Les victimes civiles des bombardements français, il faut en parler…

Du sang sur les ailes des chasseurs occidentaux… Cette fois, ce sont 12 civils dont 5 enfants qui ont été tués à Raqqa. Faut-il se taire?

L’information selon laquelle un Rafalefrançais a bombardé l’école Fatima al-Zahra à Mossoul, le 24 novembre dernier, – tuant 28 écoliers – est difficilement vérifiable car aucune ONG indépendante ne peut se rendre sur place, mais aussi parce que le ministère français de la Défense refuse de parler des victimes civiles de l’Opération Chammal.

La France frappe Mossoul et Raqqa

Quelques jours avant la nouvelle du bombardement de l’école irakienne, le 22 novembre, Jean-Yves Le Drian – ministre de la Défense – avait déclaré au Grand rendez-vous – Europe1-i-Télé-Le Monde que la France frapperait « Mossoul [en Irak] où se trouvent les lieux de décision politique [de l’EI] et Rakka [en Syrie] où se trouvent les centres de formation des “foreign fighters”, c’est-à-dire les combattants destinés à agir à l’extérieur ».

Le 25 novembre, le site du ministère l’a confirmé à sa manière : « Le mardi 24 novembre 2015 à 19h30 (heure française), les chasseurs français ont été engagés au-dessus de l’Irak depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle. Avec des aéronefs de l’US air force, les quatre Rafale Marine ont frappé des capacités de commandement et de formation de Daech. Le raid conjoint a détruit les cibles visées à Tall Afar » et, le lendemain, le quotidien Le Parisien a pu titrer: « Irak : des avions français ont bombardé Daech près de Mossoul».

Dans le communiqué, il n’était nulle part fait la mention d’objectifs visant la ville de Mossoul, encore moins de victimes civiles. Et dans la ville turkmène de Tall Afar ?

Alors, encore un Hoax ?

La nouvelle du bombardement de l’école irakienne a pour origine le quotidien londonien en langue arabe Al-Quds al-Arabi qui citait une dépêche de l’agence Deutsche Presse-Agentur (dpa), reprise aussitôt en anglais par le parlementaire britannique George Gallloway sur son compte Twitter.

Selon Middle East Eyes (MEE), l’agence dpa a démenti avoir diffusé la nouvelle. Son origine serait la radio Deustche Welle en arabe (la RFI allemande). MEE ajoute pour finir qu’un habitant de Mossoul – refusant de donner son identité (pour des raisons de sécurité) – l’a également démentie.

Le 26 novembre, cette fois à Raqqa : 12 civils tués dont cinq enfants… 

Le 26 novembre, Raqqa a été touchée par des raids aériens et là encore des enfants ont été tués. C’est du moins ce qu’a affirmé Le Figaro.fr sur la base d’informations transmises cette fois par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ONG syro-londonienne anti-Bachar al-Assad. Rami Abdel Rahmane, son directeur, a signalé que les environs d’une école avait été visés, tout en précisant ne pas être en mesure d’indiquer la nationalité des bombardiers. Alors, encore d’un Hoax ?

Qui tue qui ?

Rendant compte des activités de Chammal le 26 novembre, le site du ministère de la Défense français n’est pas entré dans le détail des bombardements sur Raqqa. Tout ce qu’on a eu le droit d’apprendre, c’est : « la coalition continue d’affaiblir les structures de commandement, de formation et de financement de Daech».

Les avions de la coalition anti-Etat islamique chassant en bande organisée, il est quasi impossible de savoir « qui tue qui ? » lorsque des civils sont tués, notamment des enfants. Est-ce une raison pour se taire ?

Si la mort des 28 écoliers irakiens est une fausse nouvelle : tant mieux ! Mais qu’en est-il des civils morts à Raqqa ?

Qu’on ne nous fasse pas croire que les bombardements ne tuent que des djihadistes. En Grande-Bretagne, les Britanniques manifestent contre les bombardements occidentaux en Irak et en Syrie, contre-productifs et criminels. En France, il serait peut-être temps d’y penser.

Gilles Munier

Photo : Raqqa bombardée



Articles Par : Gilles Munier

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