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Les enfants soldats des États-Unis
Par Ann Jones
Mondialisation.ca, 13 février 2014
tomdispatch.com
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Le Congrès pensait certainement agir correctement quand à l’automne 2008, il approuva la Loi de Prévention des Enfants Soldats (CSPA, sigle en Anglais). La Loi avait pour objet de protéger les enfants du monde entier d’une participation à la guerre des Grands. Dès lors, il était admis que tout pays qui ferait pression sur des enfants pour qu’ils se convertissent en soldats perdrait toute aide militaire des EU.

Cela tourna court, le Congrès – dans une des rares occasions où il s’était soucié de la prochaine génération – s’était lourdement trompé. Dans sa grande sapience, la Maison Blanche considère que des pays comme le Tchad et le Yémen sont d’une importance tellement vitale pour l’intérêt national des Etats-Unis qu’elle préfère fermer les yeux sur ce qui arrive aux enfants de ces régions.

Comme l’exige la CSPA, cette année le Département d’État a dressé la liste des dix pays qui utilisent des enfants soldats : Birmanie (Myanmar), République Centrafricaine, Tchad, République Démocratique du Congo, Rwanda, Somalie, Soudan du Sud, Syrie et Yémen. Sept d’entre eux devaient recevoir des centaines de millions de dollars en aide militaire étasunienne ainsi que ce qui est qualifié de « Financement Militaire Étranger des EU ». Il s’agit d’un stratagème destiné a soutenir les fabricants d’armes étasuniens en accordant des millions d’argent public à des « alliés » les plus douteux, qui doivent utiliser cet argent pour acheter des « services » du Pentagone ou du « matériel » des traditionnels marchands de mort. Nous les connaissons bien : Lockheed Martin, Mc Donnell Douglas, Northrop Grumman, etc.

Ce serait l’occasion pour Washington d’apprendre à un ensemble de pays à protéger leurs enfants, à ne pas les conduire au sacrifice. Mais en octobre, comme elle l’a fait chaque année depuis que la CSPA a été promulguée, la Maison Blanche a de nouveau concédé des « dispenses » totales ou partielles à cinq pays repris sur la liste de ceux qui «ne doivent pas être aidés du Département d’État : Tchad, Soudan du Sud, Yémen, République Démocratique du Congo et Somalie.

Pas de chance pour les jeunes – et l’avenir – de ces pays. Mais il faut l’envisager de ce point de vue : pourquoi Washington devrait-elle aider enfants du Soudan ou du Yémen à échapper à la guerre si cela entraîne de devoir  faire pression sur nos propres enfants étasuniens impressionnables, idéalistes, ambitieux pour qu’ils incorporent le « service » militaire ?

Cela ne devrait être un secret pour personne que les EU ont le plus grand système, organisé avec la plus grande efficience au monde pour recruter des enfants soldats. Avec une modestie peu habituelle, cependant, le Pentagone, ne s’en vante pas en ces termes. Sa terminologie est « programme de développement de la jeunesse »

Promu par de nombreuses firmes de relations publiques et de publicité de grande influence, grassement rémunérées, contractées par le Département de la Défense, le programme semble tout bonnement magnifique. Sa principale façade publique est  le Corps d’Entraînement d’Officiers de Réserve Mineurs ( Junior Reserve Officers Training Corps, JROTC)

Ce qui rend ce programme de recrutement d’enfants soldats tellement remarquable, c’est que le Pentagone le réalise en pleine vue dans des centaines et des centaines d’instituts d’enseignement secondaire, privés, militaires et publics dans tous les EU.

A la différence des seigneurs de la guerre de l’Afrique de l’Ouest Foday Sankoh et Charles Taylor ( qui ont tous deux comparu devant les tribunaux internationaux pour crimes de guerre), le Pentagone ne kidnappe pas vraiment les enfants ni ne les mène physiquement au combat. A la place, il essaye de convertir les jeunes « cadets » en ce que John Stuart Mill a qualifié d’« esclaves volontaires », tellement embrigadés par le scénario du maître qu’ils acceptent leur rôle avec un plaisir qui passe pour un choix personnel. A cette fin JROTC influence leurs esprits pas encore complètement développés, leur inculquant ce que les livres de textes du programme qualifie de « patriotisme » et « leadership », ainsi que des réponses réflexes aux injonctions autoritaires.

