Le Royaume-Uni rend publique sa stratégie de défense de ses intérêts en Arctique

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Les pays occidentaux continuent de renforcer leur potentiel militaire dans les latitudes arctiques.

Le 29 mars, lors de sa visite en Norvège, le secrétaire britannique à la Défense Ben Wallace a présenté la nouvelle stratégie arctique de son ministère – un mois après le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine et à quelques jours de la fin des plus grandes manœuvres arctiques de l’Otan depuis la fin de la guerre froide Cold Response 2022. Ce document complète la stratégie arctique de base du gouvernement de 2018 Beyond the Ice, qui ne fait que mentionner les aspects militaires, et développe ses termes.

L’objectif principal de la politique de défense en Arctique est la protection des vastes intérêts de Londres, y compris économiques. A ces fins, le Royaume-Uni élargira la présence militaire dans la région grâce aux alliés de l’Otan et de ces structures, comme l’indique l’intitulé du document: « La contribution du Royaume-Uni à la défense en Arctique ». Dès à présent, les forces armées britanniques affichent leur disposition à jouer le rôle de principale force militaire non régionale dans l’Arctique et participent activement aux manœuvres conjointes.

Cette stratégie a été adopté sur dix ans et elle sera « régulièrement revue ». Cette année, le gouvernement britannique compte également publier la nouvelle version des fondements de la politique arctique. Il est à noter dans ces conditions que le Royaume-Uni a commencé la publication de la nouvelle version de la stratégie régionale par la défense, et l’a fait dans les plus brefs délais après l’escalade de la crise ukrainienne. Le renforcement de la partie militaire dans la politique arctique du Royaume-Uni reflète la tendance générale à renforcer l’activité militaire des pays occidentaux au nord et à augmenter les dépenses militaires.

Londres cherche à s’affirmer dans la région, et à ces fins il utilise les liens bilatéraux avec ses alliés arctiques de l’Otan et l’organisation en soi comme plateforme de départ. C’est pourquoi il prône un rôle proactif de l’Alliance dans la région.

Ces perspectives restent floues, car elles dépendent de plusieurs facteurs.

Le Royaume-Uni profitera de l’aggravation actuelle de la confrontation avec la Russie, qui a affecté la politique arctique, pour s’assurer la position de force européenne clé de l’Otan et de leader de son flanc nord-est. S’appuyant sur les capacités de l’Alliance, Londres cherchera à adopter les positions de principale force militaire non régionale dans l’Arctique, ce qui lui permettra de promouvoir également ses intérêts économiques.

Parmi les alliés non arctiques avec lesquels le Royaume-Uni compte garantir la sécurité dans l’Arctique, le document met en avant les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et le Japon.

Comme tout État en dehors de l’Arctique ayant des intérêts dans la région, le Royaume-Uni a l’intention de défendre résolument la liberté de navigation maritime et d’accès aux eaux arctiques conformément aux termes du droit international de la mer. Conformément au document, Londres serait même prêt à imposer des actions dures aux transgresseurs de cet « ordre ». C’est pourquoi ce pays soutiendra la présence périodique de la marine royale dans l’Arctique et créera des forces de réaction permanentes au sein de l’unité du nord du Groupe côtier de réaction de la flotte.

À long terme, Londres compte étudier la possibilité de recourir à des technologies spatiales pour faire de la surveillance dans l’Arctique. Tout en accordant une attention particulière au concept de « lancement spatial de réaction » (Responsive Space Launch) permettant de déployer dans les plus brefs délais un grand groupe de satellites en orbite.

La stratégie de défense dans l’Arctique est un signal de Londres concernant le passage à une politique plus résolue dans le nord. Et bien que ses capacités réelles y soient limitées, ses ambitions sont grandes.

Alexandre Lemoine



Articles Par : Alexandre Lemoine

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