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Les océans pour la survie de l’humanité (deuxième partie)
Par Prof. Jules Dufour
Mondialisation.ca, 24 mars 2015

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Dans la première partie nous avons analysé les différentes menaces qui pèsent sur les écosystèmes côtiers et marins. Nous avons fait état des signes de dégradation ou de détérioration des milieux marins : Les décharges de matières azotées, la destruction des coraux, la  perte d’habitats, les effets de l’augmentation du niveau de la mer, la surexploitation des ressources halieutiques, la formation des zones mortes et l’accumulation des déchets et des plastiques. Nous avons, ensuite, esquissé les mesures globales (stratégies et conventions) appliquées en vue de restaurer le milieu marin. Enfin, nous avons présenté le réseau mondial des aires marines protégées. Pour illustrer ce réseau nous avons choisi de présenter, ici, trois expériences dans lesquelles le concept de la conservation et de l’utilisation durable des ressources a présidé depuis plusieurs années au développement des activités économiques: La réserve marine des îles Galápagos en Équateur, le parc marin de la Grande Barrière de Corail en Australie et la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio située au sud de la Corse.

Il s’avère que ces aires marines protégées sont bien connues et fort fréquentées. C’est la raison pour laquelle le statut de protection qu’elles ont obtenu permet, en principe, d’assurer la conservation et le renouvellement des ressources. La Grande Barrière, par sa vaste superficie et ses richesses biologiques, constitue depuis la création du parc marin en 1975 un champ expérimental de la conservation et de l’utilisation durable des ressources marines pour l’ensemble de la planète. La Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio doit relever le défi d’une forte fréquentation dans un espace peu étendu. La réserve marine des Galápagos est un laboratoire de gestion intégrée des ressources, un modèle unique pour l’ensemble de l’Amérique latine et même sur le plan mondial. Nous avons eu le privilège de visiter ces trois aires protégées et d’observer sur le terrain les résultats des efforts de conservation obtenus. La réussite de ces expériences est absolument nécessaire pour assurer une mobilisation accrue pour la conservation des ressources dans toutes les régions du monde.

I. Le réseau mondial des aires marines protégées

Les aires marines protégées couvrent désormais 2,8% des océans – une superficie plus grande que l’Europe – selon la carte officielle issue de la base de données mondiale sur les aires protégées, gérée par l’UICN et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

La carte mondiale des aires océaniques protégées permet, pour la première fois, de géo-localiser facilement les aires marines protégées dans le monde, pour tout public. En outre, elle offre la possibilité de suivre les progrès réalisés pour la protection des océans et d’identifier les zones qui mériteraient d’être incluses (figure 1).

Figure 1. Localisation des aires océaniques protégées

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/3862-carte-oceans-zones-protection

«Elle matérialise ainsi les progrès obtenus ces dernières années grâce à la création de grandes aires marines protégées en mer, en complément des nombreux sites de plus petite taille qui existent dans les eaux côtières de nombreux pays. Ces évolutions sont particulièrement visibles autour des eaux territoriales de l’Australie, de la France et de l’Afrique occidentale.  Elle prend en compte les données officielles de WDPA (World Database on Protected Areas) et un certain nombre d’autres données concernant les aires marines protégées (AMP), comme les parcs naturels marins, sur le point d’être désignées».

«Ainsi, la carte montre une augmentation de 0,6% de la superficie des zones protégées depuis 2012».

«Il est encourageant de constater les progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent », a déclaré Carl Gustaf Lundin, Directeur du Programme mondial marin et polaire de l’UICN. « Protéger moins de 3% de l’océan n’est pas encore suffisant pour assurer sa conservation durable. Toutefois, si nous continuons à augmenter cette superficie de un pour cent chaque année, nous devrions être en mesure d’atteindre l’objectif de 10% d’ici 2020. Nous espérons que cette carte va rendre ce processus beaucoup plus efficace» (http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/ioc-oceans/priority-areas/rio-20-ocean/10-proposals-for-the-ocean/). En 2014, a été créé Le parc naturel de la mer de Corail  qui est à ce jour la plus grande aire marine protégée au monde. Celle-ci a été instituée par le gouvernement de la nouvelle Calédonie. Avec un million trois cents mille kilomètres carrées ce parc couvre la totalité de l’espace maritime de la nouvelle Calédonie (oceanplus.tv).

