui entrent illégalement sont rejetés».
Le média polonais, Do Rzeczy, rapporte que la Première ministre italienne se réfère dans ses déclarations assez souvent à la politique menée par le gouvernement polonais (PiS) en la plaçant comme modèle et exemple. Do Rzeczy rappelle que Giorgia Meloni parle, également, de la nécessité pour les partis conservateurs européens de travailler ensemble. Elle a, récemment, déclaré: «Nous transformerons les idées en politique gouvernementale concrète, comme le font déjà nos amis de la République tchèque et de Pologne».
Coopération entre la Pologne et l’Italie. Mateusz Morawiecki a expliqué que la Pologne et l’Italie doivent collaborer pour réaliser l’Union des patries en particulier dans le contexte actuel où l’UE est en train de connaître un conflit en Ukraine. «Nous avons le choix entre une véritable solidarité d’Etats égaux ou le modèle d’un super-Etat unique dans lequel les cartes seront finalement distribuées dans quelques-unes des plus grandes capitales, à l’exclusion des autres pays», «les Polonais et les Italiens en ont assez des diktats de la bureaucratie européenne» et «veulent renouveler l’UE», a-t-il martelé.
Lors de sa vite au Parlement européen, après son élection, Giorgia Meloni a déclaré: «La voix de l’Italie en Europe sera forte». Le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), titrant, «Giorgia Meloni [déguisée en mouton] à Bruxelles?», a annoncé des «spéculations sur les « alliances » contre l’Allemagne». Après avoir été élue, la Première ministre italienne a clairement annoncé que «l’Italie défendra ses intérêts nationaux». Le FAZ a rappelé que la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen avait menacé Giorgia Meloni en déclarant que «l’UE dispose des bons « outils » si les directives de l’UE sont violées».
C’est aussi sur ce point que Varsovie et Rome se retrouvent. Les deux pays ont assez de recevoir des menaces ouvertes de la part des élites de Bruxelles et devoir suivre la politique migratoire extra-européenne voulue par l’UE et encensée par Angela Merkel.
Désintégration du projet européen. Mateusz Morawiecki, qui dénonce les erreurs politiques de l’Allemagne en UE, avertit que «si l’UE devient un simple moyen de satisfaire les ambitions des acteurs les plus forts, elle marginalisera au mieux les Etats les plus faibles et conduira au pire à la désintégration du projet européen». Selon le responsable politique polonais, «nous payons déjà un prix énorme pour les erreurs de la politique allemande en particulier, mais si Berlin devait décider de tout, le prix serait encore plus élevé . Il continue de signaler que «l’UE a été créée pour que les Etats individuels puissent se développer au mieux de leurs possibilités, certains plus rapidement que d’autres, mais en tenant toujours compte de leurs conditions économiques». Enfin, il estime que «les différences ne justifient pas d’ignorer les intérêts des autres Etats membres, encore moins l’indépendance de l’ensemble de la communauté – comme dans le cas du gaz russe bon marché, qui aurait dû être une bénédiction pour l’Allemagne et est devenu une malédiction pour toute l’Europe».
La Pologne et l’Italie ne veulent pas payer les erreurs des responsables politiques qui siègent dans les instances de l’UE.
Philippe Rosenthal