Les Laboratoires de paix de l’Union européenne : le Plan Colombie de l’Europe ?

A quoi joue l’Union européenne en Colombie ? Quand le gouvernement de Clinton annonça son plan « anti-narcotique » (Plan Colombie), plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme et organisations sociales se prononcèrent contre ce qui était correctement décrit comme un plan militaire qui cherchait à tirer profit d’un discours anti-drogue pour repositionner les Etats-Unis sur le continent dans les domaines militaires et économiques. Le temps a donné raison à ces critiques, puisque aujourd’hui nous constatons une augmentation des forces états-uniennes dans le pays et nous assistons à une course pour s’approprier les ressources naturelles et les biens de l’Etat.

L’Union européenne dans son ensemble n’a pas appuyé le Plan Colombie pour sa haute composante militaire [1]. Elle a déclaré qu’elle effectuerait des investissements sociaux pour renforcer la société civile et appuyer par la même occasion la construction de la paix ; ces investissements ne feraient pas partie du mal nommé volet social du Plan Colombie. On suppose que ce sont les ‘Laboratoires de paix’ qui constituent cette contribution.

« Généralement, les ‘Laboratoires de paix’ sont présentés et perçus comme une stratégie proprement ‘européenne’, dans le domaine de la coopération au développement et pour la paix. Le nom lui-même induit qu’il s’agit d’un concept opposé au militaire et au belliqueux ; il lie ce qui est ‘pacifique’ à ce qui est ‘européen’, en opposition à la politique traditionnelle des Etats-Unis d’Amérique en Colombie, à prédominance militaire » [2].

Mais ces ‘Laboratoires’ sont-ils si différents de la composante sociale du Plan Colombie ? Si ce dernier par ses plans sociaux a cherché à calmer les critiques et en même temps à implanter des modèles de production pour préparer le terrain aux accords de libre-échange, que cherche l’Union européenne avec ses ‘Laboratoires de paix’ ? Quel est son rôle dans le conflit colombien ?

Il n’est pas facile d’y voir clair dans la proposition européenne, car l’UE n’est pas aussi transparente en terme d’information, au-delà de généralités sur la paix, le développement et le bien-être, etc. Les Etats-Unis ont été et continuent à être beaucoup plus explicites dans leurs plans pour le pays, ce qui est déjà préoccupant en soi.

Chris Patten [3] a annoncé le premier ‘Laboratoire de paix’ comme étant un plan pour construire la paix par en bas, renforcer le système judiciaire en Colombie et aider les victimes du conflit et en particulier les déplacés internes. Pourtant, le même communiqué de Patten indique que l’UE a des intérêts économiques en Colombie, puisque selon lui, l’investissement direct étranger y atteignait quelque 880 millions d’euros en 1999. Mais il a annoncé aussi que les grands capitaux n’entreraient dans le pays que s’il y avait stabilité. Ce commentaire n’est pas anodin si nous tenons compte du fait qu’au cours des dernières années, plusieurs entreprises d’Etat furent adjugées à de nombreuses entreprises multinationales (privatisées dans le cadre du Plan Colombie) En mai 2003, Chris Patten avait été plus explicite sur les intentions de l’UE en Colombie quand il avait déclaré :

« Les institutions de l’UE ne sont pas les seules à croire en la Colombie. Les entreprises européennes y croient aussi. L’UE est la principale source d’investissements étrangers dans ce pays, ce qui montre et augmente notre participation dans la recherche d’une solution négociée au conflit. Nous voulons faire tout ce qui est possible pour développer ces relations économiques… Nous essaierons de les accroître encore plus en travaillant davantage au succès de l’actuel cycle de négociation commerciale de l’Organisation mondiale du commerce. Pour nous, le cycle de Doha [4] doit non seulement libéraliser l’accès aux marchés mais il doit aussi promouvoir un programme de développement plus large… »

Cette déclaration ressemble à un communiqué préparatoire à un cycle de négociation de l’OMC ou à la célébration de quelque accord commercial et a peu de choses à voir avec des propositions de paix. Il semble que l’UE a des intérêts propres en Colombie et que ses plans ne sont pas aussi bienveillants qu’elle cherche à le montrer. Il est significatif qu’elle jouisse d’une très bonne image en Colombie en tant qu’actrice désintéressée et bénévole (à la différence des Etats-Unis). Ses intentions et ses propositions en Colombie n’ont jamais suscité autant de critiques et n’ont jamais été examinées d’aussi près que celles des Etats-Unis. On oublie dans certains cas et on méconnaît dans d’autres le rôle impérialiste de l’Europe en Afrique et en Asie, rôle tout autant sanguinaire, sinon plus, que celui qui a été joué et qui l’est encore par les Etats-Unis en Amérique latine. Et ce n’est pas de l’histoire, c’est de l’actualité. Il suffit de penser au rôle de la France dans les massacres au Rwanda ou au Zaïre, ou à l’appui que le régime blanc d’Afrique du Sud a reçu de la Grande-Bretagne jusqu’à la chute de l’Apartheid. On ignore aussi, à ce propos, que la domination exclusive des Etats-Unis sur le continent américain date de la première moitié du XXe siècle, car auparavant la Grande-Bretagne disputait son influence avec les Etats-Unis, y compris dans la course pour la construction du Canal de Panama. Et depuis que la Seconde guerre mondiale a porté le coup de grâce à l’impérialisme britannique sur ce continent, celui-ci cherche à jouer sa revanche.

