Les États-Unis et la Grande-Bretagne arment les bataillons néo-nazis de la Garde Nationale ukrainienne

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Les accords de Minsk 2 ont été signés il y a deux mois à peine, mais les USA et la Grande-Bretagne continuent à promouvoir un processus d’escalade militaire en Ukraine.

Le congrès US avait approuvé en décembre 2014 l’augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine, comprenant pour la première fois la fourniture d’armes létales. Des livraisons de matériel militaire ont déjà eu lieu, comme des radars anti-mortier ou des lunettes de vision nocturne, et les USA ont prévu d’acheminer dans le courant du mois de mars des drones Raven, 30 véhicules blindés ainsi que 200 Jeep Humvees à destination de l’armée ukrainienne.

Début mars, la Grande-Bretagne annonçait également l’envoi de matériel militaire « non létal », pour un montant d’1,3 millions de dollars, afin d’aider le pays à se défendre contre « l’agression de la Russie » selon le ministre anglais de la défense Michael Falon. 75 militaires britanniques sont également arrivés en Ukraine afin de commencer une mission d’entraînement de leurs homologues ukrainiens, sans qu’on sache plus précisément quelles unités de l’armée de Kiev vont bénéficier de la formation britannique. Les États-Unis ont également envoyé 300 instructeurs militaires pour une mission de formation dans la région de Lvov, qui durera jusqu’au 31 octobre prochain.

Les déclarations faites par le président ukrainien Piotr Porochenko sur son site Internet, rapportées par Sputnik News,permettent d’en savoir un peu plus sur les unités ukrainiennes qui vont bénéficier de la formation des instructeurs US : il s’agira dans un premier temps de 780 membres de la Garde Nationale ukrainienne, sans toutefois que leur bataillon d’appartenance soit précisé. Il faut souligner à ce sujet que la Garde Nationale est composée en grande partie d’extrémistes néo-nazis et que certains bataillons, comme le tristement célèbre bataillon Azov, accusé de crimes de guerres, arborent ouvertement des symboles nazis et se réclament de l’idéologie raciste suprématiste, comme cela a été rapporté notamment par The Telegraph. Washington semble donc avoir fait le choix de former des combattants néo-nazis dans le cadre de son programme de soutien militaire à l’Ukraine.

Plus généralement, l’importance des bataillons de la Garde Nationale dans le déroulement des opérations militaires pose la question du financement des groupes néo-nazis dans le cadre des programmes d’assistance financiers de l’Ukraine.

Ainsi, le nouveau prêt du FMI d’un montant de plus de 17 milliards de dollars, sera utilisé par le gouvernement ukrainien principalement pour acheter des armes, selon le quotidien allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten, qui prévoit de porter le budget militaire à 5,2 % du PIB soit 3,8 milliards d’euros. La majeure partie du matériel sera fournie par le groupe américain Network Technologies Corporation. Selon le quotidien allemand, la nationalité américaine de la nouvelle ministre des finances ukrainienne, qui est également une ancienne fonctionnaire du département d’état US, Madame Natalie Jaresko, serait à l’origine du choix de ce fournisseur… Il faut noter que les crédits octroyés par l’Union Européenne sont également susceptibles de servir à l’achat d’armement à destination des bataillons de la Garde Nationale. La commission doit notamment soumettre au parlement européen le 25 mars le déblocage d’un nouveau prêt à l’Ukraine pour un montant de 1,8 milliards d’euros.

Dans le même temps, les chefs d’état de l’Union Européenne ont approuvé jeudi le prolongement des sanctions contre la Russie jusqu’au 31 décembre 2015 et conditionné leur levée à « la mise en œuvre complète des accords de Minsk » alors que la Russie n’a pourtant pas de prise directe sur leur application, et encore moins pour ce qui concerne la partie ukrainienne.

Le président de la RPD Alexandre Zakhartchenko, dans une lettre ouverte adressée à François Hollande et Angela Merkel, a dénoncé la mauvaise volonté évidente des autorités ukrainiennes de respecter le calendrier définit dans les accords de Minsk. Il pointe notamment le retard pris par le parlement ukrainien dans l’adoption du décret d’application sur le statut spécifique du Donbass, et dénonce également la persistance du blocus économique et financier, en violation des accords.

Sur le plan militaire, l’armée ukrainienne ne semble pas respecter non plus le calendrier de retrait des armements lourds et entretien l’opacité sur leurs emplacements.

Le renforcement de la formation militaire et de l’armement des forces ukrainiennes par l’axe Londres-Washington, conjugué à la mauvaise volonté évidente du gouvernement Porochenko de mettre en œuvre les accords de Minsk laisse donc craindre une reprise du conflit à la fin du printemps ou au début de l’été, dont la Russie et les indépendantistes seront évidemment tenus pour responsables, la trêve n’ayant servi qu’à la préparation opérationnelle d’une nouvelle offensive…

 Guillaume Borel



Articles Par : Guillaume Borel

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