Les États-Unis et Israël seraient en “pourparlers secrets” avec des États africains pour accueillir des Palestiniens expulsés
Israël prend au sérieux le projet de nettoyage ethnique de Trump à Gaza et a mis en place une “administration de la migration” pour expulser les Palestiniens de la bande de Gaza.
Les contacts entre les États-Unis et Israël avec le Soudan, la Somalie et le Somaliland visent à “discuter de la possibilité pour ces pays d’accueillir des Palestiniens”, ont déclaré des responsables américains et israéliens à AP.
“Les démarches distinctes des États-Unis et d’Israël auprès des trois destinations potentielles ont débuté le mois dernier, quelques jours après que [le président américain Donald] Trump a évoqué le plan de Gaza aux côtés de [Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahu”, ont déclaré des responsables américains, ajoutant que c’est Israël qui “mène pour l’instant ces discussions”.
Selon le rapport, “on ne sait pas exactement quels progrès ont été réalisés ni à quel niveau les discussions ont eu lieu”. Les pourparlers sont censés être “secrets”.
Les responsables soudanais ont déclaré à AP avoir rejeté les propositions américaines pour un tel plan. Les responsables de la Somalie et du Somaliland, eux, affirment ne pas être au fait des discussions. Le Soudan est partie prenante des Accords d’Abraham de 2020, qui ont vu plusieurs États arabes, dont les Émirats arabes unis, normaliser leurs relations avec Israël.
Le mois dernier, Trump a annoncé son plan controversé visant à transformer Gaza en “Riviera du Moyen-Orient”. Le président a déclaré que son plan prévoit que les États-Unis s’approprient Gaza et en expulsent l’ensemble de la population pour faire venir des équipes de développement internationales et commencer les travaux de reconstruction.
Il a affirmé que l’expulsion des Palestiniens consisterait à les déplacer vers un endroit plus sûr, mais a confirmé par la suite que son plan ne prévoit pas le droit de retour sur leurs terres.
Fin février, Trump est revenu sur sa position, affirmant qu’il ne souhaite pas imposer le plan par la force mais qu’il le propose. “Nous n’expulserons personne de la bande de Gaza”, a-t-il déclaré aux journalistes avant sa rencontre avec le Premier ministre irlandais Micheal Martin le 12 mars.
Malgré cela, un responsable américain a déclaré début février que Trump “s’en tenait à sa vision”, rejetant ainsi une proposition avancée par l’Égypte pour un plan de reconstruction et de solution d’après-guerre pour Gaza qui n’implique aucun déplacement supplémentaire de sa population.
Les États arabes ont rejeté le plan de Trump et ont officiellement approuvé l’initiative égyptienne. Israël, en revanche, a salué ce que beaucoup considèrent comme une tentative de nettoyage ethnique à Gaza.
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré le 9 mars que le gouvernement va mettre en place une “administration de la migration” pour faciliter l’expulsion des Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres dans la bande de Gaza.
“Nous mettons en place une administration de la migration, nous nous y préparons sous la direction du Premier ministre et du ministre de la Défense [Israël Katz]”, a déclaré Smotrich à la Knesset. “Le budget ne sera pas un obstacle”, a-t-il ajouté. “La nouvelle ‘administration de la migration’ sera placée sous l’autorité du ministère israélien de la Défense, avec pour objectif d’expulser tous les Palestiniens aussi rapidement que la logistique le permettra”.
“Si nous en expulsons 5 000 par jour, cela prendra un an”, a déclaré Smotrich. “Il s’agit d’une opération logistique de grande envergure : il ne s’agit pas seulement du bus qui les emmène, nous devons savoir qui part, vers quel pays, quel âge, quelle formation professionnelle, une opération de grande envergure que nous préparons”.
M. Smotrich a affirmé que “des sources au sein du gouvernement américain”s’accordent à dire “qu’il est impossible que deux millions de personnes haïssant Israël restent à deux pas de la frontière”.
Le rapport d’AP n’est pas le premier à révéler des projets potentiels d’expulsion de Palestiniens vers l’Afrique.
Selon un reportage de la chaîne israélienne Channel 12 le mois dernier, le Maroc, l’État somalien du Puntland et la République du Somaliland sont envisagés comme lieux de réinstallation des Palestiniens dans le cadre du plan controversé de Trump.
Le Puntland et le Somaliland cherchent à faire reconnaître leur souveraineté sur le territoire somalien au niveau international, tandis que le Maroc réclame la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental occupé.
Selon ce reportage, le gouvernement de Trump pourrait utiliser cette information pour faire avancer sa proposition concernant Gaza.
Article original en anglais :
Traduction : Spirit of Free Speech
Image en vedette : Capture d’écran. Crédit photo ; Reuters.