L’Union européenne explique rarement quelles sont ses intentions pour le pays et nous oblige à nous contenter de commentaires ineptes du britannique Chris Patten, ex-gouverneur de Hong Kong et politicien conservateur raté. Pourtant, l’Union européenne a publié récemment une évaluation du premier ‘Laboratoire de paix’ qui nous éclaire un peu sur la pensée profonde de ces Européens « bénévoles » qui investissent tellement dans la « recherche de la paix » dans le pays.

Mais avant de regarder le contenu de ce document, il vaut la peine de rappeler que l’étude des documents respectifs du gouvernement colombien et des organismes multilatéraux nous montre que la conception, le développement et la mise en œuvre desdits ‘Laboratoires de paix’ ne sont pas tout à fait « d’origine » européenne, mais qu’ils font partie d’une politique intégrale « de développement et de paix » conjointe et partagée entre autres par le gouvernement colombien, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et l’Union européenne. [5]

Si nous observons les projets de l’Union européenne nous y voyons une continuité entre le Plan Colombie et les ‘Laboratoires de paix’, car ils s’appuient sur le même modèle de développement agricole. Dans le Magdalena Medio [centre-nord de la Colombie], l’UE promeut les monocultures de palme africaine, de caoutchouc et de cacao, comme l’a fait le Plan Colombie, et qui plus est dans les mêmes zones. Ils sont imbriqués l’un dans l’autre et il ne pourrait pas en être autrement car l’agence qu’utilise l’UE pour mettre en œuvre ses projets est la même agence qui a servi pour le Plan Colombie, la Banque mondiale et l’USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international, celle qui « développe » actuellement l’Irak).

Le Programme de développement et de paix du Magdalena Medio (PDPMM) est le principal gestionnaire des fonds internationaux dans cette région du pays, ce qui lui confère un immense pouvoir politique et économique et en fait l’interlocuteur naturel de l’UE par son expérience, sa capacité et, ce qui est loin d’être négligeable, son pari idéologique, qui est d’amener les communautés paysannes à agir dans le cadre de l’ouverture économique et non contre cette même ouverture qui a ruiné l’agriculture colombienne.

Le document public le plus complet sur les ‘Laboratoires de paix’ est peut-être le rapport d’évaluation du premier de ceux-ci. Il nous éclaire un peu sur ce que l’on pense faire dans le Magdalena Medio et en particulier dans la zone stratégique du Sud de Bolivar. Il y a trois questions intéresantes : la palme, les ressources minérales et le mal nommé processus de paix avec les paramilitaires [6].

La palme [7]

L’UE promeut la palme africaine de la même manière que le Plan Colombie et USAID. D’après elle :

L’économie paysanne peut difficilement fournir la base économique suffisante à la majorité de la population rurale. Les difficultés, en particulier par rapport aux prix de marché, qu’a connues le programme dans son appui aux cultures paysannes traditionnelles de cultures vivrières (yucca, maïs, etc.), démontrent que le développement de l’économie paysanne peut difficilement se fonder sur des efforts tournés uniquement vers les cultures paysannes traditionnelles. [8] Il en résulte que la production de cultures à valeur ajoutée relativement élevée (par exemple la palme africaine, le cacao, le caoutchouc) est donc considérée par le Programme comme une opportunité pour rompre le cycle de la pauvreté et de la marginalité de nombreux paysans de la région. [9]

S’il est bien certain que l’économie paysanne peine à satisfaire les besoins de la population, l’UE ignore complètement qu’un facteur important dans la crise du secteur paysan, au-delà de l’abandon traditionnel de la part de l’Etat, est l’ouverture économique. Celle des années 90 a fait perdre des centaines de milliers d’hectares et cela continue.

… le DANE (Département administratif national de statistiques) a révélé une croissance industrielle de 2,4% pour les sept premiers mois de l’année (2005). Pour le reste, l’information sur l’agriculture révèle une contraction monumentale des cultures de cycle court, comme le riz, le coton, le soja, le sorgo, etc. Il est certain que le secteur agricole diminuera par rapport à l’année précédente et la production augmentera difficilement de plus de 2,5%. Le pays est revenu au niveau des premières années de l’ouverture… [10]

Peu importe à l’UE qu’en Colombie la souveraineté alimentaire soit en danger [11] puisqu’elle est elle-même destinataire des produits exotiques comme l’huile de palme. De fait, la Grande-Bretagne consomme la moitié des exportations colombiennes de ce produit. Quand on dit que la Colombie ne peut pas satisfaire les besoins des paysans, on cache et on déguise un refrain idéologique qui tente de justifier la monoculture [12]. Comme le dit Mondragon : « l’opération historique d’expulsion de la paysannerie a été préparée et couverte depuis longtemps par une idéologie qui nie les possibilités de l’économie paysanne et considère la paysannerie, indépendamment des grands propriétaires, comme un obstacle au développement ». [13]

Quand le paysan tente de satisfaire ses besoins, il ne le fait pas dans les mêmes conditions que le grand propriétaire ou que les entreprises multinationales, car il reçoit moins de crédits et moins de subventions de l’Etat. D’après Suarez :

