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Les bouleversements géostratégiques à l’origine de l’ascension du phénomène « khmer rouge ».
Par Sacha Sher
Mondialisation.ca, 28 décembre 2007
Blog Khmers rouges 28 décembre 2007
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1) Introduction

L’idéologie des « Khmers rouges » s’inscrit dans une lutte politique locale de trente ans et dans une certaine culture européenne alternative pluriséculaire ayant pour but de renverser définitivement l’oppression et de créer à cette fin le communisme étatique le plus abouti qui soit jusqu’à collectiviser les moyens de consommation. Leur communisme s’inspira aussi de modèles pratiques exogènes divers, et notamment des modèles vietnamien et chinois, qu’il était même possible de dépasser. Mais d’un point de vue sociologique, la brusque irruption de la guerre a eu une part fondamentale dans la façon dont ils appliquèrent leur politique à la fois précipitamment, radicalement, et inégalement. En sorte que l’accroissement numérique et la radicalisation de ce mouvement se sont réalisés sur un laps de temps significativement court sous l’effet d’événements extérieurs imprévisibles, à savoir les combats dévastateurs de 1970-1975 entre les Etats-Unis et le Nord-Vietnam.

 2) Le Cambodge happé par « la guerre du Vietnam ».  

Pour riposter à la cuisante offensive générale du Têt en 1968, les Etats-Unis intensifièrent leurs bombardements à coups de napalm, de bombes à fragmentation et d’herbicides. Pour y échapper, les troupes du Front National de Libération (F.N.L.) Sud-vietnamien soutenues par le Nord-Vietnam, s’infiltrèrent de plus en plus fréquemment du côté de Prey Veng, de Svay Rieng et de Ratanakiri si bien qu’entre septembre 1968 et septembre 1969 leur effectif passa de six mille à trente cinq mille environ. Pour le président Nixon, l’objectif semble avoir été de réprimer les communistes censés soutenir le « vietcong », mais aussi de déplacer le front au Sud du Cambodge, et de faire ainsi tout à la fois oublier l’enlisement, permettre un retrait honorable des troupes américaines prévu au Nord-Vietnam, et confier plus facilement la guerre à ses servants. C’est donc bien le gouvernement états-unien qui a étendu la guerre.

Et Sihanouk avait fini par penser que la présence américaine serait durable dans la région. En 1968-1969, il avait permis à l’armée US de pénétrer au Nord-Est du Cambodge, à Rattanakiri et à Mondolkiri, le fief des irréductibles communistes cambodgiens et le siège de trois bases du F.N.L. sur neuf. Ceci ne l’empêchait pas de dénoncer les diverses agressions « americano-sud-vietnamiennes » de 1968 et 1969 dans l’Est – destruction de villages, d’« hôpitaux », déversement de défoliants, etc., agressions rappelées dans un Livre blanc publié en janvier 1970. Tout aussi habile à l’égard de l’autre camp, le Prince demandait aux « communistes asiatiques », « s’ils v[oulai]ent ou non pousser le Cambodge vers les Américains en continuant leurs infiltrations, leur subversion et leur appui aux Khmers Rouges » (27e congrès de l’Assemblée Nationale du 31 juillet 1969) – alors qu’on sait maintenant qu’ils ne les appuyaient plus du tout – puis reconnaissait dans le même temps en 1969 le Gouvernement Révolutionnaire Provisoire de la République du Sud-Vietnam, et recevait la visite de Huynh Tan Phat pour discuter d’un rétablissement des voies de ravitaillement à travers le Cambodge à destination des guérilleros du F.N.L. approvisionnés en armes via le port de Kompong Som. Même son épouse, la princesse Monique, et son premier ministre et futur ennemi pro-américain, Lon Nol, avaient donné l’autorisation de vendre du riz au F.N.L. moyennant des compensations personnelles. En septembre 1969, après avoir assisté aux funérailles d’Hô Chi Minh, Sihanouk recherchait à nouveau le soutien des socialistes Vietnamiens, et obtenait l’assurance qu’ils couperaient tout soutien à la rébellion communiste en échange de la neutralité (complice) du Cambodge. 

3) La discipline, pour ne pas dire les effectifs de la guérilla, en hausse sous les bombes américaines

Sous l’effet des bombes américaines, l’armée révolutionnaire, qui aurait compté deux mille quatre cents combattants en 1969, serait parvenue vers mi-1969 à cinq voire dix mille combattants (selon la CIA) et à dix mille en 1970 (selon le régime sihanoukiste). A contrario, chez les Américains, l’année 1970 fut marquée par soixante six mille désertions (rapport de Robert D. Heinl). Bien entendu, tout chiffre émanant d’un ennemi ne peut qu’être vague. Et il est difficile de mesurer l’effet des bombardements. Il peuvent tout à la fois avoir eu un effet dissuasif en faisant fuir les soldats les moins aguerris et les plus frappés de terreur, mais aussi avoir conduit à la rage, comme le retracent certains témoignages, et donc au renforcement, à terme, de la guérilla, après qu’elle eût dispensé une formation de quelques mois, d’abord politique puis militaire, le temps de transformer les recrues en partisans puis en soldats et en officiers sachant se défendre et manœuvrer. Donc si la guérilla ne comptait que trois mille véritables soldats en 1970, cet arbre pouvait bien cacher une forêt de plus en plus touffue. Selon Pol Pot le rapport entre troupes régulières et irrégulières était le suivant : en 1970, son armée aurait compté quatre mille combattants réguliers, dont soixante-dix au Nord-Est, et cinquante mille réservistes, armés de fusils à silex, de grenades, de mines, et d’arcs et de flèches. Pol Pot en louait les qualités : ces combattants connaissaient les moindres recoins du terrain et excellaient dans l’art d’harceler l’ennemi selon l’objectif de « défendre en attaquant ». Jusqu’en mars 1970, les problèmes de communication demeuraient importants entre les différentes « bases d’appui » (Mulathan Bang Ek), mais celles-ci auraient regroupé au total près de soixante mille habitants au Nord-Est, au Sud-Ouest et à l’Est.

D’après le journaliste Richard Dudman, l’entreprise de « terrorisation » des bombardements aériens contribua à unir les villageois et les partisans qui les accompagnaient dans leurs zones de repli [1]. Ces bombardements anonymes étaient véritablement « cataclysmiques, absurdes, le monde moderne industriel s’abattait sur eux  [2]». En 1971, période où les bombardements n’avaient pas encore atteint le summum de leur intensité, 60 % des réfugiés des campagnes disaient avoir voulu échapper aux bombardements américains [3]. Au total, la moitié des réfugiés avaient fui les bombardements de 1973 [4]. Et lorsque ces bombardements prirent fin le 15 août 1973, les réfugiés fuyaient à la fois les zones de combat et les bombes de l’armée « républicaine » et les zones contrôlées par la « résistance ». L’armée américaine elle-même reconnut en juillet 1973 que « la population [craignait] bien plus les attaques aériennes américaines que les roquettes communistes ou la tactique de la terre brûlée » [5]. Les B 52 volaient trop haut pour être entendus – 35 000 pieds, plus de dix km. – et leurs bombes prenaient la population par surprise. En plus des B 52, les Américains et les forces républicaines utilisaient des L 29 pour le repérage, et des T 28, vieux avions suffisamment lents pour à la fois repérer et bombarder instantanément le terrain [6]. Ces T 28, baptisés Lap Kat (de Slap Kat, ailes coupées) étaient craints car ils volaient furtivement au ras du sol et bombardaient les villages au napalm en faisant beaucoup de victimes [7] ou en dévastant le bétail [8]. Selon une vietnamienne de Kompong Speu, bombardée à partir de mars 1973, « les B 52 jetaient de grosses bombes dans la jungle et de petites bombes sur les routes ». Les bombes faisaient beaucoup de morts et la terrifiaient : « quand je pensais au mot Américains, je pensais à la mort ». Et M. Ponchaud racontait comment les villageois avaient écarquillé leurs yeux lorsqu’il leur avait montré un journaliste américain. « Sans doute, s’imaginaient-ils voir un ogre, la gueule bardée de crocs » [9]. Etant donné l’effet psychologique désastreux de ces bombardements, il n’était pas difficile d’étendre la résistance. 

