Les habitants de Taïbéh ulcérés par « leur » nouveau « maire » (juif)
« Certes, j’ai soutenu Avigdor Lieberman aux élections de 2003, mais cela ne veut rien dire… »
[Que dire, à part que les Israéliens ne connaissent pas la pudeur ? Et puis que, même selon le Jerusalem Post, dont on ne peut pas dire qu’il porte les Palestiniens dans son cœur, ce nouveau maire est sans doute aveugle. Le journal a fait état de plusieurs milliers de manifestants protestant contre lui, alors que le maire désigné a jugé cette manifestation « marginale et riquiqui ». Jeff Blankfort]
Shlomo Tuizer – ex-directeur de la prison de Bi’r Sab’ [Beersheva, en sioniste, ndt], qui servit de décor pour le drame carcéral Zinzana – a pris ses nouvelles fonctions, dimanche, en qualité de maire – juif – de la ville arabe de Taïbéh, malgré les objections de nombreux citoyens et de députés arabes à la Knesset.
Tuizer a été nommé à ce poste, la semaine dernière, par le ministre de l’Intérieur Meir Shit-rit, qui a décrété la destituions de plusieurs conseils municipaux arabes.
Shit-rit a décidé, récemment, de nommer un comité, dirigé par Tuizer, chargé d’étudier le remplacement des édiles actuels dans la région de Taïbéh, en raison d’une mauvaise gouvernance financière rampante. Il avait déjà fait la même chose dans quatre autres villes arabes.
L’objectif dudit comité est de compenser les dettes générées par la mauvaise gestion de la municipalité de Taïbéh et de la remettre sur les rails, financièrement, le déficit de cette ville ayant atteint 200 millions de NIS [nouveaux shekalim israéliens, ndt].
Le député (arabe) Ahmad Tibi (du parti UAL), qui habite à Taïbéh, a exprimé la semaine dernière son rejet de cette nomination « bizarre », disant qu’il s’agissait, en l’occurrence, d’un plan tordu visant à « trouver un job à Shlomo Tuizer ». Tibi a qualifié Tuizer d’ « activiste d’extrême droite », indiquant qu’en 2003, celui-ci avait adhéré au parti Israël Beiteinu, dont le programme avait comporté, par le passé, la remise de Taïbéh à l’Autorité palestinienne
Samedi après-midi, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans la ville, située près de la capitale régionale de Kfar Saba, afin de protester contre le décret pris par le ministre (israélien) de l’Intérieur. Des députés arabes à la Knesset en ont appelé à faire casser cette décision, la qualifiant de raciste, et la comparant à la loi martiale.
Tuizer nous a déclaré [nous = The Jerusalem Post] qu’il n’avait jamais été candidat pour la députation, et qu’il n’avait jamais adhéré au parti Israel Beiteinu, ni au parti Kadima, ni d’ailleurs à aucun parti. « J’ai aidé Avigdor Lieberman [le président d’Israel Beiteinu] aux élections de 2003, mais cela ne veut rien dire. Je n’ai jamais adhéré à aucun parti. Je ne suis pas un politicien. Pour l’instant, je suis un citoyen de « Taiba » [Taïbéh, en sioniste, ndt], et j’œuvrerai et agirai dans l’intérêt de tous les habitants. J’ai eu des postes difficiles, dans mon existence, et j’ai toujours agi pour le bien des gens. J’ai l’intention de travailler pour cette ville, parce que ses habitants méritent une éducation correcte et la propreté dans les rues exactement comme n’importe quel autre citoyen israélien. Les organisateurs de la manifestation d’hier ne s’attendaient pas à être si peu, et si marginaux. Je suis venu ici, hier, dans l’espoir de rencontrer des opposants m’attendant au tournant, mais j’ai été accueilli par des embrassades, des accolades et des vœux de succès », a-t-il conclu.
A nos questions, le ministre de l’Intérieur a répondu que cette nomination était strictement professionnelle et ne cachait aucun agenda politique subreptice. « Le ministère de l’Intérieur est désolé de constater que des maires qui n’ont pas su faire leur travail fassent retomber la faute de leur impéritie sur des problèmes qui n’ont strictement aucun rapport », a conclu le ministre.
Article original en anglais, The Jerusalem Post. 8 juillet 2007.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier.