Les sanctions d’Obama contre Moscou «visent à mettre en boîte Donald Trump». Les accusations de piratage du DNC sont mensongères.

Le président Obama passe ses dernières semaines à la Maison‑Blanche à ordonner plusieurs mesures de représailles contre la Russie, en faisant valoir que Moscou était impliqué dans le piratage du Comité national démocrate (DNC), dans le but d’influencer les résultats des élections présidentielles américaines en faveur de Donald Trump.
Les mesures radicales prises par Obama le 29 décembre consistent à imposer des sanctions aux services de renseignement de la Russie, à exiger le départ de 35 diplomates russes « soupçonnés d’être des espions » du territoire américain et à fermer deux propriétés russes dans le Maryland et à New York.
Selon NBC, les sanctions du 29 décembre contre la Russie constituent « un acte décisif de la part du président Obama pour punir la Russie avant de quitter son poste ».
La vérité cachée, c’est que c’est Trump qu’il cherche à punir.
Les sanctions sont dirigées contre la Russie, mais l’objectif ultime est de miner la légitimité du président élu Donald Trump et sa politique étrangère à l’égard de Moscou. Selon le New York Times :
(…) Les sanctions visent aussi à mettre en boîte le président élu Donald J. Trump. M. Trump a constamment mis en doute le fait que le gouvernement russe ait quoi que ce soit à voir avec le piratage du DNC ou d’autres institutions politiques, en affirmant qu’on ne peut faire confiance aux services de renseignement américains et en laissant entendre que le responsable du piratage pourrait aussi bien être « un mec de 180 kg » affalé sur son lit.
M. Trump devra maintenant décider s’il lèvera les sanctions contre les services de renseignement russes quand il entrera en fonction le mois prochain. Des membres du parti républicain au Congrès comptent parmi ceux qui exigent une enquête publique sur les activités de la Russie. Si M. Trump va de l’avant, il devra rejeter les conclusions de ses services de renseignement. (NYT, 29 décembre 2016)
En plus de mettre en danger les relations diplomatiques existantes entre Washington et Moscou, qui n’ont jamais été aussi mauvaises, la décision d’Obama contribue à salir le président élu et nuit délibérément au processus de transition menant à l’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche.
C’est complètement fou. En définitive, le but de cette décision peu reluisante du président sortant, c’est d’empêcher le président élu Donald Trump d’amorcer un virage dans la politique étrangère des USA, dans le but de « normaliser » ses relations avec la Russie.
Dans la foulée des déclarations d’Obama, les médias institutionnels, à quelques exceptions près, s’en sont donné à cœur joie en décriant de nouveau l’incompétence alléguée de Donald Trump. Plus tôt, soit 15 décembre, le NYT a décrit Trump comme un « idiot utile (…), un président américain qui ne se rend pas compte qu’il est berné par une puissance étrangère rusée ».
Les accusations de piratage d’Obama provenant prétendument de sources au sein des services de renseignement des USA sont mensongères.
En ce qui concerne le piratage du Comité national démocrate (DNC), supposément ordonné par le président Poutine, n’oublions pas que les fuites de courriels ont révélé que le DNC s’était employé à saper la candidature de Bernie Sanders lors des primaires en recourant à des pratiques frauduleuses et déloyales telles que les campagnes de diffamation contre Bernie.
La Russie n’avait rien à voir avec cela. La fuite provenait DE L’INTÉRIEUR du parti démocrate. L’acteur principal, ce n’était pas Moscou, mais bien le DNC (y compris l’ingérence d’Hillary Clinton et de Debbie Wasserman Schultz, la présidente du DNC).
L’objectif sous-jacent était de dénigrer Sanders dans le but de favoriser Clinton (qui a un dossier criminel au FBI).
Les courriels ont dévoilé certaines activités douteuses et frauduleuses du DNC pour favoriser la candidature d’Hillary Clinton [HRC]. Si ces tricheries du DNC en faveur d’Hillary n’avaient pas été commises, Bernie Sanders aurait probablement gagné la course à la direction du parti démocrate et (peut-être aussi) la campagne présidentielle contre Donald Trump.
