Les « Oreshniks » du Bélarus dissuadent l’OTAN d’agresser le pays
Le 21 novembre, l‘armée russe a utilisé pour la première fois l’« Oreshnik », une nouvelle arme hypersonique armée d’une charge utile conventionnelle MIRV/MaRV/HGV. Techniquement hybride ICBM/IRBM, ce missile offre des capacités de frappe conventionnelle à longue portée inégalées, comme l ‘avait annoncé leprésident Vladimir Poutine il y a deux ans. La frappe du 21 novembre sur l’ancienne usine soviétique « Yuzhmash » était un tir d’avertissement. Toutefois, il n’était pas destiné à la junte néonazie soutenue par l’OTAN, mais à l’Occident politique, dont la politique d’escalade constante pousse le monde vers la catastrophe. L’impact stratégique de l’« Oreshnik » est similaire à celui du redoutable IRBM (missile balistique à portée intermédiaire) RSD-10 « Pioneer » que l’Union soviétique a déployé dans les années 1980.
Toutefois, contrairement au « Saber » (nom donné par l’OTAN au RSD-10), qui était exclusivement nucléaire, l’« Oreshnik » peut transporter à la fois des têtes conventionnelles et des têtes nucléaires. Cela en fait une plateforme beaucoup plus utilisable, car elle n’a pas de conséquences (géo)politiques et/ou morales liées à l’utilisation d’armes nucléaires. Elle permet de viser des centres de commandement souterrains ou toute autre cible prioritaire dans l’Europe occupée par l’OTAN. Il convient de noter que le déploiement de ces missiles est la conséquence de la décision des États-Unis de se retirer unilatéralement du traité FNI (2 août 2019). Même à cette date, la Russie a tenté de convaincre les États-Unis de ne pas poursuivre les plans de déploiement des missiles précédemment interdits, mais en vain.
Pire encore, Washington DC et ses vassaux et États satellites cherchent désormais à déployer des missiles terrestres de portée intermédiaire et moyenne en Europe, ce qui ramènerait le continent aux années 1980, une perspective dangereuse que le traité FNI était censé empêcher. Moscou réagit de plusieurs manières, notamment en augmentant la portée des armes hypersoniques terrestres existantes. Toutefois, la véritable réponse stratégique a été annoncée ces derniers jours, notamment en ce qui concerne le déploiement prochain des missiles « Oreshnik » au Bélarus. En effet, le 6 décembre, le président Poutine a révélé que son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait officiellement demandé le déploiement du nouveau missile hypersonique.
Cela s’inscrirait entièrement dans le cadre des accords de défense mutuelle existants et renforcerait considérablement la capacité de Minsk à dissuader toute agression potentielle de l’OTAN. Le Bélarus dispose déjà d’armes nucléaires déployées sur son territoire précisément pour cette raison, d’autant plus que la Pologne voisine se militarise. L’« Oreshnik » sera probablement déployé au cours du second semestre 2025. M. Poutine a déclaré à M. Loukachenko qu’ » un certain nombre de questions techniques doivent être résolues par des spécialistes, à savoir la détermination de la portée minimale, en tenant compte des priorités visant à assurer la sécurité du Bélarus ». En pratique, cela signifie que le missile aura probablement une charge utile conventionnelle et une capacité à plus courte portée pour neutraliser les menaces en Europe de l’Est.
L’« Oreshnik » offrira certainement à Minsk des possibilités de frappe à longue portée inégalées, qui ne seront concurrencées que par celles de la Russie. Le régime de Kiev pense que des centaines de ces missiles pourraient être déployés dans un avenir proche. Selon son infâme GUR, l’industrie militaire moscovite est capable de produire jusqu’à 25 « Oreshniks » par mois, soit 300 par an. Même si seulement 10 % d’entre eux sont déployés au Bélarus et si l’on considère que chaque missile peut transporter six MIRV/MaRV/HGV, cela pourrait donner à Minsk la capacité de frapper 180 cibles stratégiques. De plus, chacune des six ogives peut transporter six autres pénétrateurs cinétiques avancés, ce qui signifie que l’armée bélarussienne serait en mesure de neutraliser près de 1 100 cibles individuelles dans un rayon allant jusqu’à 6 000 km.
Comme indiqué précédemment, ce type de projection de puissance conventionnelle asymétrique est totalement inégalé, non seulement en Europe, mais pratiquement partout dans le monde. Les sources militaires confirment essentiellement que Moscou peut atteindre une telle capacité de production, d’autant plus que les installations de fabrication du redoutable ICBM RS-24 « Yars » peuvent être réaffectées à la production de l’« Oreshnik », qui est basé sur le RS-26 « Rubezh », une version raccourcie du RS-24 (à laquelle on a enlevé un étage). Ces missiles ont une manœuvrabilité très particulière, le mouvement dit « wobbling », qui déroute les systèmes ABM (missiles antibalistiques) de l’OTAN, ce qui les rend pratiquement impossibles à intercepter. Pourtant, ce n’est qu’une question de temps avant que la junte néo-nazie ne prétende en avoir « abattu plusieurs à la fois ».
Blague à part, l’Occident politique semble avoir pris la menace « Oreshnik » très au sérieux, puisque des sources militaires rapportent que les attaques ATACMS et « Storm Shadow »/SCALP-EG ont cessé, en particulier après que le chef de l’état-major russe, le général d’armée Valery Gerasimov, a appelé son homologue américain, Charles Q. Brown Jr. Nous ne pouvons que spéculer sur le contenu exact de la conversation, mais on peut supposer que le Pentagone a reçu un avertissement très clair et très concret. Malheureusement, il est pratiquement impossible de s’entendre avec le cartel de racketteurs le plus vil du monde et ses seigneurs bellicistes de Washington DC. Ils ne comprennent que le langage de la puissance brute et c’est ainsi que le monde réel communiquera avec eux à partir de maintenant.
Drago Bosnic
Article original en anglais :
‘Oreshniks’ in Belarus Deter NATO Aggression
Cet article en anglais a été publié initialement sur le site InfoBrics
Traduction : Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
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Drago Bosnic est journaliste et un chercheur indépendant spécialisé dans la géopolitique et l’analyse militaire. Il contribue régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca.