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Les vestiges de l’ère unipolaire: il y a 21 ans l’Otan bombardait la Yougoslavie
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Mondialisation.ca, 25 mars 2020
Observateur continental
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Avec la prétendue fin de la guerre froide, l’establishment occidental s’était fixé un objectif clair: démontrer son hégémonie par tous les moyens, y compris les plus agressifs. Les Etats récalcitrants devaient en payer les frais. La République fédérale de Yougoslavie fut l’une des premières victimes de cette politique néocolonialiste occidentale.

L’intervention otanesque contre l’Etat yougoslave, officiellement appelée «L’opération Force alliée» avait débuté le 24 mars 1999 et a duré 78 jours, jusqu’au 10 juin de la même année. Cette agression, en violation totale du droit international – faut dire aussi qu’à cette période le droit international n’existait de facto plus – s’est traduite par 37 465 missions aériennes, 8676 missions offensives avec un largage d’environ 23 000 munitions. Ladite opération d’agression contre un Etat souverain, en soutien à la sulfureuse milice de guerre kosovare Armée de libération du Kosovo (UÇK) a fait plus de 2000 victimes civiles yougoslaves (les sources de Yougoslavie faisaient référence à un chiffre allant jusqu’à 5700 civils), dont pas moins de 400 enfants, ainsi que près d’un millier de militaires yougoslaves. S’ajoutent à cela la destruction de 89 usines, 120 installations énergétiques, 128 autres installations industrielles, 48 hôpitaux, 82 ponts, 25 bureaux de poste, 70 écoles, 18 jardins d’enfants, 35 églises et 29 monastères.

Et là aussi ce ne fut pas tout. Suite au retrait des Forces armées de Yougoslavie du Kosovo, dans la période qui s’en est suivie, plus précisément du 10 juin 1999 au 27 février 2000, les terroristes de l’UÇK ont mené 4354 attaques contre les habitants de la province du Kosovo (dont 4121 contre les habitants serbes et monténégrins, 96 contre les Albanais pro-yougoslaves, 137 contre les Tsiganes et d’autres représentants ethniques). A ce jour, 821 personnes ont été portées disparues, parmi lesquelles 757 Serbes. Le nombre de personnes tuées est de 910 personnes – dont 811 Serbes. 802 autres personnes furent blessées, dont 751 habitants serbes du Kosovo.

Cela sans oublier le trafic d’êtres humains et d’organes organisé par les criminels de l’UÇK – l’allié de l’Occident politique. A ce jour – non seulement les responsables uckistes de ces crimes n’ont pas été inquiétés, mais bien plus que cela, ils continuent d’être reçus avec les «honneurs» à Washington, comme dans d’autres capitales occidentales.

La suite est connue aussi: la proclamation unilatérale «d’indépendance» le 17 février 2008 du Kosovo par les mêmes qui encore hier procédaient aux massacres et aux divers trafics barbares, et la reconnaissance immédiate de cet arrachement du berceau historique, spirituel et civilisationnel de la Serbie par les élites politiques de l’Occident. Face à eux – la Russie, plusieurs pays d’ex-URSS, la Chine, l’Inde, l’Iran, l’Afrique du Sud et plusieurs autres pays africains, la plupart des pays asiatiques et latino-américains – n’ont pas reconnu à ce jour la prétendue «indépendance» de la province serbe du Kosovo. A noter également que plus récemment et suite à la campagne diplomatique serbe lancée en octobre 2017, seize Etats sont revenus sur leurs décisions antérieures de reconnaissance.

Une chose est certaine: le précédent du Kosovo avait clairement démontré ce que représentait véritablement l’establishment occidental, dans toute sa «splendeur». Et aussi sur quel genre de criminels ce même establishment pouvait miser dans le but d’atteindre ses objectifs géopolitiques ou afin de punir les Etats désobéissants.

Evidemment et depuis beaucoup de choses ont changé. Le monde n’est plus le même et ne sera plus le même. Les grandes puissances non-occidentales, partisanes du nouvel ordre multipolaire, ont bel et bien pris leurs responsabilités – suivies dans cet élan par leurs alliés aux quatre coins du monde. Cette résistance et cette nouvelle solidarité internationale s’est traduite dans une opposition politico-diplomatique, économique, militaire et sécuritaire face à l’axe politique occidental pro-unipolaire. Et à ce titre, de nombreux Serbes ont aujourd’hui de quoi être fiers. Car malgré les agressions et humiliations subies, il est évident qu’ils ont pu largement contribuer à ce que la nouvelle ère multipolaire voit le jour. Et donc – leurs sacrifices n’ont pas été vains.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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