II.  Galapagos – Grande Barrière – Bonifacio

  1. 1.    La réserve marine des Galápagos

La réserve marine des Galápagos créée en 1998 se situe dans l’océan Pacifique à 1000 kilomètres à l’ouest du territoire continental de l’Équateur (figure 2). Sa superficie est de 133 000 kilomètres carrés (figure 3). Les îles Galápagos et les eaux qui l’entourent représentent l’un des écosystèmes les plus remarquables dans le monde en raison de sa très riche biodiversité. La réserve a obtenu le statut de site du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001.

Figure 2. Localisation de la réserve marine des Galápagos

 

Source : http://es.wikipedia.org/wiki/Islas_Gal%C3%A1pagos

Figure 3. Réserve marine des  Galápagos et Parc national des Galápagos

Source : http://www.eruditos.net/mediawiki/index.php?title=Conservaci%C3%B3n_del_Medio_Ambiente_de_Gal%C3%A1pagos

Figure 4. Iguanes marins

Source : http://www.bourlingueurs.com/amerique-du-sud/page_32.htm

Figure 5. Un lieu de reproduction de quatre espèces de tortues marines

Source : http://www.taringa.net/posts/imagenes/17505761/Turismo-en-las-Islas-Galapagos.html

Le plan d’aménagement de l’archipel

Le caractère conceptuel du Plan d’aménagement : Vers une vision partagée pour une transition vers la durabilité de l’archipel.

La vision et les objectifs fondamentaux du plan d’aménagement de la réserve marine sont de gérer la conservation des écosystèmes et de la biodiversité des Galápagos de manière à maintenir sa capacité de fournir des services, d’améliorer et de consolider la gestion de la Direction du Parc national Galápagos en la dotant des ressources dont a besoin une administration efficace des aires protégées et d’incorporer les politiques de conservation des aires protégées au modèle du plan d’aménagement territorial et de développement durable du régime spécial des Galápagos dans le but de faire une utilisation rationnelle des services des écosystèmes de l’archipel.

Les objectifs du plan sont d’augmenter et d’intégrer les connaissances scientifiques et techniques multidisciplinaires appliquées à l’aménagement des rapports entre les écosystèmes et les systèmes socio-économiques et culturels de la Province des  Galápagos dans un contexte de changement global. Promouvoir la coopération nationale et internationale pour la conservation des écosystèmes et de la biodiversité des Galápagos et ce en accord avec les priorités établies par l’État équatorien à l’intérieur du plan d’aménagement territorial et de développement durable du régime spécial des Galápagos. Dynamiser les processus sociaux participatifs et inclusifs afin de promouvoir le bien vivre et une culture qui soit respectueuse de l’environnement.

Le plan de gestion des aires protégées de l’ensemble de l’archipel, est basé sur le modèle suivant: 1) L’archipel des Galápagos est considéré comme une écorégion dans laquelle les mesures de gestion sont  conçues pour la conservation de l’intégrité écologique des différents types d’écosystèmes et non seulement pour les espèces; 2) La préservation de la capacité des écosystèmes à fournir des services. Il est entendu que l’homme sans être une partie intégrante du grand système des Galápagos doit interagir avec lui pour qu’il puisse développer un système écologique et économique durable et ce comme étant le seul moyen de bénéficier indéfiniment, sans interruption ni diminution, des services que les systèmes naturels génèrent (slideshare.net).

