Le Venezuela contrôle les multinationales du pétrole

Le président Chavez s’adressant le 31 mars aux représentants des sociétés pétrolières – Photo Simon Garcia – MCI

Les sociétés française Total et italienne ENI ne peuvent plus opérer sur deux champs pétroliers dont le Venezuela « a repris le contrôle direct » a déclaré à la télévision publique vénézuélienne le ministre de l’Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez.]

Dans leurs activités au Venezuela, les sociétés pétrolières privées étrangères et nationales ne sont plus autonomes depuis le 1er avril. Le géant public Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA) les coiffe désormais, avec une majorité d’au moins 60%, au sein de nouvelles entreprises vénézuéliennes mixtes.

« Les entreprises transnationales deviennent tout simplement nos associées, avec une participation de 40% au maximum, contre 60% pour nous, et nous leur donnerons le bénéfice correspondant à leur pourcentage » expliquait le président vénézuélien Hugo Chavez à la veille de cette mutation.

La position de force que lui donne l’explosion des prix du pétrole sur les marchés internationaux permettait à Hugo Chavez d’ajouter: « Celui qui n’est pas content, qu’il s’en aille! »

Selon le président Chavez, « ce changement nous donnera cette année un revenu additionnel de deux milliards de dollars. Avant, cela partait vers les pays riches et ils nous ont pillé ainsi pendant cent ans et plus »…

Le ministre vénézuélien de l’Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez, également président de PDVSA, estime qu’une production de 500.000 barils par jour passe ainsi sous le contrôle de PDVSA, qui produit elle-même plus de deux autres millions de barils quotidiens.

En présence du président Chavez et du ministre Ramirez, les accords avalisant la création des nouvelles entreprises mixtes ont été signés vendredi à Caracas, au palais présidentiel de Miraflores, par les représentants de 17 sociétés pétrolières d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud.

Il s’agit de British Petroleum, Repsol YPF (hispano-argentine), Shell (anglo-hollandaise), Nimir Petroleum (Royaume Uni), Statoil (Norvège), Perenco (Royaume Uni), ENI (Italie), Total (France), China National Petroleum, Harvest Vincler (USA), Hocol (Colombie), Petrobras (Brésil), Teikoku (Japon), Chevron (USA) et des vénézuéliennes Vinccler Oil and Gas, Suelopetrol et West Falcon Samson.

Depuis les années 1990, une politique dite à l’époque « d’ouverture pétrolière » visant à accroître la production leur permettait d’exploiter une trentaine de concessions. Mais la Constitution « bolivarienne » promulguée en 1999 par Hugo Chavez a consacré le monopole de PDVSA dans le secteur pétrolier. Longue à mettre en œuvre, cette volonté nationaliste, réaffirmée dans la Loi sur les Hydrocarbures de 2001, prend donc la forme aujourd’hui d’entreprises mixtes.

Cette formule reconnaît néanmoins, de par sa mixité, l’utilité des multinationales dans les activités pétrolières au Venezuela. Pour motiver les investisseurs étrangers, le président Chavez réaffirmait vendredi que 235 milliards de barils dorment dans la ceinture de l’Orénoque.

Hugo Chavez a évalué qu’il faudrait investir 70 milliards de dollars pour exploiter ce gisement, le plus grand de la planète, et il a demandé aux investisseurs étrangers de contribuer à cette mise de fonds colossale.

« Nous disons au monde qu’un projet nationaliste et révolutionnaire n’est pas incompatible avec la présence d’entreprises internationales dignes et avec celle du secteur privé national » a insisté le chef de l’Etat vénézuélien.

Au nom des 17 représentants de sociétés pétrolières présents vendredi au palais de Miraflores, celui de Repsol YPF, Nemesio Fernandez Cuesta, a estimé qu’être « associés à PDVSA offre une pleine sécurité juridique, d’autant plus que les entreprises mixtes ont été avalisées par l’Assemblée nationale » (le 30 mars, à l’unanimité des 167 députés, tous « chavistes », l’opposition ayant boycotté les élections législatives du 4 décembre 2005).

Le contrôle par le Venezuela, sur la base d’une majorité d’au moins 60%, d’activités pétrolières menées avec des multinationales pourrait inspirer en Bolivie le président Evo Morales. Avant et après son triomphe électoral du 18 décembre dernier, il avait promis de nationaliser les hydrocarbures boliviens, en particulier le gaz naturel, mais sans exproprier les multinationales, qu’il souhaite lui aussi transformer en « associées ».

Et au Pérou également, une nationalisation des hydrocarbures sans expropriation est prônée par Ollanta Humala, candidat nationaliste à l’élection présidentielle du 9 avril prochain. Cet ex-lieutenant colonel proche de Hugo Chavez et d’Evo Morales est en tête des sondages.

http://www.latinreporters.com/



Articles Par : Global Research

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