… même si au cours des deux dernières années le crédit accordé par le Fonds pour le financement du secteur agricole (Fondo para el Financiamiento del Sector Agropecuario, FINAGRO) à tous les membres de la chaîne agricole est passé de plus d’un milliard de pesos [14] en 2002 à 1,8 milliard en 2004, la participation des petits producteurs est à peine de 6% du total. En phase avec les tendances du secteur dans les dernières années, on a continué également à stimuler la production de cultures tropicales comme la palme, le caoutchouc, les fruits tropicaux et le cacao ; à cet effet, on comble par ailleurs d’exemptions fiscales ceux qui les produisent, entre autres mesures. [15]

Dans les projets de l’UE, du Plan Colombie, etc., outre la domination d’une culture comme la palme africaine, on constate aussi le déséquilibre dans la répartition des crédits. Entre 1999 et 2003, les petits producteurs de palme africaine (en incluant les alliances stratégiques) ont reçu 26,5% de tous les crédits approuvée par le FINAGRO. Pourtant, ils ont à peine reçu 0,1% des crédits approuvés par le FINAGRO pour le soutien des cultures de palme ! [16] Après s’être mis au travail, ils ne reçoivent presque rien en crédits et en subventions. Si les paysans recevaient 94% de l’argent du FINAGRO et non 6% et si c’était eux qui bénéficiaient des exemptions fiscales, ils pourraient satisfaire leurs besoins. Parler de l’inefficacité de l’un et de l’efficacité de l’autre quand le grand est subventionné par le pauvre est une posture idéologique néolibérale sans fondement dans la réalité, en plus d’être cynique. Pourtant, c’est la base de la politique européenne en Colombie. Le paysan colombien n’est pas inefficace, simplement il ne reçoit pas les mêmes crédits, exemptions, etc. que les grands.

Aussi, quand il essaie de concurrencer les importations étrangères il ne peut pas le faire. Il est, là encore, inefficace si nous en croyons l’UE et autres néolibéraux. Il doit ici rivaliser avec les grandes et les énormes subventions que reçoivent des Etats-Unis et de l’Union européenne, des entreprises comme Cargill, l’une des plus grandes du monde en matière de grains et de céréales. Bien que celle-ci soit l’une des plus grandes entreprises privées de la planète, le contribuable états-unien la subventionne pour qu’elle rivalise avec les paysans du monde, les paysans colombiens entre autres. Pourtant, pour l’UE, les problème réside dans la paysannerie et non dans le système qu’elle impose et qu’elle veut maintenant convaincre les paysans à accepter à travers ses ’Laboratoires de paix’.

L’autre partie des ‘Laboratoires de paix’ est celle qui se réfère au travail associatif. Ce modèle qui existe dans toute la Colombie, est un modèle où les travailleurs s’associent en petites coopératives et travaillent comme de petites entreprises mais ce sont eux qui prennent à leur compte tous les frais, la sécurité sociale, les uniformes, les outils, etc. et non le patron, qui se contente de les embaucher à l’heure ou à la tâche. Selon l’idéologie du travail associé, patron et travailleur associé sont des chefs d’entreprise et ont un intérêt commun, mais en réalité les adhérents des coopératives sont les mêmes travailleurs qu’avant, mais sans droits, et avec un salaire inférieur. Avec les paysans, ils produisent pour les entreprises selon des contrats où ils assument tous les frais de production mais avec des obligations contractuelles qui en font des employés mal payés travaillant leur propre terre. [17] Effectivement, les entreprises deviennent les véritables patrons ou du moins les usufruitières permanentes de la terre.

Ce modèle a reçu l’appui de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement qui en fait l’éloge, en particulier dans le cas de l’entreprise INDUPALMA de San Alberto, dont le syndicat a été détruit dans les années 90, un processus qui a culminé avec l’assassinat des dirigeants syndicaux en pleine campagne de signatures de pétitions.

Le travail associé est déjà la politique de l’Etat colombien et aussi des paramilitaires. Dans le Chocó, où les paramilitaires ont expulsé des communautés noires des terres qu’elles possédaient collectivement, on leur a proposé une alliance stratégique entre les « entrepreneurs », les paramilitaires et les déplacés. Devant le refus des communautés, l’Etat a choisi de légaliser la confiscation des terres par les paramilitaires. Dans le contexte du Magdalena Medio, Álvaro Uribe a déclaré au Congrès de la Société d’Agriculture de Colombie (SAC) en 2001 : « Si nous installons à Barrancabermeja une entreprise paysanne associative, nous exigeons de ces bénéficiaires qu’ils s’associent avec un entrepreneur efficace de San Alberto ; de cette façon, les paysans associés et les entrepreneurs qui possèdent une tradition d’efficacité répondront du succès de ces projets  ». [18]

Uribe met en pratique ce qu’il a annoncé au congrès de la SAC et les paramilitaires continuent à rivaliser avec lui. La référence à San Alberto n’est pas fortuite, car il s’agit d’une zone de palme africaine contrôlée par les paramilitaires, qui y ont assassiné plusieurs dirigeants syndicaux d’entreprises de palme comme INDUPALMA.

Le document de l’UE reconnaît qu’il y a des problèmes avec la culture de palme. Le rapport dit que les paysans sont vulnérables face au marché, notamment dans le cas de la palme, qui est une monoculture.