Les activités touristiques permises

En général, selon les dispositions de l’article du chapitre IV du règlement spécial du tourisme dans les aires naturelles protégées de l’Équateur les activités touristiques permises sont le tourisme de nature, le tourisme culturel, le tourisme d’aventure et le tourisme scientifique et de recherche (http://www.galapagospark.org/documentos/ecuador_reglamento_turismo_areas_protegidas.pdf ).

Pour les Galápagos, le plan d’aménagement expose la règlementation qui doit être respectée. Les touristes doivent se rapporter aux responsables du Parc national pour effectuer une visite des lieux et doivent ensuite faire un rapport sur leurs activités.  Cette façon de faire était déjà en vigueur à la fin des années 1980.

En bref, toute la population est invitée à collaborer activement dans la gestion de leurs institutions en fonction du processus d’orientation des politiques publiques et ce en faveur du développement durable de l’archipel (slideshare.net).

Les principales atteintes au milieu marin

Pour la Réserve les espèces invasives marines constituent une menace latente due à l’augmentation du trafic maritime international, national et local qui s’est développé au cours des 30 dernières années. Les changements climatiques et leurs liens étroits avec le milieu marin et l’invasion d’espèces marines constituent un risque mal connu pour les écosystèmes et la biodiversité de la réserve. Il s’agit d’un défi à relever qui exige l’attention des autorités équatoriennes et ce de façon urgente (darwinfoundation.org).

  1. 2.    Le Parc marin de la Grande Barrière de Corail

 « La grande barrière de corail est le plus grand récif corallien du monde. Elle est située au large du Queensland, en Australie et s’étend sur 2 600 kilomètres, de Bundaberg à la pointe du Cap York (figure 4). D’une superficie de 350 000 km², elle peut être vue de l’espace… Elle compte plus de 2 000 îles et près de 3 000 récifs. On peut en apercevoir près des côtes, mais les plus spectaculaires se trouvent à quelque 50 km du large ». La Grande Barrière est aussi une réserve de la biosphère et « est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ».

Figure 6. Localisation de la Grande Barrière de corail

Source : https://mccainsocialstudies.wikispaces.com/F1.+Geography

« Le récif est considéré comme la plus grande structure vivante sur Terre (figure 5). Il est parfois appelé le plus grand animal vivant du monde. En réalité, il est constitué de nombreuses colonies de coraux. Du fait de sa vaste biodiversité, ses eaux claires et chaudes et de sa grande accessibilité, le récif est une destination très populaire pour les plongeurs sous-marins. Pour les Australiens, les milliers d’îles, d’îlots et d’atolls composant la Grande Barrière de corail constituent la 8e merveille du monde. 350 espèces de coraux de tailles, de formes et de couleurs différentes y abritent, dans une eau d’un bleu lumineux, plus de 1 500 espèces de poissons et de crustacés» (http://whc.unesco.org/fr/list/154/) (figure 7).

Figure 7. Les récifs vus de la navette spatiale

Source : http://eol.jsc.nasa.gov/SearchPhotos/photo.pl?mission=ISS004&roll=E&frame=5729

Figure 8. Vue des récifs coralliens

 

Source : http://theconversation.com/great-barrier-reef-report-in-time-to-make-polluters-pay-16073

Selon l’UNESCO, «la Grande Barrière est d’une valeur universelle exceptionnelle. Elle constitue, en tant qu’écosystème de récifs coralliens le plus étendu du monde, une entité exceptionnelle d’importance mondiale. La quasi-totalité de cet écosystème…a été inscrite au patrimoine mondial en 1981. La Grande Barrière présente une grande diversité perpendiculairement au plateau continental, dans une zone allant de la laisse de basse mer le long du littoral de l’Australie jusqu’à 250 kilomètres en mer. Cette grande variété de profondeurs marines inclut des eaux côtières peu profondes, des récifs situés au milieu et en bordure du plateau continental et, au-delà de ce plateau, des eaux océaniques de plus de 2 000 mètres de profondeur» (figure 8) (unesco.org).

