Les spécialistes de la désinformation: une profession de plus en plus en vogue
Le temps où il suffisait de dire « je l’ai lu dans le journal, je l’ai entendu à la radio, vu à la télévision » pour faire taire tous les incrédules est désormais dépassé. Ce qu’on écrit dans le journal, ce que l’on dit à la radio, ce qu’on nous montre à la télévision n’a plus la crédibilité d’antan. Une nouvelle profession s’y est taillé une place pour en faire le lieu privilégié de la désinformation aux allures de ce qu’il y a de plus vrai et de plus convaincant. Un métier qui se vend aux plus offrants. Des vendeurs d’images et d’opinions qui savent se vendre ainsi que ce qu’ils produisent. Ils ont tous et toutes l’allure de personnes qui ne sauraient mentir ou tromper leur public.
Déjà, nous connaissons les fonctions des attachés de presse des ministres et des représentants des grandes institutions nationales et internationales. Ils ont pour tâches de mettre en évidence tous les beaux et bons côtés de leurs patrons tout en faisant apparaître subtilement tous les mauvais côtés de leurs adversaires. Qu’il en soit ainsi dans le cadre d’une institution ou d’un ministère gouvernemental, ne surprends personne et c’est normal qu’il en soit ainsi. On se souviendra du spécialiste en communication que le nouveau maire Labaume de la ville de Québec avait fait venir de France pour lui confier le maintien d’une bonne image publique devant ses électeurs et électrices. Dans ce cas précis, ce fut un grand fiasco, puisque le maire a dû le remercier de ses services peu de temps après l’avoir engagé, ses compétences n’étant pas à la hauteur des attentes.
Dans le cas de la presse écrite et des bulletins d’information nationales et internationales, la situation est différente. Le public s’attend à ce que ces grands réseaux d’information leur fournissent des faits, des analyses qui permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans telle ou telle région du monde. C’est là la seule source pour plus de 80 % de la population de se faire un jugement sur ces faits et d’exprimer leurs attentes par rapport aux engagements de leurs gouvernements respectifs. Des dizaines de milliards de dollars sont engagés chaque année en armements et en interventions militaires dans divers pays du monde. Les dirigeants politiques et les médias de communication qui leur sont soumis en arrivent à convaincre par divers montages les citoyens et citoyennes de la justesse de ces dépenses et de ces interventions.
Au cours des dix dernières années, nous avons vécu une sorte de sommet dans la mise en place des moyens permettant de tromper carrément les auditeurs et auditrices sous le couvert d’une présentation erronée de faits et d’analyses, fabriquées à dessein pour qu’elles soient reprises par tous les médias officiels (meanstream). Souvent, ce ne sera que plus tard que les langues se délieront pour mettre au grand jour la tricherie.
On nous a convaincus qu’il y avait en Irak des armes de destruction massive, qu’il était urgent d’intervenir avant que Saddam Hussein ne vienne tous nous empoisonner. Ce n’est que plus tard que nous avons appris que ce n’était qu’un grand mensonge soutenu par nos médias.
On nous a également convaincus qu’en Libye, Kadhafi bombardait des populations civiles entières comme par plaisir de tuer. Ce fut également là un grand mensonge, entretenu par nos médias. Le chef de la fausse révolution libyenne admet que Kadhafi n’a pas tué de manifestants.
En Syrie que n’a-t-on pas dit pour que le monde sache que le président Al-Assad est un dictateur sanguinaire qui n’a aucun respect des droits de la personne et qui prend une sorte de plaisir à tuer d’innocentes victimes. Encore là, le mensonge et les demi-vérités ont fait leur travail auprès de l’opinion publique.
Que dire de ce qui se passe en Ukraine? Depuis des mois on nous dit que l’ex-président ne répondait plus à ses obligations et que le peuple ukrainien ne pouvait plus le supporter. Il fallait donc se porter au secours de ce peuple pris en otage par un Président sans conscience. Les faits nous révèlent de plus en plus qu’on nous a menti pour mieux agir dans le sens d’intérêts qui vont bien au-delà de celui de se porter à la défense d’un peuple.
Ce même stratagème s’applique à Cuba et à Fidel Castro depuis plus de cinquante ans. Que n’a-t-on pas dit sur Fidel et que n’a-t-on pas fait pour le faire disparaître. L’homme qu’on cherche à détruire moralement et physiquement est toujours là, vivant simplement dans une demeure sans luxe et sans éclat. La dernière manipulation à paraître en fait un pacha milliardaire dont la fortune serait cachée dans une île secrète. Un autre grand mensonge, présenté comme la pure vérité.
Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement du Venezuela révèle le plan mis en place par la droite vénézuélienne et Washington pour assassiner le président Maduro. Depuis plusieurs mois, une véritable campagne de dénigrement du Président et de la révolution bolivarienne est largement entretenue et soutenue par nos médias officiels. On dit de Maduro qu’il est un dictateur, qu’il opprime les étudiants qui manifestent pacifiquement, qu’il ne respecte pas les droits de la personne, etc. Encore là, des mensonges plus que nécessaires. Ils sont mis à jour par le gouvernement avec des preuves qui en démontrent la grande tricherie.
Plus les évènements avancent dans le temps, plus nous découvrons les mensonges mis à la disposition d’une manipulation machiavélique de l’opinion publique. Des spécialistes de la désinformation se consacrent comme de véritables artistes à créer l’illusion et la ressemblance avec la vérité pour mieux assurer les interventions militaires et autres à des fins qui n’ont rien à voir avec les intérêts des peuples visés.
Sur l’ensemble des questions relatives aux interventions des États-Unis dans le monde, je vous réfère à cet article portant sur la guerre asymétrique et la violence des États-Unis. Je ne crois pas que vous trouverez cet article dans les journaux qui servent le système.
Pour terminer, je vous laisse avec le témoignage d’une journaliste, Sharyl Attkisson, qui a démissionné pour des raisons professionnelles après avoir œuvré dans les plus grands réseaux d’information des États-Unis, dont CNN et CBS. Elle nous dit comment ça se passe dans le milieu de la désinformation.
Sharyl Attkisson, ex-journaliste à CBS explique son départ de la chaine et parle des médias de masse
Pour le moment le père du mensonge arrive encore à s’imposer comme le père de la vérité, mais il est possible que ses heures soient comptées. Les langues se délient et les consciences s’éveillent.
Oscar Fortin
11 juin 2014