Les Héros du Mavi Marmara : un tournant pour la solidarité internationale
Déclaration collective du Nouveau Comité Anglais pour défendre la Palestine*, au sujet des héros du Mavi Marmara

Par le Nouveau Comité Anglais pour défendre la Palestine
De tous les rapports crédibles sur ce qui s’est passé pendant le raid contre la flottille Free Gaza à l’aube du lundi 31 mai 2010, il semble clair que des commandos israéliens ont attaqué le bateau de tête, le Mavi Marmara, en tirant avant de l’aborder dans les eaux internationales, et ont rapidement maitrisé, par une démonstration de force armée brutale, le capitaine et les passagers qui refusaient de se soumettre. Ceci est conforme à un schéma bien connu d’attaques sionistes armées contre des activistes sans armes, de l’écrasement de Rachel Corrie au tir à bout portant sur Bassem Abu Rahme.
Mais il est tout aussi clair que les choses, cette fois, n’ont pas suivi le scénario habituel. Les passagers du Mavi Marmara ont résisté. Ils ont décidé qu’ils ne permettraient pas que leur bateau soit illégalement arraisonné et réquisitionné dans les eaux internationales. Ils ont choisi de ne pas être tués, frappés, électro-choqués, kidnappés et capturés sans se battre. L’armée israélienne a justifié l’assassinat des activistes de la flottille au motif qu’ils n’avaient pas répondu « non violemment » à l’invasion armée de leur bateau. Selon les conditions dictées par le colonialisme, l’auto-défense des opprimés rend légitime la violence meurtrière de l’oppresseur.
Les commandos ont envahi le bateau en tirant. Nul ne sait combien de personnes ils auraient exécutées s’ils n’avaient pas rencontré de résistance sur le pont ; il est possible qu’ils aient poursuivi leur attaque meurtrière dans tout le navire. En l’état, les images diffusées par la télévision turque montrent les soldats regroupés, tapis d’un côté du pont, fusils au poing. Etant surtout entraînés à tabasser et à tuer des gamins de 9 ans qui leur jettent des pierres, ils semblent terrifiés face à des adultes armés seulement de bâtons et de tuyaux.
La résistance des passagers du Mavi Marmara ouvre un nouveau chapitre pour le mouvement de la solidarité. Leur décision de se battre fut héroïque. Ils se sont servis de ce qui était à leur disposition – en particulier leurs corps désarmés et leur courage – pour combattre une unité de commandos lourdement armés. En conséquence, les sionistes n’ont pu revendiquer la victoire confortable qu’ils avaient prévue. Ils ont arrêté la flottille, mais cette fois, les conséquences dépassent ce qu’ils sont en mesure de payer. L’opération est un échec total, et au vu et au su du public mondial.
En ‘Israël’, la presse a clairement dit que pour les sionistes, c’était un échec parce qu’il y avait des blessés dans leur propre camp. On ne saurait trop mettre l’accent sur ce fait. Pour la population intérieure de la colonie raciste, aucun niveau de destruction et de brutalité contre les autres ne dépasse les bornes, à condition qu’elles soient high-tech et bien gérées, et qu’elle-même n’en subisse aucune conséquence. C’est la raison pour laquelle l’attaque contre le Liban en 2006 et l’attaque contre Gaza en 2008 ont été des défaites importantes.
Les organisateurs du convoi savaient à l’avance que les sionistes feraient usage d’une force brutale pour les arrêter, mais ils ont choisi courageusement de continuer leur action contre le siège. Beaucoup des activistes – en particulier les membres turcs – avaient déclaré leur détermination inébranlable à mener à terme leur mission, acceptant comme un honneur de tomber en martyr au nom des Palestiniens. Leur sang a défait le glaive des Israéliens. Ils ont dénoncé l’hypocrisie des institutions du soi-disant « droit international », le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, la « diplomatie » d’Obama et les « engagements » européens pour les « droits de l’homme ». Leur sacrifice ouvre la voie à la levée du siège de Gaza et montre aux autres un chemin.
Ceux qui ont donné leurs vies sur le Mavi Marmara méritent d’être honorés comme des martyrs de la résistance.
Ibrahim Bilgen, 61 ans, ingénieur en électricité à Siirt, Turquie. Marié, 6 enfants.
Ali Haydar Bengi, 39 ans, de Diyarbakir, Turquie. Diplômé de l’Université Al-Azhar (département de littérature arabe). Marié, 4 enfants
Cevdet Kiliçlar, 38 ans, journaliste à Kayseri, Turquie. Marié, 2 enfants
Çetin Topçuoglu, 54 ans, d’Adana, Turquie. Ancien joueur de football et champion de taekwando, entraîneur de l’équipe nationale turque de taekwando. Marié, 1 enfant
Necdet Yildirim, 32 ans, de Malatya, Turquie. Travailleur humanitaire à IHH. Marié, 1 enfant.
Fahri Yaldiz, 43 ans, pompier et employé municipal à Adiyaman, Turquie. Marié, 4 enfants
Cengiz Songür, 47 ans, d’Izmir, Turquie. Marié, 7 enfants
Cengiz Akyüz, 41 ans, d’Iskenderun, Turquie. Marié, 3 enfants.
Furkan Dogan, 19 ans, étudiant au lycée de Kayseri, voulait devenir médecin. Fils du Dr. Ahmet Dogan, Professeur associé à l’université Erciyes, Turquie. Citoyen américain et turc, 2 frères et sœurs. Tué de cinq balles dans la tête, à bout portant, dans ce qui ressemble à une exécution.
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(*) New England Committee to Defend Palestine.
Article original en anglais :
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13943&type=analyse&lesujet=Résistances
Traduction : MR pour ISM