Figure 9. Splendeur de couleurs et de vie

Source : http://www.acfonline.org.au/about-us/our-success-stories/conserving-great-barrie

Figure 10. Zone de contact entre les récifs du plateau continental et la mer de Corail

 

Source : Cliché de l’auteur.

Il importe de noter qu’au moment de son inscription sur la Liste du Patrimoine mondial «l’intégrité écologique de la Grande Barrière bénéficie des dimensions incomparables et du bon état actuel de conservation de l’ensemble du bien. Au moment de l’inscription, on a considéré que l’inclusion quasi‑entière de la Grande Barrière dans le bien était le seul moyen d’assurer l’intégrité des écosystèmes de récifs coralliens dans toute leur diversité» (unesco.org).

La stratégie de conservation

L’une des caractéristiques remarquables dans la stratégie de conservation du récif est le plan de zonage qui permet de prescrire les usages du milieu marin selon le taux de fragilité des écosystèmes. Le zonage actuel, introduit en 2004, aide à gérer et à protéger les valeurs du parc marin. Il définit les activités qui sont permises et celles qui sont interdites.

Le zonage est un élément important dans la gestion des aires marines. Il peut définir les activités dans une aire précise, ce qui permet d’augmenter le niveau de protection. Il est divisé en huit zones: La zone d’utilisation générale, la zone de protection de l’habitat, la zone de conservation, la zone du parc marin proprement dite, la zone de préservation, la zone de la recherche scientifique, la zone tampon et les zones de l’île du Commonwealth (environ 5% du territoire).

Le plan de zonage permet de mieux protéger la biodiversité et de s’assurer du maintien des espèces endémiques et de fournir une protection supplémentaire pour les espèces menacées telles que le dugong.

Le territoire du parc marin permet de protéger les zones de fraie et d’alevinage, de minimiser les dommages aux habitats importants, de fournir un refuge pour les espèces protégées comme les tortues, d’augmenter l’abondance des poissons et de renforcer la résilience du récif contre les menaces telles que le changement climatique et la pollution (environment.gov.au).

La Grande Barrière en danger

Selon le WWF, l’intégrité de ce vaste écosystème est menacée par plusieurs facteurs dont le plus important correspond aux changements climatiques, puis à la pollution, au développement côtier et à la pêche. Cette organisation fait des pressions sur les gouvernements pour agir globalement sur les changements climatiques. Pour augmenter la résilience des récifs face aux changements climatiques  l’organisation demande qu’on agisse sur les impacts locaux du développement côtier tels que les ports et les rejets pollués de l’agriculture (org.au). Les nombreuses activités touristiques, de pêche et de transport ont aussi exercé un impact important sur l’ensemble de l’écosystème. Aujourd’hui, on estime que le plus grand récif corallien du monde aurait perdu, en 30 ans, la moitié de ses coraux et que sa dégradation s’accélère.

Selon les données rapportées par Colin Folliot du Journal Le Monde, la Grande Barrière est menacée par le développement industriel de la côte du Queensland. En effet, «le projet d’extension du port d’Abbot Point visant à en faire l’un des plus grands terminaux au monde pour l’exportation du charbon…doit entraîner le déversement, sur le site de la Grande Barrière, de 3 millions de mètres cubes de sédiments dragués. Selon l’Unesco le projet a été autorisé avant d’avoir étudié d’autres options possibles». De plus, d’autres chantiers portuaires sont inscrits dans le plan de développement du Queensland.

