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L’«européanisation» de l’arsenal nucléaire français
Par Thomas Romanacce et IDN
Mondialisation.ca, 17 février 2020
Revue de Presse de l'IDN/capital.com
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https://www.mondialisation.ca/leuropeanisation-de-larsenal-nucleaire-francais/5641759

Johann Wadephul, vice-président du groupe CDU au Bundestag a appelé le Président français à « rendre l’Europe plus sûre en plaçant ses missiles atomiques sous un commandement commun de l’Union Européenne ou de l’OTAN ».

Dans un contexte d’incertitude croissante vis-à-vis de la dissuasion nucléaire américaine et de remise en cause de l’OTAN par Emmanuel Macron, le député souhaite ainsi forcer la France à assumer ses responsabilités en matière de sécurité européenne, une requête plusieurs fois exprimée par divers officiels allemands.

Les modalités d’une « européanisation » de l’arsenal nucléaire français restent cependant particulièrement floues, tant du point de vue de la doctrine et des moyens que de la chaîne de commandement. Un tel changement, qui reste pour le moment hors de question pour la France, poserait également le problème du désarmement nucléaire – puisque l’européanisation des armes conforterait leur rôle et multiplierait les acteurs impliqués – et d’une volte-face de l’Allemagne par rapport à ses engagements historiques en faveur de la paix.

IDN (Initiatives pour le désarmement nucléaire)

Lire l’article suivant :

Un député allemand veut que la France partage ses armes nucléaires avec l’Allemagne

par Thomas Romanacce, Capital.com, le 4 février 2020.

La France doit partager son arsenal nucléaire avec l’Allemagne et même avec le reste de l’Union européenne. C’est l’opinion controversée de Johann Wadephul, le vice-président du groupe parlementaire de l’Union démocrate-chrétienne (CDU). Dans le quotidien Tagesspiegel, ce proche de la chancelière Angela Merkel exhorte Emmanuel Macron à “rendre l’Europe plus sûre en plaçant ses missiles atomiques sous un commandement commun de l’Union européenne ou de l’Otan”.

La demande de Johann Wadephul est une réaction à la position de plus en critique de la France envers l’organisation atlantique. En décembre dernier, le président français avait qualifié l’Otan d’organisation en “état de mort cérébrale”. Une affirmation qui avait déplu à Donald Trump mais aussi à Angela Merkel. En effet, la république fédérale germanique compte sur l’Otan et surtout sur les États-Unis pour sa protection nucléaire. Des avions allemands ont la capacité de transporter des bombes atomiques américaines, conservées sur le sol allemand. Johan Wadephul estime donc qu’il serait dans l’intérêt allemand d’avoir une influence sur la stratégie nucléaire française pour mieux se protéger des menaces potentielles dues à l’incertitude géopolitique.

Le site Zone Militaire rappelle que le débat concernant le partage des armes nucléaires françaises n’est pas nouveau. L’ancien diplomate Wolfgang Ischinger, avait déjà plaidé en 2019, pour une européisation du potentiel nucléaire français. En échange de ses services dans la dissuasion atomique, il suggérait que la France reçoive une compensation financière de la part des autres États membres. Interrogé, le diplomate avait aussi précisé que le contrôle de cette dissuasion devait rester entre les mains du président français et non pas être confié à un comité de l’Union européenne.

De son côté, le général Vincent Desportes avait confié à Capital, que la protection atomique ne peut être « partagée » que s’il existe une entité politique légitime pour décider de l’utilisation ou non de l’arme nucléaire. Pour le haut gradé. une telle ambition est inenvisageable dans un futur proche.

D’autant que ce projet suscite déjà des réticences de l’autre côté du Rhin. Certaines ONG comme Greenpeace – connue pour ses positions antinucléaires – s’alarment d’une possible “nucléarisation allemande”. “L’appel de Johann Wadephul pour une dissuasion nucléaire allemande veut dire : rendre de nouveau possible et envisageable un massacre perpétré par l’Allemagne”, a même osé, sur Twitter, son porte-parole Christoph von Lieven. “Depuis l’holocauste du régime nazi, la responsabilité historique de l’Allemagne consiste à préserver la paix”, a-t-il rappelé.

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