Le repartage des sphères l’influence: L’OTAN dans le Nord de l’Europe, la Russie dans le bassin de la Mer Noire

Au début de l’année 2014, la victoire de l’Euromaïdan a enflammé l’imagination des stratèges de l’OTAN qui espéraient que l’Ukraine deviendra un membre de l’alliance dans les années à venir. A la fin de la même année, tout intérêt porté à l’Ukraine a disparu de la part de l’OTAN à cause de la perte des deux points stratégiques visés sur ce territoire, une fois la Crimée réunie à la Russie, en même temps que la surprenante défaite de l’armée ukrainienne, dans la guerre sécessionniste de Donbass.
C’est pourquoi, au début de 2015, il paraît que les jeux stratégiques en Europe se sont refaits. Les Etats-Unis ont concentré leur attention sur la fortification militaire de ce qu’ils ont déjà sous leur contrôle, c’est-à-dire les Pays Baltes, par l’envoi des tanks, MLI-s et des obusiers autopropulsés américains. Il paraît donc qu’entre les deux grands pouvoirs mondiaux il existe une sorte de consensus tacite et à un équilibre des forces. C’est surtout parce que la Russie a dorénavant la main libre pour avancer encore d’un pas, en se préparant pour obtenir en 2016 la suprématie absolue, aérienne et navale, dans le bassin de la Mer Noire.
Le Pentagone a pris la décision de consolider militairement l’Europe de l’Est
Dans le cadre d’une cérémonie déroulée le 31 décembre 2014, le sous-marin d’attaque Rostov-sur-le-Don est entré dans le service de la 4e brigade indépendante de Novorossiisk, appartenant à la division 30 navale (la Flotte de la Mer Noire). C’est le deuxième sous-marin diesel-électrique de la classe Varshavianka (Projet 636.3), entré dans la dotation de la Flotte de la Mer Noire en 2014, après Novorossiisk. Le troisième sous-marin, Stary Oskol, va s’y joindre en 2015. Jusqu’en 2016, la Flotte russe de la Mer Noire sera dotée de six sous-marins de la classe Varshavianka, de deux frégates stealth de la classe Amiral Gorschkov (projet 22350) et deux frégates multifonctionnelles de la nouvelle classe Stereguschko.
Le sous-marin Rostov-sur-le-Don est armé de torpilles et de raquettes de croisière K-560 Kalibr avec la visé de 1.800- 2.500 km (similaire aux RGM/UGM-109E Tomahawk, placées sur les sous-marins nucléaires américains d’attaque), soit avec des raquettes anti-nave P-800 Onix (visée 300 km). Le sous-marin Rostov-sur-le-Don est le plus silencieux au monde et peut opérer sans être identifié dans les eaux peu profondes à côté du littoral, en plaçant en cachette ou en récupérant des groupes de commando de l’infanterie marine russe, spécialement équipées avec la nouvelle armure flottante Corsar MP.
C’est toujours en 2016, lorsque les six sous-marins de la classe Varschavianka opéreront au cadre de la flotte russe de la Mer Noire, qu’on finalisera les opérations de consolidation et d’allongement de la piste ainsi que la construction des refuges bétonnés et d’autres travaux d’infrastructure de l’aérodrome Belbek de la Crimée. Cet aérodrome se constituera en base opérationnelle d’un régiment de 36 bombardiers supersoniques à ailes à géométrie variable, au rayon long d’action du type Tu-22M3.
L’avion a un rayon d’action de 4.000 km et porte 24 tonnes de bombes ou raquettes. Tu-22M3 peut être armé de 10 raquettes de croisière : 6 x Kh-15 (vitesse Mach 5, visée 250 km) dans le lanceur rotatif caréné à l ;’intérieur du fuselage, et 4 x Kh-22/27 (vitesse Mach 4, visée 500 km) ou bien Kh-55 (visée 2.000 km) sous le fuselage ou sur les pilonnes des ailes. Le dispositif russe de défense de la péninsule de la Crimée inclura à partir de 2015 des raquettes Iskander-M (rayon d’action 500 km).
Valentin Vasilescu
Cet article a été initialement publié en Roumain à :
Traduction Alexandru Mîţă