«Les inquiétudes de l’Unesco portent également sur l’accroissement du trafic maritime autour de la Grande Barrière ainsi que sur les effets du changement climatique que la combustion de charbon ne pourra qu’amplifier. Au-delà des écologistes, la stratégie de développement du Queensland s’attire aussi les foudres du secteur du tourisme, qui voit chaque année la qualité du corail et la clarté de l’eau s’amoindrir» (lemonde.fr). Lors de sa dernière réunion annuelle tenue à Doha au Qatar en juin 2014 le Comité permanent du Patrimoine mondial de l’Unesco a envisagé la possibilité d’inscrire la Grande Barrière sur la liste des sites du Patrimoine mondial en péril.

3.    La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio

La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (RNC147) est une réserve naturelle en Corse. Classée en 1999, elle occupe une surface de 79 460 hectares ce qui en fait la plus grande réserve naturelle de France métropolitaine. Elle correspond à la partie française du futur Parc Marin International corso-sarde dont le projet a été mis en œuvre depuis 1995. Le territoire de la réserve naturelle est dans le département de Corse-du-Sud, sur les communes de Bonifacio, Figari, Monacia-d’Aullène, Pianottoli-Caldarello et Porto-Vecchio. Sa superficie compte environ 300 ha pour la partie terrestre et 79 000 ha pour la partie maritime.

« Les bouches de Bonifacio sont un détroit international séparant l’île italienne de Sardaigne de l’île française de Corse, îles qui sont distantes de seulement 11 kilomètres. Elles tiennent leur nom de la ville corse la plus au sud, Bonifacio »

Figure 11. Localisation de la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio

Source : http://www.codes-et-lois.fr/feeds/wikipedia/_ad4be2a49556053565bc221b8266a510

Figure 12. Extension et zonage de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio

Source : http://www.gite-les-3-epis.fr/decouvrir-la-region/

La réserve s’étend du groupe des Îles des Moines et des Bruzzi à l’ouest jusqu’à la pointe de la Chiappa à l’est, et jusqu’à la limite des eaux territoriales au sud. Pour ce qui est des zones littorales, elle comprend l’étang de Ventilegne, les falaises de Bonifacio ainsi que le Cap de Pertusato. La partie maritime comprend les îles Bruzzi, les îlots des Moines, l’ancienne réserve naturelle des îles Lavezzi (figure 14) qui exclut l’île de Cavallo et enfin la réserve naturelle des îles Cerbicale sans sa partie terrestre.

En 1999, c’est à l’initiative du Ministère de l’environnement et de la Collectivité territoriale de Corse qu’elle a été créée, dans le cadre d’un protocole d’accord franco-italien visant à la création d’un parc marin international entre la Corse et la Sardaigne et intégrant une partie de l’archipel sarde de La Maddalena.

Le classement vise à préserver et valoriser le patrimoine littoral et marin du détroit des Bouches de Bonifacio, de l’extrême sud de la Corse. Elle comporte des falaises calcaires (figure 13) et des chaos granitiques, abritant une flore cosmopolite associant des influences alpines et africaines, et une richesse en faune sous-marine et d’oiseaux (comme le Cormoran huppé et le Puffin cendré).

Figure 13. Les falaises de calcaires situées au sud de la Corse

Source : http://www.dreampusher.com/bonifacio/

Valeur patrimoniale

La richesse écologique des habitats naturels (herbier de posidonies, coraligène, îlots marins…) entraîne une grande variété d’espèces végétales : Silène velouté, Barbe de Jupiter Parmi les espèces fauniques remarquables figurent le Puffin cendré, le Cormoran huppé, le Mérou, le Lézard tiliguerta, la Grande nacre et la Patelle géante. Les eaux du détroit sont fréquentées par le grand dauphin, le requin pèlerin, le rorqual commun. La réserve naturelle est très fréquentée. On compte plus de 150 000 personnes par an aux îles Lavezzi et 20 000 personnes par jour sur l’ensemble de la réserve en certains après-midi du mois d’août (figure 14).

La réserve naturelle a été créée par un décret du 23 septembre 1999. Elle est complétée par différents APPB des îles des Moines et de la presqu’île des Bruzzi.

