Le rapt des réserves naturelles de Gaza par Israël (deuxième partie)

L’objet véritable du conflit

Le champ Mari B d’Israël entre en fait dans les eaux de Gaza et pourrait être classifié comme propriété conjointe. Israël reçoit du gaz naturel de ce champ depuis 2003 et personne n’a bronché ni contesté, écrit Peter Eyre.

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Le champ gazier Mari B

Noble Energy a découvert le champ gazier Mari B en mars 2000 et a entamé la première production israélienne en offshore le 24 décembre 2003. Le site de production est destiné à produire jusqu’à 600 millions de mètres cube par jour. Noble Energy a estimé que le total des réserves récupérables dépassait le trillion de mètres cube. Noble Energy est l’opérateur du projet avec 47,059% de participation directe avec des partenaires israéliens Avner Oil Exploration Limited participation 23% Delek Drilling Limited participation 25,5% et Properties Ltd 4,441%.

Mais peut-on dire avec certitude que le champ de gaz naturel Mari B et les champs adjacents Noa sont propriété intégrale d’Israël ? S’arrêtent-il à la frontière comme le montre cette carte de Noble Energuy ? Les frontières contestées respectent-elles le protocole de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer (CNUDM) ? Les Israéliens acceptent-ils ou respectent-il le droit maritime international ? Etonnamment, la réponse à tout cela est définitivement négative.

Nous avons vu de manière répétée l’échec des Nations Unies à faire respecter le droit. Nous avons vu les Accords d’Oslo en 1995 qui ont donné aux pêcheurs de Gaza une zone de 20 miles nautiques être ruinés après avoir été soigneusement manipulés par le gouvernement israélien. Ils furent suivis en 2002 de l’accord Bertini qui leur donnait une zone de 12 miles, bien que l’on sache peu de choses sur cet accord. Depuis, nous avons vu les FDI réduire cette zone à 6 miles nautiques en 2006. Par-dessus le marché nous avons d’autres restrictions telles la zone K (une zone tampon) sur la frontière nord avec Israël qui a 1,5 mile nautique de large et au sud nous avons la zone M sur la frontière égyptienne qui fait 1 mile nautique de large. Entre les deux nous avons la zone L qui en fait est aussi totalement contrôlée par la marine israélienne de manière très agressive.

La marine israélienne a reçu en charge de M. Abbas la sécurité de la zone marine offshore de Gaza qui est maintenant devenue zone de blocus intégral. Presque chaque jour, les navires armés intimident les pêcheurs et les maintiennent près de la côte, au mépris total de tous les accords conclus. On voit clairement que cette action n’a rien à voir avec la pêche mais plutôt avec la militarisation totale de la bande de Gaza et la sécurité des ressources naturelles en offshore.

Ma prochaine question sera : pourquoi le gouvernement israélien et Noble Energy choisiraient-ils de forer juste sur la frontière palestinienne de Gaza ? Pourquoi des zones tampon ? Ont-ils un agenda caché ou des plans pour piller les ressources appartenant à Gaza ? Nous avons vu ce genre de choses dans d’autres parties du monde, où la société de forage utilise des techniques inclinées ou diagonales pour pénétrer une réserve de pétrole ou de gaz frontalière.

Il y a également la question d’une zone d’exclusion de tours de forage ou de plateformes pétrolières pour offrir une sûreté de navigation et une protection des forages et de la navigation. Dans le cas de Mari B elle se trouve à moins d’1 mile nautique des eaux gazaouies et c’est pourquoi il serait impossible d’appliquer un tel arrangement sans l’accord des deux pays.


Forage possible dans toutes les directions

Je sais pertinemment que le rayon de sûreté pour Mari B était censé être de 6 miles nautiques, aussi est-ce en partie la raison de créer une zone tampon et comment les Israéliens peuvent-ils appliquer une telle zone qui la place bien à l’intérieur des eaux gazaouies ? L’autre point est que dans le cas où un pays restreint les activités de l’autre (comme leur zone de pêche légale) dans ce cas ce pays doit compenser aux pêcheurs la perte de cette partie de leur zone de pêche.