Dans sa relation avec le marché et les processus de commercialisation, la production paysanne se distingue, entre autres, par les caractéristiques suivantes : elle est faible et vulnérable face au marché parce qu’elle offre de petites quantités ; elle a une capacité réduite de stockage ; un accès restreint au crédit ; un endettement fréquent ; une localisation géographique périphérique ; elle dépend de la vente immédiate de la récolte à des intermédiaires, ce qui implique des prix bas. Toutes ces caractéristiques représentent à la fois des risques pour les projets productifs basés sur la culture dominante du Laboratoire. Ces risques sont particulièrement élevés dans le cas du projet de palme africaine, car il s’agit de la monoculture d’un produit intermédiaire périssable, qui exige l’accès à des « paquets » technologiques et une assistance technique nouvelle, alors qu’il n’existe pas encore une « culture » de la culture de la palme chez les paysans de la région.

Dans le cas de la palme (et à un degré moindre des cultures de cacao et de caoutchouc), les paysans sont toujours les producteurs directs de la matière première, mais ils ne contrôlent pas de façon autonome les exigences technologiques pour mettre en œuvre les cultures, et ils ne contrôlent ni les processus qui créent de la valeur ajoutée dans la chaîne du traitement (extraction, raffinage) ni la commercialisation du produit final, l’huile. [19]

Pourtant, bien que cette réalité soit reconnue, il n’est jamais proposé d’y faire face, car ces problèmes dérivent en partie des politiques d’ouverture tant vantées par Chris Patten. L’UE recommande de faire des études sur l’accès du paysan au marché de la palme tout en ignorant que sa vulnérabilité est la condition indispensable du mal nommé libre-échange. Elle recommande aussi de faire une étude sur la viabilité d’un contrôle paysan sur les autres maillons de la chaîne qui comportent une meilleure valeur ajoutée.

On voit clairement dans ces recommandations que jusqu’à maintenant de telles études n’existent pas. On ignore que la proposition de la palme est ancienne et propre au Plan Colombie : le PDPMM fait la promotion depuis les années 90 de la supposée « palme paysanne », mais elle n’est semée que depuis l’an 2000. Dans un entretien que j’ai réalisé en 2002, avec le directeur du PDPMM, Francisco de Roux, celui-ci a déclaré qu’il existait des études réalisées par eux sur la viabilité de la palme et l’accès des paysans au marché, et qu’ils avaient même des plans pour construire une raffinerie. Autrement dit, ils ont vendu l’histoire aux paysans, en leur disant qu’ils avaient toutes les études que l’UE elle-même dit qu’elle n’a pas, et qui par conséquent n’étaient jamais là quand ils essayaient de convaincre le paysan.

Mais pourquoi l’UE propose-t-elle et finance-t-elle des projets s’ils ne sont pas basés sur des études adéquates ? Est-ce que ce qui se passe chez les paysans n’a aucune importance pour elle ? Ou y aurait-il d’autres intérêts en jeu ?

Dans le meilleur des cas, il est ingénu de penser à un contrôle des paysans sur la chaîne de production. Il n’y a aucune possibilité pour que les paysans parviennent à un contrôle quelconque sur les autres maillons de la chaîne de production. Il suffit de regarder la production du café. La Colombie se situe parmi les trois premiers producteurs du monde en volume et en valeur. Pourtant, l’Allemagne produit plus de café torréfié que la Colombie. De fait, cette dernière n’est pas de fait exportateur de café torréfié, elle occupe le 43e poste au niveau mondial. Cette situation est due à à la nature même de l’économie colombienne comme producteur de matières premières. Si après plus de cent ans de culture de café en Colombie, ni les paysans ni les grands propriétaires ne sont parvenus à un contrôle significatif sur la production et l’exportation de café torréfié, quelle possibilité ont-ils maintenant d’y parvenir avec d’autres produits en pleine ouverture économique ?

Si l’UE n’a pas de réponse, la réponse est, tout simplement : aucune. Il est naïf ou trompeur de dire le contraire. Une telle possibilité nécessiterait un changement dans la politique néolibérale de l’UE et de l’Etat colombien lui-même. Avec l’autre culture dominante, le cacao, il est certain que le paysan peut arriver à quelque contrôle de la production, mais uniquement sur une petite échelle, car les entreprises de chocolat, Empresa Nacional de Chocolates y Luker S.A. représentent 87% du marché.

L’autre problème grave signalé par le rapport est que :

A l’heure actuelle se développe un processus accéléré de concentration dans quelques mains des meilleures terres de la région. Les groupes de narcotrafiquants et de paramilitaires lavent ou « formalisent » leurs capitaux à travers l’achat de propriétés foncières pour « s’enrichir » ou pour de grands projets économiques (la palme africaine, l’élevage) [20].

De plus :

Il faut noter que dans les grands projets productifs, comme celui de la palme africaine, il existe, en plus des intérêts des paysans qui y participent, des intérêts pour les différents acteurs tels que : guérilla, paramilitaires, cultivateurs agro-industriels et producteurs ou trafiquants de coca. [21]

A présent c’est indéniable, car les paramilitaires eux-mêmes ont dit publiquement qu’ils appuyaient les cultures de palme. Vicente Castaño, dans un entretien avec la revue colombienne Semana a reconnu qu’ils étaient derrière la culture de palme dans le Chocó, où les communautés noires ont été expulsées de leur territoire collectif. Les paramilitaires du Bloque Centauros a également annoncé en juin 2004 qu’ils pensaient ensemencer 30 000 hectares comme barrière « naturelle » à la guérilla.

Bien que l’UE ne veuille pas le reconnaître, son appui aux cultures de palme fait partie d’un débat sur le futur de l’agriculture colombienne et elle et ses intermédiaires fournissent une couverture idéologique au processus d’expansion de la palme et au système de monoculture.

Dans le département du Chocó, où les communautés noires ont été expulsées de leurs terres, les chefs d’entreprise appuyés par les paramilitaires proposent que les communautés reviennent sur leurs terres et adoptent le même modèle associatif que le Plan Colombie et l’UE ont favorisé dans le Magdalena Medio. Devant le refus des communautés noires, l’Institut colombien de développement rural (INCODER) a légalisé l’expulsion et accordé 10 000 hectares de terres collectives transférées des communautés aux paramilitaires. Il n’est pas non plus fortuit que dans le département du Cesar, où existent déjà de grandes surfaces de palme, on envisage un projet de réinsertion pour les paramilitaires et on dit rechercher des fonds étrangers pour le financer.

Les ressources minérales

Avec les ressources minérales, bien que les auteurs du rapport de l’UE ne le reconnaissent pas, il y a aussi des intérêts en jeu, comme ceux de l’entreprise multinationale Anglogold Ashanti qui opère sous le nom de La Kedahda S.A. Le rapport dit vouloir promouvoir l’exploitation de minerais au Sud de Bolivar où existent les plus grands gisements aurifères du monde, exploités par des milliers de mineurs artisans. Il reconnaît qu’il y a des craintes face à la réinsertion de paramilitaires dans la zone. Son souhait est que ceci ne se produise pas, mais sa politique est en contradiction avec cela. D’un côté l’UE appuie le « processus de paix » avec les paramilitaires et elle s’est exprimée dans ce sens en diverses occasions. Par processus de paix, on comprend le cas de Santa Fe de Ralito où les chefs paramilitaires se reposent tout en continuant à coordonner leur organisation [22]. Le rapport dit que : « Au cours des derniers mois le dialogue de l’Etat avec les paramilitaires des Autodéfenses a été initié. En plus de la zone de dialogue de Santa Fe de Ralito, il y aura une zone de dialogue dans le Sud de Bolivar. » [23]

La zone de dialogue du Sud de Bolivar se fera bien sûr avec les paramilitaires car en aucune manière on ne peut supposer en ce moment qu’il puisse s’agir d’un dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN) [24] et encore moins avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ne contrôlent pas la totalité de la zone mais la partie la plus au sud ; et les paramilitaires du Sud de Bolivar sont candidats pour une mal nommée « démobilisation » qui nécessite un territoire.

Ce dialogue pourrait avoir lieu dans la zone minière où il existe l’un desdits ‘Espaces humanitaires’ où, selon le rapport, l’UE prétend en renforcer les organisations [des communautés] et créer des espaces de concertation et de dialogue ; les principales parties impliquées dans le conflit seront convoquées et des accords fondamentaux seront établis pour affronter les principales causes du conflit et créer un espace de protection pour la vie, le travail et l’éducation des communautés. [25]

On prétend, selon le document, convertir le Sud de Bolivar en première zone sans coca et sans conflit, ce qui nécessite un dialogue régional incluant les paramilitaires. Le directeur du PDPMM a déclaré à plusieurs reprises que « le Magdalena Medio se construit avec tout le monde  ». Ce « tout le monde », selon le directeur, inclut les paramilitaires (mais il ajoute qu’ils doivent changer).

Le plus préoccupant c’est que depuis 10 ans les paramilitaires ont tenté de prendre la zone pour livrer les ressources minières aux entreprises minières multinationales. Les organisations sociales sont parvenues à en empêcher l’accès aux entreprises. Pourtant, aujourd’hui, dans le cadre d’un ‘Laboratoire de paix’ et d’un ‘Espace humanitaire’ dans la zone minière, une nouvelle multinationale s’approprie les mines.

La Kedahda S.A., une filiale de la multinationale Anglogold Ashanti, possède déjà une zone à son nom et deux autres au nom de son gérant suppléant au Sud de Bolivar. Dans cette affaire il y a une femme bien connue chez les petits mineurs, Luisa Fernando Aramburo Restrepo, qui fut l’avocate de la multinationale Corona Gold Fields et de la famille Illera Palacio, qui avaient tenté de s’emparer des mines dans les années 90. Elle fut aussi l’auteur du Code des mines du gouvernement de Samper (1994-1998). Ce Code des mines contenait des articles qui non seulement prétendaient octroyer les mines du Sud Bolivar aux multinationales, mais il contenait également un article favorisant exclusivement l’entreprise qu’elle représentait, Corona Gold Fields. Ce Code fut déclaré inconstitutionnel. En plus de représenter les multinationales minières, Madame Aramburo était l’une des deux associés de l’Empresa Minera San Lucas. [26]

Maintenant, Aramburo est revenue tourmenter les petits mineurs, car elle fait partie du directoire de la Kedahda S.A., où elle est la seule Colombienne. Il est clair qu’aujourd’hui cette entreprise n’a pas de difficultés pour rentrer dans une zone où auparavant les multinationales ne pouvaient pas pénétrer. L’avenir des mineurs est incertain, car le nouveau Code des mines, également rédigé par des avocats de multinationales, favorise ces dernières. La politique de concertation de l’UE et la posture idéologique du PDPMM selon laquelle le pays se construit avec tout le monde (y compris les paramilitaires) désavantage les gens de la zone car ils subiront des pressions pour signer des accords avec la multinationale. Il y a 10 ans les mineurs ont été convoqués pour participer à une conciliation avec la famille Illera Palacio [27], des menteurs et des usurpateurs qui n’avaient aucun droit sur les mines, ce qui ne les a pourtant pas empêchés d’essayer de convaincre les mineurs de signer un accord avec eux.

Aujourd’hui, quand l’UE prétend qu’elle veut promouvoir les petites exploitations minières au Sud de Bolivar, elle a recours au mensonge, car juridiquement le concept de petite exploitation minière n’existe plus, il n’existe dans le Code des mines que l’exploitation minière, sans distinction aucune entre la petite et la grande. Ici les communautés courent le risque de faciliter l’entrée des entreprises multinationales.

Débat idéologique

Ce que proposent l’UE et le PDPMM avec les ‘Espaces humanitaires’ c’est de démobiliser les communautés et de leur ôter toute capacité de mobilisation. Comme le signale le rapport, le ‘Laboratoire’ (lisez PDPMM) s’est converti en un « espace d’échange d’idées, de débat et de recherche de solutions pour les différents problèmes régionaux, mettant en relation les niveaux subrégional et régional avec les niveaux national et international. »

Aujourd’hui le pouvoir de mobilisation des communautés diminue de plus en plus alors que celui du PDPMM augmente. La zone a subi un blocus alimentaire et médical de la part des paramilitaires et de la force publique (moindre aujourd’hui). Les dirigeants de la zone qui ont signé les accords avec le gouvernement de Pastrana en 1998 ont été assassinés, criminalisés ou ont disparu. Toutes les organisations sociales du Sud de Bolivar participent ou veulent participer aux ‘Laboratoires’. Ce n’est pas tellement par affinité idéologique ou par confiance, mais dans la pauvreté, une organisation sociale peut difficilement rejeter des offres d’argent pour ses projets. S’il est bien certain que les organisations sociales ont pu en certaines occasions faire plier le PDPMM et l’obliger à financer des projets qui sont réellement ceux de la communauté [28], le PDPMM est de plus en plus en situation de les supplanter ou d’imposer ses critères idéologiques d’ouverture économique, de dialogue et de conciliation avec les paramilitaires. Comme l’a dit un dirigeant paysan : « Nous sommes conscients que les projets d’agriculture vivrière sont la carotte avec laquelle ils essaient d’introduire leurs projets de monoculture de palme et de caoutchouc ». [29]

L’assaut contre les dirigeants n’a pas cessé. Les détentions les plus récentes ont eu lieu en octobre 2005 quand trois dirigeants et participants de l’ ‘Espace humanitaire’ de Micoahumado dans la commune de Morales furent détenus et accusés de rébellion. L’UE ne s’est pas prononcée sur la détention mais s’est bien prononcée sur les accords avec les paramilitaires pour leur donner son aval et son soutien.

Maintenant que plusieurs projets des organisations sociales sont financés par le PDPMM et le ‘Laboratoire’, ils pourront résister aux pressions politiques si les projets futurs ou actuels sont en danger. L’argent c’est le pouvoir et l’UE se situe clairement du côté du dialogue avec les paramilitaires et de l’ouverture économique. Les ‘Laboratoires’ sont un mécanisme pour rompre la résistance à ces politiques, ils ne sont pas une tentative pour contruire la paix.

Si on voulait monter un ‘Laboratoire de paix’ dans une zone touchée par la violence, où la communauté a organisé ses propres initiatives de paix, ce n’est pas le Magdalena Medio qu’il faudrait choisir mais l’Uraba chocoano [du Choco] ou antioqueño [d’Antioqua]. Il existe plusieurs communautés qui résistent depuis une décennie aux paramilitaires et qui sont bien organisées. Il s’agit des communautés de résistance de Jiguimiandó, de Cacarica… ainsi que celle de San José de Apartadó [30]. Elles se sont déclarées contre la présence de tout acteur armé sur leur territoire, y compris les forces armées de l’Etat et la police. Elles ont rejeté la tentative d’Uribe quand il était gouverneur d’Antioqua de militariser leurs communautés et de les impliquer dans le conflit aux côtés de l’armée. Aujourd’hui ce sont ces communautés, en particulier celles du Chocó, qui s’opposent aux grands projets paramilitaires de palme africaine. Et l’Union européenne avec ses propositions de paix ? Il semble bien que dans la recherche de la paix, ces communautés têtues, qui ne sont pas disposées à être utilisées pour l’expansion du capital agro-industriel, l’intéressent peu, ce qui l’intéresse n’est pas précisément la paix, mais le « développement » capitaliste.

Comment sera l’avenir ?

Si la Colombie et le Magdalena Medio suivent le chemin tracé par l’UE, la Banque mondiale, les Etats-Unis, etc., l’avenir sera une désolation. En Colombie, il y a plusieurs exemples de ce qui arrive quand une région mise sur la monoculture et l’agro-industrie au détriment des communautés paysannes. Il suffit de regarder le Valle del Cauca, qui présentait il y a moins de 60 ans un paysage de forêts, de rivières, d’animaux et une biodiversité élevée, aujourd’hui échangée contre la monotonie de la monoculture de la cane à sucre. [31] Ce changement a également été promu par des intérêts étrangers.

Mais ce n’est pas la peine d’aller si loin dans l’histoire. Il suffit de voir les monocultures de pin et d’eucalyptus à Quindío où les champs ont été remplacés par des déserts verts. Quindío, comme le Valle del Cauca, importe depuis d’autres régions de la Colombie et de l’étranger son alimentation alors qu’avant il en produisait une grande part. A San Alberto, dont Uribe fait tant d’éloges, et à Puerto Wilches (deux localités de la palme), combien reste-t-il de paysans ?