Figure 14. Les îles Lavezzi

Source : http://www.lavezzi.fr/photos-de-lile-de-lavezzi/

Réglementation

L’introduction d’espèces domestiques est interdite. La fréquentation du public est libre et autorisée dans le respect de la tranquillité des lieux. Les travaux publics et privés, modifiant l’aspect des lieux sont soumis à autorisation (feuillet d’information).

Conclusion

Au cours des dix dernières années, trois conférences internationales sur les aires marines protégées ont été tenues. La première à Geelong en Australie en 2005 à laquelle nous avons participé, la seconde à Washington D.C. en 2009 et la dernière à Marseille en 2013. D’importants progrès ont été obtenus depuis 2005. Des engagements nombreux et des réalisations un peu partout dans le monde.

Nous présentons, en guise de conclusion générale, la Déclaration d’Ajaccio qui a été lancée en juin 2013 à l’occasion de la troisième conférence sur les aires marines protégées.

LA DÉCLARATION D’AJACCIO

Le troisième Congrès mondial des aires marines protégées (IMPAC3) a impliqué 1500 personnes venant de 87 nations ; il a permis de mobiliser un une vaste gamme d’expertise, caractérisée par la diversité des participants : gestionnaires, scientifiques, décideurs politiques, représentants de collectivités et communautés locales, société civile, artistes et représentants du monde de l’entreprise.

Malgré les nombreuses avancées enregistrées depuis IMPAC2 en 2009, les constats généraux concernant la biodiversité restent préoccupants : un nombre croissant d’espèces marines figure sur la liste rouge de l’UICN.

Les participants à IMPAC3 ont rappelé leur engagement à atteindre les objectifs d’Aïchi de la Convention sur la diversité biologique, et notamment la cible 11 qui prévoit la protection en 2020 d’au moins 10% des océans. Ils ont aussi rappelé que cette cible est tant qualitative que quantitative. Au plan quantitatif, il reste encore un long chemin à parcourir puisque nous n’en sommes encore qu’à moins de 3%. D’un point de vue qualitatif, il faut rappeler que les objectifs d’Aïchi demandent que les aires marines protégées s’inscrivent dans un réseau écologiquement représentatif, bien relié et efficacement et équitablement géré. Le congrès a également pointé l’enjeu de la création et de la gestion d’aires marines protégées en haute mer, qui pour prendre toute sa dimension requiert une évolution substantielle du contexte juridique.

Recommandations générales

Les enseignements majeurs du congrès peuvent être regroupés en six recommandations générales.

1. La mobilisation des réseaux locaux et nationaux, et leur mise en relation pour construire le réseau mondial des aires marines protégées, afin de faire converger les approches locales et les stratégies globales.

2. L’ouverture au monde économique, dans une démarche de partenariat qui doit asseoir la gouvernance et appuyer les démarches de planification spatiale. La haute mer est aussi concernée par cette exigence.

3. L’urgence d’ouvrir une négociation pour trouver un accord d’application pour la conservation de la haute mer de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Un tel accord devra prévoir la création d’aires marines protégées de haute mer de statut mondial. Le congrès a reconnu l’importance des démarches régionales [et souligne l’importance de l’adoption des deux AMP de haute mer actuellement étudiées pour l’océan Austral].

4. La nécessité des approches régionales, qui constituent l’échelle appropriée pour élaborer nombre de solutions, en particulier en matière de gouvernance.

5. La faiblesse des mécanismes de financement existants : ce constat général du congrès amène à rechercher des solutions innovantes pour des financements durables et à accroître les synergies entre les programmes de financement de différents bailleurs et donateurs. Le congrès a notamment salué l’initiative de création d’un fond fiduciaire (« trust fund ») pour la Méditerranée.

6. Enfin, la mer a une valeur culturelle, philosophique et spirituelle. Le congrès a souligné que la prise en compte de cette dimension est essentielle pour mobiliser l’ensemble de la société autour de la préservation des océans (institut-ocean.org).

