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L’Équateur sous le président Néo-Con Moreno: La «médecine économique» du FMI, la «militarisation» des politiques néolibérales
Par Prof Michel Chossudovsky
Mondialisation.ca, 18 octobre 2019

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Cet article a été publié initialement en anglais le 15 octobre 2019.

Une insurrection populaire se déroule contre l’adoption des réformes radicales imposées par le FMI et imposées par le gouvernement de «centre gauche» du président Lénine Moreno. En mars 2019, un prêt de 4,2 milliards de dollars du FMI a été accordé à l’Équateur. «Nous sommes là pour vous aider», déclare le FMI. Notre objectif est d’aider l’Equateur à « moderniser son économie et à ouvrir la voie à une croissance forte, durable et équitable ». Absurdité Cet accord de prêt lance un processus de destruction économique et sociale. L’enjeu est une dépression économique artificielle.

Les néo-conservateurs à Washington appuient fermement la ‘médecine économique meurtrière’ du FMI. Par ailleurs le président Lénine Moreno, présumé socialiste et « léniniste » inspiré par le révolutionnaire russe Vladimir Lénine, a pleinement souscrit à l’ordre du jour néoconservateur. Alors que le président Lenin Moreno dirige le Movimiento Alianza PAIS (Patria Altiva I Soberana) de centre-gauche, il est un «néocon» , un instrument de Washington, surnommé président NeoCon Moreno. en espagnol Señor presidente Neo-coño Moreno.

Mike Pompeo et Moreno sont des copains. (image ci-dessous, Quito, juillet 2019) En juillet, à Quito, le secrétaire d’Etat Pompeo a salué les «nouvelles» relations avec l’Équateur. « Une nouvelle ère a commencé », sans parler de l’arrestation de Julian Assange par les autorités britanniques en avril.

 

La médecine économique mortelle du FMI: C’est le recette standard du FMI, le «paquet économique» (paquetazo) imposé aux pays endettés. Il ouvre la voie à une dislocation majeure de l’économie nationale de l’Équateur. Les politiques du FMI visent délibérément à appauvrir le pays dans son ensemble et à dominer l’économie pétrolière de l’Équateur. Le FMI agit au nom de Wall Street et du «Consensus de Washington». Alors que les conditions macroéconomiques imposées par le FMI sont formulées dans un jargon plutôt technique (voir citation ci-dessous), les objectifs sont parfaitement clairs:

Les mesures prises par les autorités visent à renforcer la situation budgétaire et à améliorer la compétitivité, contribuant ainsi à réduire les vulnérabilités, à consolider la base de la dollarisation et, au fil du temps, à encourager la croissance et la création d’emplois. «L’atteinte d’une situation budgétaire solide est au cœur du programme des autorités, qui sera appuyé par un accord prolongé de trois ans conclu avec le FMI.

« Dehors le FMI », le 10 octobre 2019 à Quito en Equateur © AFP/Archives Martin BERNETTI

Source : La Tribune

L’objectif est de réduire le ratio dette / PIB en combinant un réalignement de la masse salariale, une optimisation prudente et progressive des subventions aux carburants »,

Que veut dire: « Une combinaison d’un réalignement de la masse salariale, d’une optimisation prudente et progressive des subventions aux carburants » 

Réponse: Licenciements massifs dans le secteur public, augmentation spectaculaire des prix du carburant, réduction des salaires réels, privatisation des fonds de pension, privatisation de la santé et de l’éducation.

Le prix du diesel a plus que doublé d’un jour à l’autre, entraînant la paralysie des transports en commun. Les prix de l’essence ont augmenté de 29%. Les médias diront que l’essence était subventionnée. C’est une déclaration trompeuse.

L’Équateur est la plus grande économie pétrolière d’Amérique du Sud après le Venezuela. Il possède de larges excédents de pétrole brut. Elle vend du pétrole localement à un prix inférieur au prix à l’exportation, en vue de soutenir les industries locales. C’est une pratique courante dans de nombreuses économies productrices de pétrole.

Ces hausses spectaculaires des prix des carburants contribuent à déstabiliser tous les principaux secteurs de l’économie nationale. Ils déclenchent immédiatement une inflation et un effondrement du pouvoir d’achat, contribuant ainsi à la paralysie des transports publics ainsi qu’au commerce intérieur des produits de base.

Manifestants en Équateur, 2019

Le Prêt du FMI est « Fake »

La dette extérieure de l’Équateur, libellée en dollars, a explosé. Le prêt de 4,2 milliards de dollars ne contribue pas à une augmentation des ressources financières de l’Équateur. Plutôt l’inverse. Le prêt du FMI servira au remboursement des obligations de la dette extérieure de l’Équateur. Il entre et sort. Nouveaux emprunts pour rembourser d’anciennes dettes. C’est un faux prêt. Cela consiste à «subventionner» les créanciers extérieurs de l’Équateur. Nous ne pouvons pas payer nos obligations de service de la dette. Pas de problème: nous vous prêterons cet argent et vous le remboursez, c’est-à-dire que le prêt du FMI en quelque sorte constitue un «filet de sécurité sociale» non pas pour l’Equateur mais pour les créanciers extérieurs, à savoir Wall Street.

L’Équateur n’a plus aucun contrôle sur sa politique fiscale et monétaire. Sa banque centrale a été transformée en  « un bureau de change » (currency board) de style colonial. L’ensemble du système financier national est dollarisé, contrôlé par la Réserve fédérale américaine et Wall Street. Dans une économie dollarisée, les dettes intérieures deviennent des dettes extérieures exprimées en dollars américains. Une nation entière est appauvrie. La dette extérieure monte en flèche. Les politiques macro-économiques sont contrôlées par les créanciers.


Le rapport du FMI

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