Ce qui est en jeu n’est pas uniquement l’avenir des paysans, mais celui de la Colombie. C’est la sécurité et la souveraineté alimentaire qui sont en jeu. Ce qu’on prétend c’est que la Colombie importe ses aliments et exporte des produits exotiques comme le cacao, l’huile de palme, etc.

Un pays qui dépend de l’importation de produits aussi basiques que les céréales est un pays faible au moment où il doit défendre ses propres intérêts. Dans la négociation du traité de libre-échange, les Etats-Unis ont déclaré que si la Colombie ne signait pas le traité [32], ils ne renouvelleraient pas le système de préférences pour certaines exportations colombiennes (ATPDEA, Accord commercial préférentiel et d’éradication de la drogue) [33], ce qui a fait trembler le gouvernement. Qu’est-ce qui empêche que dans le futur, l’UE ou les Etats-Unis obligent la Colombie à changer sa politique ? Par la menace de lui couper l’approvisionnement en aliments (qui ne sont déjà plus produits en Colombie mais importés des Etats-Unis ou de l’UE). Ou alors, si ce scénario se révèle difficile à imaginer, s’ils arrêtaient simplement d’acheter les produits colombiens (ce qui pourrait arriver simplement par l’obtention de meilleurs prix ailleurs).

Pour les Etats-Unis, la question de l’alimentation de sa population est une question de sécurité nationale. Ils comprennent bien que tout pays qui ne peut pas être autosuffisant dans les produits de base est fragile et peut être vaincu dans une guerre et dans la politique internationale en temps de paix. « L’expansion du commerce international est vitale pour la sécurité nationale des Etats-Unis […]. Les accords commerciaux servent les mêmes buts que les pactes de sécurité durant la Guerre froide ». [34]

Bien que l’UE ne dise pas les choses aussi clairement, son appui à la tentative de faire fléchir le régime despotique de Saddam Hussein par un blocus alimentaire montre qu’elle comprend le pouvoir du contrôle alimentaire. Le paysan colombien autosuffisant en denrées vivrières ou du moins qui n’est pas totalement dépendant de produits importés entrave cette relation. Elle a recours au mensonge afin de s’imposer, en disant au paysan qu’il est pauvre parce qu’il s’est trompé de produit et que cela n’a rien à voir avec la structure de l’économie mondiale. Elle ne dit jamais au paysan combien de produits alimentaires il pourra acheter sur le long terme avec l’argent de sa production exotique, parce qu’en faisant une telle comparaison le paysan verrait la chose d’une autre manière.

C’est Vandana Shiva qui a effectué une telle étude. Elle a calculé qu’avec la culture de fleurs et l’élevage de crevettes en Inde on ne peut acheter que le quart de ce que l’on a pu avoir en cultivant sur ces mêmes terres si l’on prend en compte de tous les frais associés à la culture.

Mais si l’on veut croire aux bontés des propositions productives de l’UE, il faut se demander pourquoi elle lie ses propositions d’aide aux paysans à l’acceptation d’un processus de concertation avec les paramilitaires. La question n’est pas anodine, car si réellement ils ne s’agissait que qu’aider les pauvres, ce ne serait pas lié au processus avec les paramilitaires, pas plus qu’à l’appui de la Colombie aux positions de l’UE dans les cycles de négociations à l’OMC. Pourtant, ces connexions se font parce que ce que veut l’UE, c’est disputer le terrain aux Etats-Unis pour l’avenir du marché colombien et la domination politique sur ce pays si stratégique. Dans le sens où le Plan Colombie fut une stratégie déguisée pour contrôler le pays, les ‘Laboratoires de paix’ sont le Plan Colombie de l’Europe. Et comme toujours, il y en a qui pour des miettes de pain de la table de l’UE sont prêts à livrer le pays : les « Oncle Tom » latinos, les esclaves de la maison qui vénèrent leur maître en sacrifiant les esclaves des champs qui subissent les coups de fouet du maître.

Notes:

[1] [NDLR] Lire Maurice Lemoine, Plan Colombie, passeport pour la guerre, RISAL, août 2000.

[2] Reis, Bettina (2004) La Estrategia de cooperación de la UE en Colombia con énfasis en los laboratorios de paz : objetivos, resultados, resultados, viabilidad y perspectivas. Allocution présentée lors du séminaire “Bilan et perspectives des relations politiques et de coopération entr el’UE et la Colombie”, du 14 au 16 juillet 2004, Lleida, Cataluña.

[3] [NDLR] Commissaire aux relations internationales de l’Union européenne entre 2000 et 2004.

[4] [NDLR] Ce que l’on appelle communément l’Agenda de développement de Doha est l’accord adopté lors de la 4e Conférence ministérielle de l’OMC qui s’est tenue à Doha, au Quatar, en 2001. Cet « agenda » indique la marche à suivre pour réaliser une plus grande libéralisation des échanges des biens et des services dans l’ensemble des pays membres de l’OMC. Sur la Conférence de Doha, voir : http://www.urfig.org/nouv-doha-qatar-pt.htm.

[5] Ibid.