Jules Dufour

Pour le Centre de recherche sur la Mondialisation

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Les océans pour la survie de l’humanité (première partie) 

Références

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MORGAN, Lance, Sara Maxwell, Fan Tsao, Tara A.C. Wilkinson et Peter Etnoyer. 2005. Marine Priority Conservation Areas. Baja California to the Bering Sea. Commision for Environmental Cooperation of North America. Marine Conservation Biology Institute. Février 2005. 123 pages.

SALM, Rodney V. et John R. Clark. 2000. Marine and Coastal Protected Areas. A Guide for Planners and Managers. 3ème édition. IUCN, Gland, Switzerland et Cambridge, UK. 369 pages.

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UICN – COMITÉ FRANÇAIS. 2013. Conclusions du 3ème congrès mondial des aires marines protégées (IMPAC 3). En ligne : http://www.uicn.fr/IMPAC3-conclusions.html

UICN. 2015. Sharing the Mediterranean experience with the Arab World on marine protected areas. Le 21 janvier 2015. En ligne: http://www.iucn.org/fr/nouvelles_homepage/nouvelles_par_theme/oceans_news/?18886/Sharing-the-Mediterranean-experience-with-the-Arab-World-on-marine-protected-areas

La réserve marine des îles Galápagos

FUNDACION CHARLES DARWIN. Especies Invasoras Marinas: una amenaza latente para la Reserva Marina de Galápagos.

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MENA, Carlos. 2014. Plan de Manejo de las Areas Protegidas de Galápagos para el Buen Vivir. Le 9 juillet 2014.

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PARQUE NACIONAL GALAPAGOS. 2009. About the Galapagos Marine Reserve.

En ligne : http://www.galapagospark.org/nophprg.php?page=reserva_marina_sobre_la

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Le parc marin de la Grande Barrière de Corail

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AUSTRALIAN GOVERNMENT.  What Australia is doing to manage the Great Barrier Reef.

En ligne : http://www.environment.gov.au/marine/gbr/publications/what-australia-is-doing

FOLLIOT, Colin. 2014. La Grande Barrière de corail, un chef-d’œuvre en péril pour l’Unesco. Le Monde.fr. Planète. Le 21 juin 2014. En ligne : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/20/la-grande-barriere-de-corail-un-chef-d-uvre-en-peril-pour-l-unesco_4442147_3244.html

UICN – COMITÉ FRANÇAIS. 2013. Conclusions du 3ème congrès mondial des aires marines protégées (IMPAC 3). En ligne : http://www.uicn.fr/IMPAC3-conclusions.html

UNESCO. La Grande Barrière. En ligne : http://whc.unesco.org/fr/list/154/

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En ligne :    http://en.wikipedia.org/wiki/Great_Barrier_Reef_Marine_Park

La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio

OFFICE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA CORSE. Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Zoning et règlementation – Décret du 23 septembre 1999. Service par marin International. Ajaccio.

WIKIPÉDIA. Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. En ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serve_naturelle_des_Bouches_de_Bonifacio

UICN – COMITÉ FRANÇAIS. 2013. Conclusions du 3ème congrès mondial des aires marines protégées (IMPAC 3). En ligne : http://www.uicn.fr/IMPAC3-conclusions.html 

Vidéos

Adventurechannel1ADVEMTURECHANNEL1  Les Secrets De La Grande Barrière De Corail.

En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=2M7jqOj3RHU

OCEANPLUS.TV. 2014. Le parc de la Mer de Corail. Le 15 décembre 2014.

En ligne : shttp://oceanplus.tv/index.php/fr/reportages/video/512-le-parc-de-la-mer-de-corail

NATIONAL GEOGRAPHIC : Great Barrier Reef.

En ligne : http://video.nationalgeographic.com/video/oceans-narrated-by-sylvia-earle/oceans-barrier-reef

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