Le schéma est beaucoup plus sophistiqué – tellement plus “civilisé” – que n’importe lequel de ceux imaginés au Libéria ou en Sierra Leone, et il fonctionne. Le résultat est pourtant le même : des enfants sont élevés pour servir de soldats, un métier qu’ils ne seront pas libres d’abandonner, et dans l’exécution duquel ils seront obligés de commettre des atrocités qui brisent l’esprit. Quand ils commencent à craquer ou à ne plus supporter la pression, aux États-Unis comme en Afrique Occidentale, les drogues font leur apparition.

Le Programme JROTC, qui s’étend à des instituts d’enseignement secondaire de tout le pays, coûte aux contribuables des États-Unis des centaines de millions de dollars par an. A un nombre indéterminé de contribuables, il a coûté leur enfant.

Les brigades d’acné et d’appareils dentaires.

Je suis tombée sur des enfants du JROTC, pou la première fois, il y a quelques années, à Boston, lors d’un défilé du Jour des Vétérans. Avant qu’il ne commence je me suis baladée au milieu de groupes en uniformes qui s’installaient le long de Boston Common. Il y avait quelques vieillards qui brandissaient les étendards de leurs groupes de l’American Legion, quelques rares bannières des écoles d’enseignement moyen, et quelques beaux jeunes gens dans d’élégants uniformes de gala : les recruteurs militaires du Grand Boston.

Les enfants se trouvaient plus loin.. Les brigades d’acné et d’appareils dentaires, de 14 ou 15 ans, en uniformes militaires, portant des fusils sur l’épaule. Certains groupes de filles portaient d’élégants gants blancs.

Trop de groupes similaires, avec trop d’enfants impubères, massés tout au long de Boston Common. S’y retrouvaient toutes les branches des forces armées et de nombreuses communautés locales différentes, bien que tous soient bruns ou noirs de teint : afro-étasuniens, latinos, enfants d’immigrants du Vietnam et d’autres régions du Sud. Le mois précédent, dans la ville de New York, j’avais vu de pareils escadrons de JROTC aux couleurs-code, marchant le long de la Cinquième Avenue, le Jour des Vétérans, Ce que n’est pas JROTC, c’est une coalition arc-en-ciel.

A Boston, je demandai à un garçon de 14 ans pourquoi il avait adhéré au JROTC. Il portait l’uniforme des juniors de l’Armée et trimbalait un fusil qui était presqu’aussi grand que lui. Il dit « Mon papa nous a abandonnés, et ma maman est obligée de prendre deux boulots, et quand elle rentre à la maison, et bien, elle n’est pas trop en forme. Et à l’école ils nous ont dit qu’il fallait une bonne structure si on voulait arriver à quelque chose. Si bien que je dirais que j’ai adhéré à cause de cela ».

Un groupe de filles, me dirent qu’elles allaient en classe avec les garçons mais avait leur propre équipe d’entraînement (entièrement noire) qui était en compétition avec d’autres, de lieux aussi éloignés que le New Jersey. Elles me montrèrent leurs médailles et m’invitèrent à venir voir leur trophée dans leur école. Elles avaient également 14 ou 15 ans. Pendant que nous parlions, elles sautillaient avec l’enthousiasme des adolescentes qu’elles étaient. L’une dit : « Avant, jamais je n’avais eu de prix ».

Son excitation me ramena dans le passé. Quand j’avais son âge, grandissant dans le Moyen Ouest, je me levais avant l’aube pour me rendre jusqu’à un terrain de football et pratiquer des manœuvres en formation dans la nuit avant que ne commence la journée d’école. Rien ne m’aurait fait renoncer à cette «structure », cet ‘entraînement », cette « équipe », mais j’étais dans une fanfare et l’arme que je portais étais une clarinette. JROTC s’est emparé de cette éternelle anxiété des jeunes de faire partie de quelque chose de plus grand et plus important que sa propre personne, pitoyable, négligée, remplie d’acné. JROTC capture l’idéalisme et l’ambition de la jeunesse, la retourne, l’entraîne, l’arme et la met sur le chemin de la guerre.

Un peu d’histoire

Le Corps d’Entraînement de Réserve des Officiers Mineurs de l’Armée des États-Unis, a été conçu comme partie de la Loi de Défense Nationale de 1916 au milieu de la Première Guerre Mondiale. Dans le sillage de la guerre, cependant,  il n’existait que 6 instituts d’enseignement secondaire qui acceptèrent l’offre des militaires en équipements et instructeurs. Une version plus adulte du Corps d’Entraînement pour Officiers de Réserve (ROTC) fut rendue obligatoire dans de nombreux collèges et universités de l’état, malgré la question très controversée, à savoir : dans quelle mesure le gouvernement peut-il obliger des étudiants à pratiquer un entraînement militaire.

En 1961, ROTC est devenu un programme à option, populaire dans certaines écoles, mais mal reçu dans d’autres. Rapidement il disparu complétement des campus de nombreux collèges d’élite et d’universités d’état progressistes, poussé dehors par des protestations contre la Guerre au Vietnam, et tiré dehors par le Pentagone qui insistait pour maintenir des programmes discriminatoires (spécialement en matière de préférence sexuelle et de genre) exclus des codes de conduites universitaires.. Quand il renonça à « Don’t Ask, Don’t Tell » en 2011 et offrit un programme de substantielles subventions de recherche pour de telles institutions, des universités d’élite comme Harvard et Yale accueillirent les militaires avec une avec une déférence inconvenante.

Pendant l’exil du ROTC de ces institutions, cependant, il s’implanta dans des campus de collèges dans des États qui ne se formalisaient pas pour les discriminations, pendant que le Pentagone étendait son programme de recrutement dans les écoles d’enseignement secondaire. Presqu’un demi siècle après la création du JROTC de l’Armée, la Loi de Revitalisation des Corps d’Entraînement d’Officiers de Réserve de 1964 (Reserve Officers Training Corps Vitalization Act of 1964) ouvrit l’entraînement des jeunes à toutes les branches des forces armées. De plus, la quantité d’unités de JROTC, limitées antérieurement à 1200 augmenta rapidement dans tout le pays jusqu’à 2001, quand disparu l’idée même d’imposer des limites au programme.

Le motif était flagrant. En 1973, l’administration Nixon écarta le service militaire obligatoire en faveur d’une armée professionnelle permanente formée “entièrement de volontaires”. Mais où trouverait-on ces professionnels ? Et comment allait-on procéder pour les persuader de devenir “volontaires” ? Depuis la Seconde Guerre Mondiale, les programmes de ROTC dans les institutions d’enseignement supérieur avaient fourni près de 60% des officiers habilités. Mais l’armée avait besoin de soldats d’infanterie ?

Officiellement, le Pentagone affirme que le JROTC n’est pas un programme de recrutement. En privé, il ne le considère jamais autrement. Le JROTC se décrit lui-même comme « le développement d’une source d’enrôlement de recrues et de candidats officiers à travers un programme citoyen dédié à l’éducation morale, physique et la formation de la jeunesse étasunienne ». Auparavant le secrétaire de la Défense, William Cohen, témoignant devant le Comité du Service Armé de la Chambre en 200O, qualifia le JROTC d’ « un des meilleurs instruments de recrutement que nous ayons jamais eu ».

Avec cette mission inavouée en main, le Pentagone fit pression pour un objectif planté pour la première fois en 1991 par Colin Powell qui était alors chef de l’État Major Conjoint : l’établissement de 3500 unités du JTROC pour « élever » des étudiants dans les écoles d’enseignement secondaire de tout le pays. Le plan serait de les étendre vers « les zones en déficit économique et d’éducation ». Les écoles de mauvaise qualité des centres urbains, les ceintures industrielles, le Sud profond et le Texas se transformeraient en riche terrain de chasse. Au début de l’année 2013, l’Armée à elle seule avait recyclé 4 000 mille officiers en retraite pour conduire ces programmes dans 1731 écoles d’enseignement secondaire. Au total, les unités de JROTC de l’Armée, la Force Aérienne, la Navy et les Marines ont atteint le nombre de 3402 écoles dans tous le pays – 65% d’entre elles situées dans le Sud – avec un enrôlement total de 557 129 enfants.

