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Les plans de Merkel et Macron pour la Russie refusés par l’UE
Par Pierre Duval
Mondialisation.ca, 26 juin 2021
Observateur continental
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Le Spiegel de cette semaine titrait: «Selon la France et l’Allemagne, il est temps que l’UE se rapproche de la Russie». Il indiquait, au début du sommet de l’UE du 23 au 25 juin, que certains Etats membres avaient été déjà résolument opposés à cette démarche. Finalement, le sommet de l’UE a avorté l’idée d’un sommet avec la Russie, prônée par Angela Merkel et Emmanuel Macron. 

La publication allemande rappelle que les relations entre la Russie et l’UE se sont refroidies depuis des années. Cependant, on a eu une lumière d’espoir en apprenant que «le 23 juin, lors du début du sommet de l’UE à Bruxelles, l’Allemagne et la France ont fait campagne pour la reprise des réunions de haut niveau avec, le président russe, Vladimir Poutine». Le Spiegel indiquait que «l’initiative divise les Etats membres de l’UE», et qu’ «en particulier les pays d’Europe de l’Est ont des réserves».

«L’UE doit discuter des domaines dans lesquels la coopération avec la Russie est possible», avait, donc, déclaré Angela Merkel à Bruxelles, tout en signalant que le point est de savoir «comment répondre aux provocations de manière ferme, et comment pouvons-nous, peut-être aussi, créer des formats pour des discussion?». Selon elle, «les conflits peuvent mieux être résolus par des discussions». Elle avait lancé au Bundestag avant le sommet:  «Je pense que l’UE devrait également établir un contact direct avec la Russie et le président russe. Ce que le président américain lui dit ne suffit pas».

L’Allemagne et la France avaient donc, surpris mercredi dernier les partenaires de l’UE avec une proposition sur d’éventuelles rencontres au sommet avec Vladimir Poutine. Un diplomate de l’UE avait déclaré, avant le début du sommet, que les deux tiers des Etats membres étaient en faveur de la proposition pour discuter des sujets et des formats du dialogue avec la Russie, mais qu’un tiers était contre.

Le dernier sommet entre l’UE et la Russie, à ce jour, a eu lieu en janvier 2014. En raison du conflit en Ukraine et de la situation en Crimée, l’UE avait décidé de suspendre tous les pourparlers de haut niveau. Les Etats d’Europe de l’Est, en particulier, indique le Spiegel, ne voulaient rien changer jusqu’à la fin. L’UE a, désormais, imposé des sanctions à Moscou. Moscou a, par conséquent, en raison de cette politique, répondu par des contre-mesures.

«Il n’y aura pas de rencontres avec la Russie au niveau des dirigeants européens. Nous voyons comment nos relations avec la Russie se détériorent, nous voyons le comportement agressif de la Russie», a déclaré le président lituanien, Gitanas Nauseda, à la fin de la première journée du sommet de l’UE de cette semaine. Il avait même exigé que l’UE «fasse très attention aux intentions réelles du régime de Poutine». Si l’UE entame un dialogue sans aucun changement de comportement, c’est «s’engager comme un ours pour garder un pot de miel», avait-il fait comprendre. Le Premier ministre letton, Arturs Krisjanis Karins, était pour l’ouverture d’un nouveau dialogue entre l’UE et la Russie. Avant le début du sommet, il avait déclaré y voir des difficultés, en indiquant qu’ il faudrait «certaines mesures de la Russie» qui n’ont pas encore avancé sur des questions comme celle de la situation avec la Crimée et celle de la guerre dans l’est de l’Ukraine. «Le Kremlin comprend la politique du pouvoir», avait-il averti, ne considérant pas les «concessions gratuites» comme des «signes de force».

Dix dirigeants européens, principalement des représentants des pays d’Europe de l’Est, se sont opposés à l’idée de rencontrer le président russe. Angela Merkel a ajouté que l’UE cherchera toujours d’autres formats d’interaction avec la Russie, et souligné que la discussion d’aujourd’hui avec les dirigeants de l’UE n’avait pas été facile. «Personnellement, j’aimerais un pas plus audacieux, mais ce n’est pas mal, et nous continuerons à travailler», a-t-elle déclaré. Le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte n’est pas contre à ce que les chefs des organes centraux de l’UE rencontrent Vladimir Poutine, mais lui-même ne veut pas le voir à moins que la Russie commence à coopérer sur l’enquête du vol MH17 abattu au-dessus de l’Ukraine.

Néanmoins, les dirigeants européens se sont prononcés en faveur d’un dialogue avec Moscou sur des questions d’intérêt pour l’UE. On trouve des questions de santé, de climat et d’environnement, ainsi que certaines sur la politique étrangère, notamment la Syrie, la Libye et l’accord nucléaire iranien. Les dirigeants de l’UE ont chargé la Commission européenne et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, d’élaborer des propositions pour soutenir la société civile russe. La Commission européenne a également été invitée à soumettre des options de mesures restrictives, y compris de nouvelles sanctions économiques, en réponse à d’éventuelles nouvelles actions hostiles de la Russie.

La Russie, en revanche, avait accueilli favorablement l’idée franco-allemande, a souligné le Spiegel. «Nous évaluons positivement cette initiative», avait déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Pierre Duval

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