4) Evaluation des bombardements  

Les forces royales, et au bout de quelques mois les hélicoptères américains, finirent par abandonner le terrain du Nord-Est aux communistes vietnamiens et cambodgiens, afin de se concentrer sur d’autres zones, laissant les bombes américaines finir le « travail ». Les Etats-Unis n’avaient pas de troupes au sol et bombardèrent le Cambodge avec plus d’intensité que le Vietnam ou le Laos, pour une durée beaucoup plus courte, essayant ainsi de compenser militairement leur propre faiblesse ou celle de l’armée de Lon Nol. L’historien de l’armée de l’air Earl Tilford estime que le Cambodge fut « un des pays bombardés avec le plus d’intensité dans l’histoire des guerres aériennes ». De mars 1969 au 15 août 1973, à partir de B 52 qui n’épargnaient plus les villages, l’aviation américaine y lâcha 539 129 tonnes de bombes à neuf mille mètres d’altitude – dont 257 465 du 27 janvier au 15 août 1973, avec pour point culminant le mois d’avril – soit 350 % du tonnage total lâché sur le Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale (160 000 tonnes) [10]. Selon une étude de Ben Kiernan et Taylor Owen publiée en 2006-2007, le tonnage aurait dépassé les 2,5 millions, soit un peu plus que ce que des observateurs indirects avancent pour le Laos durant six ans (2 millions) [11] et plus que l’ensemble des bombes alliées durant la Seconde Guerre Mondiale. Quelques mois après les accords du 27 janvier 1973, le Cambodge était devenu le seul pays d’Indochine où les Américains ne s’étaient pas retirés pas au profit des troupes locales, et le seul à subir pratiquement tous les bombardements entre janvier et août 1973 [12].

5) La continuation de la mobilisation guerrière par la collectivisation de l’économie 

Kenneth M. Quinn date du mois de juin 1973 l’infléchissement de l’économie des zones de la guérilla vers une collectivisation massive. Il omettait d’en rappeler le contexte : les bombardements américains venaient d’atteindre leur summum en avril, les Vietnamiens avaient abandonné le terrain, et les révolutionnaires commençaient à lancer leurs premières offensives contre la capitale de juin à août 1973 [13]. La tactique américaine était-elle, comme l’avançait Noam Chomsky, de rendre les révolutionnaires plus durs qu’ils ne l’étaient, ou encore de « vider l’eau » pour « asphyxier le poisson » comme au Sud-Vietnam [14] ? Michael Vickery indique que l’on s’attendait généralement à ce que les rebelles Cambodgiens soient moins durs que les Vietnamiens. Or les Etats-Unis ne voulaient pas d’un socialisme modéré qui aurait fait des émules en Thaïlande [15]. Ce qui est certain est que l’Angkar a imaginé qu’une collectivisation plus poussée serait le meilleur moyen d’assurer la survie de la population, en contrôlant davantage la production et la main d’œuvre. Et que la population sous le choc, obligée de se terrer pour échapper aux bombes, était plus à même d’être mobilisée et de consentir à des sacrifices. D’après Thiounn Prasith, interrogé par Elizabeth Becker, la mise en place des coopératives permettait d’aménager les heures de travail : « S’il y avait des bombardements le jour », les gens « travaillaient tous la nuit ».

D’autre part en 1973, « les Vietnamiens constituaient le problème essentiel. Ils voulaient acheter le riz. Alors nous avons aboli la monnaie. Si le peuple n’avait pas besoin d’argent, s’il vivait dans une coopérative où tout lui était fourni par l’Etat, il ne vendrait pas de riz aux Vietnamiens ». Peut-être la mesure visait-elle à accélérer le départ des quelques Vietnamiens non encore retirés après les accords de Paris du 23 janvier 1973. D’autre part, la gestion centralisée des produits de la récolte contribua à gagner la guerre du riz contre l’armée de Lon Nol. En septembre 1978, Pol Pot affirmait qu’avant la mise en place des coopératives, « les propriétaires fonciers et les marchands rassemblaient tout le riz pour le vendre à la clique de Lon Nol et aux Vietnamiens. La partie pauvre de la population était à cours de riz … L’armée révolutionnaire du Kampuchéa qui combattait au front était à cours de riz et se nourrissait de soupe de riz à chaque repas… C’est en 1973 que le Comité Central de notre Parti décida de créer des coopératives de niveaux inférieur et supérieur dans toute la zone libérée » [16]. Jusqu’en 1972, les marchands chinois s’étaient sans doute efforcés d’approvisionner chacun de deux camps pour pouvoir transiter plus librement. Les communistes eux-mêmes disposaient d’émissaires en ville pour acheter des denrées ou des médicaments. Un cadre déclarait qu’une bonne partie de la population, ruinée ou proche de l’ennemi et des marchés, recherchait les profits et subissait l’influence ou les menaces de l’ennemi. Il fallait donc couper le ravitaillement de l’ennemi en interdisant de lui vendre quoi que ce soit. Cette directive fut donnée à Kompong Speu en 1972 [17]

(6) La collectivisation étatique d’en haut, une arme psychologique provisoire, et, en définitive une visée politique menant à la répression

Contrairement au camp républicain rongé par la corruption, les communistes répartissaient à peu près équitablement les denrées disponibles. De plus, la mise en commun des ressources permettait à plus d’hommes valides de partir pour le champ de bataille leur famille étant assurée d’être approvisionnée par la collectivité. Au moment de l’offensive de Kompong Thom, des habitants de la partie contrôlée par les troupes de Lon Nol, où les vivres manquaient, décidèrent de passer en zone révolutionnaire de nuit. Ils allaient cependant déchanter et faire le chemin inverse en 1973 après « l’application de profondes réformes » par des hommes très sévères : humiliation de bonzes, travail éprouvant pour les jeunes, interdiction des maisons individuelles, repas collectif se limitant à une simple soupe [18].

Des documents de 1974 et 1975 montrent que pour le P.C.K., le monopole du riz, du sel, des vêtements, ou de l’essence, avait progressivement permis de contrôler l’économie et l’équipement (les machines via l’essence). Le contrôle total des moyens de production par « l’Etat », était ainsi une manière de construire « une société propre et juste » [19]. C’est également à partir de 1974-1975 que, au moins dans la région de Kampot, les terres cessèrent d’être possédées en privé. Les vélos, les bœufs, les poulets et les buffles furent confisqués. « Le problème, c’est que personne ne voulait réparer les vélos. Comme on n’achetait pas de pièces de rechange, les vélos [devinrent]  inutilisables », se rappelait un habitant du Sud, en 2001 [20].

Ce qui sous tendait ces mesures était aussi de retenir la main d’œuvre dans les unités productives. Et s’écarter de son village était commettre une infidélité. Certains rapportent que d’après les chefs, les gens qui se déplaçaient beaucoup étaient des espions (kmeng) [21]. Et ce phénomène s’amplifiant, le contrôle se renforça à tous les niveaux : au milieu de l’année 1974, lorsque des cadres du F.U.N.K. furent renversés dans la province de Kompong Thom, cinquante mille villageois s’enfuirent au Sud-Vietnam, à la suite de quoi le dispositif de surveillance des frontières fut renforcé. Et c’est à partir du moment où la liberté individuelle de mouvement fut limitée que nombre de personnes se désillusionnèrent sur les nouveaux révolutionnaires [22].

On le voit, pour imprévisibles que fussent les bombardements américains, ceux-ci ne pouvaient qu’engendrer à l’échelle qui fut la leur, cette spirale menant de la militarisation à la répression intérieure et à l’enchaînement d’une population dirigée par des communistes depuis une citadelle assiégée. Le mouvement révolutionnaire, très minoritaire et hétérogène avant 1970, ne prit son ampleur qu’après le ralliement inespéré du Prince et ancien roi – lequel était suffisamment décidé à se venger des parlementaires traîtres qui l’avaient renversé pour aller offrir sa bénédiction aux révolutionnaires –, et qu’à l’épreuve des bombardements lancés par les Etats-Unis et le régime de Lon Nol. De trois mille à dix mille en 1970, le nombre de ses combattants finit par atteindre un total d’environ soixante mille lors de la prise de Phnom Penh [23]– après avoir culminé à cent vingt cinq mille – soit une courbe de croissance identique à celle du F.N.L. vietnamien dans les années soixante [24]. La direction devint alors plus aguerrie et plus déterminée à imposer une révolution qui ne se voulait déjà plus un succédané.

Notes

[1] Les articles de Dudman (The International Herald Tribune, 23-29/6/1970) sont cités par Serge Thion et Jean-Claude Pomonti dans Des courtisans aux partisans, 1971, Gallimard Poche, p.278.

[2] Jonathan Neal, The American War, Vietnam 1960-1975, Bookmarks, London, 2001, p.153.

[3] Hildebrand & Porter, Cambodia: Starvation and Revolution, Monthly Review Press, New York, 1976, p.109, n.83, mentionnant des interviews de réfugiés menés par des fonctionnaires du General Accounting Office (Congressional Record, April 18, 1973, p.S7812).

[4] Kiernan, in Khmers rouges ! Matériaux pour l’histoire du communisme au Cambodge, Hallier-Albin Michel, 1981, p.239.

[5] Ben Kiernan, Le genocide au Cambodge, 1975-1979, race, idéologie et pouvoir, Gallimard, 1998, p.35, citant Effectiveness of U.S. Bombing in Cambodia, 21/8/1973, p.2.

[6] L19 : Thion & Kiernan, Khmers rouges !, p.68. T28 : entretien avec Serge Thion (22/2/01). Chasseurs-bombardiers : Haing Ngor, L’odyssée cambodgienne, pp.44-48.

 [7] Chandler, The Tragedy of Cambodian History, Politics, War and Revolution since 1945, Yale University Press, New Haven and London, 1991, pp.192-194 et Pol Pot, frère numéro un, Plon, 1993, p.162. Ponchaud, Cambodge année zéro, réédition Kailash, 1998, p.55.

[8] Thion et Kiernan, Khmers rouges ! , pp.55, 57, 64, 67. F. Debré, Cambodge, la révolution de la forêt, Flammarion, 1976, p.184.

[9] Carol Wagner, Soul Survivors, Berkeley, 2002, p.168. Ponchaud, id.

[10] Wilfred P. Deac, Road to the Killing Fields ; the Cambodian War of 1970-1975, 1997, pp.175-176. William Shawcross, Sideshow, Kissinger, Nixon and the Destruction of Cambodia, pp.296-7 (En français, Une tragédie sans importance). Elizabeth Becker, When the war was over : The Voices of Cambodias’s Revolution and Its people, New York, Simon & Schuster, 1986, p.170. Chandler, Pol Pot…, p.162 (540 000). Khieu Samphan, lui, avançait le chiffre de 150 000 tonnes par mois pour la seule période février-août 1973, (« Obtenir la cessation de toute intervention américaine au Cambodge », Le Monde diplomatique, novembre 1974, n°248, p.8).

[11] Chiffres établis après l’ouverture d’archives sous Clinton, voir « Bombs over Cambodia », Ben Kiernan and Taylor Owen, The Walrus, Canada, October 2006, http://www.yale.edu/cgp/Walrus_CambodiaBombing_OCT06.pdf ou ZNet, « Bombs Over Cambodia: New Light on US Air War », mai 2007, http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=12814. La chronique d’amnesty, avril 2001, Far Eastern Economic Review, 23 déc. 1977.