Comment fonctionne le programme

Le programme fonctionne comme suit. Le Département de la Défense dépense plusieurs centaines de millions de dollars – 365 millions en 2013 – pour fournir les uniformes, les livres de textes approuvés par le Pentagone et des équipements du JTROC, ainsi qu’une partie des salaires des instructeurs. Ces instructeurs, désignés par les militaires (pas par les écoles) sont des officiers à la retraite. Ils continuent à percevoir leur pension fédérale, alors que les écoles doivent leur payer des salaires équivalents à ceux qu’ils toucheraient en service actif. Les militaires par la suite rembourseront à l’école près de la moitié de leur considérable rémunération, mais malgré cela ils coûtent fort cher aux écoles.

Il y a 10 ans, le American Friends Service Committee (AFSC en anglais) établit que le véritable coût des programmes de JROTC pour les districts scolaires locaux était au moins aussi élevés – et dans certains cas plus du double – du coût mentionné par le Département de la Défense ». En 2004, les districts scolaires locaux dépensaient 222 millions de dollars rien qu’en frais de personnel ».

Plusieurs directeurs d’écoles qui m’ont parlé de cette question, firent l’éloge du Pentagone qui subventionne le budget de l’école, mais ils ne prenaient manifestement pas en compte les dépenses propres aux écoles. Le fait est que les écoles publiques qui offrent les programmes de JROTC subventionnent actuellement la campagne de recrutement du Pentagone. De fait une classe de JTROC coûte aux écoles (et aux contribuables) significativement plus de ce que coûterait un cours normal d’éducation physique ou d’histoire des EU – mais elle est souvent considérée comme un bon substitut des deux.

Les écoles locales n’ont aucun contrôle sur les programmes scolaires du JROTC qui sont déterminés par le Pentagone, et sont de manière intrinsèque orientés vers le militarisme. Beaucoup de systèmes scolaires adoptent simplement les programmes du JROTC, sans même jeter un regard sur ce qui sera enseigné aux étudiants. L’American Friends Service Committee, les Vétérans pour la Paix et d’autres associations civiles ont démontré que ces classes non seulement sont plus coûteuses que les classes régulières, mais également d’une qualité inférieure.

Que pourrait-on espérer d’autre qu’une qualité inférieure de livres de textes ad hoc   écrits par les branches de compétence des forces armées et utilisés par des militaires en retraites qui n’ont ni qualifications ni expérience pédagogique ? En premier lieu, ni les textes, ni les instructeurs n’enseignent le genre de pensée critique qui est actuellement au centre des meilleurs programmes scolaires. A la place, ils apprennent l’obéissance à l’autorité, comment inspirer la peur aux « ennemis » et postulent la primauté de la force militaire dans la politique extérieure des EU.

Des associations civiles ont présenté une autre série d’objection au JROTC, qui vont depuis des pratiques discriminatoires – contre les gays, les immigrants et les musulmans par exemple – jusqu’à d’autres dangers, comme celui de porter des armes à l’école (en tous lieux). Certaines des unités ont même établi des polygones de tir où sont utilisés des fusils automatiques tirant à balles réelles. JROTC embellit la dangereuse mystique de telles armes, les convertissant en objet qui faut convoiter, chérir et il faut sauter sur l’occasion de les utiliser.

Dans sa propre défense, le programme fait la publicité d’un avantage amplement accepté dans tous les EU : ’il donne une « structure » et évite que les enfants abandonnent l’école et se convertissent de garçons (et à présent filles) aux antécédents “problématiques” en ”hommes” qui sans JROTC pour les sauver (et le reste d’entre nous d’eux) se convertiraient en drogués ou en criminels ou pire. Colin Powell, le premier gradué du ROTC qui soit arrivé un poste le plus élevé des forces armées, véhicule justement ce point de vue dans ses mémoires My American Journey. « Les enfants des centres urbains pauvres » écrit-il « nombre d’entre eux provenant de foyers détruits [trouvent] une stabilité et un modèle à imiter dans le JROTC.

Il n’existe aucune preuve à l’appui de ces affirmations, à part des témoignages d’étudiants comme celui que m’a apporté le garçon de 14 ans qui s’est incorporé en quête de « structure ». Ces enfants (et leurs parents) qui se laissent convaincre par cet argument de vente donne la mesure des limitations de leurs propres choix. La grande majorité des étudiants trouvent meilleur, plus constructif des structure d’affirmation de soi des cursus académiques, sportifs, des chorales, groupes musicaux, clubs de science ou de langue, des stages  – et autres – dans des écoles où existent de telles opportunités. Ce sont précisément  des écoles avec de tels programmes, où les administrateurs, les professeurs, les parents et les enfants travaillent ensemble, qui ont le plus tendance à maintenir JROTC dehors. Les systèmes scolaires « socialement et économiquement déficitaires » qui sont l’objectif du Pentagone ouvrent à la possibilité d’éliminer de tels « détails » et de dépenser les budgets dans un colonel ou deux qui peuvent offrir aux étudiants en quête de « stabilité et de modèle » un avenir prometteur, quoique souvent fort court, de soldats.

Jours d’école

Dans une de ces écoles du quartier marginalisé du centre de Boston à prédominance noire, je suis allée dans les classes de JROTC dans lesquels les élèves regardaient d’interminables films avec des soldats qui paradent, et ensuite ils devaient en faire autant dans le gymnase de l’école, fusil en main. (Je dois reconnaître qu’ils sont capables de marcher beaucoup mieux que les escadrons de l’Armée Nationale Afghane, que j’ai également observés, mais y a-t-il de quoi être si fier ?) Déjà que ces classes paraissent souvent destinées à passer le temps, en plus les étudiants ont beaucoup de temps pour discuter avec le recruteur de l’Armée dont le bureau est opportunément situé  dans la salle de classe du JROTC.

Ils ont également discuté avec moi. Une jeune afro-étasunienne de 16 ans qui était la première de sa classe et qui s’était déjà enrôlée dans l’armée me dit qu’elle voulait faire carrière dans les forces armées. Son instructeur – un colonel blanc qu’elle considérait comme le père qu’elle n’avait jamais eu à la maison – avait amené la classe à croire que « notre guerre » va continuer pendant très longtemps, disait-il, « jusqu’à ce que nous ayons tué jusqu’au dernier Musulman de la Terre ». Elle voulait aider à sauver les EU en dédiant sa vie à « la grande mission qui nous attend ».

Surprise, je m’exclamai, ”Et que penses-tu de Malcom X ?” Malcom X est né à Boston, non loin de l’école, une rue porte son nom en son honneur. « Il n’était pas musulman ? » demandai-je

« Ô non Ma’ame », dit-elle, « Malcom X était étasunien ».

Un garçon plus âgé qui s’était également enrôlé dans l’armée, voulait échapper à la violence des rues de la ville. Il s’était enrôlé peu après qu’un de ses meilleurs amis, se soit trouvé pris dans un tir croisé et soit tué dans un magasin tout près de l’école. Il me dit « Ici je n’ai pas avenir. Je pourrais aussi bien être en Afghanistan ». Il pensait que ces probabilités de survie seraient meilleures là-bas, mais il était préoccupé par le fait qu’il devait terminer l’école secondaire avant d’intégrer l’armée pour accomplir son “devoir”. Il dit « J’espère seulement que je pourrai tenir jusqu’à la guerre ».

Quel sorte de système scolaire offre à des garçons et des filles de telles “alternatives”

Quelle sorte de pays ?

Que se passe-t-il dans les écoles de votre ville ? N’est-il pas temps de s’en enquérir ?

 Ann Jones

Article original en anglais :

http://www.tomdispatch.com/post/175784/tomgram%3A_ann_jones%2C_suffer_the_children/#more

Traduction en espagnol : Rebelion. Los niños soldados de EE.UU.

Traduction de l’espagnol : Anne Wolff

La collaboratrice régulière de TomDispatch Ann Jones est l’auteure du nouveau livre They Were Soldiers: How the Wounded Return from America’s Wars — the Untold Story, un projet de Dispatch Books en coopération avec Haymarket Books. Jones qui informe depuis l’Afghanistan depuis 2002, elle est également auteure du livre sur l’impact de la guerre civile : Kabul in Winter y War Is Not Over When It’s Over. Son site Web est annjonesonline.com.

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