Les motifs des changements de régimes politiques et économiques: intérêts-ambitions-conquêtes-domination
Chaque peuple, chaque nation ont leur propre régime politique, économique et social. Les voies par lesquelles ces régimes prennent forme sont multiples : démocratie populaire, démocratie oligarchique, coup d’État ou, encore, corruption des têtes qui gouvernent le pays. Les motifs qui donnent lieu à de telles initiatives sont également multiples. Dans tous les cas, des intérêts spécifiques en sont à l’origine. Les peuples voudront reprendre le pouvoir de l’ensemble de leurs institutions politiques et économiques dans le but d’en être les premiers bénéficiaires. Les oligarchies nationales en feront tout autant pour en être également les premiers bénéficiaires.
Ces luttes internes trouveront leur prolongation à l’échelle internationale chez ceux-là mêmes qui mènent le même combat. Les peuples du monde seront solidaires entre eux tout comme les oligarchies du monde seront solidaires entre elles. La convergence des intérêts explique ces solidarités, peu importe ce qu’en dit le droit international et la Charte des Nations Unies. Les impératifs du droit s’inclinent devant les pouvoirs économiques, oligarchiques et impériaux qui n’en font qu’un pour les fins de cette cause.
Le maquillage humanitaire des changements de régime
Le panorama international des guerres qui ravagent, présentement, peuples et nations nous en dit long sur ces intérêts dissimulés par des discours, de ce qu’il y a de plus humanitaire. Par exemple, le renversement du régime de Saddam Hussein selon la version officielle avait pour objectifs officiels l’élimination d’un dictateur sanguinaire et la sécurité de l’Humanité, menacée par des armes de destruction massive.
Les intérêts cachés de la guerre en Irak par un discours de ce qu’il y a de plus humanitaire : sauver le peuple d’Irak d’un dictateur sanguinaire et l’Humanité d’armes de destruction massive. Une mission, en tout point humanitaire, qui aura causé plus de trois millions de morts et asservi, jusqu’à ce jour, tout un peuple. Pas un mot, sur les intérêts politiques et économiques de ceux qui en ont été les envahisseurs. Il en va de même pour la Libye et la Syrie : libérer ces peuples de leurs dictateurs (Kadhafi et Bachar al Assad) et leur ouvrir ainsi la voie à la liberté. Plus humanitaire que ça, ce n’est pas possible. Les centaines de milliers de morts et encore davantage de blessés ne peuvent être que le résultat de dommages collatéraux. ON se souviendra des bombardements humanitaires sur les populations civiles en Libye.
À cette liste limitée du MO, je me permets d’ajouter le cas du Venezuela où les oligarchies et l’empire (É.U.-OTAN) sont déterminés à changer le Régime politique et économique. Bien que le Venezuela soit l’un des régimes les plus démocratiques de l’Amérique latine, Maduro, son président, est qualifié de dictateur par ces bons samaritains au service de la démocratie et de la liberté. L’image du Venezuela, telle que présentée par les médias qu’ils contrôlent, est celle d’un pays en ruine. Pour ces derniers, les pauvres sont abandonnés à eux-mêmes et tous ceux qui le peuvent s’exilent en terre étrangère. Une image bien loin de la réalité. La démocratie y est bien vivante et son exercice repose sur un système électoral qualifié par la Fondation Carter comme l’un des plus fiables au monde. Le 31 décembre dernier, plus de 41% des électeurs sont allés aux urnes pour élire une Assemblée nationale constituante, soit 8 089 324 votes. Comme point de référence, l’Assemblée nationale législative avait été élue, en 2015, avec 39,61% des voix. Une victoire célébrée alors par l’opposition officielle comme une grande victoire. Le Chili, tout récemment, a élu son nouveau président avec 26% de l’électorat. Toujours est-il que le Venezuela, pour ceux qui veulent en prendre le contrôle, demeure toujours une dictature qui opprime son peuple.
Les véritables motifs des changements de régime
Sur les 197 États existants, dont 193 sont membres des Nations Unies, un nombre très limité de ces derniers fait l’objet d’une intervention internationale de changement de régime. Derrière le voile humanitaire, si bien orchestré pour manipuler l’opinion mondiale, il y a une tout autre réalité qui donne froid aux yeux. Cette dernière se révèle dès que nous nous posons la question des intérêts qu’un tel changement de régime représente pour ceux qui en sont les auteurs. Elle nous conduit également aux ambitions économiques et géopolitiques de ces derniers. Il en résulte inévitablement la conquête des richesses et du pouvoir géostratégique que représente la cible. Tout cela met à découvert l’objectif global de ces interventions guerrières : la domination des peuples et des nations. De ces éléments, les médias « meanstream » ne parlent pas. Le mensonge, enveloppé de manipulation, règne en maître dans ce monde où l’humanitaire n’est qu’une façade qui n’existe que pour les faiseurs et diffuseurs d’images. On fait tout pour que le monde ne voit pas ce qui se passe derrière les rideaux, qu’il n’entendent pas ce qui se dit derrière les murs.
Je me permets de terminer avec cet extrait de l’Évangile selon Mathieu. Il cadre bien avec cet article.
« Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. 16 Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent » Mt, ch.13, 14-16)
De quoi méditer pour tous ceux et celles qui croient toujours qu’une Humanité qui génère justice, vérité, paix, solidarité est toujours possible.
Oscar Fortin
13 mars, 2018