Le DNC est responsable de ses propres échecs. Les fuites de courriels n’étaient pas dues à un piratage ordonné par le président Poutine, bien au contraire.
Recours collectif contre le DNC
Il y a cependant une autre dimension fort importante à propos du scandale des courriels du DNC, que les médias institutionnels n’ont jamais daigné rapporter. Des partisans de Bernie Sanders ont intenté un recours collectif auprès d’un tribunal fédéral de district en Floride contre le DNC et Debbie Wasserman Schultz, son ancienne présidente, pour « fraude, déclaration inexacte par négligence, comportement trompeur, enrichissement illégitime, manquement à une obligation fiduciaire et négligence ». (Debbie Wasserman Schultz a été obligée de démissionner à la suite de la publication des courriels.)
Ce recours collectif intitulé Wilding et al v DNC Services Corporation and Deborah ‘Debbie’ a été déposé auprès du tribunal fédéral du district du sud de la Floride.
Cliquez ici pour obtenir l’intégralité du texte du recours collectif intitulé Wilding et al v DNC Services Corporation and Deborah ‘Debbie’ Wasserman Schultz.
Cliquez ici pour obtenir la page Facebook du recours collectif.
Le recours collectif contre le Comité national démocrate et Debbie Wasserman Schultz a été déposé par Shawn Lucas, au nom des plaignants le 1er juillet 2016.
(voir la vidéo ci-dessous)
Un mois plus tard, Shawn Lucas a été retrouvé mort à son domicile.
Les accusations des plaignants dans ce recours collectif ont une grande portée.
Mais les journalistes des médias institutionnels ont préféré garder leurs yeux rivés sur le soi-disant piratage de Vladimir Poutine. Ni la mort de Shawn Lucas, pas plus que la conduite « délibérée, injustifiée, malicieuse, téméraire (…) » du DNC n’ont fait l’objet de reportages dans les médias institutionnels.
Qu’est-il arrivé au recours collectif intenté contre le DNC? Il a été rejeté sans aucune considération.
Ce recours collectif qui a fait ressortir la corruption et la fraude au sein du DNC n’a jamais été rapporté (ni mentionné) dans les médias institutionnels.
La mort de Shawn Lucas n’a fait l’objet d’aucune enquête.
La mort de Lucas n’a été rapportée dans aucun média, à l’exception du London’s Daily Mail, dans un article portant sur plusieurs morts mystérieuses parmi les militants et les organisateurs de campagne du parti démocrate, dont celle de Shawn Lucas :
Le « décompte des morts de Clinton » est une longue liste de personnes liées aux Clinton qui sont morts dans des circonstances douteuses depuis le début des années 1990. Le nombre de victimes prétendues est contesté, certains affirmant que plus de 50 personnes liées à l’ancien président et à sa première dame ont perdu la vie dans des circonstances mystérieuses :
Shawn Lucas, 38 ans, un avocat qui soutenait la candidature de Bernie Sanders, a été retrouvé mort le 2 août dans la salle de bain de son appartement à Washington, DC. À peine un mois plus tôt, il avait tenté de signifier des documents concernant Wasserman-Schultz dans une affaire de fraude, qui prétendaient que le parti avait favorisé injustement Hillary Clinton contre Sanders lors des primaires.
Joe Montano, un ex-président du DNC qui avait une connaissance approfondie de la campagne d’Hillary Clinton, s’est retrouvé aussi sur cette liste non officielle après qu’il eut succombé à ce que les autorités ont déclaré être une crise cardiaque le 25 juillet, soit le jour même du lancement de la convention démocrate.
Seth Conrad Rich, qui était directeur des opérations de l’expansion de l’électorat au DNC, a été assassiné le 10 juillet. On disait au départ qu’il avait été victime d’un cambriolage qui a mal tourné, mais sa mère, Mary Rich, affirme que rien n’a été pris sur son fils, qui a été retrouvé mort avec deux balles dans le dos. (Daily Mail, 23 août 2016)
Michel Chossudovsky
Note de l’auteur : la dernière partie de cet article sur le DNC a été partiellement publiée dans un article paru précédemment.
Article original en anglais :
Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca