Les États-Unis et les puissances de l’OTAN accélèrent les préparatifs pour une guerre nucléaire
L’alliance militaire de l’OTAN se prépare à implanter une stratégie d’armement nucléaire plus agressive en réponse à la prétendue «agression russe», selon des sources provenant de l’OTAN, citées par le quotidien britannique Guardianla semaine dernière.
Selon des responsables de l’OTAN, les changements proposés comprennent une plus grande implication des forces nucléaires au sein des exercices militaires de l’OTAN actuellement en cours le long de la frontière russe et de nouvelles recommandations pour une escalade nucléaire contre la Russie.
La doctrine nucléaire de l’alliance a été le sujet de discussions informelles et discrètes «en marge» du sommet de l’OTAN qui vient d’avoir lieu. Les nouvelles politiques seront confirmées lors de la conférence à venir du Groupe des plans nucléaires (GPN) de l’OTAN. La tenue de la conférence a été devancée en raison des rumeurs qui circulaient à propos des plans secrets.
«Il y a de réelles inquiétudes par rapport à l’attitude cavalière de la Russie sur le nucléaire. Alors, il y a beaucoup de délibérations de l’alliance sur les armes nucléaires», a dit un diplomate de l’OTAN au Guardian.
La thèse voulant qu’une révision de la politique sur les armes nucléaires soit une réponse à l’agression russe tourne la réalité à l’envers. Tout de suite après le coup d’état appuyé par l’OTAN et les États-Unis en Ukraine l’année dernière, les puissances impérialistes ont enclenché une militarisation sans relâche de l’Europe de l’Est, y compris l’établissement d’une force de réaction rapide de 40.000 soldats.
La semaine dernière, le Secrétaire à la défense, Ashton Carter, a annoncé que les États-Unis déploieraient de façon permanente des chars d’assaut, des véhicules militaires et d’autres équipements dans les pays qui bordent la Russie. Il y a aussi des discussions sur la possibilité d’armer directement l’Ukraine, au-delà de l’aide considérable que ce gouvernement de droite a déjà reçue.
L’OTAN se prépare maintenant à répliquer à toute tentative russe de contenir ou de contrer les manœuvres agressives de l’impérialisme américain en Europe de l’Est par une riposte militaire encore plus massive, y compris le recours à des armes nucléaires.
Un article du Financial Times a fourni un aperçu de la pensée des stratèges de l’OTAN. Dans le cas d’un conflit impliquant l’un des pays baltes, «la Russie pourrait… accuser l’alliance d’envenimer le conflit et elle pourrait menacer d’utiliser des armes nucléaires à portée moyenne». Le Times cite Elbridge Colby, du Centre pour un nouveau siècle américain (Center for a New American Security, CNAS): «L’OTAN n’a pas besoin d’un réexamen total de sa stratégie nucléaire. Mais, il doit être réaliste sur la façon qu’il répondrait et qu’il montrerait à Poutine qu’il ne s’en tirerait pas comme ça.»
Ce scénario se base sur les allégations des États-Unis selon lesquelles la Russie aurait violé le Traité sur les forces nucléaire à portée intermédiaire, des allégations que le gouvernement russe a niées. Des responsables américains ont affirmé que le Pentagone se prépare à lancer des attaques préventives contre des missiles ou d’autres cibles en Russie, y compris avec des armes nucléaires, pour riposter à la prétendue violation du traité par Moscou.
L’annonce de révisions majeures à la stratégie nucléaire de l’OTAN est arrivée seulement quelques jours après la publication d’un rapport détaillé, intitulé «Project Atom: Defining US Nuclear Strategy and Posture for 2025-2050», par le Centre d’études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies, CSIS). Les sections principales du rapport ont été rédigées par un stratège de longue date du gouvernement américain et un analyste expérimenté du CSIS, Clark Murdock, qui avait auparavant travaillé comme haut gradé pour la CIA, le Département de la Défense, l’aviation américaine et le Collège national de la guerre (National War College). Le rapport comprend des contributions provenant d’une vaste équipe de chercheurs et d’experts, dont des conférenciers du CNAS et de l’Institut national de politique publique (Institution for Public Policy, NIPP).
L’idée centrale de l’analyse du CSIS est que les États-Unis doivent rendre leur arsenal nucléaire plus facile à utiliser dans une guerre contre la Russie, la Chine ou d’autres puissances. L’armée doit adopter «une stratégie nucléaire américaine conçue pour les réalités du 21me siècle», basées sur des nouvelles générations d’ogives tactiques et de systèmes de lancement.
Des armes nucléaires tactiques plus sophistiquées permettront à Washington de menacer et de lancer des petites guerres nucléaires, sans «s’auto-dissuader» par la crainte que ses actions ne mènent à un holocauste nucléaire, soutient le rapport du CSIS.
«Les États-Unis doivent développer et déployer des armes nucléaires plus utilisables», a écrit le CSIS, avec «moins d’effets collatéraux, une plus grande radiation, la capacité de pénétrer dans le sous-sol, des pulsations électromagnétiques, et d’autres capacités à mesure que la technologie progresse».
De telles avancées, soutient le rapport, sont la seule façon de contrer l’érosion de la supériorité technologique américaine face à la croissance de l’arsenal nucléaire chinois et russe, et au fait que jusqu’à neuf nouveaux gouvernements font maintenant partie du «club nucléaire».
Selon la théorie de la «réponse mesurée» préconisée par le CSIS et Murdock, ce type de forces nucléaires ultra mobiles pourrait servir à mener des «opérations nucléaires contrôlées», en lançant des bombes nucléaires «moins puissantes mais précises et avec effets spéciaux» sur des cibles ennemies sans provoquer la guerre nucléaire totale.
En «pré-déployant un solide ensemble d’options de réponse nucléaire ciblée», les États-Unis pourraient lancer des frappes nucléaires tactiques «à tous les échelons de l’escalade nucléaire», a écrit Murdock.
De tels conflits nucléaires «à petite échelle» causeraient inévitablement des dizaines, sinon des centaines de millions de morts, même en supposant qu’ils ne se transforment pas en guerre nucléaire mondiale.
Le territoire continental américain serait protégé, selon cette théorie, des conséquences d’une guerre nucléaire régionale par l’effet dissuasif de l’immense arsenal que détient Washington en armes stratégiques à forte puissance. De plus, tout conflit nucléaire «contrôlé» déclenché par le gouvernement américain n’impliquerait pas d’opérations nucléaires en direction ou en provenance de l’Amérique du Nord.
«Le territoire américain ne serait pas engagé si les États-Unis répondent à une attaque nucléaire contre un allié régional», a écrit le CSIS.
Dans un langage à peine voilé, le CSIS suggère que les États-Unis devraient utiliser des gouvernements alliés et fantoches comme zones d’opération pour la guerre atomique «contrôlée».
De telles propositions, provenant d’analystes en politique publique de la classe dirigeante qui collaborent au sein d’un vaste réseau, sont extrêmement inquiétantes et représentent un sérieux avertissement pour la classe ouvrière internationale.
Il y a eu d’autres appels à une expansion majeure de l’armement nucléaire américain. Dans des remarques adressées à un autre cercle de réflexion américain (Atlantic Council), le député américain Mac Thornberry, président de «conversation nationale sur la construction de nouvelles armes nucléaires».
«C’est quelque chose sur laquelle nous n’avons pas pu avoir une conversation depuis un certain temps, mais je pense qu’il faudra le faire», a déclaré Thornberry.
À la fin de l’année dernière, le gouvernement Obama a annoncé des plans pour une mise à niveau de l’armement nucléaire américain sur trois décennies et au coût de 1000 milliards de dollars.
Il y a un élément de folie dans les écrits du CSIS et les autres discussions prenant place au sein l’appareil d’État. Les stratèges de l’impérialisme américain font des calculs à froid sur la meilleure tactique à suivre pour lancer et gagner la guerre nucléaire. Mais cette folie découle de la logique de l’impérialisme américain et de la campagne de l’aristocratie financière pour contrôler le monde entier – de plus en plus directement par la force militaire.
Thomas Gaist