A mon avis la question la plus importante est le fait que les frontières n’ont pas été clarifiées par le CNUDM et continuent à être des frontières contestées. Je le répète : je pense qu’il y a un autre agenda caché ! Je crois que le champ Mari B d’Israël entre en fait dans les eaux de Gaza et si c’était le cas le champ pourrait être classifié comme propriété conjointe. Israël reçoit du gaz naturel de ce champ depuis 2003 et personne n’a bronché ni contesté.

Dans le cas des deux champs adjacents de Noa et Noa sud (qu’Israël revendique comme siens), tous deux sont certainement bien à l’intérieur de la frontière palestinienne. Nous pourrions y voir un cas classique de l’exploitation des ressources naturelles de la Palestine. L’ONU a déjà identifié ce vol mais une fois de plus elle ne fait rien.

La géologie de toute la zone fait de l’exploration de la Méditerranée orientale un commerce extrêmement attractif. Le sol marin contient une couche de sel extrêmement épaisse (datant de l’époque où la Méditerranée était asséchée) avec du gaz naturel par-dessous. J’ose également affirmer que bien au-dessous de ce gaz se trouve du pétrole brut. Le sous-sol de la région est très actif avec une plaque tectonique en mouvement ainsi que des failles importantes. Celles-ci s’étendent depuis la République Démocratique du Congo jusqu’au Soudan sud et à la région de la Mer Rouge et de la Mer Morte. On sait que de telles zones se rechargent elles-mêmes en raison de l’énorme pression sous la croûte terrestre.

Nous devons également comprendre que le pétrole brut aussi bien que le gaz naturel se trouvent aussi dans des poches de la région offshore de la Palestine et d’Israël. Il est intéressant de noter que l’une des têtes de puits qui produisent du pétrole brut pour Israël depuis un certain nombre d’années se trouve au large de la pointe nord-est de la bande de Gaza et fut naguère territoire palestinien.


La Cisjordanie

Toujours au sujet de la zone de failles décrite ci-dessus nous devrions regarder les sévères restrictions qui existent en Cisjordanie. Si l’on regarde la carte à gauche, nous voyons clairement qu’Israël contrôle plus de la moitié du territoire qui est censé appartenir à la Palestine.

Ici encore nous pouvons entrevoir quelque agenda caché pointer le nez. Historiquement la région autour de la Mer Morte a révélé des aspects intéressants avec de vastes tronçons de substance bitumeuse en bien des endroits. Il y a toujours eu beaucoup d’intérêt pour ce qui se trouve sous ces étranges environnements lunaires et historiquement il est évident qu’ici encore nous y voyons le signe clair qu’il y a beaucoup de pétrole et de gaz dans la région.

Peut-on voir se développer en Cisjordanie une situation similaire à celle de la zone offshore à Gaza ? La raison derrière la militarisation de tout le secteur oriental de la Cisjordanie est-elle liée à la cupidité israélienne de pétrole et de gaz à tout prix ? S’agit-il encore de l’exploitation des ressources naturelles de la Palestine ?

C’est une grande honte de voir les échecs des Nations Unies à faire respecter le droit international. Elles ont vu de manière répétée cette arrogante nation prendre ce qu’elle voulait où elle le voulait. Les Nations Unies continuent de se contenter de ne rien faire . Le monde sait que ce qui se passe ici ne peut se décrire que comme un « génocide lent » dans l’intention généralisée de déloger toutes les populations d’origine arabe et de réclamer les terres qu’ils disent leur avoir été données dans la Bible. Imaginez comme la situation aurait été différente aujourd’hui si alors qu’Abraham se tenait sur le Mont Sinai pour recevoir ce don il avait choisi d’installer son peuple dans la zone entourant la montagne et la péninsule du Sinai. S’il en avait été ainsi, la Palestine aurait été tranquille et propriétaire légitime ?

Dans la troisième partie nous verrons plus en détail le pillage des ressources naturelles palestiniennes et nous examinerons les frontières dites contestées et les régions contrôlées militairement qui pourraient révéler un autre agenda caché.

Article original : http://www.paltelegraph.com/opinion…, The Palestine Telegraph, le 13 septembre 2009.

Traduction de l’anglais : Marie Meert, InfoPalestine.

Sur le même thème : La guerre et le gaz naturel : l’invasion israélienne et les gisements de Gaza en mer par Michel Chossudovsky, publié le 12 janvier 2009.

Peter Eyre est conseiller pour le Moyen-Orient.



Articles Par : Peter Eyre

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