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Les Etats-Unis ont commencé à former des troupes pour mener des «révolutions de couleur»
Par Philippe Rosenthal
Mondialisation.ca, 21 janvier 2022
Observateur continental
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Le 23 janvier 2022, l’armée américaine commencera à mener des exercices spéciaux de ses forces spéciales pour pratiquer des actions pendant les soi-disant «révolutions de couleur». Ici, il est question de l’introduction d’unités de forces spéciales dans un pays «politiquement instable» pour renverser le «gouvernement illégitime».

Selon Military Watch magazine, les exercices se dérouleront dans l’Etat de Caroline du Nord, sur la côte est des Etats-Unis. Les militaires s’entraîneront à mener des raids et des embuscades avec les guérilleros et les citoyens du pays proposé. Le magazine militaire note que la nature de ces exercices n’est pas complètement fictive, car les Etats-Unis ont déjà eu l’expérience d’actions similaires: ils ont, par exemple, utilisé leurs forces spéciales pour soutenir les rebelles contre le gouvernement irakien dans les années 1990 et au début des années 2000.

L’exemple récent et le plus célèbre est celui des forces spéciales américaines en Syrie où les forces américaines, ainsi que des militants locaux, ont facilité le vol massif de pétrole pour le vendre à l’étranger tout en privant les autorités syriennes de revenus. Observateur Continental a, d’ailleurs, relaté ce 18 janvier 2022 cette information concernant le pillage de nouvelles quantités de pétrole syrien. A plusieurs reprises les autorités de la République arabe syrienne ont rapporté de telles actions de la part des Etats-Unis, des actions qui interviennent sur le sol d’un Etat souverain. Dans cette région, les forces spéciales américaines ont été confrontées au fait que l’armée russe, au contraire, soutenait activement le gouvernement officiel de la Syrie. Les forces russes ont, en particulier, permis à la République arabe syrienne de protéger sa souveraineté et d’ éviter un pillage encore plus important.

D’autres exemples où les forces spéciales ou les consultants américains ont été impliqués dans des «révolutions de couleur» incluent des pays comme la Libye, l’Indonésie, le Soudan, mais aussi -bien sûr- l’Ukraine, un pays qui occupe actuellement tous les titres des média francophones où, paradoxalement, la Russie se retrouve sur les bancs des accusés alors que les Occidentaux, dont les Etats-Unis, fournissent une aide stratégique documentée à l’Ukraine, aussi en livrant des armes discrètement comme Observateur Continental le rapportait le 12 janvier 2022. Dans le même temps, la rhétorique des responsables américains fait, de manière récurrente, allusion à l’illégitimité présumée des gouvernements de l’Iran, du Venezuela, de la Syrie, de la Corée du Nord, du Myanmar, du Nicaragua et même de la Russie. Il est caractéristique que sous l’administration de Donald Trump, ils aient commencé à utiliser une telle rhétorique, y compris envers la Chine. De nombreux experts considèrent les actions des forces spéciales américaines pendant les «révolutions de couleur» comme l’un des outils par lesquels les Etats-Unis étendent leurs sphères d’influences et en leur permettant d’atteindre leurs objectifs.

L’entraînement des forces spéciales pour des opérations conjointes avec des militants aux Etats-Unis est mieux connu sous le nom d’ «exercices Robin Sage». Chaque année, ils deviennent de plus en plus ouverts à d’autres forces militaires, et l’un de leurs objectifs est de développer les compétences nécessaires pour faire face à «un ennemi numériquement supérieur» en utilisant des tactiques de guérilla.  C’est à dire que les Etats-Unis entraînent des forces spéciales pour agir à l’intérieur d’ un Etat souverain en utilisant toutes les possibilités techniques et militaires, toutes les actions psychologiques, et d’autres moyens pour renverser un gouvernement souverain.

Philippe Rosenthal

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