[6] [NDLR] En décembre 2002, un cessez-le-feu (non respecté) a été déclaré entre le gouvernement colombien et les paramilitaires (Autodéfenses unies de Colombie) afin de mener à bien un très contesté processus de « paix » et de « démobilisation » des forces d’extrême droite. La démobilisation a pris fin ce 17 avril selon le gouvernement. Plus de 30.000 combattants auraient rendu leurs armes.
Sur ce sujet, consultez le dossier « Avec Uribe, l’impunité pour les paramilitaires » sur RISAL.

[7] [NDLR] Lire Tom Kucharz, Palme de la mort : des terres ravagées à feu et à sang, RISAL, 14 avril 2006.

[8] Voir par exemple, Dario Faiardo Montana, , Para Sembrar la Paz hay que Aflojar la Tierra, Universidad Nacional de Colombia”, Instituto de Estudios Ambientales, Bogotá, 2002.

[9] Rudqvist, A.Y Van Sluys, F (2005) ) Informe Final de Evaluación de Medio Término Laboratorio de Paz del Magdalena Medio sur : www.delcol.cec.eu.int/es/index.htm p.25.

[10] Sarmiento P, E. (2005) : “Tras la apertura del TLC”, El Espectador, 2 au 8 octobre 2005 p. 2B.

[11] Ici nous parlons de souveraineté alimentaire, un terme clair à la différence su terme de sécurité alimentaire utilisé par l’UE et qui peut se comprendre comme la capacité d’acheter des aliments importés.

[12] [NDLR] Culture d’une espèce végétale unique sur les mêmes superficies pendant de nombreuses années.

[13] Mondragón, H. (2005) : Efectos del modelo autoritario de Álvaro Uribe Vélez en los derechos de los campesinos en El Campo : Una Carta Por Jugar, ILSA, Bogotá, 2005 p. 54.

[14] [NDLR] Un euro équivaut à environ 2.900 pesos.

[15] Suárez, A., Impacto del Tratado de Libre Comercio en la estructura agropecuaria colombiana en El Campo : Una Carta Por Jugar, ILSA, Bogotá, 2005, p. 36.

[16] Source : Anuario Estadístico 2004 de Fedepalma.

[17] Voir Ó Loingsigh, G. (2004) “La Estrategia Integral del Paramilitarismo en el Magdalena Medio de Colombia” sur : www.redcolombia.org/libro.

[18] Uribe cité par Mondragón op. cit.

[19] Rudqvist, A. Y Van Sluys, F. (2005) op. cit. p 26.

[20] Rudqvist, A. Y Van Sluys, F. (2005) op. cit. p 21.

[21] Rudqvist, A. Y Van Sluys, F. (2005) op. cit. p 43.

[22] [NDLR] Santa Fe de Ralito est la zone où résident actuellement de nombreux leaders des Autodéfenses unies de Colombie, les paramilitaires d’extrême droite, dans le cadre d’un processus de dialogue avec le gouvernement.

[23] Rudqvist, A. Y Van Sluys, F. (2005) op. cit. p 24.

[24] [NDLR] ELN, Ejercito de Liberacion Nacional, Armée de libération nationale, seconde guérilla en nombre de combattants du pays.
Le Sud de Bolivar une zone historique de l’ELN. A partir de 2000 et suite à une série de réunions à Cuba du gouvernement colombien avec les insurgés, des rencontres envisageant la création d’un « zona de despeje » de l’autre côté du fleuve Magdalena et d’où la force publique se retirerait laisser place aux dialogues de paix, une importante offensive paramilitaire (et militaire) a été menée afin notamment de saboter un tel processus. Notons cependant que des rapprochements s’opèrent actuellement entre l’ELN et le gouvernement sur la possibilité d’initier un processus de dialogue.

[25] Rudqvist, A. Y Van Sluys, F. (2005) op. cit. p 19.

[26] Sintraminercol.

[27] Sintraminercol.

[28] L’un des grands mythes du PDPMM, et finalement du Laboratoire, c’est que leurs propositions viennent de la communauté, d’autant plus quand ce sont des propositions qui viennent d’en haut, quoique avec une subtilité presque admirable.

[29] Dirigeant paysan, anonyme pour des raisons de sécurité.

[30] [NDLR] Lire John Ludwick, Colombie : quatre communautés paysannes rompent avec le système judiciaire, RISAL, 23 décembre 2003 ; Martha Ruiz, L’université de la résistance, RISAL, 29 mai 2005.

[31] Giraldo, R. (2005) : Reconstrucción del paisaje vallecaucano en la percepción que de él tuvieron los autores vernáculos del siglo XIX y principios del XX, Xerox.

[32] [NDLR] Le 27 février 2006, les gouvernements colombien et états-unien sont finalement arrives à un accord dans les négociations pour la signature du traité de libre-échange.

[33] [NDLR] L’Andean Trade Preferential Act (ATPA) a été signé en 1990, instituant des tarifs douaniers préférentiels pour les produits andins en échange d’une coopération dans la lutte contre la drogue – même si cet aspect est vite passé au second plan. En 2002, l’accord a été renouvelé pour une durée de 4 ans, sous le nom d’Andean Trade Preferential Drug Eradication Act (ATPDEA). Il affirme de manière plus forte la composante sécuritaire et militaire, toujours en échange de dispositions commerciales préférentielles.

[34] Trade Promotion Authority cite par Suárez, A. op. cit. p 47.

En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

Source : revue Pueblos (www.revistapueblos.org), 16 décembre 2005.

Traduction : Marie-José Cloiseau, pour le RISAL (www.risal.collectifs.net).



Articles Par : Gearóid O Loingsigh

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