Le testament de Chavez

Ce document publié le 27 Juillet 2015 par le site espagnol LA HAINE est repris d’un blog latino-américain : http://elaradoyelmar.blogspot.com/
Son authenticité peut être mise en doute mais en même temps les propos de Chavez sont tellement conformes à la réalité et aux convictions du personnage qu’il parait nécessaire de le faire connaitre.
Le « microbe » du réformisme est bien actif et aucun pays n’est effectivement à l’abri. Inutile d’insister sur les derniers exemples. Chacun les reconnaitra.
Comaguer
http://comaguer.over-blog.com
Au fil des jours et des lectures n°201
29.07.2015
Par Toby Valderrama et Antonio Aponte (traduction COMAGUER)
« Méfiez-vous du réformisme, ne pensez jamais qu’il est vaincu, le monde et notre pays sont des terrains pour sa croissance, aucune révolution n’est à l’abri de ce microbe »
Au début, nous n’avons pas cru à la nouvelle, elle bouleversait tout ce qui était accepté jusque là, mais il y eut tant d’insistance et le messager était d’un rang si élevé que nous avons commencé à douter et avons accepté de le rencontrer.
Nous avons convenu d’un rendez-vous dans un restaurant populaire de Caracas.
Il est arrivé à l’heure, salutations, présentations. Nous avons commandé une boisson, il a pris un cahier un peu défraichi et a parlé nerveusement, comme en se délivrant d’un grand poids:
« Le commandant a commencé à rédiger ce document peu de temps avant ce 8 Décembre (NdT : il s’agit du 8 Décembre 2013 date à laquelle Hugo Chavez cesse officiellement ses fonctions avant l’annonce de son décès le 5 Mars 2014), à la fin il en a sorti quatre exemplaires, comme les points cardinaux et les Évangiles » a-t-il dit.
Peu de temps après, un matin, le commandant m’a appelé et m’a dit de distribuer les copies de ce document: «Je vais mourir, je sais, je l’ai vu sur le visage de Fidel quand je suis venu; toi, mon fidèle, tu es chargé d’apporter ce Testament à ceux que j’ai choisis ». Il me le fit lire, j’ai essayé, mais je n’ai pu retenir mes larmes. Il a posé sa main sur mon épaule et m’a dit: «Tu dois t’assurer que les destinataires respectent à la lettre mes instructions ».
J’ai porté le Testament aux destinataires : un soldat, trois civils, et une femme; en lisant le document ils ont pleuré, la dame ne pouvait pas se consoler, je me suis efforcé de la calmer. Tous jurèrent de se conformer aux instructions. Je garde ici l’original pour moi. Je vais vous le lire les points. »
Avant de l’écouter, je l’ai arrêté, je ne pouvais pas résister: Qui sont les destinataires ? Demandai-je.
Pardonnez-moi, mais j’ai juré de ne mentionner aucun nom jusqu’à ce que le moment soit venu. Quand le moment sera-t-il venu ? Quand les destinataires en décideront.
J’ai respecté la décision du Commandant, et d’un geste l’ai invité à lire le Testament.
Et il lut:
1. Si ce Testament est connu par les gens humbles cela signifiera que la Révolution est en danger grave ou qu’elle a déjà été vaincue.
2. J’ai été assassiné, ça ne fait aucun doute. Cet assassinat doit être élucidé, il est la clé du destin de la révolution, ma mort est un crime de guerre et doit donc être considérée comme telle. Ainsi, les camps se repolariseront, les bourgeois face aux révolutionnaires. Dans la confrontation, la révolution se renforce, elle se définit.
3. Viendront des temps difficiles, en temps de crise la bourgeoisie attaque les humbles, les accuse de ses problèmes. Attention ! Il ne faut sous aucun prétexte attaquer les humbles, il faut, en revanche, attirer les égarés, convaincre les sceptiques. Maudit le soldat qui tire sur les humbles.
4. La révolution doit entrer dans une autre étape, s’appuyer sur l’esprit et non sur la matière. La matière est passagère et trompeuse, les grandes révolutions sont faites par le cœur et pas par l’estomac. Mon général Bolivar n’aurait pas pu traverser les Andes sur la base de la matière, au contraire il a insufflé du courage à ces soldats avec ses discours qui résonnent encore dans la Cordillère.
5. Restez fraternels avec la Révolution cubaine, rappelez-vous toujours que la Révolution cubaine a défini le mouvement des peuples et les hommes.
6. Méfiez-vous du réformisme, ne pensez jamais qu’il est battu, le monde et notre pays sont des terrains pour sa croissance, aucune révolution n’est à l’abri de ce microbe. Vigilance permanente, comme disait le Che. Surveillez, surveillez-vous, surveillez comment vivent les cadres, comment ils surveillent les montres, les voitures, surveillez même ce qu’ils boivent, les fêtes.
7. Ici, je vous laisse cette marmaille qui est comme mes propres enfants, qu’elle reste unie, qu’elle évite le cannibalisme qui est le propre du pouvoir, qu’elle exerce le pardon chrétien qui est révolutionnaire. Aux gens humbles je dis, il est possible que ces garçons se trompent, mais ne cessez pas de les soutenir. Eux, eux seuls peuvent rectifier, obligez les à rectifier, ne les agressez pas, ce sera pire. Mettez-les en garde contre les flatteurs, qui sont un poison pour la révolution. Critiquez-les et aidez-les !
8. Luttez avec une vision planétaire, la vision villageoise est contre-révolutionnaire, seule la grandeur construit de grandes œuvres. Soyez un exemple pour le monde entier, ne vous contentez pas de peu.
9. Ne craignez pas la défaite. Si les idées sont correctes, viendra toujours, tôt ou tard, la victoire de la lumière.
10. De là où je vous accompagnerai dans la bataille, je ne vous abandonnerai jamais.
Le messager fidèle ferma le livre et dit: « Il y a d’autres points, mais ce sont pour la plupart des instructions pour les destinataires ».
Puis il se tut, pleura et nous partîmes. Mais avant, il revint sur les destinataires :
» Je peux seulement vous dire que l’un est militaire, des trois civils, l’un est à l’étranger l’autre dans le gouvernement, le troisième un parent proche, et la dernière une femme, la seule, est repartie à la campagne éteindre les bougies « .