[12] Kiernan donne une carte états-unienne des bombardements pendant cette période (How Pol Pot Came to Power : a History of communism in Kampuchea, 1930-1975, Verso, New Left Books, London, 1985,  p.239).

[13] Wilfred P. Deac, Road to the killing fields ; the Cambodian War of 1970-1975, Texas A & M University military history series; 53, 1997, pp.171, 175-6.

[14] G. Condominas et Richard Pottier, Les réfugiés originaires de l’Asie du Sud-Est…, p.118.

[15] Vickery, « Looking Back at Cambodia, 1942-1976 », in Kiernan & Boua, Peasants and politics, p.111.

[16]Elizabeth Becker, When the war was over, p.162, 163 (Paris, p.153

[17] Serge Thion, « Journal de marche dans le maquis », in Khmers rouges ! , pp.59, 65. Entretien du 23 février 2001 avec S. Thion qui connaissait des personnes chargées de l’approvisionnement des émissaires du FUNK à Phnom Penh. Il avait constaté la présence de commerçants chinois en 1972 dans la zone spéciale présidée par Vorn Vet entre Kompong Speu et Oudong. Il avait été invité pour constater la présence d’une résistance du FUNK purement khmère, et n’avait pu confirmer la présence de troupes vietnamiennes engagées massivement aux côtés du FUNK. Un des combattants qui le ramenait à Phnom Penh lui paraissait être vietnamien mais ne répondit rien lorsqu’il s’adressa à lui en vietnamien. Lorsqu’il revint dans la région en 1981, des habitants le reconnurent et lui racontèrent qu’une équipe avait été chargée de le devancer sur son trajet pour écarter les soldats vietnamiens de la route.     

[18] Elizabeth Becker, When the war …, p.166. Debré, op. cit., pp.185

[19] Ben Kiernan, How Pol Pot …, p.368, citant une interview réalisée par Steve Heder.

[20] Fabienne Luco, Entre le tigre et le crocodile, approche anthropologique sur les pratiques traditionnelles et novatrices de prévention et de gestion des conflits au Cambodge, pour le compte de l’UNESCO, octobre 2001, p.55.

 [21] K. M. Quinn, The Origins and development …, p.94, citant Khmer Republic, Delegation to the 29th Session of the United Nations General Assembly, The Road to Freedom, october 1974.

[22] Fabienne Luco, Entre le tigre et le crocodile…, octobre 2001, pp.54, 56 : « En 1973 (…) Ils ont mis en place des nouveaux chefs de village et de commune. Ils étaient méchants. Ils étaient autoritaires. C’était interdit de voyager », et 59 : « Il était interdit de voyager seul. On se déplaçait en groupe (…) Il ne fallait pas dévier sinon on était punis ».

 [23] Pour trois ou quatre mille, Chandler, Pol Pot, pp.142, 148, Hamel, Résistances au Vietnam, Cambodge et Laos (1975-1980), l’Harmattan, 1994, p.96. Ben Kiernan mentionnait une évaluation de la C.I.A de cinq mille à dix mille pour la moitié de l’année 1969 (« La Révolte de Samlaut », dernière page, in Khmers rouges !) et de dix mille selon le régime de Sihanouk pour 1970 (How Pol Pot Came to power, p.284).

[24]Kiernan, How Pol Pot Came…, p.322, renvoyant à un rapport de Sam Adams, spécialiste du Cambodge à la CIA.Auteur du Kampuchéa des « Khmers rouges », essai de compréhension d’une tentative de révolution, l’Harmattan, 2004. Une partie de sa thèse de sociologie politique remaniée est lisible à http://khmersrouges.over-blog.fr.

Auteur du Kampuchéa des « Khmers rouges », essai de compréhension d’une tentative de révolution, l’Harmattan, 2004. Une partie de sa thèse de sociologie politique remaniée est lisible à http://khmersrouges.over-blog.fr

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