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Litvinenko – Par la tromperie
Par Joe Quinn
Mondialisation.ca, 25 novembre 2006
Signs of the Times 25 novembre 2006
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/litvinenko-par-la-tromperie/3970

Alexander Litvinenko in hospital

Comme notre logique défaille facilement face aux médias dominants qui savent tout. Alexandre Litvinenko, l’ex-agent du renseignement russe, a succombé aux effets d’un isotope radioactif, le polonium 210, l’une des substances les plus rares de la planète et que peu sont capables de se procurer selon le Dr Andrea Sella, monitrice de chimie à l’Université de Londres, qu’il pourrait ou non avoir ingéré dans une barre de sushi à Londres.

Litvinenko, un critique de Poutine, avait enquêté sur le meurtre de la journaliste russe Anna Politkovskaya, elle aussi critique vocale de Poutine, qui a été abattue à Moscou le mois dernier. Il y a aussi le fait que Litvineko avait rédigé une nouvelle en juillet, pour la maintenant défunte presse tchétchène, où il déclarait que Poutine était pédophile. Voir l’article caché par  google.

Alors, affaire close ? Je veux dire que toutes les preuves semblent pointer Poutine comme cause de la disparition prématurée de Litvinenko. Hé bien non en réalité. En y pensant logiquement, ou plutôt en y pensant comme à une « conspiration »  (puisque, après tout, c’est un cas très clair de conspiration), il est bien plus vraisemblable que le meurtre de Litvinenko ait d’été exécuté par un ennemi de Poutine. Comme dans tous les [romans de] cape et d’épée, en absence de toute preuve empirique, on atteint en général l’approximation la plus proche de la vérité en demandant « à qui profite le crime ? »

Considérez qu’il serait tout à fait masochiste pour le gouvernement de Poutine d’assassiner un homme qui avait attaqué publiquement Poutine lui-même. Considérez en plus l’étonnante grossièreté que Poutine puisse soi-disant décider de « s’occuper de » Litvinenko en optant pour une méthode d’assassinat qui était absolument certaine d’être identifiée à un empoisonnement. Le SVR (service du renseignement étranger) russe n’a jamais entendu parler de « mort accidentelle » ? Que diriez-vous d’une « crise cardiaque » ? Pour l’amour de Dieu, même pousser l’homme sous l’autobus numéro 9 aurait été moins évident que son empoisonnement avec un « isotope radioactif extrêmement rare ».

Considérez le Mossad israélien. Selon l’ex-dirigeant du Mossad  Victor Ostrovsky les excellents honnêtes membres de la « Égorgeur SARL » israélienne ont transformé l’assassinat secret en une parfaite, si très abjecte, forme d’art. Par exemple, il y a eu le cas où le « trucidé », s’était alité dans une chambre d’hôtel belge, après avoir pris dans sa boisson un sédatif qui l’avait rendu inconscient au point qu’un groupe d’agents du Mossad est entré dans sa chambre, l’a mis à poil, lui inséré un tube dans l’anus, a inséré dans le tube plusieurs comprimés qui ont élevé sa température corporelle à un niveau dangereux, avant de le délester dans un bain plein de guerre froide (sic). Le résultat ? L’homme a été retrouvé le matin suivant dans son bain, victime d’une « évidente » et vérifiable « crise cardiaque ».

Pensez-vous que le SVR ne soit pas capable d’une chose semblable si le besoin s’en faisait sentir ?

En parlant d’Israël ; Au cours des 6 mois derniers, les politiciens sionistes comme Bibi Netanyahu sont passés à travers des douzaines de paires de pantalon dans leur excitation à la pensée d’une attaque US et/ou israélienne contre l’Iran. Malheureusement, au cours de la même période, Poutine a fait de l’obstruction à plusieurs reprises contre les tentatives israélo-US pour tenter d’obtenir de l’ONU une sanction « choc et panique » contre les iraniens, et est même allé jusqu’à encrer de gros contrats de fourniture d’armements évolués pour Ahmadinejad.

Dans un message depuis son lit de mort Litvinenko lui-même accuse le Kremlin, et alors, qui d’autre allait-il accuser ? Litvinenko a été empoisonné, mais comme le SVR l’a déclaré, ni lui ni ses déclarations n’avaient assez d’importance pour faire perdre le sommeil à Poutine, et encore moins pour l’entraîner à faire l’erreur grossière de se poser lui-même en critique d’une certaine presse extrêmement mauvaise.

Diaboliser Poutine par l’intermédiaire d’un tiers, ou plutôt, « par la tromperie », est ce dont nous avons affaire avec la mort de Litvinenko. Ce qui nous rappelle le récent meurtre du ministre libanais Pierre Gemayel par des « partisans inconnus », un événement qui a servi « déstabiliser » le Liban.

Qui en bénéficie ?

Avant de vous répondre :

Andrei Kozlov était premier vice-président de la banque centrale de la fédération de Russie de 1997 à 1999 et à nouveau de 2002 à 2006. Le 14 septembre cette année il a été abattu dans sa voiture par des terroristes inconnus. Avant sa mort, Kozlov s’occupait de fermer les banques russes accusées de blanchiment d’argent.

Boris Abramovich Berezovsky est un milliardaire russe juif qui était chef de la Sécurité nationale russe sous Boris Yeltsin. Quand Poutine est arrivé au pouvoir, il a commencé des investigations sur l’activité économique de Berezovsky, y compris le blanchiment d’argent. Berezovsky a réagi en s’enfuyant au Royaume-Uni où on lui a accordé l’asile politique.

Boris Abramovich Berezovsky

Berezovsky a été accusé de blanchiment d’argent par les autorités françaises.

Soit Berezovsky porte la citoyenneté israélienne, soit il l’a portée.

Dans sa parution du 30 décembre 1996, Forbes Magazine a publié un article approfondi intitulé « Parrain du Kremlin ? », dans lequel il a chargé Berezovsky de la responsabilité du meurtre du populaire journaliste de télévision Vladimir Listev en 1995. Le magazine a aussi accusé Berezovsky d’avoir de nombreux liens avec la Mafia et du détournement des  50 millions de dollars collectés par sa compagnie auprès de milliers de russes qui ont acheté des parts AVVA pour prétendument commencer à fabriquer une nouvelle voiture de tourisme.

Boris Berezovsky a admis qu’il complotait le renversement par la force du gouvernement russe et a été « averti » par Jack Straw (qui a été par la suite limogé de sa position de ministre des affaires étrangères britannique), de ne pas « abuser » de son statut de réfugié en Grande-Bretagne. Poutine a exigé que Berezovsky soit extradé en Russie. Blair a refusé de le faire.

L’avocat de Boris Berezovsky est Alexandre Goldfarb. Goldfarb a aidé à sécuriser le refuge de Berezovsky au Royaume-Uni. Goldfarb est un dissident russe qui porte maintenant la citoyenneté US. Goldfarb était aussi un ami proche de Litvinenko. L’accusation de Litvinenko sur son lit de la mort selon laquelle Poutine serait son meurtrier a été lue publiquement par Goldfarb lors d’une récente émission de la BBC. Goldfarb prétend que le document lui a été dicté par Alexandre Litvinenko.

Maintenant, dites-moi encore qui a tué Alexander Litvinenko.

Une dernière note : Tout cela a beaucoup plus à faire avec le livre de Douglas Reed « La controverse de Sion », que vous pouvez peut-être imaginer.

 

 

Original

Traduction de Pétrus Lombard

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