Les armes pour Charlie-Hebdo ont été vendues par un ex-combattant volontaire croate

La Kalachnikov, utilisée par Amedy Coulibaly l’année dernière pour commettre le massacre dans le magasin de la nourriture casher Hyper Hide, au moment de l’attaque des bureaux de Charlie-Hebdo, provenait de l’ex-Yougoslavie, probablement d’un arsenal désaffecté revendu ces dernières années, ont rapporté les médias français.

Au préalable, l’enquête sur le récent massacre à Paris avait démontré que ces terroristes ont utilisé des armes produites avant la guerre par l’usine Crvena Zastava à Kragujevac, en Serbie.

En raison de la vente de cette arme à feu trouvée chez Coulibaly, Claude Hermant, un ancien légionnaire et militant de droite, a été entendu ces jours-ci en France. Selon les médias, il avait également participé à la guerre en ex-Yougoslavie, combattant en tant que bénévole du côté croate.

photo : Claude Hermant

Crvena zastava

Il a acheté sur internet à une entreprise slovaque, via l’entreprise enregistrée au nom de son épouse, une grande quantité d’armes endommagées, qu’il a ensuite réparées dans son atelier, puis revendues. Cela a été prouvé par une analyse microscopique des traces sur l’arme à feu, correspondant aux traces que laissent les outils trouvés dans l’atelier d’Hermant.

Il a vendu une partie des armes par une connaissance de nationalité kurde, qui avait des relations avec des extrémistes islamiques à Bruxelles, et il est donc possible qu’une partie des armes utilisées récemment dans les massacres à Paris soit arrivée jusqu’aux terroristes par ce canal.

Pour la vente des armes, Hermant a été placé en détention provisoire quelques mois avant l’attaque contre Charlie-Hebdo, et ces jours-ci il a été entendu de nouveau lorsqu’il a été démontré que la Kalachnikov utilisée lors des massacres dans le magasin Hyper Hide, avait été produit par Crvena Zastava.

C’est un fait que la Croatie et la Serbie ont vendu au début de 2012 des quantités importantes d’armes – le ministère de l’Intérieur croate avait indiqué que 15 000 armes différentes avaient été vendues, principalement des armes confisquées lors de différentes actions policières, tandis que l’armée serbe a en même temps mis en vente 60 000 armes de différents types. Les médias français ne précisent pas de quel arsenal provient l’arme en cause.

Un tel trafic n’est pas inhabituel dans les pays européens, et après les attaques terroristes à Paris, la Commission européenne avait annoncé une restriction et un contrôle plus strict des ventes des armes d’occasion et endommagées. Comme l’a récemment confirmé le ministère de l’Intérieur croate, aucune requête n’est arrivée concernant les armes endommagées vendues depuis notre pays.

JPEG - 35 ko

Le trafic avec la Croatie

Claude Hermant (52 ans) a une très riche biographie. Il a été parachutiste dans la Légion étrangère jusqu’en 1982. Ensuite, il a participé à différentes guerres. À part la Croatie, il a également été engagé au Congo et en Angola. Il partage cet élément de sa biographie avec beaucoup d’autres anciens légionnaires croates. Il est bien connu que James Cappiau, assassin de Vjeko Sliška, légionnaire et acteur de la guerre en Croatie, avait travaillé par le biais de son entreprise „Joy Slovakia“ pour Jacques Monsieur, l’un des plus grands trafiquants d’armes au monde.

Au début des années 2000, Cappiau gérait également l’engagement des personnes ayant une expérience militaire afin d’entrainer les forces armées au Congo. Selon les médias français, Hermant affirme avoir collaboré avec les services secrets français, les mêmes services qui avaient donné la bénédiction à Jacques Monsieur pour vendre des armes à la Croatie entre 1991 et 1995, ce qui a été mentionné au tribunal après qu’il ait été tué en 2009 à cause de sa transgression de l’embargo envers l’Iran.

Dans les années suivant la fin de la guerre en Croatie, des noms de quelques anciens légionnaires apparaissaient souvent dans des affaires de trafics illégaux d’armes provenant des territoires de l’ex-Yougoslavie vers la France. Ainsi, en 2001, tout un groupe autour d’Ante Zorica a été arrêté en raison de la vente d’une quantité importante d’armes, mais les accusations avaient été rejetées par le tribunal. L’un des acteurs principaux de cette histoire, Zvonko Lukić de Konjic, ancien légionnaire, a été arrêté en 2007 comme organisateur d’un groupe de 14 personnes qui vendaient des armes à différentes organisations terroristes. À cette occasion, 54 Kalachnikov et 350 kg d’explosifs avaient été trouvés.

Marijo Kavain

 

Source original :Slobodna Dalmacija (Croatie)

Traduction : Svetlana Maksovic

voltairenet.org

 



Articles Par : Marijo Kavain

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]